Tout ceci était ridicule ! Miya se demandait ce qui l'empêchait de sauter à la gorge de cet arrogant mortel !! Elle n'en fit pourtant rien, tentant de garder un calme olympien. Elle l'ignora superbement alors qu'il partait, mais fulminait intérieurement. L'avocat entra alors, et sans chichis, lui pose un tas de feuilles devant les yeux, en lui expliquant les termes du contrat. Tout ceci était bien entendu alléchant, malgré l'abject marché proposé... Que ne ferait-elle pas pour l'homme de sa vie, hein ? Pourtant, Miya ne peut se résoudre à se laisser tripoter comme ça... Après tout, elle n'a aucun assurance que Ryuga soit réellement vivant, et aux mains de ce Kazama... Et ce genre de contrat avait-il vraiment une fin ? Après tout, il n'était pas précisé au bout de combien de temps la libération de son amant était envisageable... Confrontée à un cruel dilemme, Miya n'en laisse pourtant rien paraître, gardant un visage froid, fermé, et parfois presque haineux. Quelle femme ne le serait pas, face au chantage qui lui était soumis ?
Pourtant, le choix de l'immortelle est fait, aussi répugnant soit-il. L'avocat reprend ses papiers, et l'invite à le suivre. L'air de rien, Miya met les mains dans la poche de sa veste de laine qu'elle a remise, et ses doigts effleurent l'une des dagues dissimulées dans la doublure. C'est idiot, mais ce simple contact suffit à la rassurer. Oh oui, son choix est fait... Miya suit sans un mot le petit homme... dans le doute, elle préfère mémoriser le chemin qu'ils prennent... Malgré la présence bienfaitrice de la dague, tout près d'elle, à portée de main, la demi déesse craint que le contrat ne soit pas respecté. Qu'il l'amène dans un endroit, disons... tranquille, juste pour la tester. Un frisson de dégoût lui remonte l'échine. Mais au lieu d'une pièce confortable, ils s'arrêtent dans un espace si étroit que Miya craint qu'une crise de claustrophobie ne la rende impuissante. Elle s'assoit, à l'ordre de l'avocat. Elle ne le quitte pas des yeux, et à du mal à cacher son angoisse. Pourtant, il ordonne le lever d'un rideau, et lorsqu'elle voit la scène, de l'autre côté, Miya ne peut s'empêcher de bondir pour venir plaquer ses mains sur la vitre épaisse.
- Ryu..." murmure-t-elle.
Et qu'importe, pour l'instant, qu'il ne la voit pas, qu'il ne puisse l'entendre. Si Miya s'était persuadée que tout ceci n'avait été que du bluff de bas étage, fort bien monté, certes, mais du bluff quand même... Et bien tout ceci s'envolait en éclats. ... Grand Dieu, il n'a pas changé... Il a peut-être maigri un peu, et il paraît si fatigué... La demi déesse reste hypnotisée par ce qu'elle voit, jusqu'à ce que le rideau soit à nouveau baissé.
- Non !!
Elle tape sur la vitre, une seule et unique fois... En vain bien entendu. Son front se colle contre la vitre, tandis qu'elle grave la scène qu'elle a vue dans sa mémoire. L'avocat, derrière elle, répète son offre. Long silence... Miya se redresse, et toise l'avocat de toute sa hauteur.
Et lui crache à la figure.
- Allez vous faire foutre.
Miya comptait juste faire demi tour, et faire mine de rentrer - pour revenir plus tard, et libérer "Ryuga". Au lieu de cela, une peur terrible s'empare d'elle : et si, à cause de son geste, son amant présumé se faisait tuer ? Aussi, avant que l'avocat ne puisse esquisser le moindre geste pour alerter qui que ce soit, Miya lance la dague d'ivoire dans sa poche, et elle se fiche en travers de la gorge du petit homme. Tuer de sang froid n'a jamais fait peur à la demoiselle ; pourtant, cette fois, elle est tétanisée face à ce corps qui baigne tout doucement dans son sang... Et la suite ? Comment sortir "Ryuga" de là ? Miya les tuera tous s'il le faut. Elle se rue à l'extérieur de la pièce où elle était avec l'avocat, après avoir récupéré sa dague. La porte de la cellule ne doit pas être bien loin...
Un instant distraite, elle en oublie les garde qui étaient en faction dans ce couloir. Miya se prend une balle dans l'épaule, et lui rappelle ce détail. Elle fait demi tour, et la plaie béante se referme lentement, sous les yeux terrifiés de ses agresseurs. La demi déesse bondit, telle une tigresse, sur les deux hommes et les tue rapidement, de ce même coup de dague fatale en travers de la gorge. Et maintenant, elle doit trouver celui qu'elle pense être son amant...