Bureau de la direction, quelque part sur Terre. 18H30 Bellona est assise sur un de ces sièges en cuir qui couine. Elle aimerait ne pas être là. Elle aimerait être partout ailleurs en fait. Surtout qu'il est passé six heure et qu'elle devrait être sur le chemin de chez elle. Ce chez elle qu'elle partage depuis qu'elle est au Japon avec Sally, une colocataire d'un genre un peu particulier. Se frottant l'arrête du nez, elle balaya une longue mèche rose de son front, la tortillant ensuite autour de son index. Puis un baillement la fit poser une main délicate sur ses lèvres gourmandes. Elle faillit s'étouffer, coupée dans son élan lorsque son patron entra dans le bureau.
– Miss Melbourne. Je suis content de vous voir. Merci d'avoir bien voulu rester un peu plus longtemps. Je sais à quel point votre vie en dehors du journal est occupée et... Le patron, propriétaire et gérant du journal local de Seikusu, était un homme dans la force de l'âge, mais encore très beau. Il semblait faire beaucoup de sport, mangeait probablement sainement et aimait prendre soin de lui. Le divorce lui va plutôt bien d'ailleurs. En tout cas, c'est ce que disent les gens du journal...particulièrement les collaboratrices et collègues de Bellona, que le-dit patron, semblait apprécier.
– De ce fait, j'aimerais vous demander quelque chose d'un peu particulier. Je m'y prends sûrement tard, mais...j'ai grand espoir en ce que vous faites Bellona. Et je pense, espère, que grâce à la mission que je vais vous confier, vous pourrez allez un peu plus loin que ce statut de stagiaire. Dire que Bellona n'écoutait pas monsieur Iwato serait la vérité. Elle n'écoutait pas. Elle essayait de se concentrer sur les paroles de l'homme, mais son esprit vagabondait sur ce qu'elle avait envie de faire en réalité. Prendre un bain. Faire l'amour. Avec Sally ou un...plusieurs inconnus. Peut-être qu'elle s'en ficherait et irait simplement dormir. Une longue sieste qui lui permettrait d'être en forme pour sa journée de demain. Bellona avait des castings pour s'essayer à la présentation. Il était après tout, hors de question qu'elle croupisse ici, dans ce journal. Il n'était pas mauvais, au contraire. Il jouissait d'une bonne couverture, d'un publique large et restait pertinent et intéressant dans son contenu. Et son patron avait de nombreux amis hauts placés. Elle savait qu'il n'hésiterait pas à l'appuyer dans ses futurs désirs de carrière...mais à quel prix ?
– Aussi je pense que vous êtes la mieux placée pour ça. Bellona. – Oui ? – Vous êtes avec moi ? – Oui ! Je suis avec vous ! – Super ! Je vais donc vous expliquer comment on va s'y prendre. Cela va sûrement durer sur une, peut-être deux semaines. Mais pas au-delà. Je ne veux pas que vous perdiez votre temps. – Mon temps ? Attendez. Je crois que je n'ai pas tout enregistré. Et là, elle l'écouta. Quand Georges Iwato lui parla de l'école. Des scandales, mais du taux de réussite quand aux notes de chaque élève. Peu, voir pas d'échec. Et sa couverture. Elle allait devoir se fondre dans la masse avec un contact en la personne d'une certaine Myumi. Mais Bellona s'en fichait de tout ça. Elle, elle voyait surtout son bain, Sally, les inconnus, sa sieste, qui s'envolaient. A la manière des images dans les cartoons. Chacun de ses souhaits s'envolant avec des petites ailes blanches collées aux flancs. Bellona soupira un peu plus lourdement, mais tentant de rendre cela discret. Elle avait des castings le lendemain. Elle avai des tas de choses à faire, le lendemain. Et dans les semaines à venir. Mais Georges était en train de lui tendre des documents, qu'elle prit, y jetant un oeil rapide, déçue. C'était fatiguant tout ça. Elle se retrouvait imbriquée dans une drôle d'histoire. Et elle allait devoir, qui plus est, remettre les pieds dans une école. Cela faisait longtemps qu'elle avait quitté tout ce cirque étudiant. Et ça ne lui manquait pas, mais alors pas du tout.
– Vous savez...Bellona. Si cela vous dérange, je peux envoyer quelqu'un d'autre à votre place. Enfin... – Non ! Non...non. C'est tout bon. Je suis un peu...c'est que vous m'avez prise au dépourvu. Du coup je dois repousser mes castings et...enfin. C'est le travail avant tout à ce qu'il paraît ? – Oh. Ne vous en faites pas. Je vous trouverai d'autres castings ! Et puis jolie comme vous êtes, cela ne sera pas difficile de vous trouver des places un peu partout dans la ville ! Bellona lui sourit. C'est tout ce qu'elle pouvait faire. Prenant le dossier qui contenait tout ce qu'elle devait savoir, elle se leva, serrant contre sa poitrine l'épais document. Il était lourd en plus. Mais elle n'arrêta pas de sourire, secouant la tête en montrant le dossier lorsque Georges tenta de lui serrer la main. "C'est vrai. Pardon. Haha." Et de la raccompagner jusqu'à l'ascenseur, sans cesser de lui expliquer à quel point il ferait avancer sa carrière après tout ça. A quel point...et blablabla. Il la caressait dans le sens du poil à dire vrai. Bellona remarquait alors à quel point le monde du travail pouvait être particulier.
Appartement de Sally Duval et Bellona Melbourne. La Terre. Japon. 6H30Depuis que Sally avait quitté le domicile, presque une semaine auparavant pour un voyage d'affaire, Bellona squattait son lit. Il était plus grand que le sien et elle adorait les miroirs au plafond. Elle se demandait ce que Sally faisait quand elle se couchait là. Est-ce qu'elle regardait son corps féminin en pensant au corps masculin qui était sien auparavant ? La jeune femme avait joué un peu. Elle avait regardé son reflet dans les glaces au-dessus d'elle, prenant différentes poses, histoire de voir si toutes étaient à son avantage. Elle avait rit aux larmes parfois, se rendant compte que non. Définitivement, elle-même ne se ferait pas l'amour dans toutes les positions du kamasutra. Certaines ne la mettaient carrément pas en valeur et c'était terrible. Mais Bellona ne le prenait pas mal. Bien au contraire. A dire vrai, elle préférait s'en amuser.
Tous ces drôles d'efforts avaient finis par lui donner chaud. Elle avait alors pris un bain frais et s'était fait du bien. Cela avait été agréable, mais l'angoisse de la mission qui pesait sur ses épaules avait rendu un peu fade l'orgasme qui avait finit par l'étreindre, tardivement. Ce fut donc une nuit très courte pour la jeune femme qui se leva bien avant le réveil.
Bellona était une jeune femme aimant particulièrement les histoires. Tout comme elle aimait la vie, les nouvelles expériences et tout un tas de choses ayant trait au péché de gourmandise. Mais malgré ça, la promesse d'une sacré aventure, avec toute cette histoire d'école aux secrets sulfureux, la jeune femme stressait. C'était la première fois que l'on mettait sur ses épaules quelque chose d'aussi gros. Certes. Ce n'était pas une question de vie ou de mort, mais Georges avait bien mis en avant qu'il FALLAIT qu'elle le fasse, que cela AIDERAIT sa carrière et la SORTIRAIT de son statut de stagiaire. Il appuierait sa candidature auprès d'agences ou de chaînes de télévision. Alors il fallait qu'elle se reprenne et prépare ses affaires. Revenant de sa douche, Bellona regarda une énième fois la photo de Myumi Ichtora. Une jeune femme qui allait servir de contact au sein de Mishima. Est-ce qu'elle la trouvait jolie ? Attirante ? Non. Et non. En fait, Bellona, pour le moment, la détestait. Non pas vraiment, mais elle se disait que c'était de sa faute à elle si elle se retrouvait impliquée dans cette histoire. Cela lui passerait.
Toujours l'appartement de Sally Duval. Toujours la Terre. Toujours au Japon. 10H – Elle est séduisante...qui est-ce ? Sally était rentré depuis une heure. Les deux femmes avaient fêté ce retour convenablement et ensuite, elles avaient pris une douche ensemble. Bellona avait expliquer à Sally la situation dans laquelle elle se trouvait impliquée. La française trouvait tout cela fort excitant. Mais elle voyait bien que sa colocataire, elle, peinait à trouver le moindre amusement là-dedans. Elle avait sourit, tendre. Elle la connaissait par coeur. "Ne t'en fais pas. Et puis cette école à l'air particulièrement intéressante...cela ne pourra que te faire du bien non ?" Mais elle venait de rentrer. Et Bellona avait envie de profiter de sa présence. Elle ne voulait pas devoir rester là-bas avec tous ces jeunes inconnus. Et cette fille. Mais Sally le disait: Elle était séduisante. Bellona devait bien accepter cette idée. L'intégrer. Une jeune femme séduisante comme compagnie pour son séjour dans cette école. Des comptes rendus. Se fondre dans la masse.
– Allez...va te préparer. Je t'accompagne ! Bellona prit le temps de choisir sa tenue. Elle avait fait ses bagages, ne pouvant rentrer vivre chez Sally. Toutes les précautions étaient prises pour qu'on pense, au sein de l'école, qu'elle était une nouvelle étudiante. Il n'y avait que Myumi et sa mère qui étaient au parfum, selon son patron. Bellona préférait ne pas savoir qui ou quoi. Elle jouerait son rôle et...et après tout, pourquoi pas.
"Flûte. Je me monte la tête pour rien. Tout ça por une contrariété stupide. Je pourrai faire tout ce que j'avais prévu de faire après...et puis bon. Je peux toujours utiliser cette...ces semaines pour alimenter mon blog et faire de nouvelles expériences..." Elle allait prendre cela comme une épreuve qui ne pourrait qu'étoffer ses expériences dans le milieu du journalisme, même si ce n'était pas vraiment quelque chose qui lui tenait à coeur.
Mishima. Japon. Terre. Bellona et Sally avaient fait la route en voiture. C'était mieux pour la jeune femme qui avait de nombreux bagages. Elles avaient ris en remplissant le petit coffre. "Tu as vraiment besoin de tout ça ?" C'était vital, selon Bellona. Elle aimait bien trop s'habiller et n'aimait pas forcément porter deux jours la même tenue. Elles abordèrent différents points auxquels la rose n'avait pas pensé. "Et si quelqu'un te reconnait en tant que Sweety Pie ?" Elles finirent par se mettre d'accord sur le fait qu'il fallait garder un peu de vrai dans le faux. Que si on lui parlait de son blog ou ses écrits, elle n'avait cas dire que c'était ce qu'elle faisait de son temps libre, mais qu'il ne fallait pas ébruiter. Tout bêtement. Après tout, personne ne connaissait la vraie vie de celle qui se cachait derrière un pseudonyme sur internet.
Une fois arrivé, sally laissa Bellona seule. Elle promit de s'occuper des bagages, se faisant passer pour sa tutrice légale. C'était rassurant d'avoir une personne proche dans la confidence. Inspirant, Bellona serra son faux dossier d'inscription. Elle gardait son prénom, mais on avait changé son nom de famille pour quelque chose de plus nippon. Bellona Tanaka. Le nom de famille le plus porté au Japon. S'étirant, elle se rendit auprès de l'accueil et on lui indiqua le chemin du bureau où Myumi l'attendait. Arrivé devant la porte, la jeune femme lissa
sa tenue, replaçant les roses et les plis de sa jupe convenablement. Ses mains tremblaient légèrement de nervosité, d'excitation. La porte s'ouvrit alors sur Myumi. Se raclant la gorge, Bellona pénétra dans le bureau. Elle n'avait encore rien dit et elle observa l'endroit, ses cheveux coiffés en un mélange de tresses avec nœuds et perles et de mèches libres.
– Bonjour Myumi. Je suis ravie d'être ici... Bellona restait debout. Elle ne connaissait pas très bien les moeurs japonaises, même si elle vivait là depuis quelques mois maintenant. Elle avait encore un système de fonctionnement à l'américaine en fait. Et la française qui lui servait de colocataire n'était pas mieux adaptés à la culture nippone. Peut-être qu'elle pourrait apprendre aux côtés de la flamboyante Myumi. Glissant gracieusement une longue mèche derrière son oreille, Bellona se tourna vers Myu. Elle attendait qu'elle ne lui donne la permission de s'asseoir. Ça, par contre, ça faisait partie des bases de la politesse et du respect.