A voir Selina jouer au haricot sauteur, j'hausse un sourcil. Je ne l'imaginais pas faire ce genre de trucs, pour tout vous dire. Vous savez, je l'imaginais davantage "femme fatale", à jouer des hommes comme d'autres avec les cartes. Froide, sévère et directive... Une femme en cuir, quoi ! Bon, je suis arrêté sur pas mal de clichés, c'est vrai. Et j'ai le don pour m'acoquiner avec des filles qui semblent trois fois plus mâtures que je ne le serais jamais. Entre la chanteuse de cabaret et l'héroïne, je collectionne les relations un peu démesurées. Démesure qui leur ajoute une saveur épicée et qui -je crois- me fait grandir chaque fois un peu plus. Ces femmes me rappellent Lilith, ma némésis et aussi mon fantasme inavoué avec qui j'ai partagé dix ans de ma vie entre batailles interminables et discussions à coeur ouvert, à notre façon. Il faudrait aussi que je m'inquiète de savoir ce qu'elle est devenue, celle là. Bah, je l'apprendrais lorsque j'aurais à l'affronter une énième fois et pour être tout à fait sincère... Là tout de suite, et ben je m'en branle pas mal.
Rendez vous compte, je m'apprête à passer une sorte de soirée pyjama avec une super-héroïne qui connaît mes deux identités et avec qui je n'aurais pas à tricher par sentiment de protection. Je crois que finalement, je sautillerais bien un peu aussi.
Je la regarde passer les tee-shirt de façon successive avant de bondir alertement sur le canapé pour prendre place dans mon dos sans que son atterrissage soit violent où seulement un peu brutal. Impressionnant, quand on sait qu'elle ne vole pas, elle.
- Ma couette est pour quatre personnes, j'aime généralement prendre mes aises au lit. Et puis pour la lumière... T'en fais pas, si il faut tamiser un peu pour une petite ambiance "cocon", j'ai de quoi assurer aussi.
Selina me parle de son job, avocate d'investigation. Je ne comprends pas grand'chose au droit, mais je devine à ses propos qu'elle enquête pour débusquer les malfaiteurs et particulièrement les proxenètes et autres ordures assimilées, si je me fie à son ton qui sur ce mot se fait agressif. Je suppose que c'est normal, les femmes craignent à juste titre ce genre de salauds, les méprisent. A moins que ce ne soit quelque chose de plus personel ? Possible. Je ne lui demanderais toutefois pas, si ça doit venir, ça viendra. La nuit est encore naissante et nous avons du temps à passer ensemble.
- Je voulais faire un peu de journalisme, en fait. Travailler dans un grand quotidien, couvrir des évènements à travers le monde... Mais les choses ne se sont pas tout à fait passées comme prévu. Ma petite consolation c'est qu'a ma façon, je couvre tout de même une bonne partie du monde.
Avec un sourire, je tourne la tête pour tenter de la regarder lorsqu'elle m'enlace de ses bras, se calant dans mon dos et venant tutoyer mon torse du bout de ses doigts graciles. Mécaniquement, je passe une de mes mains sur ses avant-bras et en caresse la peau dans un va et vient léger et pensif alors qu'elle me donne son nom de famille... Qui m'arrache un petit éclat de rire.
- Tu parle d'une coïncidence... "Selina Kyle, avocate", alors ? Et qu'est ce qui pousse une avocate que j'imagine douée à s'amuser à visiter les bijouteries, hm ? Et puis, tu as dis avocate d'investigation, alors je me demande qui ta visite de ce soir concernait ? Selina, où Catwoman ? Et qui visait elle ? Kyle, où Prime ?
Une fois encore, c'est la curiosité qui me pousse. Je voudrais tout de même savoir ce qui l'a poussée à jouer cette comédie, parce que mine de rien ça me trotte dans la tête. Sera elle vraiment honnête ?
Et hop, elle me taxe ma canette dans me demander. Je la laisse faire, utilisant ce pretexte pour lier mes doigts à ceux de sa main libre. On dirait des étudiants amoureux, c'est un fait. Ni amoureux, ni étudiants. Dans la théorie, nous devrions même nous éviter le plus possible et même ne jamais s'être rencontrés de cette façon. Je viens déposer un baiser sur le dos de sa main comme pour la remercier d'avoir proposer de rester lorsqu'elle me parle de son whisky, de la fin de soirée et surtout qu'elle se met à mordiller mon lobe, son souffle doux et suave filant sur ma peau.
Selina va me rendre dingue, si elle continue. L'oreille... Je trouve ça très érotique, en fait. Et il est évident que la Féline sait y faire. Tu va voir que c'est moi qui vais finir par ronronner !
- Tu va devoir boire seule, ma belle. La dernière fois que j'ai bu, c'était il y a trois mois et euh... Ca s'est terminé en Chine, à jongler avec les fourgons de la police locale en chantant à tue-tête des chansons paillardes...
Je supporte mal l'alcool et dans ces cas là, j'utilise mes pouvoirs à tout va sans modération ni réelle reflexion. Un verre où deux me rendent joyeux, mais après je ne sais plus m'arrêter. Ca serait tout de même dommage de ne pas avoir les idées claires ce soir, non ?
Avec un air amusé, je fais pivoter sans mal Selina qui en quelques rapides et délicats mouvements se retrouve non plus collée à mon dos mais à mon torse, mon front pressé contre le sien et mes mains caressant ses cuisses, allant même jusqu'a parfois remonter un peu le tissu la couvrant.
Waouh, je viens de prendre une initiative ! Champony pour tout le monde !
- ....Je vais quand même nous chercher une couette ?