A l’endroit exact ou devait se trouver son contact, se tenait une gamine de dix-huit ans, tout au plus, vêtue on ne peut plus légèrement d’une petite robe blanche qui mettait en valeur des formes avantageuses. L’agent Jack Taylor refoula immédiatement les pensées tendancieuses qui lui traversaient l’esprit pour analyser la situation de la façon la plus objective possible. Ce ne pouvait pas être un hasard; le parc allait fermer dans quelques minutes et une donzelle en tenue légère faisait subitement apparition sur le lieu de rendez-vous qui lui avait été indiqué. « rendez-vous …? » Mais oui, c’était probablement ça ! Adoptant la démarche chaloupée du texan moyen, Jack Taylor s’approcha de la jeune femme en faisant de grands gestes, exagérant à outrance l’accent américain.
« Hey, Kaori- dear ! C’est moi, Jimmy, je suis là ! »
Connaissant l’humour parfois étrange des japonais, Jack ne doutait pas que son contact lui avait fait envoyer cette gamine pour le mener à un endroit plus caché, probablement le sous-sol d’un bar miteux. Ou peut-être même que c’était cette petiote qui devait lui donner le nom du mec qu’il allait devoir surveiller. Il fallait reconnaître que c’était ingénieux : quoi de mieux qu’un rendez-vous amoureux feint pour dissimuler un bref échange d’information ? Décidé à jouer habilement le jeu, l’agent Taylor saisit avec douceur la main de Magikya afin d’y déposer un baiser.
« Vous m’avez tellement manqué ! J’ai un merveilleux cadeau pour vous… »
Le mot clé avait été prononcé, mais Jack s’arrêta net. Quelque chose clochait. Il leva les yeux vers la chevelure violette de la jeune fille et fronça les sourcils. Des cheveux violets ? Plutôt inhabituelle comme teinture… Peut-être un cosplay ? Son étonnement redoubla lorsqu’il s’aperçu que les yeux de l’adolescente étaient -eux aussi- violets. « probablement des lentilles… » Il n’eût guère le temps d’approfondir ses réflexion puisque la cloche annonçant la fermeture du parc le fit sursauter. Jack avait gardé la petite main de Magikya dans sa grosse paluche; il l’entraîna gentiment vers la sortie du parc.
« Voudriez-vous que nous allions ailleurs ? Je connais un petit bar sympathique, pas très loin ».
A peine eût-il prononcé ces derniers mots que Jack s’aperçut qu’il bandait ce qui, en raison de la taille colossale de son vit était plus que visible. Tout en entraînant la jeune femme à sa suite, il la dévorait du regard à la dérobée. Probablement que son contact ne serait pas trop fâché qu’il s’envoie son intermédiaire. Et puis après tout, c’était l’affaire de quelques minutes seulement, dans une ruelle sombre… Mais avant toute chose, il lui fallait recueillir les informations dont il avait besoin. Sa queue attendrait.