Une soudaine inspiration (PV Calliope)

Les enfers, depuis quelques jours, le palais du démon était en pleine effervescence. En effet le cumul des mandats et des titres ronflants n'était nullement mal vu, au contraire, les plus puissant démons les accumulait. Adramelech en était même un spécialiste, lui le chancelier démoniaque, président de la cour des diables, porteur de la robe de Satan, grand croix de l'ordre de la mouche. Et voila qu'il avait reçu il y a peu, l'autorisation de créer des légions de démons à ses ordres, 7 au total avec chacune 6666 démons, pas si mal pour un début. Il en était fier et il avait sélectionné pour cela les meilleurs de ses guerriers pour les mettre à la tête de ses légions. Chacun avait une spécialité, de l'infantrie polyvalente, à la légion de soutien en armure lourde en passant par les éclaireurs et les gardes d'élites armaient d'armes blanches, d'armes à feu ou tout simplement manipulant la magie.

Le démon Adramelech se tenait au bord de son balcon, de marbre noir finement sculpté. Ce dernier donnait une magnifique vue sur une large route ou ses troupes defilaient. Il était vêtu d'une chemise noire épaisse à manches longue et d'un pantalon de la même couleur. Une grande cape rouge sang à la collerette en fourrure tigré recouvré ses épaules. Autour de son cou, une large chaine en or, auquel était accroché un magnifique pendentif en forme de pentagramme de rubis. Trois fouragères dorés étaient accroché à son épaule gauche.

Scrutant ses troupes, celles çi défilaient en cadence, au son de tambour et de cor. Leurs pas puissant résonnaient en rythme et ce spectacle augurait une guerre prochaine. En tout cas, les choses allaient bientôt bougeait. Chaque commandant de régiment le saluait quand ces derniers passaient à son niveau. Voila déjà 10 bonnes minutes qu'il se demandait ce qu'il allait pouvoir faire comme discours, n'ayant pas vraiment d'idée. Lui qui avait l'habitude de parlait en public, c'était assez embarassant.

Soudain, il eut l'idée, comme un déclic. Bien vite il sentit les idées défilaient dans son esprit, se bousculant presque.

Le défilé maintenant terminé, il s'avança devant les commandants et généraux de légions qui se tenait maintenant en contrebas et il prit la parole. Ses gestes de la main accompagné parfaitement l'intonation et le volume de sa voix forte et puissante. Une demi heure plus tard, les démons l'acclamèrent et le saluèrent. Un sombre sourire apparu sur ses lèvres alors qu'il sentait quelque chose d'étrange, comme une présence, qui maintenant se faisait plus distincte.

Les démons. Drôles de créatures si l'en était, celles qu'il était le plus facile de tenter, avec lesquelles il était le plus aisé d'obtenir des faveurs charnelles. Ils n'étaient pas regardants, ils prenaient ce qu'on leur offrait, et aussi ce qu'on ne leur offrait pas parfois il fallait l'avouer, sans faire la fine bouche... Les consoeurs de Calliope, servantes d'Aphrodite, aimaient pour certaines beaucoup les ébats avec les membres appartenant à cette race. Il fallait leur reconnaître que beaucoup étaient bien membrés, mais au-delà de ça, ils avaient une vigueur, une ténacité, une endurance et une bestialité dans l'acte que n'avaient pas d'autres races d'humanoïdes. Alors, c'est sûr que les soeurs de la Muse préférant les relations romantiques et empruntes de douceur n'allaient pas solliciter le concours de démons... Mais les autres, plus farouches et plus... Animales, s'en donnaient à coeur joie.

Calliope, elle, était en demi-teinte à leur sujet. Ayant plusieurs milliers d'années, elle n'était pourtant pas parvenue au cours des siècles à vaincre la réticence et la réserve qu'elle possédait vis à vis de certains de ces représentants... Elle n'avait, par exemple, jamais pu s'accoupler avec des minotaures ou autres monstres, alors que ses soeurs, oui. Elle, elle n'y parvenait pas. La Déesse était plus « vieux jeu » concernant ce point là, ne pouvant prendre de plaisir qu'avec des créatures humanoïdes, à tête et corps entièrement humains. Elle tolérait aisément les appendices animales, queues, oreilles, cornes... Mais le reste de la physionomie devait être humaine, sinon son dégoût était trop important pour qu'elle n'éprouve la moindre envie.

Cependant, ces réflexions étaient bien loin des préoccupations qui la tenaillaient pour l'heure. En effet, allongée sur une table molletonnée, les bras croisés sous son menton et les yeux fermés, elle se laissait masser avec délices par l'une des prêtresses de rang inférieur du temple d'Aphrodite. Les huiles essentielles qu'elle utilisait emplissaient délicieusement son nez et brouillaient son esprit, le rendant plus lointain, moins terre à terre. Soumise aux gestes de son homologue, Calliope se détendait. Mais le travail d'une Muse n'est jamais terminé.
Les yeux bleus grisés de la Déesse s'ouvrirent d'un coup. Elle sentait que l'on avait besoin de son soutient, qu'un esprit en proie au doute avait besoin d'inspiration. Elle ignorait encore l'entreprise pour laquelle on la sollicitait, elle espérait simplement assister à une scène romantique. Quoi de plus beau pour une prêtresse de l'amour et muse de la poésie que d'inspirer pour une demande en mariage, ou la révélation d'une passion ardente? Rien, bien sûr. Alors elle congédia sa soeur, quitta la table et claqua des doigts. En un instant, elle fut vêtue d'une robe de prêtresse aux armatures de métal, de couleur rouge. Une couronne d'or, symbole de sa suprématie sur les autres muses vint orner son front, et ses cheveux se retrouvèrent tressés de rubans et de guirlandes de fleurs parfumées. Ainsi devaient être les muses lorsqu'elles prodiguaient leur inspiration à qui la demandait.

Une fois prête, elle ferma les yeux et se concentra sur l'origine de la demande, puis usa de ses pouvoirs pour se téléporter derrière Adramelech. Une silhouette floue, mal définie, aux couleurs estompées. Voilà ce qu'aurait pu voir le démon s'il s'était retourné. Ca n'était pas plus mal, car la déesse avait l'air vraiment surpris de se retrouver dans un endroit aussi incongru, qu'elle n'avait jamais visité auparavant. Aussi silencieuse et légère qu'un courant d'air, elle s'approcha quelque peu du démon et regarda par dessus son épaule en contrebas. Un discours... Voilà donc la raison de son doute. Soupçonneuse, la Muse coula un regard vers le démon, qui semblait rasséréné par sa simple présence. Puis, elle soupira silencieusement et leva les yeux au ciel. Après tout, une créature était une créature. Il avait besoin d'inspiration, elle lui en donnerait. Attendant qu'il prenne une bouffée d'air, signe qu'il se mettrait à parler, Calliope posa sa main sur son épaule avec douceur, chose qu'il ne put sentir cependant, et ferma les yeux. Elle laissa l'inspiration passer d'elle au démon, lui soufflant les mots à utiliser et le préservant de l'hésitation, du doute. Une fois le discours terminé, la Muse ôta sa main de l'épaule du démon et fit un petit tour dans la pièce ou elle se trouvait, observant ici et là avec curiosité. Puisqu'elle était dans un endroit inconnu, autant en profiter pour l'explorer... Refermant le couvercle d'une petite boîte sans douceur, manifestant ainsi clairement sa présence, prenant à cet instant corps, forme et vie, elle adressa un sourire au démon, avant de disparaître. Lorsqu'elle reparut, elle était en contre-bas, une cape rouge sang sur les épaules, une capuche dissimulait sa tête. Vive et féline, elle se faufila dans la masse, ce qui était relativement aisé étant donné que les démons, groupe hétéroclite et coloré, la dissimulait sans peine, sans même chercher à l'arrêter, trop occupé à acclamer leur seigneur.

Adramelech regardait les généraux et officiers supérieurs qui discutaient, se préparant à donner leurs ordres à leurs troupes respectives. Cependant, ce n'est pas cela qui le turlupinait. Non, c'était plutôt cette présence qu'il sentait autour de lui, depuis qu'il avait fini de parler. Quelque chose de très étrange dont l'émanation semblait diminuait. Alors qu'il était perdu dans ses pensées, un bruit sec le fit presque sursauter, venant de derrière lui. Il se retourna précipitement, se revenant vers l'intérieur de la piéce.

- Qu'est ce que...

Il s'arrêta à l'embrasure de la grande fenêtre, scrutant l'intérieur. Il ne vit cependant personne, ni même aucune trace de passage. Ou plutôt si, comme une silhouette féminine bien distincte se tenant au milieu de la piéce. Cette dernière disparut en un rien de temps, le laissant quelques secondes stupéfait.

- Qui est la ?

Il avait pourtant bien entendu un bruit, sec et net, comme une porte qui claquait ou un couvercle de coffre qui se refermait. Ses yeux s'arrêtèrent un moment sur le coffret décoré qu'il possédait, prés d'un sofa. Et cette présence...entourait d'une aura étrange. Comment avait elle pu entrer ? Le palais était bien gardé et si une personne étrangère y avait pénétré, il aurait était informer. Même ses plus fidèles serviteurs auraient frappé avant d'entrer. C'est alors, qu'il ressentit encore cette présence, ou plutôt cette aura, mais cette fois çi derrière lui.

Il se retourna, avant de se précipiter au balcon, scrutant le contrebas, ou ses troupes s'en allaient. Aprés quelques secondes, le démon aperçut finalement une curieuse silhouette, plutôt menue par rapport aux autres. Cette dernière avait le visage caché par une capuche rouge sang et semblait se dirigeait vers une direction opposé aux autres démons. De plus, quelque chose de bizarre émanait de cette personne.

Il aurait très bien pu, alertait ses sujets encore sur place pour arrêtait ce petit chaperon rouge, mais il avait envie de se dégourdir les jambes. Il attendit que les démons soient un peu plus loin, ne perdant cependant pas de vue, la silhouette rouge.

C'est ainsi que ni une, ni deux, il sauta par dessus le balcon, pour atterir sans dommage, une dizaine de mètres plus bas. Il suivit la mystérieuse présence qui arrivait maintenant devant une ruelle ou se trouvait les premières maisons et demeures de démons inférieures, avec la décoration qui allait avec. Il prit un raccourci qui lui permit d'arriver à une intersection de ruelles, avant la mystérieuse individu. La, il attendit tranquillement s'appuyant contre le mur de l'une des demeures. Voyant la silhouette féminine arrivait, il se tourna vers elle.

- Ce n'est pas très polie de partir comme ça aprés s'être introduit chez les gens.

Il lui rendit le sourire qu'elle lui avait fait quelques minutes auparavant, avant de reprendre un ton plus neutre.

- Qui êtes vous ? Vous ne semblez pas d'ici, en tout cas...

C'était bel et bien par jeu que Calliope avait « pris la fuite », et quel plaisir de voir que le démon participait à la chose! Cela dit, le jeu prit fin bien trop vite à son goût... Ce démon, de rang supérieur manifestement, la suivait à la trace, et ce sans mal. Il devait sentir un peu de son éther, un peu du flux divin qui circulait en elle, débordant de pouvoir, de puissance... C'était gênant... Heureusement, elle pourrait remédier à cela aisément, elle était omnipotente après tout. Mais pas encore. Plus tard.

Adramelech la suivant, Calliope suivant ses déambulations à la trace via le ressentit de son énergie, elle prit son temps et flâna ici ou là, du côté des maisons des démons. Elle furetait, à gauche, à droite, afin de découvrir un peuple dont elle ignorait presque tout, voire tout. Après tout, elle n'avait jamais eu que de contacts distants avec ces créatures, dont les appendices animaux l'écoeuraient pour certains. Ses soeurs en appréciaient la vigueur, pour quelques unes, mais pour quelqu'un d'assez superficiel comme l'était la Muse, être endurant ne faisait pas partie de ses priorités. Il fallait avant tout avoir forme humaine, et un visage qui lui plaise pour qu'elle dispense ses faveurs. Autant dire que ses partenaires étaient triés sur le volet. Néanmoins, elle s'étonnait tout de même que dans le lot des humanoïdes qu'elle avait introduits sur l'Olympe pour une durée plus ou moins longue, il n'y ait jamais eu de démons dans le lot...

Quoiqu'il en soit, curieuse mais discrète, fouillant, indiscrète, un peu partout... Allant même jusqu'à se rendre invisible pour passer des maisons au crible afin d'étudier leur contenu, Calliope finit par, un moment plus tard, se présenter au point où l'attendait le démon. Avec un sourire, le laissant prendre la parole, elle joignit ses doigts dans son dos et sautilla jusqu'à lui.

"Ce n'est pas très poli de réprimander quelqu'un après qu'il vous ait rendu service..."

Elle minaudait, comme toujours, faisant sa maligne. Après tout, elle ne savait faire que peu de choses autres. La question implicite du démon la fit sourire plus largement. Elle inclina légèrement la tête, et se mit à tourner doucement sur elle-même, écartant les bras, déclamant d'une voix chantante...

"Moi je suis... De partout et de nulle part. Je nais de l'inspiration des gens, l'insuffle à ceux qui en ont besoin, règne sur les arts et les lettres... Sans moi, point de création..."

Le sourire de la Muse s'accentua, puis elle campa ses mains sur ses hanches.

"Ca a été trop facile pour toi de me trouver. Nous allons jouer."

Les yeux de la déesse s'allumèrent, son sourire se fit plus mesquin.

"Je vais me cacher. Si tu me trouves, sans demander à personne s'il m'a vue, sans te servir de tes pouvoirs ni déléguer des hommes pour le faire, tu auras droit à un cadeau. Celui de ton choix, pour rendre le défi plus stimulant! Pour que ce soit juste, je ne sortirai pas des enfers, tu as ma parole."

Elle fit une croix sur son épaule à l'aide de son auriculaire, la croix formée brillant d'une petite lueur blanche sur sa peau avant de disparaître, signe qu'elle lui donnait sa parole de déesse. Son sourire se fit large à nouveau, et elle tapota son nez.

"Et ne perds pas de vue que je saurai si tu triches..."

Cela dit, elle disparut dans un nuage de bulles multicolores qui éclatèrent, les unes après les autres. Calliope ne retourna pas dans les appartements d'Adramalech, c'aurait été trop facile et ennuyant. Non, elle s'éclipsa dans le quartier des nobles démons, où il y avait les bâtisses les plus grandes, les plus imposantes, les plus belles, et prit possession de la première qu'elle sentit vide. S'invitant dans la bâtisse, elle poursuivit son investigation, reprenant ses fouilles et son étude du peuple démoniaque.