Le Chantemerle, un théâtre abandonné qui se dressait telle une ombre silencieuse au cœur de la cité endormie, comme un vestige oublié d'une époque révolue.
Ses murs majestueux, jadis revêtus d'un éclat éblouissant, témoignaient désormais de la déchéance inéluctable du temps. Les colonnes, qui se dressaient fièrement telles des gardiennes immuables, étaient maintenant ébréchées et envahies par les lianes de l'oubli. Ses portes autrefois accueillantes, ornées de sculptures délicates, semblaient maintenant grinçantes et mornes, leurs charnières usées par les années d'abandon. Au-dessus d'elles, une marquise en bois vermoulu, autrefois fièrement peinte, évoquait le souvenir d'une splendeur passée.
À l'intérieur, son foyer autrefois animé était désormais enveloppé d'une obscurité oppressante. Les lustres majestueux, dont les cristaux brillaient jadis de mille feux, étaient désormais recouverts d'un épais voile de poussière. Ses sièges en velours défraîchis, témoins muets des émotions intenses qui s'y étaient déployées, semblaient s'affaisser sous le poids des souvenirs. Son rideau de scène, maintenant en lambeaux, semblait vouloir masquer la détresse qui imprégnait ces lieux, ses couleurs fanées rappelant la gloire passée des représentations qui l'avaient jadis animé. Les loges, autrefois réservées à la haute société, étaient maintenant des alcôves sombres et vides, leurs miroirs brisés reflétant l'âme troublée du théâtre.
C'était un lieu où les murmures du passé semblaient encore flotter dans l'air, où les échos des applaudissements autrefois enthousiastes semblaient résonner dans les couloirs silencieux. Les esprits des acteurs et des spectateurs d'autrefois semblaient hanter chaque recoin, attendant patiemment que le rideau se lève à nouveau. Le Chantemerle était cependant devenu bien plus qu'un simple bâtiment en ruines. Il était le témoin mélancolique d'une époque révolue, un rappel poignant de la grandeur éphémère de l'art et de la fragilité de la renommée. Dans cette enceinte désolée, une tragédie silencieuse se jouait, où les passions s'étaient éteintes et où bien des rêves étaient tombés dans l'oubli.
Et c’était ici que Vittorio Vulcano apparut tel un éclat de lumière au seuil de la porte de cet ainsi lieu consacré aux représentations artistiques. Sa présence irradiante se détachait avec une grâce presque surnaturelle dans cet environnement décrépit. Sa chevelure blonde, telle une couronne solaire, encadrait un visage aux traits angéliques, où les yeux d'un bleu vif reflétaient la lueur d'un savoir profond. Vêtu d'une tenue à la fois sobre, élégante et pratique, le Néréide exhalait une aura de puissance et de raffinement. Sa silhouette fière était enveloppée dans un long manteau d'un bleu profond, orné de broderies délicates rappelant les motifs de la nature. Le tissu fluide caressait son corps athlétique, soulignant sa prestance innée. Sous son manteau, il arborait une chemise immaculée d'un blanc éclatant, dont le col était orné d'une broche discrète, taillée dans une pierre précieuse d'un vert profond, semblable à une émeraude rare. Les manches longues, finement ajustées, laissaient entrevoir des mains agiles et délicates, dotées de doigts qui semblaient danser avec l'énergie de la magie.
Sa taille était ceinte d'une ceinture en cuir finement ciselée, marquée par des motifs mystiques. Accrochée à cette ceinture, une pochette en cuir contenait des fioles et des objets magiques, prêts à être utilisés dans ses recherches et ses sortilèges. Un pantalon ajusté, d'un noir profond, mettait en valeur la musculature souple de ses jambes, tandis que des bottes en cuir sombre soulignaient la fluidité de ses mouvements. Chaque pas de Vittorio était empreint d'une étrange célérité naturelle, d'une assurance qui révélait son héritage divin. Sa peau veloutée et dorée semblait irradier une lueur chaleureuse, rappelant les rayons d'un soleil bienveillant dans ce lieu dévolu aux ténèbres. Son allure, à la fois noble et mystérieuse, ne cessait de troubler le regard de ceux qui croisaient son chemin.
Vittorio Vulcano était venu au théâtre abandonné dans l'espoir de trouver Nevanthi, une voleuse aguerrie avec laquelle il avait décidé de collaborer pour régler une sombre affaire de plantes dérobées. Leur rendez-vous était fixé dans une loge autrefois réservée aux spectateurs privilégiés, mais aujourd'hui envahie par les toiles d'araignées et l'atmosphère de négligence. Pour marquer cette rencontre et témoigner de son respect envers la princesse déchue, Vittorio avait apporté avec lui une bouteille de vin d'une rareté exquise, qu’il positionna sur une petite table en bois bubinga. Les flacons de verre délicatement ciselés renfermaient un liquide rubis étincelant, dont les arômes enivrants promettaient un plaisir sensoriel enivrant. Chaque goutte de ce nectar était le symbole d'une communion entre deux destins entrelacés dans une quête commune… Le choix de cette bouteille de vin était bien plus qu'un simple geste de courtoisie. C'était un symbole de partage et d'espoir, une offrande pour sceller leur alliance et ouvrir les portes d'une nouvelle voie vers l'accomplissement. Dans cette loge autrefois prestigieuse, où le temps avait effacé toute trace de faste, la bouteille de vin représentait une lueur d'espoir et de renaissance.
"Mademoiselle Nevanthi, enchanté de vous rencontrer enfin. Le destin nous a réunis dans ce théâtre abandonné. Prête à écrire notre propre intrigue ?"
Lorsqu’il aperçut à la commissure de la porte se faufiler une silhouette féminine, ainsi parla-t-il, la voix feutrée certes, mais concise, laconique, comme dictée par des impératifs pragmatiques. “Un verre vous attend, par ailleurs.”