Encore sonné, Nigel se releva péniblement en entendant Lolita lui demander de l'aide. Il écarta doucement Masaru Okura de sa chère belle-mère, regrettant de ne pouvoir le laisser étrangler cette dernière, mais il n'avait pas besoin de se rendre complice d'un meurtre pour couronner la liste des accusations qui ne manqueraient pas d'être portées contre lui après ce bordel. Okura retrouverait sa belle-mère pour la faire mettre en prison, si tout se passait bien, mais pour le moment, elle devait hélas survivre à la confrontation.
Lolita lui ayant suggéré d'attacher Noriaki et sa camarade de jeu, Nigel fouilla dans sa poche et en retira du serflex. Sous l'oeil intéressé de la journaliste en herbe, il s'en servit pour attacher les poignets dans le dos de la belle-mère, puis ses chevilles et ses genoux. Cherchant de quoi lui confectionner un bâillon, il passa par la porte qu'avait franchie Noriaki quelques instants plus tôt, et en revint avec une serpillère, qu'il enfonça dans la bouche de la femme. Il vint ensuite vers Lolita et Noriaki, et d'un formidable coup de poing à la tempe, assomma ce dernier avant de le réduire à l'impuissance comme sa complice.
« - Lolita, tu peux jeter un oeil dans le couloir ? J'espère que la bagarre n'a pas attiré d'autres invités ... »
Nigel bourra la bouche de Noriaki avec des dossiers, traîna les deux victimes de ses talents en matière de bondage dans la pièce d'à côté, qu'il ferma à double tour avant de revenir. De toute façon, quiconque parviendrait à pénétrer dans le bureau de Noriaki se rendrait immédiatement compte qu'il s'était passé quelque chose ici, vu l'état du bureau.
« - Bon, on va essayer de sortir … Je vais passer d'abord, aller chercher ma voiture et me placer à côté de l'entrée. Lolita, tu aideras Okura à sortir avec toi, fais comme si vous étiez ensemble en le laissant s'appuyer sur toi, mais surtout, marche le plus vite possible, dès que vous serez sortis, j'avance la voiture, tu fais monter Okura à l'arrière, tu grimpes à ton tour, et on file en vitesse. Ca te paraît jouable ? »
Nigel vérifia qu'il avait bien ses clés de voiture sur lui, glissa les dossiers dans sa veste, et ouvrit la porte. Il fit passer Lolita et Okura, avant de fermer à clé et de prendre la tête du trio. Ils allèrent aussi vite que possible, ce qui restait hélas trop lent au goût de Lolita comme de Nigel, Okura étant hélas bien malgré lui un fardeau dans cette fuite. Nigel se surprit à craindre que Lolita et Okura ne puissent déjouer la vigilance des gardiens à l'entrée, tant Okura marchait d'un air clairement anormal. Au besoin, il reviendrait leur prêter main forte, mais il espérait ne pas devoir en arriver là.
Lorsqu'ils furent arrivés près du hall d'entrée, ils devaient presque porter le jeune japonais ; Nigel comprit que son plan ne marcherait pas, et résolut de faire diversion, comme dans les films. C'était absolument désespéré, mais sans cela, jamais Okura ne pourrait s'évader de l'asile. Nigel se mit donc, le remords lui bourrelant l'estomac, à ouvrir les chambres des malades les plus proches et les exhorta à aller vers la sortie, puis fonça vers l'entrée et cria aux gardiens :
« -Hé vous là-bas, j'ai besoin d'aide, il y a des patients en-dehors de leur chambre ! »
Alors que quelques patients avançaient, plutôt mollement pour la plupart, ne générant pas le chaos espéré par Nigel, il fit signe à Lolita d'attendre avant de passer vers le fond avec Okura. Les gardiens étaient déjà occupés avec les premiers patients, et voyant une infirmière avec un autre patient, ils en conclurent que la collègue tentait de les aider. Lolita et Okura atteignirent ainsi l'entrée de l'asile sans encombre, bientôt dépassés par Nigel, qui courrait chercher sa voiture.