Un pan de falaise escarpé, la roche nue battue par des vents violents. Une véritable chaîne de montagnes se dressait, immémoriale, au milieu du désert de Tekhos. Dans ses entrailles, nombre de métaux précieux, ou tout simplement utiles pour la mégapole technologique. Des bruits d’activité minière roulaient dans les vallées, se répercutant sur plusieurs kilomètres alentours, mais pourtant, rien ne semblait bouger. La cause était simple pour les initiés, un peu moins pour les autres. Un véritable champ holographique entourait la mine et la cachait au milieu de la roche millénaire. Seule une personne équipée de scanners Tekhans pouvait voir au delà du voile… Et il valait mieux, car derrière se situait un vrai décor de film de science fiction.
Devant une entrée semblant plus à un sas de vaisseau spatial, avec tous les compartiments de sécurité, une bardée de caméras et des appareils de reconnaissance génétique ainsi que deux tourelles de défense se trouvait un vaisseau de transport, véritable container volant. Les mineurs, homme et femmes se trouvaient autour à charger les minerais à l’aide de plate-formes performantes tandis que d’autres devaient sans doute s’affairer de nouveau à l’intérieur de la mine, attendant avec impatience le feu vert pour reprendre l’extraction. Car ici la mine n’était pas comme les autres, sombres et dangereuses pour les mineurs. A Tekhos, on avez assez de disparues et de morts avec la guerre contre la fourmilière pour éviter d’en perdre à côté. Ainsi, la mine était aussi dangereuse qu’un bureau de comptables et les mineurs avaient un travail aussi exténuant que n’importe quel employé. La technologie aidait à rendre les pires tâches acceptables.
Deux gardes en armure lourde restaient à l’entrée, derrière le sas de sécurité, afin de prévenir de toute attaque. La mine était composée de deux parties distinctes, l’administration qui se trouvait au premier étage, accompagnée d’une garnison d’une dizaine de soldats en armure de combat, équipés pour les missions en milieu urbain et donc parfaitement aptes à se battre dans une mine. Tous les murs étaient recouverts d’une couche de dix centimètres de métal, servant à consolider la structure des tunnels et de rendre l’atmosphère plus acceptable pour les mineurs. La mine en elle même se trouvait au dessous. Deux ascenseurs assez énormes pour contenir des chariots entiers de minerais conduisaient à la partie vitale de la mine, la taille. C’était là que les mineurs utilisaient leurs foreuses individuelles surpuissantes afin de réduire en petits cailloux les minerais utiles et de pouvoir les apporter à la surface. Toutes les galeries étaient aussi consolidées par une couche de métal et parsemées de diodes électro-luminescentes surpuissantes, garantissant aux ouvriers de la mine un éclairage parfait.
L’aération, cependant était le point faible de la mine. Des tuyaux de plus d’un mètre de diamètre couraient au travers de la montagne, reliant les galeries du fond de la mine et l’administration à deux gigantesques pompes dissimulées à flanc de montagne. Pour couronner le tout, on pouvait voir une antenne de communication s’élever du sommet de la montagne, prête à prévenir la mère patrie en cas de problème sérieux.
A environ un kilomètre de là, deux jeunes femmes étaient couchées sur le ventre, observant avec intérêt les infrastructures grâce à des jumelles trafiquées on ne sait comment.
Donc tu vois Jessie, l’entrée principale, c’est hors de question. On se ferait dégommer avant même d’avoir pu toquer à la porte. Non, notre moyen d’entrée va être les conduites d’aération. Le problème principal va être de passer inaperçues alors que ces conduites sont bardées de capteurs. Tout d’abord, il faudra neutraliser l’antenne de telle sorte à ce qu’on croie à un accident. Peut être un éboulement. Ensuite, faudra désactiver tout le système de sécurité des conduites, qui est secrètement planqué dans les pompes de ventilation… Mon laboratoire a participé à leur conception, ça ne devrait pas trop poser de problèmes. Notre cible principale, c’est l’administration. Il faudra mettre hors d’état de nuire toute la soldatesque et tout le personnel, afin d’être en relative sécurité quand on descendra. Car une fois en bas, si quelque chose tourne mal et que l’administration est encore entière, on n’a plus qu’à faire nos prières, car on finira fusillées.
Je regardai ma chef, et compagne dans l’intimité de notre cache, acquiescer à mes paroles. Je connaissais sa façon de faire, mais là on marchait sur des œufs. La moindre erreur et on finirait fusillées sans le moindre remords.
Ecoute Jessie, je sais que tu aimes bien foncer dans le tas, mais ici ce ne sera pas possible. Si on n’est pas discrètes, on va finir fusillées directement, sans autre forme de procès et sans hésitation. Ce coup, si on le réussit et qu’on sait que tu en est à l’origine va multiplier ta prime par dix au minimum… Ce qu’on fait est du suicide sans mes connaissances, donc je te supplie de m’écouter quand je te dirai de faire quelque chose.
J’espérais qu’elle me comprenne et qu’elle ne soit pas trop tête brûlée, ça m’embêterait de la perdre maintenant, en même temps que ma vie.
Ah oui, aussi, petit détail… on évite d’éliminer toutes les femmes… sinon, si on se fait chopper, on va se faire violer par tous les mineurs avant d’être tuées. Une supérieure ne permettrait pas cela, nous sommes supérieures aux hommes après tout, non ?
Je lui lançai un petit sourire avec un clin d’œil. J’avais peur, peur de mourir… Car vraiment, ce que l’on s’apprêtait à faire était une mission suicide… Sauf avec de la chance… Je priai intérieurement n’importe quel dieu ou démon, afin qu’on s’en sorte intactes et victorieuses.