Qu’est-ce que la liberté ? Est-ce le droit de détruire sa vie sans que personne ne nous en empêche, le droit de faire les pires idioties sans que quelqu’un ne nous punisse ? Ces définitions paraissent purement humaines à Despina, assise sur un divan rouge, au milieu d’un salon, dans un appartement sur Terre. Voilà ce qu’était SA liberté, elle avait trouvé une prêtresse assez sympa pour lui échanger ses dragmes contre de la monnaie terrienne, elle avait acheté un loft dans une ville nommée Seikusu, et l’avait meublé et décoré à son goût. Voilà une belle preuve de liberté pour la déesse, elle avait décidé sur un coup de tête d’acheté un bien immobilier au milieu des humains, pour changer d’air, respirer la pollution, et jouir des plaisirs simples de la vie sur Terre.
Des inconvénients dans cet appartement ? Un seul, et majeur, il possède un plafond, ce qui empêche Despina de léviter à l’altitude qu’elle souhaite, au risque de se cogner la tête. Et voilà la touche liberticide venant détruire sa liberté intégrale, comme quoi, la liberté n’existe pas, même pour l’Homme, qui a décidé d’établir des lois, et une loi sur la liberté est toujours contredite par une loi liberticide, il est interdit de voler : atteinte à la liberté, il est prohibé de fumer des plantes, atteinte totale à la liberté d’agir !
Cette réflexion durait depuis un moment dans l’esprit divin de Despina, et si la soirée ne devenait pas plus animée, elle risquait de durait encore des heures. Le problème sur Terre, c’est que quand on ne connait personne, il n’y a strictement rien à faire. Cela avait le don de mettre Despina en rogne, elle ne connaissait personne, et maintenant elle arrivait à se dire qu’avec un tel prénom elle ne pourrait lier aucunes relations avec des humains, car Despina n’est pas un prénom, c’est le nom d’une déesse. Voilà encore une atteinte à la liberté, elle n’a plu le droit de s’appeler comme ses parents l’ont décidé. Voilà ce à quoi elle allait s’attacher à faire ce soir, à se trouver un surnom semblable à un prénom humain, il fallait juste décider lequel.
Despina aurait bien aimé s’appeler Perséphone, car sa sœur est bien plus connue qu’elle, le souci est que Perséphone n’est pas un prénom terrien. Elle devait se rendre à l’évidence, elle ne connaissait aucune personne sur Terre, donc aucun prénom humain. Il ne lui restait qu’une chose à faire, se procurer un annuaire téléphonique et trouver des prénoms à l’intérieur. Décidée, elle se leva et marcha jusqu’à la porte, agacée de ne pas pouvoir léviter, de peur de se cogner et de se faire remarquer par les humains du quartier.
Sa main se posa sur la poignée de la porte, et elle se dit qu’elle irait se faire faire une manucure dans un salon d’esthétique humain un des ces jours, pourquoi pas demain, lorsqu’elle aurait un prénom humain. Son poigné actionna le mécanisme et elle tira le panneau de bois pour alors se rendre compte de quelque chose d’étrange. Cela lui paraissait curieux que quelqu’un très bien habillé se tienne devant sa porte sans être rentré, elle avait l’habitude à Olympe de franchir les portes sans même prévenir de son arrivée, et cet homme était planté devant elle, avec l’air d’attendre qu’on lui ouvre. Despina, un peu surprise, ne trouva à dire que ces mots :
« Ah ! Vous tombez bien, dîtes moi un prénom de femme je vous prie.
-Euh.. Elsa ?
-Parfait, je m’appelle Elsa. Que puis-je pour vous ? »
Une fois qu’elle eu prononcé ces mots, elle se rendit compte du point au quel elle était idiote. SI cet homme était un pur humain, il devait se demander qui était cette folle qui venait de lui ouvrir la porte. Avant même qu’il n’eu le temps de répondre quoi que se soit, elle ajouta :
« Que faisiez-vous devant la porte, pourquoi ne pas être rentré ?
-Parce que j’ai actionné la sonnette et que vous ne m’avez pas dit d’entrer madame. »
Despina se sentait idiote à présent, si elle n’avait pas eu l’idée de sortir, cet homme serait resté là pendant des heures. Elle resta planté devant lui, lui indiquant du regard de décliner son identité et l’objet de sa visite.
« Je suis Max, neveu d’Hermès, et j’ai une message à vous délivrer.
-Parlez donc.
-Vous êtes invité à la réception annuelle des êtres supérieurs, cette année le bal est masqué, mais aucun costume ne m’a été donné pour vous, je vous conduirai là-bas, une voiture nous attend en bas de l’immeuble. »
Despina analysa le discours de Max et se rendit compte qu’elle était conviée à une réception, quel miracle, sa soirée et sa nuit allaient s’animer. Quant au costume, elle comprit que son voile suffirait, et aussi comprit que l’organisateur la connaissait bien. Elle entra dans la maison, laissant l’homme sur le pas de la porte, et attrapa une belle robe bleu marine, elle se déshabilla, sous le regard de l’homme, de manière à se donner de la liberté. Une fois sa robe enfilée, elle posa son voile de dentelle noire sur son visage et retourna à la porte, en disant :
« Je suis à vous Max. »