Il ouvrit les yeux avec un léger mal de crâne. Où est-il ? Que faisait-il là ? Tout était embrumé dans sa tête. Il se réveilla en haletant, surpris, se rappelant d’une soirée dans une auberge, d’une envie d’aller pisser. Il titubait à moitié, ayant beaucoup bu, et se trouvait dehors, devant la forêt. Les ombres bougeaient, brillaient, et il s’était rendu vers l’escalier extérieur, qui permettait de monter à l’étage, là où on trouvait les chambres. Son objectif était de dormir, de s’écrouler comme un seul homme sur ce lit. Il était à ce village en transit, comptant le traverser pour rejoindre une grande ville. Et, d’un seul coup, il se réveillait là, dans cette grotte.
Cahir nota qu’il était torse nu, et que les liens qui le retenaient étaient solides. Un bandeau sur ses yeux l’empêchait de voir ce qui se passait. Il pensait néanmoins être dans une grotte, car il en percevait les odeurs si caractéristiques. Il entendait, au loin, les gazouillis caractéristiques de la forêt, les oiseaux en train de s’épanouir. Qui donc avait bien pu l’assommer ? De vulgaires rôdeurs ? Non, ils l’auraient laissé là, inerte... Et le coin était sûr. Il n’y avait pas de pillards. Pourquoi se donner la peine de le kidnapper ? Cahir n’était plus personne, un apatride ayant pour seule fortune son cheval. Et, ici, il était très éloigné de l’Empire d’Ashnard, d’individus susceptibles de le croiser, de le retrouver, de l’identifier. Cette histoire n’avait pas de sens, ni queue ni tête. Une farce ? Il doutait que ce soit le genre des autochtones. L’apatride essaya de dénouer ses liens. Les nœuds étaient solides, serrés, et il abandonna rapidement.
*Je pourrais me détacher, mais pas sans mal... Celui qui a fait ça a l’air de s’y connaître...*
Pourquoi s’être donné la peine de le mettre torse nu ? Pour vérifier s’il n’avait pas des objets magiques ? Il avait pourtant toujours autour du cou son collier, dont le pendentif renfermait un cristal de dymerite, un objet de valeur. Or, cet objet était là, Cahir le sentait au poids du collier. On ne cherchait pas à le détrousser, mais, pourtant, on l’avait bien assommé, et ligoté à une grotte. Ses jambes étaient également entravées. En revanche, le bandeau sur ses yeux semblait mal serré, et il commença à remuer la tête, sans succès, avant de basculer sa tête en arrière... Où il heurta la paroi. Il remua alors la tête, de haut en bas, frottant le tissu contre un morceau tranchant de la roche. Il réussit ainsi, au bout de quelques secondes, à faire glisser le bandeau, puis remua la tête, afin de continuer à le faire glisser.
La lumière hors de la grotte l’agressa. Il faisait beau dehors. C’était le jour, et il fronça les sourcils, avant de voir une silhouette devant la grotte... Une forme sombre, indiscernable.
« Hey, vous ! s’exclama-t-il. Quelqu’un m’a attaché ici, j’ignore pourquoi... Venez m’aider, je vous prie ! »
Cahir avait néanmoins l’impression que cet homme n’était pas un simple visiteur. Il cligna des yeux, le temps que sa vision devienne moins floue. L’apatride n’avait pas encore vu qu’il n’était pas seul dans cette grotte...