Comme Barbara pouvait s’y attendre, les Yakuzas s’étaient occupés de la sécurité de
La Vista. Aisément reconnaissable au vu de ses dimensions, l’hôtel était planté face à la mer, à côté d’un parking, entouré par des petits bâtiments, des entrepôts portuaires, et un centre commercial. Depuis un toit, à proximité, Barbara observait les lieux à l’aide d’une jumelle, voyant les nombreuses voitures stationnées sur le parking en face, qui confirmaient la mainmise des Yakuzas sur la ville. En effet, ce parking était le parking privé d’une entreprise située juste en face, mais les Yakuzas n’avaient aucune difficulté à s’en offrir l’accès. Elle les voyait à l’entrée, le long du bâtiment, et même sur le toit, quelques sentinelles discrètes... Et, plus
Spoiler avançait dans le décryptage des fichiers de clientèle, et plus elle constatait que les Yakuzas avaient réservé la plupart des chambres. Que le patron local soit corrompu ou non, personne ne disait non aux Yakuzas. Pas ici, pas au Japon.
«
Ils sont toute une armée... -
Trop pour tes maigres épaules ? ironisa Stéphanie.
-
J’ai attaqué l’Iceberg Lounge à Gotham, mon trésor. Ce n’est pas un hôtel de luxe qui va me faire peur... -
Et où aura lieu la réunion ? -
Oh, ça, si j’en crois mon expérience... Probablement au dernier étage. Tu as obtenu un plan de l’hôtel ? Il doit y avoir une salle de conférence, ou quelque chose comme ça... -
Je suis dessus, je suis dessus... »
Tandis que Stéphanie réfléchissait, Barbara, elle, continua à inspecter la rue. Plusieurs voitures arrivaient, se garant dans le parking souterrain, mais elle en vit une qui s’arrêta juste devant. Une élégante berline noire. Un chauffeur en sortit, et ouvrit la portière arrière... Et Barbara manqua défaillir en voyant la personne en sortir. Il portait un long manteau noir, des lunettes de soleil rouge, des gants noirs en cuir... Il monta le perron, et Barbara serra les lèvres.
Deacon.
Avec la présence importante de Yakuzas, ainsi que celle de Deacon, le doute n’était plus permis. Quelque chose d’important allait avoir lieu en ce moment. Une rencontre d’importance entre le Yamaguchi-Gumi et le Sumiyoshi, et, si Deacon y était, ce n’était pas sans raison... L’homme figurait en tête des multiples mandats d’arrêts internationaux émis par Interpol. Le FBI le recherchait également, ainsi que la NSA, ou encore d’autres services internationaux. Le Mossad était sur sa piste depuis un attentat à Jérusalem, qui avait donné lieu à des émeutes de la part de la population arabe israélienne contre les autres, Deacon ayant fait sauter une mosquée en laissant des indices faisant penser à une attaque des forces israéliennes. C’était indéniablement un homme dangereux, un redoutable terroriste, un poseur de bombes qui cherchait à échauffer les crises identitaires. Récemment, il avait profité des vagues de réfugiés en Europe pour faire sauter plusieurs camps de réfugiés en Hongrie. Il avait également détruit une synagogue aux Pays-Bas, en cherchant à accuser les réfugiés syriens.
C’était donc un homme très dangereux, qui ne sévissait pas que sur Terre, mais qui venait de Terra. Deacon était un terroriste indépendant, affilié à Terra avec les
Sons Of Men, une milice tekhane promasculine. Un homme que Barbara traquait, car elle le soupçonnait d’être lié au trafic d’armes qu’elle pistait. Il avait en effet fait affaire avec Oswald Cobblepot, pratiquant, en-dehors d’activités terroristes, un trafic d’armes assez redoutable, ses clients privilégiés étant les dictateurs et seigneurs de guerre africains, ainsi que les fondamentalistes islamiques du Moyen-Orient.
Un homme charmant, donc, qui soufflait sur les braises du chaos et du désespoir.
Et qui était un ancien scientifique tekhan aussi pervers qu’intelligent.
«
Deacon est là, Stéphanie... -
Deacon ?! Merde ! Tu te sens prête contre lui, Barbara ? Je peux envoyer des renforts... -
Non... Non, ça ira. De toute façon, je viens juste pour récupérer des informations, pas vrai ? -
Oui, mais... Enfin, sois prudente. Ah, et... Je viens d’obtenir le plan, je te l’envoie. »
Prudente comme toujours, Barbara prit la peine de le consulter, et constata qu’il y avait effectivement une salle de conférences dans les derniers étages, pile sous les
onsens. Elle mit fin à la communication, puis sortit de ses affaires son Bat-grappin, et le configura en mode « Tyrolienne ». Ensuite, elle cibla une zone à l’aide de son Bat-casque, puis tira. Deux filins partirent, un devant, allant se ficher sur sa cible, et un derrière, venant se planter dans le mur. Barbara s’élança ensuite, et, sous le couvert de la nuit, fila vers un balcon.
Elle se posa sur ce dernier. La chambre, derrière, était silencieuse, plongée dans la pénombre, et elle entreprit d’ouvrir la véranda, puis s’y immisça, et s’approcha du couloir.
Personne. La fortune lui souriait.
Barbara fila sur la gauche, s’aidant du plan de l’hôtel pour rejoindre la cage d’ascenseur. Là, elle sortit un nouveau gadget, qui se glissa dans l’interstice au milieu des battants de l’ascenseur, puis elle appuya sur un bouton... Ce qui fit que le petit appareil se détendit, des écarteurs venant pousser les portes. Barbara se faufila dans l’ouverture, s’agrippant à une échelle de maintenance, puis récupéra son écarteur, laissant la porte se refermer, et elle se mit à grimper.
Arrivant vers les derniers étages, elle se glissa dans un conduit d’aération, et avança prudemment, voyant, par les grilles d’aération, des Yakuzas, ainsi que de superbes serveuses dans des robes chinoises moulantes et partiellement transparentes. Sa route la conduisit au-dessus de la salle de conférence, où elle put voir Deacon, en discussion avec Tatsu.
«
Nous n’avons pas encore récupéré l’appareil, mais notre offre a vivement intéressé la vendeuse... -
Pourquoi m’avoir appelé, alors ? Le SHIELD me poursuit, je ne peux pas me permettre de me promener comme ça ! -
Nous avons... Disons que, vu les sommes qu’elle demande, on ne peut pas se permettre de simplement compter sur sa bonne foi. Elle nous a remis des documents techniques, mais... Nos scientifiques ont du mal à les comprendre. -
Oh... Je vois. »
Le duo se mit à marcher, quittant la salle, laissant Barbara en pleine interrogation.
*
L’appareil ? Une vendeuse ? De quoi est-ce qu’ils parlent ?!*
Dans la tête de Barbara, les questions se multipliaient, mais la prudence, encore et toujours, restait de mise. Elle sortit donc un autre appareil de sa ceinture, une sorte de caméra optique, et la fit passer par la grille, s’en servant pour inspecter les environs. L’appareil ne détecta rien, et elle se laissa descendre, en ouvrant la grille. Il y avait encore, le long de la table, des documents, qu’elle commença à éplucher, les photographiant... Puis elle se redressa soudain. Il n’y avait personne de visible, mais... La combinaison de Barbara était une combinaison de WayneTech, et elle l’avertissait d’une
présence, détectant des interférences électroniques.
«
Qui est là ?! »