Iolande était assise en tailleur, devant l'Autel de Soin, les mains posées sur les genoux, les yeux fermés. Sa posture et le fait que son bâton de prière flottait entre elle et le bloc de pierre - toutefois agrémenté de coussins - trahissait le fait qu'elle méditait. La Grande Prêtresse de l'Ordre de la Bête aimait se retirer dans cette pièce pour méditer : c'était de loin l'endroit le plus calme du temple. L'édifice massif s'étendait sur une très large zone et ne possédait aucun étage, afin de permettre aux différentes bêtes d'y naviguer facilement. La grande salle de prière, qui n'était en fait qu'une vaste pièce sans dallage ni parquais, au sol fait de terre meuble, était toujours pleine d'acolytes, d'animaux et de curieux qui priaient ou discutaient. Les autres pièces, dédiées à loger les acolytes ou les réfugiés, étaient trop petites et, le plus souvent, habitées par des couples bestiaux qui s'adonnaient à leurs pulsions les plus primaires. L'Autel de Soins, lui, situé sur le flanc Est du Temple, était la seconde pièce la plus grande du bâtiment et, si son sol était fait de la même terre meuble, était agrémenté de nombreux coussins destinés à accueillir femmes et bêtes dans un état de santé fragile. C'était un endroit calme, car le calme était nécessaire au bon rétablissement des patients. De plus, de par la pratique régulière de rituels curatifs, ses murs vibraient d'une puissance magique résiduelle. C'était, en d'autres termes, le meilleur endroit possible pour une magicienne telle que Iolande, lorsqu'elle voulait se vider l'esprit et se concentrer sur la sensation du monde arcanique.
- Maîtresse Iolande ! La terranide bovine fronça les sourcils, cette voix essoufflée la tirant de sa transe.
Maîtresse Ioland, une femme s'est présenté aux portes du temple, en piteux état !- Et bien, amenez la, souffla la Grande Prêtresse en soupirant, toujours étonnée que les acolytes ne semble jamais savoir quoi faire. Elle chassa bien vite son irritation, se souvenant que bon nombre n'étaient là que depuis peu et que les plus expérimentées étaient souvent envoyées à la Forteresse du Dragon ou sur Terre.
Installez la sur l'autel et ammenez Zenny, je vais m'occuper d'elle.Qu'est ce qu'était l'autel ? Un simple bloc de pierre taillée, assez long et large pour qu'une personne de taille respectable puisse s'y allonger sans voir ses pieds dépasser. On y avait installé plusieurs coussins en soie, agencés de manière experte afin qu'on puisse y être confortablement installé. De plus, ce bloc semblait suffisamment bas pour que des bêtes puissent monter dessus sans difficulté. Quant à
Zenny, c'était un loup au pelage blanc immaculé, d'une carrure bien plus large que la moyenne des grands loups - déjà supérieur à la moyenne lupine - qu'on pouvait trouver dans les environs. A l'origine, l'animal était un grand loup classique, au pelage noir et ne dépassant pas les autres. Mais c'était aussi le familier de la Grande Prêtresse et, à ce titre, participait à la plupart des rituels, principalement des rituels de soins. Le déferlement constant d'énergie de magie blanche dans son corps avait rendu son pelage d'un blanc immaculé, à l'exception de quelques marques ésotériques, et avait donné une telle force de vie à son organisme qu'il en était devenu plus grand, plus fort et plus endurant.
Il entra d'ailleurs dans la pièce quelques secondes à peine après que Iolande l'ai fait demander : le lien empathique qu'il partageait avec sa maîtresse l'avait instinctivement poussé à la retrouver. En la voyant, il eut un jappement de joie, avant de s'avancer vers elle, posant sa tête sur son épaule. Car oui, la bête faisait plus d'1m50 au garrot et pouvait aisément poser sa tête sur l'épaule de la Grande Prêtresse qui, elle même, n'était pas la plus grande des femmes. Elle commença à le caresser amoureusement, en attendant que sa nouvelle patiente arrive.