La marginale [PV]

*

Elle n'avait fait que traîner, toute la journée. La météo était brumeuse, orageuse, mais surtout lourde, empreinte de cette odeur caractéristique qu'était celle de la pluie. L'humidité se ressentait, les plus frileux s'étaient réfugiés depuis longtemps dans leurs appartements sous le gros risque de se prendre une averse.
Peu de gens aimaient cette ambiance, et Luna faisait partie de la masse, pour une fois. Elle n'avait fait profiter personne de ses danses et de ses chansons, n'en ayant pas le cœur. Son corps était aussi moins dévêtu que d'habitude, puisque la température avait forcément baissé.

Mais il y avait une chose qui ne changeait pas. Si les gitans de sa troupe s'arrêtaient régulièrement dans une ville ou un village de Terra, c'était pour amasser le plus de monnaie possible. Musique et danse de rue ou voyance dans les tentes, c'était ainsi qu'ils gagnaient leurs vies, sur la place publique. C'était une chose qui faisait partie de la liberté intégrale des gitans, et Luna appréciait son statut pour ça.
Mais elle appréciait moins de devoir gagner elle-même son argent, toute seule. Comme elle n'avait pas de tuteurs particuliers au sein des caravanes, il n'y avait en effet pas d'autre solution. Les bénéfices qu'elle engendrait dans ses activités ne lui revenait pas entièrement, cependant : elle partageait avec ceux qui lui avait tout appris, et en échange, eux lui donnait un meilleur logement qu'elle n'aurait eu sans son talent.

Pour la nourriture, en revanche, il lui fallait relativiser et se bouger. Chose qu'elle n'avait pas faite aujourd'hui. La jeune bohémienne ne pouvait pleurer sur aucune épaule, on lui dirait que c'était bien fait pour elle, la conséquence de sa flemmardise. Elle subirait en silence, si elle continuait à s'appuyer contre ce mur, à secouer négligemment son tambourin, et à fixer de ses yeux rouges et profonds les rats qui couraient le long du mur de la rue.

Il lui restait une solution.
Voler.

Sans trop réfléchir, c'est ce que la blonde se décida à faire. Après tout, rien de plus simple, et ainsi, les jugements des citoyens au sujet de cette « petite garce de voleuse » qu'elle était censé être (après tout, c'était une gitane, et l'avis des habitants de Nexus ne volait pas bien haut là-dessus).

Tout se passa extrêmement vite, et la chaîne de cinq individus qui se suivaient comme les gouttes de pluie qui commençaient à tomber, pouvait confirmer l'agilité d'une jeune et belle blonde aux pieds nus et boueux, dont les cercles d'or qui ornaient ses habits tintaient sous le mouvement de sa course. Le bruit s'en allait progressivement, tandis que la chaîne commençait... à se déchaîner.

« Sale petite traînée ! MA BOURSE !!! »

Merde. Il y en avait un qui courait plus vite que les autres. Il l'avait même attrapé par sa jupe... Les réflexes de Luna étaient grands, cependant, et il n'eut le temps que de voir un pied se lancer sur son visage, lui cassant le nez au passage, et le faisant tomber sous la force du coup de Luna, qui avait pris de l'élan. Une montée d'adrénaline, conséquence de son hypersensibilité, et elle s'apercevait que des pièces étaient tombés des cinq bourses qu'elle avait volé... elle en ramassa quelques unes, mais n'eut pas le temps de tout reprendre, déjà des voix graves et enragés lui faisait reprendre sa course.

Agile comme un chat, ses deux mèches dorées flottants dans le vent de l'action, l'adolescente marginale les sema pour un petit moment, avant d'apercevoir un sixième individu, plutôt baraqué, mais qui semblait avoir les réflexes lents. Comme il avait le teint sombre, elle hésita un moment, mais ne le reconnut pas comme un gitan de sa troupe... elle se lança donc et leva un bras sous son châle, pour attraper ce qui semblait être son sixième trésor de conquis...

Don marchait dans la rue, il était plutôt de bonne humeur, sur le chemin pour se rendre a son dépot, il allait pouvoir s'occuper de dresser quelques une des prises sur lesquels il avait pu mettre la main pendant les dernières semaines, il sentait qu'il allait passer un agréable moment et que rien ne pourrait l'empecher de trouver cette journée mauvaise. Don avait deux porte monnaies qu'il utilisait en fonction des espèces qu'il avait a utiliser, son portefeuille contenait simplement une carte de crédit qui lui permettait simplement de la passer dans toutes les caisses de Terra pour que ça soit directement déduit de son compte en banque. La seconde était une bourse contenant une quantitée assez faramineuse de pièces d'or qu'il utilisait a chaque fois qu'il se baladait en Terra, au flanc de Don se trouvait donc, elle pouvait l'appercevoir sous sa lourde cape a demi batante la plus grosse bourse qu'elle n'avait jamais vu, avec le contenu de celle ci elle pourrait s'établir quelque part, monter une affaire et vivre honnètement jusqu'au restant de ses jours...Malheureusement ça n'allait pas exactement se passer ainsi...Ca aurait été trop facile en effet.

Don était marchand d'esclave depuis 20 ans, parfois il avait affaire a des voleurs, et ceux ci étaient bien trop habiles pour qu'il ne se rende compte du larçin avant d'être rentré chez lui, et ça lui était insuportable de perdre de l'argent aussi stupidement. Luna toucha donc la bourse, n'alerta pas Don mais se mangea soudainement une décharge electrique neutralisante. Don avait bricolé ça a ses heures perdues, le cuir de la bourse était en fait reliée a une mini batterie qui faisait que tout contact vers l'ouverture devait d'abord passer par la désactivation de la dite batterie, celà lui permettait également de protéger ses pistolets qui, si ils étaient volés et utilisé en terra, pourraient causer enormement d'ennuis. La décharge frappa Luna et l'esclavagiste se retourna, ce n'était pas une décharge mortelle, loin de là, mais elle était assez forte pour destabiliser et affaiblir quiconque la recevait, la main de l'esclavagiste se tendit sur le bras de la gitane et la tira vers lui.

"Sale petite voleuse. Tu connais la punition pour ceux qui volent ?"

Elle le devait surement, ils avaient la main tranchée. Difficile de passer a coté, Luna serait surement trop faible pour tenter de fuir comme elle l'avait fait, il la dévisagea un moment et sourit, il allait lui trouver une utilité bien plus satisfaisante.

"Viens avec moi, je t'emmene au poste."

Fit Don en se faisant passer pour un homme de la garde, tirant Luna derrière lui

Pour avoir déjà vu bien pire qu'une main tranchée sur la place publique, Luna savait, en effet. Elle savait aussi que si la petite ribambelle de fous furieux se ramenait, ce serait sa tête qui volerait... cinq bourses, ce n'était pas rien. Malheureusement, il y en avait toujours qui étaient plus malins que les autres, et la gitane était tombé sur le mauvais numéro.

En se prenant la décharge de plein fouet, elle fut destabilisée et tomba par terre, dans la poussière, sur le dos. Le fait qu'elle porte des vêtements amples protégeait habituellement son corps de toute situation embarrassante. Pourtant, là, sa jupe se décala suffisemment pour qu'un bout de sa cuisse, voire de ses fesses, soit mis à nu. Quand en plus, on n'est pas habitué à s'habiller correctement, et donc à porter des sous-vêtements, la situation n'en devient que plus compliquée...

Heureusement, la bohème s'aperçut de l'incident, et redressa bien vite le tissu sur sa peau nue, un peu avant que Don ne se décide à l'engueuler. Elle comprit vaguement qu'il voulait l'emmener au poste, et se félicita d'avoir semé les autres vagabonds. Mais... elle ne comptait nullement suivre cet homme, il en valait d'une main, quand même. Ce qu'elle avait fait était mal, c'était incontestable, mais elle n'était pas prête à assumer les conséquences. Il lui suffisait de fuir. Fuir comme elle avait fui il y a quelques minutes de cela, à la différence qu'à sa première course, elle s'était préalablement assuré du résultat, grâce à son pouvoir. Là, elle n'en avait pas l'occasion, par manque de temps, d'abord, et aussi parce que quelque chose semblait clocher...

Dit comme ça, ça avait l'air simple, mais la poigne de ce type valait celle de l'acier. Elle ne pourrait pas le mettre à terre comme le gringalet de tout à l'heure, mais elle avait la possibilité de le semer, après s'être débrouillé pour qu'il la lâche... Il avait de bonnes jambes, mais sa constitution le ralentirait forcément, question de logique. En plus de ça, il n'avait pas l'air bien fin... elle pourrait se cacher quelque part, en attendant que l'orage passe.

Discrètement, Luna mit la main dans son corset, pour en sortir une dague de petite taille, mais tout de même tranchante. Tout aussi discrètement, en suivant sagement Don, elle leva l'arme, et coupa la chair du colosse au niveau de l'avant-bras, brusquement. Rien de très méchant, si ce n'était une vilaine coupure, mais ce qui était voulu, c'était le réflexe humain... le poignet de Luna s'en trouva liberée, et elle en profita pour repartir en courant, dans la direction opposée au cauchemar dans lequel Don l'emmenait.

Des perles de sang, le sang de l'esclavagiste, se répandirent sur le chemin de la gitane, traçant un chemin discret, s'effaçant lentement sous les gouttes de pluie qui commençaient à tomber.

Don grogna subitement en sentant la douleur a son poignet, il se retourna et ne put voir que Luna en tran de fuir a travers la ville. La garce ! Don se tint le bras et plongea a sa poursuite, il avait vu sous sa juppe lors de sa chute, il avait vu son visage, il avait pu deviner ses formes a travers ses vetements. Cette petite bohémienne ne savait pas ce qui l'attendait. Don était peut être costaud, il ne savait peut être pas se battre aussi bien que les autres, mais il avait une sacré force, et il allait la prouver en fonçant a la poursuite de Luna. Il se dressa sur ses talons avec une habilité déconcertante, pour la bonne raison que Don était bien plus grand que Luna, et il possédait donc de bien plus grandes jambes, accellerant le nombre de pas qu'il faisait a chaque enjambée, la seconde raison était que Luna devait esquiver la foule qui se pressait dans les allées, Don rentrait dans tout le monde comme un rugbymen et les plaquait au sol

"Tu ne m'échappera pas!"

Cria Don avec assurance, personne ne peut recevoir une décharge electrique sans être sonné et désorienté, peut être que Luna n'avait pas pris assez de jus pour être paralisée pour quelques heures, mais sa vue devait être trouble, et ses efforts pour courir difficiles. Don rendait chaque mouvement efficace, il réussit néanmoins a saisir Luna par la capuche, faisant bien attention a saisir un bras qui pourrait le frapper a nouveau et a se mettre hors de portée d'un coup de pied mal placé

"Je te tiens !"

La rue dans laquelle elle se reposait quelques minutes plus tôt, disparut rapidement, et son atmosphère lourde et chaude avec... à présent, c'était une foule paniquée par la pluie, qui se hâtait sans faire attention à son entourage, qui bouchait l'entrèée de la place publique, là ou Luna et les autres bohèmes possédaient leurs campement et ou elle devait se cacher pour éviter de se faire attraper. Ce fut plus compliquée que prévu... avec tout ce monde, la bohémienne, bien que fine et gracile, devait faire des exercices de contorsionnistes pour se déplacer...
alors que l'autre colosse fonçait dans la masse, les faisant tomber comme des quilles, un à un.

Et en plus de ça, ses réflexes semblaient moins vifs, et Luna trébuchait sur n'importe quoi, ses yeux envahis par un léger voile qui rendait sa vision moins efficace. Ainsi, quand enfin elle sortit de ce bain de foule, elle marchait plus qu'elle ne courait. Elle secoua sa tête pour reprendre contenance, mais le trouble ne voulait pas partir... qu'est-ce qu'il lui avait fait ?

Lorsqu'il la rattrapa en la prenant par son ample capuche, la gitane mit une de ses mains pour sa tête par réflexe : elle ne voulait pas que le tissu glisse. Elle ne voulait pas se montrer, même si elle était bien visible, avec ses vêtements aux couleurs vives. Mais c'était devenu une habitude, cette capuche et ce voile pour éviter tout regard sur ses cheveux dorés. Elle ne l'enlevait que pour dormir ou pour se baigner.

Cet espèce de type avait une force colossale, si bien que Luna finissait par douter de l'extinction des géants en le regardant. Elle poussa un cri de surprise quand il la tira, et la fit tomber de nouveau. Deux des bourses qu'elle avait volé s'ouvrirent, déversant leur contenu sur le sol. Les pièces dorés roulèrent, et Luna, oubliant Don, essaya de les ramasser. C'était sans compter la poigne d'acier qui la retenait en arrière. Elle poussa un juron et essaya de chasser cette puissante main, la même qu'elle avait blessé il y a une minute. Elle essaya bien de retenter son coup, mais il se tenait loin de sa portée.

« ...Laissez-moi ! »

Même en se débattant comme un beau diable, c'était peine perdue. Ce n'est pas pour autant qu'elle abandonna, mais dans un élan d'optimisme sans doute, elle pensa en priorité à ses pièces... en essayant de toute les ramasser, Luna se rendit compte que sa vue devenait de plus en plus trouble. Les pièces d'or censé disparaître dans le tissu d'une des bourses tombèrent par terre, et la petite gitane frotta ses yeux rouges avec ardeur.

« ...Quel sortilège m'avez-vous lancé ?! »

Elle cria, colérique, tandis que ses bras commençaient à trembler. Venant de Tekhos mais n'ayant jamais vu la cité, étant donné qu'elle avait été expatrié dés ses premiers mois de vie, elle ne connaissait rien de l'électricité, bien sûr. La décharge l'avait donc aussi déstabilisé mentalement, et elle ne pouvait que s'en remettre à un quelconque sort de magie noire...

Don ramena Luna contre lui avec force, un sourire vicieux aux lèvres alors que celle ci ne comprenais pas ce qui lui arrivait. Il tordit le poignet de la jeune fille jusqu'a ce qu'elle lache son arme avant de le placer dans son dos, le prédateur eut un petit rire méprisant alors qu'il regardait les bourses au sol, rien de bien interessant, cette fillette allait lui rapporter bien plus que ça une fois qu'il en aurait fait son affaire. L'esclavagiste sentait ce corps vigoureux et vif se débattre et il sentait que bientôt il ne pourrait plus se retenir bien longtemps. Le marchant d'esclave lança a Luna avec délice tandis qu'il approchait sa bouche de son oreille.

"C'est moi qui pose les questions ici, romanichelle. Tu sais qu'on aime pas beaucoup les gens comme toi dans la ville. Même si tu n'avais commis aucun crime, il serait facile pour un brave citoyen comme moi de te dénoncer au guet, et dans le cas présent tu en a vraiment commis un. Tu n'as vraiment pas de chance."

Fit il alors qu'il la saisissait soudainement par les cheveux et la tirait vers lui pour que le dos de sa tête tape contre son torse et que ses yeux voient se dessiner son visage a l'envers, l'esclavagiste sourit avec candeur.

"Si je t'emmene au guet ils te feront pendre avant l'aube, et ça serait dommage qu'une belle jeune fille comme toi se fasse pendre non ?"

Don saisit Luna par les cheveux et la tira en arrière avant de saisir sa main d'une poigne ferme, les gens s'écartaient sur leur passage, l'esclavagiste tourna au détour d'une rue puis d'une autre, il semblait vouloir l'emmener ailleurs

"Ce que je vais t'offrir c'est le plus beau cadeau qu'on puisse faire a un être vivant : Une vie, une voie"

Il arriva finalement dans une ruelle et se retourna, a première vue personne, il plaqua Luna contre un mur, la saisissant a la gorge.

"Une vie car je ne vais pas te livrer au guet, ce serait du gachis. Une voie car a présent que je t'ai sauvé la vie, elle m'appartiens. Et j'en ferais...Ce que je voudrais."

Fit Don en commençant a masser la poitrine de Luna par dessus son vetement.

Les d'ici n'avaient jamais aimé ce qui était différent : il n'avait pas fallu longtemps aux gitans, en débarquant sur la place, pour s'en apercevoir. S'ils n'avaient pas su se défendre, s'aurait été un carnage, sans aucun doute. Malheureusement, Luna n'était pas celle qui se battait le mieux, dans la famille. Elle était juste celle qui dansait le mieux... et même si elle en avait développé une certaine agilité, il n'en restait pas moins que cet homme saurait mieux se défendre qu'elle.

Elle ne l'aurait pas deux fois. C'était bien ça le plus triste.

La gitane regarda son couteau tomber au sol avec agacement. L'argent s'était déversé sur le sol dans un tourbillon d'or sonnant et trébuchant. Elle venait de perdre ses précieuses trouvailles, et de la manière la plus idiote qui soit. Auparavant, elle avait toujours réussi à s'en sortir, en grande partie grâce à ses talents qui lui permettaient de savoir quels gestes les gardes allaient commettre et dans quelle direction ils allaient aller. Mais là... l'information ne lui parvenait pas. Et c'était frustrant.
Luna n'eut pas le temps, cette fois-ci, de retenir son voile, qui fut arraché en même temps que quelques uns de ses cheveux. La cascade dorée tomba sur sa nuque, découverte et à moitié saisie entre la main de Don.

"Si je t'emmène au guet ils te feront pendre avant l'aube, et ça serait dommage qu'une belle jeune fille comme toi se fasse pendre non ?"

Avec de tels propos, il y avait peu de chances qu'un tel homme soit vraiment un garde de la ville. La manouche soutint son regard, aux tendances lubriques à souhait, malgré cet affreux sourire mielleux et faussement compréhensif. Les traits de la blonde ne reflétaient pas grand-chose, pas même la douleur que sa chevelure tirait lui causait. Inutile de riposter, quand on avait une telle armoire à glace en face de soi. Elle se contenta de bientôt baisser les yeux, pour ramasser quelques pièces, qui lui furent bientôt retirés, quand Don se mit à la traîner. Son regard ne s'orienta pas vers le peuple qui s'écartait, mais vers cette énorme main qui la tirait dans la poussière.

La rue sombre dans laquelle ils se retrouvèrent n'arrangeait pas la situation. Elle avait vraiment un mauvais pressentiment, et beaucoup de situations lui passèrent par la tête, sans pouvoir en choisir l'une ou l'autre. Du moment qu'elle ne se faisait pas pendre, ça pourrait aller, de toutes façons. La vie était le plus beau cadeau qu'on ait pu lui donner, quoiqu'en dise celui qui la couvrait de poussière et d'embarras.

Quand elle se fit plaquer contre le mur, sa respiration se coupa un instant, et elle ne reprit que lorsque la main de Don se posa sur sa poitrine. L'hypersensibilité de Luna fit aisément son travail, en la faisait gémir de surprise. Les sensations décuplés, elle en subissait les conséquences toute la journée, quand les murs ou les corps la frôlait, et qu'elle se retenait à grand-peine de s'écarter.
Ses mains ne pouvaient pas bouger de sa gorge serrée, l'instinct de survie étant le plus fort, et le marchand d'esclaves avait donc tout le loisir de la tripoter. Luna avait beau être privée de toute éducation sur ce genre de choses, n'importe qui aurait bien senti que ce qu'il lui faisait était malsain.

L'air n'alimentait plus son cerveau, et son teint finit par rougir, ainsi que sa poitrine à réagir vivement. La situation avait oublié de lui passer par la tête, et elle n'avait donc pu imaginer aucun plan de secours. Dommage.

Don sourit lentement, voir la romanichelle entièrement en son pouvoir le faisait sourire doucement, il la relacha et la laissa tomber a ses pieds. L'homme fit craquer les articulations de ses doigts et lança avec un petit rire

"Ha ha ha, je suis désolé, parfois je ne sens plus ma force, j'aurais pu te tuer si tu t'était un peu plus débattue, ravi de voir que tu as pris ton mal en patience."

Don la saisit par le bras et la releva fermement pour la ramener devant ses yeux, ses deux yeux noirs mauvais comme ceux d'un corbeau son sourire effrayant evoquait celui d'un crocodile, près a dévorer sa proie, le grand prince des marchands déshabilla Luna du regard, savourant avant de la dévorer sa prise. Il pencha la tête sur le coté tandis qu'il passait une main autour de ses hanches

"Mais ne t'inquiète pas maintenant, petite romanichelle, c'est fini la vie de misère pour toi, a présent que tu m'appartiens, quiconque te fera du tord devra se frotter a moi."

Don approcha la voleuse contre lui jusqu'a la plaquer contre son torse

"Mais bien sur entretemps tu t'en fichera bien car tu n'aura plus aucun amour propre"

Fit il avant de l'embrasser brusquement, inserrant sa langue dans la petite bouche de Luna pour trouver la sienne, la plaquant contre le mur

Elle tomba comme une masse, se tenant la gorge, la respiration sifflante et la tête qui lui tournait. Après avoir toussé, sa tête se redressa, regardant Don de toute sa hauteur, encore plus imposante lorsque l'on était au sol... elle aurait aimé avoir peur, se sentir piégé, mais si jamais elle se laissait envahir par ça, la peur se décuplerait et se transformerait en panique totale. Il valait mieux éviter, donc.
Elle se sentit de nouveau trimballé par le bras. Ça devenait vraiment une manie, qui l'énervait considérablement. Luna essaye bien de s'écarter, mais deux mains sur son bassin encore couvert l'en empêchèrent. Elle fronça les sourcils, toujours sans rien dire. Il se prenait pour son protecteur, la flattait avec de douces paroles. Pas la peine d'en dire plus : cet homme était un manipulateur.

Elle haussa seulement les épaules en guise de réponse.

« Je n'appartiens qu'au Dieu qui m'a crée. Et l'idée que ce soit toi ne m'a pas effleuré. »

Son regard stoïque ressassait tout de même une certaine crainte. Ca na s'arrangea pas quand il la prit contre lui, sa poitrine de nouveau soumi à une pression plus forte encore. Encore une fois, elle ne put pas retenir un soupir.

« Tu- »

Sa phrase resta inachevé, tandis qu'il l'embrassait avec violence. Pour un premier baiser, ce n'était pas vraiment ce que Luna aurait aimé. Sa langue tenta bien de repousser celle de Don, mais sans succès.
Amour propre ne voulait pas forcément dire Liberté, mais quelque chose lui disait que Don avait tendance à associer les deux.

Saisissant Luna par la taille et immobilisant son bras avec sa main alors qu'il l'embrassait a pleine bouche, cette petite gitane aux cheveux blonds ferait fureur sur le marché une fois qu'elle aura été convenablement dressée a sa manière bien sur. Pour le moment elle était rebelle et insoumise, elle allait très vite apprendre a le connaître. Luna était belle, jeune et vive, une fille de gitan donnait un petit air d'exotisme a la marchandise. Il ne se doutait pas une seconde que Luna avait un pouvoir mais de toute façon, a cause de son contact avec lui, la jeune fille ne pouvait absolument pas voir ce qui allait ce passer, ce qui la plongerais peut être dans moins de peur que si elle le pouvait, si elle pouvait apréhender chacun des gestes qu'il allait intenter envers elle. C'était dans ce genre de cas qu'il regrettait les lacunes de son pouvoir :a savoir ne pas repérer les espers et ne pas pouvoir le désactiver. Celà aurait été plus drôle, mais bon. il allait apparement devoir se contenter de ça. Don eut un sourire mauvais quand elle lui répondit qu'elle n'appartenait qu'a dieu

"Te voilà bien pieuse pour une gitane de rien du tout."

Fit il après avoir décollé sa bouche de celle de Luna, il passa sa lourde main doucement le long de sa joue et dans ses cheveux blonds

"Et ton dieu, t'aurais t'il abandonné ? Où est il je ne le vois pas me punir. Peut être préfère tu que je te livre a la garde et que ceux ci te reexpedient a lui pour que tu t'explique avec sa sainteté ? Non ?"

Il arracha le chale dans les cheveux de Luna et le jeta par terre

"Alors a présent, ton dieu c'est moi."

Fit il alors qu'il descendait ses deux mains dans le dos de la bohémienne pour caresser le bas de ses reins, aggripant ses fesses et la gardant collée contre lui

Luna regrettait souvent d'être humaine, en toute vérité. Ils étaient d'une banalité tellement... tellement affligeante. D'un ennui total, groupé sur cette planète. Être une créature lui aurait plu, être une terranide, moins. Mais être une Déesse l'aurait comblé. Il ne devait y avoir que des avantages à un tel statut.
Car oui, même si la jeune étrangère était intimement convaincue d'une force spéciale présente là-haut, au contraire de la plupart de ses camarades, elle croyait également à la division de cette force. Une flopée d'hommes et de femmes magnifiques, qui régnaient sur la Terre ou ses pieds étaient posés...
Elle se laissait assurément faire, et en voyant un tel colosse, c'était assurément la meilleure chose à faire. Et comme le sexe ne lui avait jamais été enseigné autrement qu'avec quelques réactions étranges, l'idée de se faire violer ne l'effleurait nullement. Elle supposait qu'il souhaitait quelque chose d'elle, mais elle n'arrivait pas à mettre le doigt dessus. Forcément.

Gardant un visage calme, la gitane répondit à Don sans baisser le regard.

« On appelle ça le karma. Un jour, tu seras confronté à quelque chose qui sera au-dessus de tes moyens. »

Petit avertissement sans aucune valeur, bien sûr. Mais elle préférait parler pour ne rien dire, que céder à la panique enfouie pour l'instant tout au fond de ses entrailles. Par contre, Don, lui, lança un avertissement qui avait beaucoup plus de poigne.

« Non... bien sûr que non. » 

La blonde gitane baissa la tête, permettant ainsi à Don de lui arracher son châle dans les secondes qui suivirent. Et il finit par se croire tout permis, agrippant avec violence et envie les fesses de la bohémienne, qui ne put retenir un gémissement, bien plus fort qu'il ne l'aurait été en situation normale.

Les sourcils froncés, elle s'écarta autant qu'elle pouvait du torse de Don, pour relever la tête, son expression calme ayant disparue : elle montrait enfin un peu de colère.

« Pourquoi t'obstines-tu à te conduire de cette façon ? »

C'était trop curieux pour que Luna ne pose pas la question. C'est vrai, après tout... cet homme semblait viser les points sensibles de la gitane : il l'attrapait là ou elle était obligée d'utiliser sa voix en guise de réflexe...

Don ne l'avait peut-être pas encore compris, mais il venait de tomber sur l'innocente de sa journée. Ou l'ignorante, au choix.

Don rit presque quand elle lui parla de Karma alors qu'il regardait la petite bohémienne dans les yeux avec amusement et delectation, décidement il était tombé sur une perle rare, elle se permettait encore de lui dire que son dieu allait lui boter l'arrière train si il l'emmerdait. Sauf que elle s'en rendrait compte bien vite, son dieu ne ferait rien contre lui. Et si par dieu elle parlait d'un quelconque pouvoir caché d'ESPER qu'il n'aurait pas remarqué il l'avait de toute façon annulé en la touchant. Elle était donc completement a sa merci et Don comme d'habitude se sentait tout puissant. Evidement, si Luna avait été bodybuildé et faisait deux mètres de haut elle aussi il y aurait réfléchi a deux fois, mais Don ne s'attaquait généralement pas a des proies pareilles. Il lui était arrivée de se trouver nez a nez avec des entités bien plus puissantes et de tout de même les trainer humiliées sur la place du marché pour être vendues. Il n'avait pas peur de Luna qui était petite et faible et qui se rendrait bien compte que le karma n'existait pas en ce monde, seulement des gens capables de saisir leur destin et de se dire que celui ci ne bougerais pas avant qu'on ait fait le premier pas. L'esclavagiste sourit doucement et lança avec un ton mielleux.

"Oh ? Une punition divine rien que pour moi ? J'ai hate de voir ça, voilà bien plus de dix ans que j'aurais du en accumuler, celle qui me tombera dessus sera terrible a n'en point douter. Elle arrivera peut être un jour qui sait, mais pour l'instant elle n'est pas là pour te sauver de moi. Je t'ai sauvé la vie, je peux te faire tuer quand je veux, par conséquent ta misérable existence est mienne. Mais ne t'en fais pas, je te donnerais une voie, et un destin heureux. N'est ce pas ce que tu appelle le Karma ?"

Fit l'esclavagiste en éclatant de rire avant de cligner des yeux devant la déclaration de Luna...Se pourrait il que malgré qu'elle soit gitane elle soit innocente? La chose n'était pas concevable pour Don qui se mit a montrer ses dents d'un blanc étincelant, signe que le crocodile allait bientôt dévorer sa proie.

"Oh ? Tu ne comprend pas ?"

Lança t'il alors qu'il la relachait, arrachant au passage le second chale qui tombait sur ses jambes et son bassin

"Serait tu encore pucelle ?"

Lui demanda t'il grassement

Elle l'avait catalogué dés le début : c'était bien le genre d'homme à ne compter que sur sa force. Il pouvait assommer cinq clampins d'un coup en sautant sur eux, sûrement. Mais Luna avait l'avantage d'être calme, ce qui ne lui plairait pas s'il attendait un trop-plein d'émotions, et le fait de l'avoir semé tout à l'heure pouvait très bien se reproduire. Il fallait qu'elle se débrouille, comme d'habitude.

Le fait qu'elle ne connaisse pas ses intentions claires venait de l'effleurer, et une certaine curiosité la prit. Presque assise calmement sur son agresseur, elle plongea son regard dans le sien.

« Non, je ne te comprends pas. Parce que tu a l'air de jouer un rôle, si tu veux mon avis. »

Il n'avait sûrement pas l'intention de la "sauver", comme il l'avait dit, sans s'approprier son être un minimum. Après une légère réflexion, elle déclara en tortillant une mèche de ses cheveux entre ses doigts :

« Si tu comptes me faire subir le Supplice des Cages, sache que l'on viendra rapidement me chercher. J'ai une famille nombreuse. »

Supplice des Cages... le nom qui familiarisait la pratique de la vente aux esclaves. Il avait été décidé d'un commun accord dans la troupe, que si l'un d'entre eux se faisait avoir, il serait rapidement racheté par les autres gitans. Luna s'assurait une protection contre ce genre de pratique ainsi.

Il lui posa ensuite une question étrange, qu'elle ne comprit pas. Sa tête s'inclina, son air posé et son calme forcé toujours sur son visage.

« Encore une fois, je ne te comprend pas. »

Elle se sentait un peu stupide de ne pas pouvoir répondre à une question qui semblait si simple. Aussi détourna t-elle les yeux, pour la première fois. Il se posèrent sur son châle qu'elle n'avait pas senti glisser, et ils s'écarquillèrent un peu en s'apercevant que ses jambes étaient entièrement découvertes. Ses joues se couvrirent de plaques marbrées. Le port de sous-vêtements aurait été assez utile, en fin de compte.

Il allait la dévorer, elle le demandait, elle ne demandait que ça, il allait la dévorer et ensuite il allait la briser, la briser en tellement de fois, en tellement de morceaux qu'elle n'arriverait jamais a tout recoller, si jamais sa famille venait la chercher Don allait surement pouvoir récupérer plusieurs esclaves de bonne qualitée pour le prix d'une...Décidement Luna était bien tombée. Sa famille avait peut être fait plier quelques esclavagistes par le passé mais elle se casserait les dents sur lui. C'était le dernier rempart, une fois qu'elle serait en sa possession elle ne pourrait rien faire de plus, il allait la réduire a l'état de moins que rien, il allait faire d'elle un simple objet dont il aurait la jouissance jusqu'a ce qu'elle la lache, et la belle luna au cheveux d'or et au corps si désirable serait arrachée par les nobles...En vérité elle couterais encore plus cher si celle ci était ingénue telle qu'elle est, mais pas de chance, il était connu pour vendre de la marchandise qui avait refusé de se débattre depuis longtemps. Mais il savait également se faire plaisir et c'était ça le plus important. Luna allait donc y passer pour son propre plaisir, car après tout si il faisait ce métier c'était avant tout pour ça : pour assouvir ses penchants les moins catholiques.

"Tu ne comprend pas, mais ne t'inquiète pas, je vais bientôt t'apprendre ce que celà veux dire, il était grand temps que je vienne donner un sens a ton existence, après tout tu es si innocente, et il eut été du gachis que tu sois tombée sur quelqu'un d'autre que moi"

Lança l'esclavagiste en souriant il hocha la tête docillement alors qu'elle entortillait une mèche de cheveux entre ses doigts, il répondit

"Parfait, j'aime recevoir du monde, je suis sur que tu as de nombreuses soeurs que je pourrais emprisonner bohémienne, ce n'est pas comme si ces romanichels avaient quelconque droit en Nexus. "

Il s'approcha d'elle a présent dos au mur et sourit de toutes ses dents

"Laisse moi t'apprendre ce a quoi tu sera destinée pour le restant de tes jours."

Fit il alors qu'il l'embrassait a pleine bouche, la forçant a échanger un baiser avec lui alors que sa main maintenait sa nuque et que son autre main caressait ses hanches pour s'aventurer près de son entrejambe, commençant a caresser le duvet blond d'une main tandis qu'il la léchait dans le cou