Elle avait levé les yeux vers lui, dont la silhouette se dressait dans le couchant. Elle ne pouvait distinguer aucun des traits de son visage mais il lui semblait sentir la force implacable de son regard peser sur son petit corps frêle et couvert de sang. C'était sa mère, qu'elle aurait pourtant voulu regarder. Son souhait était d'accompagner celle qui l'avait défendu de son corps et de sa vie mais sa tête refusait de se baisser vers le corps inanimé qui gisait au pied de l'homme en armure étincelante, ses yeux préférant se galvaniser de cette image impérissable qui allait hanter chacune de ses nuits : cet homme là, baigné par la lumière douce de la mort du jour, à moitié enveloppé dans la grande cape rouge qui flottait mollement au grè des caprices du vent du soir. Elle n'avait pas vraiment vu ses traits mais le savait terriblement beau, à l'image des princes qui parcouraient les contes pour enfants. Ce qu'elle n'était plus, du haut de ses six petites années. On ne pouvait pas regarder sa mère mourir sans y perdre son innocence.
Son regard dévia enfin, parce que la lumière reflétée sur une des épaulières d'argent l'aveuglait. Elle vit le corps de l'autre homme, étendu à quelques pas à peine d'elle. De sa silhouette agenouillée dépassait la forme de l'épée qu'elle lui avait enfoncé dans le ventre. Elle. Elle avait tué un homme, parce qu'il avait tué sa mère. C'était Lui, dans le couchant, qui lui avait donné l'arme. Cet acier qui avait fait voler en éclat son monde avait été tendu par la main d'un parfait inconnu et elle lui en était reconnaissante, bien qu'elle ne possédait pas assez de vocabulaire pour l'exprimer.
Il tourna le dos après un temps, sa cape rouge volant sur ses talons tandis qu'il s'en allait pour l'abandonner à son sort. Elle resta là un instant, avant de tendre sa petite main vers lui en le hêlant, ce qui le fit s'arrêter.
"
Emmenez moi", lui cria t'elle en retenant ses larmes. "
Prenez moi avec vous !"
Il était arrivé de nulle part alors que son père frappait sa mère, une fois encore. Une famille de vagabonds. Un démon de troisième zone qui s'était entiché d'une putain humain au point de parvenir à lui faire un enfant qu'il avait regretté dès l'instant où elle avait poussé son premier cri. Une métisse inacceptable pour l'Enfer et le monde des Hommes. Il l'avait souvent battue et humiliée, comme il le faisait pour sa mère. Des clochards sans envergure qui avaient vécu six années d'une misère crasse jusqu'à la sortie de ce village anonyme où le père avait décidé qu'il était en fait dans sa nature de tuer femme et enfant. L'humaine avait été proprement tabassée et la petite qui avait voulu s'interposer avait été dégagée d'un violent coup de pied. Elle en était à cracher son sang alors que sa mère rendait l'âme quand Il était arrivé.
Son épée avait été dégainée, mais pour être jetée à côté de l'enfant en pleurs. Elle avait levé les yeux vers lui sans comprendre pendant que son père réalisait la nouvelle arrivée, se préparant à se jeter sur les deux.
"
C'est ton pouvoir", lui expliqua simplement l'inconnu. "
Celui de choisir ton destin; être tuée ici ou tuer à ton tour."
Tout se passa très vite. Son père dont les traits étaient déformés horriblement par sa rage démoniaque s'était rué sur elle et elle avait agi par pur réflexe, se retournant en tenant la lourde épée entre ses petites mains. Avant qu'elle ne s'en rende compte, elle en dressait la pointe sur laquelle le monstre qui avait été son père s'empala et mourut. Quand le sang chaud lui éclaboussa le visage, elle réalisa ce qu'il venait de se produire et en lâcha l'arme vivement. Comme si le métal l'avait brûlée. Et elle était restée là, pantoise, à regarder cet individu magnifique dans la lumière du soir.
Jusqu'à ce qu'il tourne les talons et qu'elle ne le somme de la prendre avec lui où qu'il puisse aller.
Il s'immobilisa sans la regarder alors qu'elle avait les yeux braqués sur son dos encapé et ses cheveux courts et bouclés. Sa voix monta alors et elle s'aperçut qu'elle était très délicate; sévère et impérieuse, mais avec des intonations rassurantes qui évoquaient une certaine jeunesse. Un drôle de mélange qui chanta à ses oreilles quelques mots inoubliables.
"
Je serai ton père, ton maître, ton ami, ton amant. Si tu viens avec moi, je t'interdirai tout autre destin que celui de te tenir à mon côté. Tu ne t'appartiendra plus et ce jusqu'à la fin des temps. Te crois tu assez forte ?"
Elle hésita. Pas sûre de comprendre tout ce que cela voulait dire. Mais il acceptait de l'avoir avec lui, elle que même ses parents rejettaient depuis toujours. Ca lui suffisait pour accepter n'importe quoi venant de ce messie providentiel qui avait détruit son monde en l'éclaboussant de sang. Sans rien dire, elle se dirigea vers le cadavre de son père et en extirpa l'épée ensanglantée avant de venir se placer devant l'inconnu, lui tendant l'arme. Il refusa de la prendre, mais ouvrit un pan de sa grande cape pour la recouvrir tandis qu'il ployait le genou pour se mettre à sa hauteur.
"
C'est ton pouvoir."
"
Celui de choisir mon destin", compléta t'elle timidement.
Le sourire tendre qu'ils échangèrent alors l'un et l'autre scella le début de leur union.
*
* *
"
Lithia, je t'ai parlé. Il te plaît ?"
Elle cligna des yeux, sortant de sa rêverie. Son attention passa sur l'homme en armure d'argent, enroulé dans sa longue cape rouge. Il se tenait à côté d'elle -toujours un pas en avant- et tournait la tête vers elle. Son visage lui était aujourd'hui familier; un faciès de jeune premier aux traits presque délicats qui lui donnaient toujours cette apparence d'adolescent à peine forgé. Ses yeux étaient fins, d'un argenté délicat pénétrant. Ses lèvres étaient discrètes et son front se perdait sous les boucles courtes de la couleur d'un ivoire clair qu'il laissait courir de sa crinière courte. En vingt ans, celui qui l'avait sauvée de son père n'avait pas changé d'un iota. Jusqu'à son armure, qu'il se contentait de polir avec un soin maladif et son éternelle cape rouge au col brodé de plumes. On ne la voyait pas sous le tissu carmin, mais une solide épée à la garde d'or reposait à sa ceinture. Il était beau. Toujours. Elle en était amoureuse depuis l'instant où il lui avait offert son épée et recouvert de sa cape.
Ses yeux semblables à ceux de l'homme glissèrent sur les ruines couvertes de mousse et de végétation. Un petit château de campagne s'était dressé là des décénnies plus tôt, mais il n'en subistait aujourd'hui plus qu'une carcasse qui avait l'air de sortir de terre -ou de se faire engloutir par elle, plutôt.
"
Les travaux de rénovation prendront du temps", dit-elle.
"
Oui. Mais ce n'est pas une chose dont nous manquons. L'emplacement surtout était idéal : à deux pas de Nexus mais assez à l'écart pour éviter le passage trop régulier. Sans compter que les années que dureront les travaux te seront utiles pour établir les plans des niveaux qui te sont alloués."
"
Tu es réellement décidé à me laisser faire ?"
"
C'est ton projet, c'est mon cadeau. Alors oui, Lithia."
Elle esquissa un sourire tendre et s'approcha de lui pour lui caresser une joue, déposant à la commisure de ses lèvres un délicat baiser avant de se prendre à son bras. Posant la tête sur l'épaulière d'argent finement travaillé, Lithia contempla les ruines en souriant doucement.
"
Oui, Netheriel. Il me plait beaucoup."
Il la couva du regard et pour une fois, elle ne le partagea pas. Lithia était une rêveuse qui avait tôt fait de rejoindre des étoiles dont elle était la seule à connaître la route et Netheriel n'aimait pas toujours l'en tirer. A l'image de leur première rencontre, il leva le bras et étendit sur la jeune femme sa cape rouge. Elle en vint à se blottir contre lui par la force de l'habitude et parce que son corps réclamait sa chaleur et lui senti une bouffée d'amour lui monter dans les entrailles. Lithia. L'enfant d'un démon et d'une humaine à l'âme noircie par le péché de Luxure. Sa fille aujourd'hui, son amante, son tout. Il avait détruit son monde mais ensemble, ils avaient érigé un véritable univers dont ils étaient les seuls à dicter les lois.
Avoir préservé Lithia de la mort et s'être fondu en elle lui vaudrait une punition qu'il était à cent lieues d'imaginer, même après plusieurs millénaires passé à les dispenser au nom des Cieux. Lui, l'ange aux ailes immaculées, s'était entiché d'un rebut sans avenir. Il avait craché à la face de tout ce en quoi il avait cru un jour et qu'il avait défendu, bien des ères plutôt, au péril de son âme immortelle.
Si la damnation avait le goût des lèvres de Lithia, il était prêt à encore la croquer à pleines dents.
Et il avait été la Main Droite du Ciel. Son plus puissant combattant. Bien que ses pouvoirs avaient été depuis diminués, Netheriel attendait de pied ferme celui qui tenterait de le punir pour avoir aimé. Si pour préserver son amour il devait en venir à détruire tout vie à des centaines de kilomètres alentours, il serait le plus grand des meutriers de masse.
*
* *
Lorsqu'il avait fallu affronter les 666 légions démoniaques, le Ciel avait désigné plusieurs champions. Lucifel avait fait partie de ceux là, comme Azraël. Et Netheriel. De nature plus discrète, lui qui avait gravit les rangs pour devenir séraphin n'en était pas moins l'une des trois premières puissances angéliques et l'un des adversaires les plus acharnés des chiures infernales. Son épée avait déchiré d'innombrables cohortes de soufre et ses subordonnés avaient accumulé les victoires, bien que les Enfers prenaient toujours plus de pas décisifs dans cette danse interminable. Toujours en première ligne, Netheriel en restait pourtant moins visible que Lucifel et Azraël. Il se moquait éperduement d'être reconnu ou félicité pour ses actions; il était la Colère du Ciel dans une armure d'argent qui brandissait une lame de lumière et n'avait pour but que d'éradiquer le Mal pour préserver le Libre Arbitres et les races inférieures que l'Enfer entendait effacer de l'équation céleste. Ses efforts sur le front eurent néanmoins pour effet de l'endurcir. Ce n'était pas un général qui restait à l'abri derrière ses lignes mais bien un combattant de premier ordre qui hurlait en brandissant son épée lors des assauts qu'il menait en tête de ses troupes. Il en cultiva sa puissance déjà énorme, jusqu'à dépasser Lucifel lui-même. Son acharnement et son potentiel lui valurent d'obtenir le titre de Main Droite du Ciel, le désignant comme le plus redoutable des guerriers emplumés. A cette époque, on prétendait que son pouvoir pouvait même refermer la bouche de l'Enfer et la sceller pour d'éternels éons. Que ce fut une rumeur ou bel et bien une possibilité de mettre fin au Conflit Primordial, on ne le sut jamais.
Lorsque Satan, qui avait unifié les clans infernaux pour en faire le poing implacable de sa force armée, en vint à disparaître sans laisser de trace, la guerre s'apaisa par la force des choses. Les Princes de l'Enfer en vinrent à signer un pacte de non-agression avec leurs adversaires mortels, pensant en tirer quelques profits plus tard. Les deux camps étaient épuisés, en vérité. C'était un arrangement infâmant pour beaucoup mais il ne fut que peu décrié publiquement : il était nécéssaire à chaque partie pour panser les plaies qu'avaient ouvert le conflit.
Lucifel, lui, ne cachait pas son amertume. Avec Azraël, il se fit la voix des mécontents et devint presque naturellement le fer de lance d'une révolte destinée à faire choir de son pouvoir le Conseil qui présidait aux Cieux. Alors que les incidents se multipliaient et que Lucifel perdait la faveur du ciel et la blancheur de ses ailes, Netheriel fut sommé de choisir son camp.
C'est en adversaire des révoltés que se dressa La Main Droite du Ciel, décidé à en découdre avec les parjures à la pointe de l'épée, quand bien même ceux là eurent été les siens durant des millénaires.
Que Lucifel eut raison ou tort, Netheriel ne se posait pas la question. Pour lui, la volonté du Conseil devait prévaloir sur le reste, parce que ces anges supérieurs détenaient forcément des clés qui n'appartenaient qu'à eux. Le premier des Déchus réunissait toujours plus de fidèles, mais leur foi en ces préceptes viciés par la Colère et l'Orgueuil ne pouvaient décemment pas se dresser face au plus puissant des combattants angéliques, qui prit naturellement la tête des troupes destinées à purger. Une guerre civile sanglante et retentissante. Voilà ce qu'avait amené le Pacte passé avec l'Enfer et ses immondices. Les affrontements atteignirent un point culminant lorsque la jeune et prometteuse
Yehaël se retrouva à affronter Lucifel en combat singulier, honneur que lui laissa un Netheriel qui avait accepté de rester en retrait le temps du duel. Lorsque l'Ange de la Pureté tomba face à son adversaire qui se refusa à la tuer, ce fut à la Main Droite d'entrer en scène. Le combat qu'il livra contre l'Ennemi fut homérique et dévastateur mais sans conclusion réelle. Lucifel parvint à battre en retraite en compagnie de quelques fidèles. Il perdit son "-El", symbole de la reconnaissance divine et en devint Lucifer. Netheriel et Yehaël, quant à eux, furent félicités pour leur pugnacité au combat. La Main abandonna les honneurs à la Pureté et se contenta de prendre la tête de la Milice, faction qui serait amenée à chasser démons récalcitrants et autres Déchus à travers les différents plans d'existence.
Comme à son habitude, Netheriel trouva dans les missions de la Milice les premières lignes. Il s'aperçut néanmoins que les combats n'avaient plus la même saveur. Lucifer avait beaucoup parlé, pendant leur titanesque face-à-face. Comme un venin lent et pernicieux, ses paroles avaient cheminé dans l'esprit de la Main et avaient commencé à le faire réfléchir. Peut-être que le Conseil n'avait qu'une vision trop étroite des choses. Peut-être que les humains, sans devenir de simples servants dociles, avaient besoin d'être dirigés par une main ferme qui savait ce qu'il convenait de faire pour lui éviter une chute calculée.
Alors, sous le couvert de ses propres missions, Netheriel se mit à observer Terra, ce vivier de races et d'êtres hétéroclites qu'il découvrit soudés par un péché : celui de la Luxure, qui battait comme le sang de la terre et rapprochait, pour le meilleur comme pour le pire, ces vivants dérisoires.
La richesse de l'esprit humain le surprit. Ses capacités d'adaptation, la puissance de sa foi comme de sa peur. Son talent à toujours avancer. Sa proportion à céder face au Mal qui gangrénait naturellement chaque coeur. Il observa les Rois comme les Mendiants, se mêla aux aventuriers commes aux amoureux transi. Avant même qu'il ne s'en rende compte, Netheriel tomba amoureux de l'imperfection de l'humanité et prit à coeur de redresser ses travers. De l'intérieur. Il ne voulait pas être un nouveau Lucifer, pas plus qu'il ne désirait trahir le Libre Arbitre si cher au coeur du Conseil. Alors qu'il s'était doucement détaché des Cieux et de la Milice, Netheriel en vint à les abandonner tout à fait. Usant d'une bonne partie de ses pouvoirs, il s'effaca des lignées angéliques et laissa son poste vacant. Netheriel ne fut pas frappé de déchéance ni même d'infâmie; il devint simplement un Oublié, un ange qui refusait son statut et en rejettait les avantages tout en gardant les pouvoirs acquis par son rang. Qu'il revienne au Ciel et il serait honteusement dégradé, qu'il rejoigne les légions infernales et il en serait un des plus terribles avatars.
Ceci, néanmoins, n'arriva jamais.
Il se fit jeune seigneur terrien de bonne naissance, quelque part dans les hautes familles de Nexus. Peu de fortune ou de renom mais avec une influence correcte qu'il pourrait toujours accroître avec le temps. N'en avait-il pas le pouvoir, après tout ? Netheriel restait un être d'une puissance folle, peu disposé toutefois à en faire usage. Il voulait profiter du jeu des humains non pas le fausser par sa seule volonté -chose qui l'aurait poussé à affronter ses pairs un jour ou l'autre, perspective que l'ange se refusait à envisager.
C'est ainsi que débuta sa vie humaine, qui s'avéra plus terne qu'il ne l'avait d'abord pensé. Observer les humains ne suffisait pas à s'improviser l'un d'eux, comme Netheriel le découvrit à ses dépends en essuyant plusieurs revers sociaux qui frappèrent sa prétendue lignée noble d'une réputation peu flatteuse. On le qualifiait de niais et de peu intéressant, n'ayant pour lui que sa beauté affolante et une fortune correcte. L'Ange n'en montra rien mais s'en vexa profondément, presque décidé à tout abandonner comme un enfant désappointé par une remarque parentale.
Il se mit à errer sur les territoires nexusiens à la recherche de ce qui lui manquait quand son chemin croisa celui d'une petite famille, dont le père violent puait le soufre et la mère le stupre. Ce fut sa rencontre avec une petite métisse perdue dans un monde qui ne voulait pas d'elle et qui soudain devint son petit univers, le satellite qui allait toujours graviter autour de lui.
Avant qu'il ne s'en rende compte, Lithia devint sa raison de vivre et lui la sienne.
Plutôt que de rejeter la part démoniaque de la gamine qu'elle était alors, Netheriel en cultiva les particularités. La nourrissant de sa propre chair et de son propre sang, l'ange effaça peu à peu les traces les plus visibles de son ascendance maléfique tout en lui permettant de développer ses talents magiques. Lithia fut d'abord -et reste aujourd'hui encore- son apprentie, jusqu'à ce que l'âge ne fasse d'elle une séduisante et charnelle jeune femme qui lui demanda de l'accomplir en tant que femme. Ils devinrent amants tout à fait naturellement et n'en resserrèrent que davantage leurs liens déjà profonds.
Lithia l'aida à établir une existence à échelle humaine et la vécu pleinement avec lui, jusqu'à se passionner pour un drôle de projet qui fit suite à une rencontre avec une succube qu'elle avait prise pour amie durant un temps : ouvrir un lieu où les rejetés de tous bords puissent trouver le repos et une possibilité de nouveau départ, d'une façon où d'une autre.
La succube lui souffla l'idée d'une maison de passe de haute volée, qui permettrait aux filles y travaillant de récupérer un peu d'argent et une place dans la société par le truchements de connaissances faites dans l'enceinte d'un Bordel qui serait si renommé qu'il en deviendrait une marque de prestige.
Lithia en cultiva l'idée longuement, mettant sur pied nombre de projets qu'elle exposa à Netheriel avec l'espoir de le convaincre. Pour elle, l'Ange alla jusqu'à rencontrer lors d'un dîner la succube nommée Cerdyss, qui acheva de l'acquérir à la cause de la métisse -sa cause également, chose que Netheriel ne perdait pas de vue non plus. Il accepta néanmoins sous prétexte de faire à sa tendre moitié un cadeau à la hauteur de ses attentes. et se mit en quête d'un terrain à acquérir, ce qui l'amena aux ruines mousseuses pour lesquelles Lithia se montra particulièrement enthousiaste.
*
* *
"Ca tient plus de la réssurection que de la rénovation, à ce niveau là."
Netheriel fit claquer sa langue contre son palais en regardant Cerdyss qui venait d'arriver devant la porte du château. Perchée sur un étalon noir comme la nuit, elle était vêtue d'une élégante robe de la même teinte et n'était couverte que d'une cape épaisse surmontée d'un capuchon. Elle était rarement venue voir l'avancée des travaux, préférant élaborer les profondeurs de la partie qui lui incombait de superviser en compagnie d'une Lithia très heureuse de la voir, qui l'aidait déjà à descendre de monture. Les deux femmes avaient passé des années à élaborer la décoration intérieure et les différentes arcanes qui allaient devenir la maison de passe la plus réputée des environs de Nexus -du moins l'espéraient-elle avec ardeur. Netheriel avait supervisé tout le reste de la rénovation du château, abandonnant les trois étages destinés à Lithia et son amie à leurs bons soins. Avec le temps, la présence de Cerdyss lui avait semblé moins insupportable, même si il se refusait à la considérer en amie. La succube s'estimait toutefois satisfaite d'être seulement acceptée et provoquait quelque peu l'ange quand elle en avait l'occasion, parfois rappelée à l'ordre par une Lithia soucieuse de voir leur drôle d'association continuer à marcher même en boîtant. L'entreprise, pour tout ce qu'elle représentait, lui tenait énormément à coeur.
Poli, Netheriel apposa un baise-main de circonstance à Cerdyss qui s'en amusa tout en se gardant de le signifier ouvertement. C'était le jour où elle emmenageait enfin au château et c'était un moment tellement improbable qu'elle voulait le savourer. La redoutée Main Droite du Ciel qui acceuillait sous son toit une déjection infernale... C'était si délicieusement ironique qu'elle s'en sentait presque prête à jouir. Toutefois, elle mesurait aussi tout le chemin parcouru pour en arriver à ce niveau là, réalisant qu'elle ne serait plus jamais la bienvenue dans les abîmes du Très-bas. 40 années s'étaient écoulées depuis que l'Ange avait acquis le terrain et les ruines qui, aujourd'hui, s'élevaient en un édifice neuf à l'architecture agréable.
"Au fait, Netheriel, vous avez trouvé un nom", demanda Cerdyss en levant un oeil curieux sur les tours qui surmontaient le pont d'accès.
"
H-hm. Enfin, c'est Lithia qui a proposé et je dois dire que j'ai apprécié."
"Et donc, qu'est-ce ?"
Lithia se mit entre eux deux, les agrippant par un bras tout en leur offrant un de ces sourires candides dont elle seule avait le secret. Le trio se mit en branle pour rejoindre l'intérieur du château, qui s'illuminait déjà paisiblement alors que les différents serviteurs s'appliquaient à allumer bougies, chandelles et cheminées. De petites étoiles dans ses grands yeux argentés, la métissée répondit enfin, avançant d'un pas joyeux et sautillant.
"
Le Château des Hirondelles. Pour qu'elles puissent faire leur nid un temps après l'hiver, avant de s'envoler pour de plus jolies latitudes."
NETHERIEL, Main Droite du Ciel :: Séraphin du plus haut des rangs, il fut désigné comme ange le plus puissant quelques temps avant la déchéance de Lucifer, qu'il chassa des cieux. Séduit par les races terrannes et l'humanité en particulier, il s'est lui-même exclu des cieux et se présente depuis plusieurs centaines d'années comme un simple noble nexusien afin de pouvoir apprendre à vivre comme les "inférieurs". Il est le seigneur du Château des Hirondelles mais n'a aucune partie dans la maison de passe de haute volée installée là.
> Son visage évoque immanquablement celui d'un jeune homme d'une vingtaine d'années, nanti de traits extrêmement charmants et séduisants, mais sévères. On le prend généralement pour un Chérubin, ce qui a le don de profondément l'agacer. Son corps est à l'image de son visage, toutefois taillé par la guerre et l'effort. Parfaitement glabre, Netheriel n'évoque pas le "mâle" mais l'enfant, pour son malheur. Toujours vêtu avec soin et un goût certain pour les tenues dites de noblesse, sa tenue préférée reste l'armure complète d'argent martelé qu'il porte depuis des siècles déjà, assortie d'une grande cape rouge à col épais de plumes. A son côté, pendant à un ceinturon d'arme se trouve son épée,
Croc Solaire. Le tout lui confère une prestance indéniable, parfois même écrasante. En bonne partie dûe à son origine angélique, bien sûr.
> Etant un ange du plus haut rang, Netheriel a une légère tendance à s'estimer supérieur à n'importe qui, y compris la plupart des divinités peuplant Terra. Pour lui, il ne s'agit là que d'affabulateurs se vantant d'un titre qu'ils ne comprennent pas et il estime bien entendu posséder la "vraie foi", sans être un extrémiste pour autant. Ses considérations sont tout autre depuis bien des siècles et il s'est assoupli avec l'âge, certaines choses se contentant de lui passer par-dessus la tête. A tel point que cet ennemi mortel de tout ce qui est démoniaque en vienne à tolérer sous son propre toit une succube ! Cultivé, racé, poli mais glacial, Netheriel est à l'image du noble qu'on adore détester. Pourtant discret, l'ange ne compte pas vraiment d'amis et ne fait jamais montre ouvertement de son goût pour les intrigues politiques et autres complots à tiroirs, ni de son goût pour la simple observation des diverses couches de la société. C'est aussi un être aimant par nature, capable de tout faire pour le bonheur de sa Lithia.
Homme sévère mais juste, Netheriel n'est pas facile à appréhender au premier abord et vous déplaira très probablement.
> Puisqu'on parle ici d'un Ange du rang de Séraphin ayant repoussé Lucifer lui-même tout en ayant combattu d'innombrables démons, on peut légitimement s'attendre à se trouver en face d'un être à la puissance purement écrasante. Capable d'user de magie atomique, Netheriel possède aussi des pouvoirs influents sur l'espace et le temps, en plus d'une épée angélique forgée par le Ciel et possédant ses propres pouvoirs. Bien qu'il soit moins puissant qu'à l'époque où il était la Main Droite du Ciel, le séraphin surpasse la plupart des dieux connus de Terra... Mais s'intéresse peu au monde du combat, considérant que sa puissance pourrait influer sur le destin du monde, ce qu'il refuse de façon catégorique.
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LITHIA, à la croisée des mondes :: Fille d'un démon mineur et d'une prostituée, cette métisse indésirable pour tout le monde fut recueillie par Netheriel alors qu'elle n'avait que six ans. C'est elle qui tua son démon de père à l'aide d'une épée appartenant au Séraphin, scellant ainsi son destin auprès de lui. Nourrie du sang et de la chair de Netheriel, son aura diabolique s'est effacée au fil du temps pour en faire une créature sans ascendance connue. Son grand projet est de faire du Château des Hirondelles un point de départ pour les femmes ayant tout perdu, sous forme toutefois d'un bordel de très haute volée. Candide et souriante, elle irradie de bonté. Mais c'est peut-être celle du duo qui cache le plus de secrets...
> Lithia est une femme généreuse, dans tous les sens du terme. Son corps est celui d'une femme presque parfaite, aux seins lourds et arrogants, aux hanches larges et au ventre plat. Ses fesses sont diablement bombée et son doux visage pourrait faire envisager à n'importe qui d'abandonner son âme pour quelques minutes passées contre sa peau claire et douce. Ses yeux sont semblables à l'argent liquide, comme ceux de Netheriel. Ses longs cheveux sont argentés et tirent vers le blanc. Ses tenues sont élégantes tout en veillant à la mettre savamment en valeur par d'agréables jeux de décolletés par exemple. Elle porte souvent l'épée offerte par Netheriel lors de leur rencontre, qui est son plus précieux trésors. Parfois, Lithia réhausse sa beauté de quelques bijoux bien choisis. Alors que sa moitié possède d'immenses ailes grisâtres, la jeune femme se voit doté d'une simple ossature. Nulle plume ou muscle, ni même un gramme de peau. Uniquement des os menaçants, qu'elle n'apprécie nullement et qu'elle garde précieusement dissimulés.
> Souriante et aimable, Lithia est une personne qu'il est très agréable de fréquenter. Si elle parait candide, on comprend rapidement que la réalité est un peu plus nuancée et qu'elle est très intelligente, voire rusée. Ce n'est pas une belle cruche qui se présente à ses interlocuteurs mais une femme en pleine possession de ses moyens et éduquée pour en faire le meilleur usage possible. Du couple qu'elle forme avec Netheriel, la métisse est l'aspect le plus délicat et le plus abordable : Lithia ne rejette jamais personne, accordant une chance égale à quiconque s'adresse à elle. Plus déterminée qu'on peut le penser, c'est une femme extrêmement forte qui ne craint pas de se mettre en danger pour triompher. Au vu de son propre passé, elle déteste la violence faite aux femmes et aux enfants et se montrera impitoyable envers quiconque en fera usage devant elle. C'est une tigresse féroce dans un manteau de fourrure, en vérité...
> Lithia est bien moins puissante que Netheriel, mais peut se targuer d'être une bonne combattante à l'épée. Sa magie est d'un niveau plus qu'acceptable et laisse présager d'un potentiel encore inexploité, tandis que ses capacités physiques naturelles sont celles d'un démon commun -donc à la base supérieures à celle d'un humain ordinaire. La métissée possède néanmoins naturellement une ascendance impressionnante sur l'eau et la glace.