Je détestais cette maudite chambre. Je détestais ce maudit Prince. J’exécrais l’idée de ne rien pouvoir faire. Dès que j’essayais de m’enfuir, les colosses du Prince me ramenaient ici avec diligence. Je n’avais aucune liberté de mouvement en dehors de cette chambre. Et si j’avais le malheur de baisser ma garde et de céder au sommeil, le bougre en profitait.
Encore une fois, alors que j’avais profité de l’ouverture de la porte pendant qu’on m’apportait à manger j’avais couru. Cette fois, j’avais descendu trois étages. Jamais je n’avais dépassé les deux premiers auparavant. J’étais dans le hall quand l’un des gardes du Prince me poussa au sol. Je roulais sous une table, frappant la main qui tentait de me retenir.
J’essayais de ramper sous les tables pour gagner la sortie, mais une paire de pieds me barra le chemin. Comme un vulgaire sac, le colosse me mit sur son épaule et me remonta. Les autres se chargeant de dédommager l’hôte. D’après ce que je voyais, c’était une sorte de restaurant-hôtel dans les bas-fonds. Enfin, restaurant… Bar avec un peu de nourriture consistante, ça serait plus juste.
Je frappais le dos du colosse de toutes mes forces. Je ne lui fis aucun mal, solide comme il l’était. Sa peau avait l’air d’être du cuir. Ulcérée, j’étais à nouveau ramenée dans ma prison. Mais j’avais au moins la satisfaction de voir les regards interloqués des gens. Certains quittèrent l’établissement avec l’air de celui qui va tout raconter à son pote. Les rumeurs se répandraient bien vite. J’espérais que ça m’attirerais au moins quelque attention. Peut-être même quelqu’un d’assez hardi pour tenter de la libérer. Les colosses, au nombre de trois, paraissaient triplés.
Ils se ressemblaient comme deux, enfin trois, gouttes d’eau.
Criant ma rage, je me retrouvais à nouveau enfermée à double-tour dans la pièce. Saloperie de pièce ! Saloperie de Prince !