- Je suis enchantée de faire ta connaissance. C’est la première fois que je te vois, tu viens d’arriver à Mishima ? Si tu as besoin d’aide, je peux te faire visiter le bahut, si tu veux…
Je lui rendis un sourire, et ne pus lui répondre qu'il en était de même pour moi qu'elle continua sur sa lancée. La laissant parler, je me contentais de mâcher le morceau de pain que j'avais arraché. Je pris mon temps, l'avalai, et lui répondait, sur un ton qui était calme, comme à mon habitude.
- Oh, ça fait déjà quelques temps que je suis arrivée. Je suis externe, et quand je peux je mange chez moi à midi. C'est peut-être pour ça que tu ne m'as pas beaucoup vue. Mais merci de proposer, c'est gentil.
Je plongeais ma fourchette dans le plat de pâtes, prête à manger, mais je m'arrêtais net en entendant le tintement de couverts de l'élève qui se trouvait en face de moi. J'eus un frisson.. argh, elle coupait ses pâtes. S'il y avait une chose qui me stressait bien en ce qui concernait les spaghetti, c'était de voir une personne les couper. D'accord, je le concède; pas pratique à manger sans s'en ficher partout sur sa chemise ou sur ses joues, mais quand on savait s'y prendre, on pouvait les manger sans aucune éclaboussure. Si ces spaghetti avaient été créés comme ça, c'était pour les manger dans cet état.. enfin, que voulez vous, les petites habitudes, c'était une chose dont j'avais du mal à me défaire. Je crois bien que l'Italie me manquait.
Je repensais à la question de Cassidy. C'était vrai, ça faisait déjà un petit bout de temps que j'étais à Mishima. Avant, j'étais dans un établissement privé, et ma demi-soeur était dans un autre établissement, nous ne nous étions jamais croisées. Mais une fois que ma mère avait rencontré son père, et qu'ils avaient décidé qu'on vivrait tous très rapidement ensemble, il a fallut déménager et choisir un autre appartement, plus grand. On avait opté plutôt pour une petite maison un peu en retrait de la ville, et le trajet avait été vite compliqué le matin pour nous déposer, Louise et moi, chacun dans notre propre établissement scolaire. Le plus proche étant Mishima, que l'on pouvait d'ailleurs rejoindre en métro ce qui n'était pas le cas pour mon ancienne école, nous y avions été très rapidement inscrites, toutes deux, pour mon plus grand bonheur. L'établissement avait beau être grand, je croisais souvent ma demi-soeur qui ne manquait pas de m'adresser un large sourire quand on se croisait et qu'elle était trop occupée avec sa horde d'amis pour venir papoter avec moi. J'avais bien les miens, mais pas en aussi grande quantité. Je n'étais en aucun cas très entreprenante, au contraire de Louise, qui pouvait s'adapter à n'importe quelle situation, et également n'importe où.. Et son charme ensoleillé attirait les autres comme des insectes ne résistaient pas à la lumière. Si Cassidy ne m'avait jamais vraiment vue, à cause de ma nature discrète, sans doute avait-elle déjà remarqué Louise, qui, de ses grands yeux bleus et ses belles boucles dorées, attiraient bien des regards.
Je m'apprêtais à avaler ma première bouchée qu'un nouveau fracas se fit entendre. Un petit cri de surprise s'échappa de mes lèvres alors que je sentis un contact froid atteindre ma poitrine. J'écartais les bras, et baissais le menton pour constater les dégâts. Oh non.. c'est pas vrai !
- Je suis désolée, aujourd’hui, je suis une vrai catastrophe ambulante…
J'attrapais immédiatement ma chemise du bout des doigts, la pinçant entre deux doigts, pour l'écarter de ma poitrine en deux points, afin de limiter le contact du tissu froid et mouillé contre ma peau. Ca me faisait une belle jambe.. si j'avais été interne j'aurais filé à ma chambre enfiler autre chose, mais là je n'avais pas d'autre choix que d'attendre que ça sèche. Avec un petit rire gêné, je lui répondis finalement.
- Maladroite.. Je vois ça..
Je relevais le regard, tentant vainement de garde ma chemise blanche décollée de ma poitrine, mais déjà qu'elle était serrée au sec, ma "technique" de décollement n'était pas très efficace, laissant apparaître, légèrement, mon sous-vêtement en transparence. Oh, zut, c'était pas vrai... en aucun cas je ne voulais m'attirer les regards pervers des gars qui remuaient la queue comme des chiens dès que quelque chose avait une seule once de sexy. Alors une chemise blanche mouillée, c'était l'élément parfait pour déclencher des gloussements masculins aux tables voisines.
Je vis Cassidy rougir, visiblement gênée de m'avoir éclaboussée et mise dans cette situation.
- Tu sais quoi, c'est pas grave. Je vais aller aux toilettes et attendre que ça sèche, ça sera pas trop long avec un peu de chance.
J'étais sincère, je ne lui en voulais pas ça arrivait à tout le monde, après tout, les mauvaises journées. Je prenais mon sac sur mes genoux et tirais de celui-ci un de mes livres de cours, et le gardais, à l'aide de mon bras, contre ma poitrine pour la cacher. J'eus un frisson en sentant le tissu collé à ma peau. Brrrr !
Je me relevais de ma chaise.