Visite chez le psy [PV : Rahemar]

Aujourd’hui, j’avais été sage, pas de bêtises pendant les cours... Enfin, presque. Disons que le prof de physique (j’sais pas c’que j’ai contre eux mais leurs têtes me donne toujours envie de tenter un tour ou l’autre) a su que la nouvelle perturbatrice number one était arrivée. Autant qu’ils connaissent la valeur de la belle Takara dès le début. Enfin, j’étais quand même appelée au bureau du proviseur, ce qui était assez cool avec ça, c’est que je pourrais directement prendre mes marques et voir si la secrétaire me servirait de tête de turc. J’avançais tranquillement dans les couloirs, guidées par un des gars de ma classe. A son physique baraqué, je dirais qu’il faisait très certainement partie d’un club de sports et je me demandais quand est-ce qu’il me ferait sa demande pour sortir avec moi. Peu avant d’arriver devant la porte tant attendue, il s’arrêta et me fit face... Enfin, je l’aurai attendu ce moment. Il posa ses mains musclées sur mes épaules et me regarda droit dans les yeux... Autre chose que le petit Sakiro que j’ai laissé complètement perturbé. Lui, au moins, était sûr de lui. Il m’avait attrapée dans un de ces couloirs bondés, tout était parfait pour sa mise en scène, personne ne pourrait refuser, personne sauf moi.

- Sors avec moi.

Quoi? Un ordre?! Tss, gamin tu ne mérites même pas que je sorte avec toi juste pour le plaisir de se faire une sortie ensemble. Je regardais chaque élève présent, tous avaient le regard tourné vers nous, tous pensaient que je lui dirais oui. Je souris, regardait à nouveau le gaillard.

- Désolée mon loulou mais les patrons de commandos tels que toi ne m’intéressent pas. Ton ordre, tu te le fous où je pense et tu m’amènes chez Dieu direct ou ton service trois pièces va aller rendre visite à tes intestins.

Ça, c’était fait. Je pus entendre quelques rires, généralement des garçons qui se moquaient de la brute mécontente, tandis que les filles mettaient leurs mains devant leur bouche pour cacher le très beau “oh” d’étonnement qu’elle gardaient au fond de leurs gorges. Je le conçois, mes propos étaient brutaux mais, au moins, ils avaient le mérite d’être clairs. Si quelqu’un n’avait pas compris que je ne voulais pas, c’est soi t qu’il était sourd, soit sévèrement attardé. Vexé, il se retourna en me lâchant vivement et m’amena devant la porte du bureau rêvé. J’y étais, enfin j’allais voir ce qu’il se passait au delà de cette planche de bois. J’observais l’autre loulou repartir et lui adressais un dernier signe qu’il ne vit pas.

- Merci pour la balade et à la prochaine mon cochon.

Encore des rires, ceux qui avaient assisté à la scène devaient déjà m’avoir mémorisée, ptet que c’était lui ma nouvelle tête de turc. J’entrais alors, ignorant les félicitations et autres remarques qui m’étaient adressées et allait voir la secrétaire.

- Salut dacty-girl, on m’a dit de venir ici. C’est monsieur... Un prof de physique, dernière année.

Je voyais à son air que ma présentation était tout ce qu’elle pouvait détester, ce lycée était fort amusant, j’allais devoir me calmer et jouer mes coups en douce pour terminer l’année ici, le vieux avait raison. Pas que ça me dérange de devoir voyager, mais l’ambiance des lieux me plaisait.

- Un peu de respect mademoiselle. J’ai ici votre dossier scolaire, ce que vous venez de faire est tout bonnement la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Vous allez devoir vous rendre chez le psychologue. Le rendez-vous est déjà pris, ne jouez pas à la plus futée et allez-y.

Elle me tendit une carte tout en finissant sa phrase. Bureau de psy hein? Mouais, pourquoi pas. Si ça peut leur faire plaisir après tout... C’est pas une visite chez lui qui va me tuer et comme c’est pas moi qui paye, c’est tout bénef’. D’après les heures notées, c’est pour demain. Ok, ça roule. Juste le temps de finir ma journée de cours et de me préparer ce soir... Pas de doute, Mishima s’organise bien, je peux même pas louper une heure de cours, la séance tombe pendant nos heures d'études. Fait chier.

Le lendemain, l’heure d’étude approchait, ma visite aussi quoi de mieux pour commencer l’année scolaire ici qu’une visite chez doc cerveau? J’entendis la cloche, la pause était là. Rapidement j’embarquais mon carnet de dessin déjà pas mal gribouillé et me dirigeait vers le cabinet. En chemin, je me demandais ce que je pourrais bien m’amuser à lui faire à doc cerveau mais je finis ma rêverie en me disant que je verrais bien sur place. Une fois arrivée, j’appuyais sur la sonnette, entrait après que l’on m’ait ouvert la porte et m’assied dans la salle d’attente tout en feuilletant un des nombreux magazines s’y trouvant.

Bon, alors…. Programme de la journée ! Hum, d’abord, forcer Kimiko à s’avilir ! Lui nettoyer le corps avec sa langue, le frotter avec son propre sang avant de  le rincer, le préparer, l’habiller. Bref, elle devait tout faire. Et ensuite, elle avait eu comme obligation de lui préparer son bureau et non sans une petite gâterie, elle avait fini par aller se préparer à jouer la secrétaire. A moins qu’il ne l’affecte en tant que chienne de garde chez lui , en lui attachant les chevilles en haut des cuisses, puis, avec un couteau, lui mettre les rotules à vif.

Suite dans le programme, recevoir une lycéenne, la municipalité paie. C’était son seul rendez-vous de la matinée en fait. On lui avait communiqué le dossier scolaire et il devait le consulter avant de recevoir la personne. Une lycéenne donc, alors, voyons voir ça…  farces et attrapes nigauds en tout genre, mauvais tours, bref, pas mal de mauvaises farces qui avaient tendance à mettre mal à l’aise du monde, )à arriver au mauvais moment.

Ça lui avait valu beaucoup d’ennuis… c’était normal… mais il ne voyait là) dedans qu’une débutante, rien de plus, des jeux enfantins, un refus de passage à un stade adulte responsable, un manque de maturité en somme ! Il avait un sacré numéro en somme ! Il n’avait rien de plus à  apprécier, comprenez dans le sens de apprécier, comprendre et cerner.

Le pseudo-psychologie n’avait rien à faire du reste, il n’avait rien d’autre prévu de sa journée, peut être irait-il s’amuser au lycée à commettre des horreurs, oui, il en avait particulièrement envie ! Il s’amuserait bien…. Ah détail, il la recevrait en retard, juste pour le plaisir de savoir qu’elle allait devoir patienter, avec un peu de chance, elle était d’une nature assez impatiente, il apprécierait ! Kimiko se chargerait de la  prévenir du retard ?...une vidéo conférence, oui, ce serait très bien. Il la prévint via le combiné interne.

Elle se déplaça, boitant fortement, il ne s’était pas retenu ce matin au lever et il lui avait presque cassé la jambe… oui, il avait adoré l’entendre crier,  elle s’approcha et lui lança, sur un ton poli et courtois :

« Mademoiselle Suigetsu ? Monsieur va avoir un peu de retard, il en vidéo conférence et cela s’éternise, vous désirez un café ? Un thé ? »

Elle attendit sa réponse, posément, avant de s’exécuter si elle le désirait, lui apportant son thé ou son café si elle le désirait, avant de retourner à son post, continuer de répondre au téléphone et agencer l’emploi du temps de son Dieu vénéré. Détail simple :  du sel au lieu du sucre… ça met à l’aise, officiellement, elle s’était trompée, officieusement, elle s’amusait gentiment !

Finalement, le « jeune homme » sortit du bureau, émacié, les yeux globuleux, les cheveux noirs à peine coiffé, comme s’il n’en avait rien à faire. Il était maigre,  il flottait dans sa tenue qui n’était pourtant pas bien grande ! La chemise devait être du S, c’est vous dire !

« Je vous prie de m’excuser pour mon retard, vidéo conférence pour une intervention en milieu universitaire, les questions ont trainé en longueur, je vous prie de m’excuser, platement. Je suis le docteur Watanabe, je suis chargé par le lycée de vous évaluer psychologiquement. Je doute que ce soit bien nécessaire, mais allons y, si vous voulez bien me suivre…. Ah et non, je ne suis pas un adpte du sofa où l’on s’allonge ! »

Il se dirigea vers la porte du fond qui donnait sur un joli bureau aux murs blanc cassés et au sol de parquet flottant sombre. Un bureau sobre, pas de décorations, juste des dossiers et des classeurs de partout, et une chaise de chaque côté du bureau. Une fenêtre encadrée de dossier apportait la majeure partie de la lumière dans la pièce depuis l’extérieur, une jolie pelouse bien net, avec un chenil vide.

« Mademoiselle Suigetsu ? Monsieur va avoir un peu de retard, il est en vidéo conférence et cela s’éternise, vous désirez un café ? Un thé ? »

Je la voyais se déplacer en boitant et me dit qu’elle devait prendre un jour de repos. Par contre, j’hésitais à lui jouer un tour, j’avais beau me faire chier, seule, dans cette salle avec ces revues dépassées depuis au moins trois semaines, je restais quand même assez humaine pour ne pas la faire chier. Pas tout de suite en tout cas.

- Allez, va pour un thé.

Lorsque le doux liquide commença à couler le long de ma gorge, je sentis que ce n’était pas du sucre qu’elle y avait mis et reposa la tasse sur la table. Une erreur? Tu veux te moquer de moi ma jolie? Déjà que j’avais pas spécialement envie de rester ici bien longtemps, voilà que tu te foutais de ma gueule en prime, très mauvaise idée. J’avais ptet pas de public mais ce que je voulais c’était un truc convenable à boire quoi, j’allais pas te laisser foirer ma pause comme ça. Je voyais quelques dossiers éparpillés sur son bureau bien rangé et tournait mon regard vers les fenêtres. Rien de plus innocent que de lui faire voler tout ça sans bouger, elle n’aurait aucune preuve que c’est moi et aller la refermer pour m’innocenter serait encore plus drôle et passerait le temps. J’imaginais alors une bourrasque entrer et faire voler les dossiers sur le bureau, y foutant ainsi le bordel. Comme prévu, ça ne tarda pas à arriver et je me levais pour aller fermer la fenêtre.

- Eh ben, quel vent aujourd’hui.

J’avais sortis ça comme si de rien n’était, comme si l’innocence même coulait dans mes veines de starlette. Une fois que j’avais repris ma place, je dus encore attendre un instant, tapant du pied et feuilletant rapidement les magazines que je ne lisais même pas. Finalement, un petit bonhomme sortit du bureau, j’imagine que c’était lui doc cerveau...

« Je vous prie de m’excuser pour mon retard, vidéo conférence pour une intervention en milieu universitaire, les questions ont trainé en longueur, je vous prie de m’excuser, platement. Je suis le docteur Watanabe, je suis chargé par le lycée de vous évaluer psychologiquement. Je doute que ce soit bien nécessaire, mais allons y, si vous voulez bien me suivre…. Ah et non, je ne suis pas un adepte du sofa où l’on s’allonge ! »

Je le suivis tranquillement et m’installais sur la chaise face à lui. J’en avais rien à faire qu’il me propose ou pas, j’avais juste pas envie de rester debout tout le long de cette séance. Pour le sofa, j’étais bien contente qu’il n’y en ai pas, m’allonger devant ce gringalet rentrant à peine dans ses vêtements n’était sûrement pas la meilleure des solutions, il aurait certainement bandé facile en me voyant couchée devant lui à m’ouvrir. Non, la chaise était parfaite pour ça, c’était cool.

- Hey Jekyll, ta demoiselle boite sévère, faudrait lui donner des vacances. Et sinon, pour l’évaluation t’as qu’à mettre que j’ai juste pas envie de me laisser faire et ce s’ra bon. C’est pas que j’veux pas me trainer ici mais j’ai des cours à aller suivre moi.

J’espérais que les cours soient une raison suffisante pour qu’il me laisse partir, je n’avais pas vraiment envie de passer le reste de mon temps libre enfermée dans ce bureau avec vue sur chenil… Tiens, en parlant de chenil, pourquoi il était vide celui là ? Doc Jekyll était bizarre. S’il décidait de me garder, pas de doutes que je finirais par lui jouer un tour ou l’autre.

Il y avait deux catégories de personnes, les grandes gueules, et les autres, elle, elle devait faire partie des grandes gueules, les personnes qui avaient besoin de parler et de se sentir plus fort que tout dès qu’elles ouvraient la bouche !  On pouvait bine parler, on pouvait mal parler, mais le fond ne changeait pas ! Il s’agissait toujours de la même façon de faire dans le fond ! C’était le pseudo dominant qui marquait son autorité en grognant mais jamais en mordant ! Donc c’étakit inneficace pour quiconque n’avait pas peur d’un ou deux grognements. On tente de  se donner de la contenance dans ce rôle avec les bons mots, le bon ton, mais celui qui ne s’y trompait pas, c’était bien le psychologue ! Le maitre des complots et de la duperie se fichait des cris d’un roquet, il se méfiait plus du silence d’un rottweiler…

Elle s’installa sans qu’il l’ait proposé… au moins comme ça c’était du temps de gagner. Elle cherchait à s’imposer, il ne l’en empêchait pas, un terrain qui venait d’être conquis était facile à reprendre, il le savait mais plus encore, il était bon aussi que la jeune femme se sente en confiance, même si pour cela elle devait croire qu’elle dirigeait l’entretien. La laisser s’installer comme chez elle, il pouvait bien le faire, ce n’était pas grand-chose ! Concéder un peu de terrain, oui, ça il pouvait le faire. Et après tout, il avait du temps devant lui, du temps à perdre !

Il s’assit de son côté du bureau en l’écoutant parler. Jekyll ? Oui, pas mal… il aimait bien le pseudonyme, il le retenait. Ce serait amusant sans doute… oui, et puis  il y avait hyde derrière dans le pire des cas, oui, Jekyll et mister hyde étaient  bien deux personnalités qui pouvaient se comparer pour les ignares à son propre état. Oui, le psy était Jekyll, le dieu, Hyde, et ils se complétaient parfaitement… Hyde agissait même en tant que Jekyll…

Ces propos étaient amusant, des vacances à sa secrétaire ? Elle se suiciderait s’il le lui proposait… pour le reste, ouais, elle n’avait pas tort, il pouvait comprendre qu’elle n’avait pas envie de rester, mais plus encore, elle n’avait certainement pas envie de parler ! C’était ça, la vérité sous jacente elle ne voulait pas parler, elle évoquerait le fait qu’elle n’en avait pas envie, mais au final, il était persuadé qu’elle avait tout simplement peur. Elle avait peur de se découvrir, de se dévoiler, de devenir vulnérable en s’exposant ! Forcément. Il se dressa sur son siège pour être à l’aise et posa ses coudes sur les bureaux, entremêlant ses doigts….

« Je vois, vous n’avez pas envie de me parler, et bien ne me parlez pas ! Mais il y a une heure à passer et ça risque d’être long… je ne vous force à rien, donc vous ne vous laissez pas faire ! Ne parlez pas... je serai payé de toute manière, et vous, votre cas ne s'arrangera pas... c'est fou comme la stupidité peut revêtir les formes les plus variées !  »

Il sourit et sortit une feuille blanche sur laquelle il écrivit quelques mots simples, nouvelle approche. Elle ne voulait pas parler, peut être voudrait-elle écrire, sait-on jamais ! Oui, c’était jouer sur les mots et alors ?

Ne pas me parler ! Et m’écrire ? J’ai cru comprendre que vous aimiez les farces, vous apprécierez peut être celle-ci : il y avait de la colle à prise rapide sur votre chaise…

Il eut un grand sourire en lui tendant la feuille de papier…

« Vous auriez préféré des punaises ? »

Il éclata de rire !

Une heure ? Sans déconner ? ‘Tin, ça allait être long une heure à rien foutre dans ce bureau vide. Ouais bon, quitte à se faire chier une heure, autant s’amuser un peu. Je le vis sortir une feuille et écrire. Quand il eut fini sa rédaction, assez courte, je pris le papier et lut en souriant. Franchement, ce type avait lu mon dossier mais ne me connaissait pas pour autant. Ok il avait un diplôme en psychologie, ok il avait l’habitude de traiter des cas différents mais il ne savait pas pour mon pouvoir, il ne savait pas que je ne voulais pas me montrer faible. Si je le faisais, je me ferais sans cesse agresser, je ne pouvais pas me le permettre. Par contre, le coup de la colle m’inquiétait et je décidais d’essayer de me relever… Impossible, la chaise me collait. Bien bien bien, s’il voulait jouer, on allait jouer. Je me relèverais dès que je le voudrais, il ne connaissait pas mon pouvoir, c’était un avantage pour moi. Je l’aimais bien ce Jekyll finalement.

- Ok t’as gagné, je veux bien parler mais pour dire quoi ? Si je m’amuse autant, c’est une façade, les cours m’ennuient, je veux juste dessiner et vivre comme si j’allais mourir demain. Si c’est pas le cas je risque de le regretter et je ne veux pas de regrets. Et surtout, si je ne m’impose pas au lycée, je risque de subir des agressions et ça, je n’en veux pas. On vient pas faire chier les sauvages donc on viendra pas me faire chier. Logique non ?

Voilà, maintenant qu’il avait à peu près tout ce qu’il avait à savoir, j’allais pouvoir changer de sujet. J’imagine que tout ça allait finir dans mon dossier maintenant. Il allait même peut-être conclure que je vivais dans un rêve et ça, je ne lui en voudrais pas, c’était certainement le cas. Par contre, fallait pas que ça se sache chez les élèves ou je devrais botter des culs à longueur de journée. Je veux bien être en vue, mais pas pour ça.

- Alors, c’est pour quoi faire ce chenil vide là-bas, c’est pour Mister Hyde ?

Avec cette question, j’espérais bien changer de sujet vite fait, j’avais pas trop envie de m’attarder sur mon cas psychologique et puis la curiosité m’avait piquée à vif quand j’avais vu ce chenil désert. Je n’entendais pas les chiens, je n’en voyais pas non plus, c’était étrange. Là, pour le coup, je n’avais pas pu m’empêcher de revenir sur Jekyll et Hyde, il était vraiment trop bien ce psy, j’avais des perches à ne plus savoir où en donner de la tête. Je me l’imaginais le soir, enfermé dans sa cage pour éviter de torturer les autres et en eut un sourire débile.

Elle tenta de se relever… manque de pot, ça avait bien marché, elle était bloquée à sa chaise !  Elle allait devoir faire tomber le bas pour partir, et si le spectacle était intéressant, c’était surtout une bonne manière de lui expliquer qu’elle n’était pas la seule à pouvoir s’amuser aux dépends des autres, une autre manière de lui montrer, aussi, qu’elle n’avait pas le choix et devait rester ici, sur cette chaise jusqu’à la fin du temps réglementaire. Elle avait une heure à passer ici, suivie peut être d’autres heures, mais d’ici là… elle resterait vissée sur cette chaise ! Ce serait pénible sans doute pour elle, mais c’était comme ça que cela fonctionnait ! Elle restait, elle parlait, ou elle se taisait, c’était son choix.

Elle prit partie de parler et ses paroles se révélèrent pleine de sens… tout cela se comprenait. C’était même logique quand on y réfléchissait ! Oui, un beau mécanisme de défense, efficace qui plus est, mais d’un autre côté la marginalisation de son comportement pouvait finir par lui attirer de sacrés ennuis ! Non, en fait c’était déjà le cas quand on y pensait ! Elle n’était pas là pour rien. Alors vivre ses envies à fond. C’était une bonne chose. Il fallait juste savoir doser… Il sourit.

Puis elle lui posa la question que tout le monde lui posait à un moment où à un autre. Le chenil. A quoi servait-il… à faire parler les curieux et les curieuses ! Ce qui était déjà un bel exploit ! Et en général, ça déliait les langues ! Et ça marchait. Elle avait réussi à parler après tout ! Donc il n’avait qu’à composer une réponse de circonstance.

« Disons que j’avais un chien… et comme après j’ai eu une secrétaire, il a bien fallu abandonner le chien. Un seul animal de compagnie à la fois… »

Il éclata de rire même s’il était parfaitement sérieux !  Cela permettait de faire passer ce comportement intolérable pour une plaisanterie, cela masquait la vérité tout en la révélant !  C’était follement amusant, et il ne comptait pas cesser de s’amuser tout de suite. Il se calma avant de répondre plus calmement.

« L’avantage des psys c’est qu’il garde pour eux tout ce qu’on leur dit. Il y a juste une conclusion mais qui n’est pas jointe au dossier, non, c’est juste quelques mots  qui y figureront, juste si vous êtes apte ou pas à vivre en société et je ne crois pas que je vais vous juger inapte pour quelques coups pendables… quoique… j’ai un résumé de vos essais… en fait, à par des blagues miteuses de seconde zones, vous faites pas grand choses… quelle est la plus grosse farce que vous ayez faites, la plus grosse, la plus grave. Allez-y, racontez ! Que je vois si niveau qualité de farces vous n’êtes pas le cas désespéré que l’on pourrait croire… »

Il sourit, prenant un air faussement navré.

« Et désolé pour la dégradation de votre tenue, la colle, ça par pas facilement… ; mais c’est tellement marrant ! Tout le monde se fait avoir... à chaque fois ! »

Il s’esclaffa à nouveau !

- Oh, pauvre toutou abandonné.

Son assurance à ne pas parler de ce que je disais ici me réconforta un moment. Il devait juste dire si j’étais apte ou pas à vivre en société, ce ne serait pas trop compliqué de lui faire mettre apte au fond du dossier. Par contre, ma plus grosse connerie c’est sans doute celle où j’ai failli m’étouffer mais comment lui dire sans lui dire que j’ai un pouvoir, voilà la vraie question.

« Et désolé pour la dégradation de votre tenue, la colle, ça par pas facilement… ; mais c’est tellement marrant ! Tout le monde se fait avoir... à chaque fois ! »

Je baissais le regard vers la chaise et relevait la tête.

- Pas grave, j’ai d’autres jupes pour l’uniforme. Donc, pour ma plus grosse farce… C’est compliqué à expliquer. J’étais tranquillement dans la cafétéria de mon ancien lycée et je voulais m’amuser un peu. Je vois alors ma secrétaire préférée entrer et la fait glisser, se renversant son bol de nouilles, suite à quoi un autre étudiant a glissé et je me suis évanouie, je n’ai rien su de ce qu’il s’était passé après. Tout ce dont je me souviens, c’est de m’être réveillée à l’infirmerie après, c’est tout. Je crois que c’est ma plus grosse farce, personne n’a su que ça venait de moi. Le seul truc qui figure peut-être dans mon dossier, c’est l’évanouissement.

Je trouvais plutôt inutile de préciser que j’avais le pouvoir d’altérer la réalité autour de moi, surtout que je passerais certainement pour une folle aux yeux de Jekyll and Hyde. Non, mieux valait que je ne dise rien à ce propos… Quoique, je lui dis et je me lève pour lui montrer ? Ça pourrait être plaisant de voir sa tronche maigrelette se figer de surprise. Je le fais ? Je le fais pas ? Non, c’est prendre trop de risques pour le moment, je le ferai au moment de partir, peut-être qu’il aura oublié et que ça passera comme dans du beurre fondu.

- Par contre, vous m’avez promis le silence, je ne voudrais pas que ça s’ébruite. Si c’est le cas, hop le procès pour viol de vie privée et du secret médical.

Quoi, c’était ça ? Non mais c’étaiot trop petit, il était sidéré… faire glisser quelqu’un, c’était petit, faible, mauvais, pitoyable, sans envergure ! Mais elle avait éclipsé la manière de faire glisser. Comment avait-elle fait au juste ? Bonne question… d’habitude, un vrai farceur vantait ses méthodes, et plus encore, faisait en sorte d’être reconnu, mais là, apparemment, non. Alors que se passait-il au juste ? Ce n’était pas clair, pas clair du tout. Il ne comprenait pas. Il y avait quelque chose à cacher ! Il avait un peu l’intention de fouiller un peu là dedans.

Et s’évanouir  en plein milieu. Non, non, il y avait un détail qui ne collait pas. Très bien, bon, il verrait cela un peu plus tard. Inutile d’en rajouter, ils y reviendraient surement plus tard, car c’était étrange pour une blagueuse, une farceuse facétieuse. Il sourit, vite elle changeait de sujet, mais il ne fallait pas qu’il oublie.

« Ne vous en faites pas, je n’en parlerai à personne. Je n’ai pas à en parler. C’est entre vous en moi, personne d’autre n’en saura rien. Ça ne les concerne pas, mais ça ne me concerne pas non plus vous allez me dire ! Et bien oui, vous ne voulez pas répondre à une question, vous le dites on passe à autre chose, j’en tirerai les conclusions que j’y verrai. Il n’y a aucune obligation. »

Il sourit et attendit quelques instants avant de continuer sur un ton affable.

« Mais est-ce la plus dangereuse ? Dans le même ordre d’idée, je voulais savoir quelle était la farce dont vous avez le plus honte, accepteriez vous de me la révéler ? »

Nouveau sourire aimable, quelques notes sur son papier alors que sur celui qui était sur la table, il dessinait quelque chose en attendant qu’elle parle. Pour la suite. IUne pièce avec des objets, un schémas bien sur,  avant d’écrire au dessus.

Inventer un piège…

« J’aimerai aussi qu’avec ce que vous voyez sur ce croquis vous imaginize une farce à faire, la farce la plus osée possible… »