Dans une auberge, Nexus.
Elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait ici.
Amélie, si. Elle avait senti quelqu'un comme elle. Ou quelque chose. Elle ne savait pas vraiment. En tout cas, cette personne ou cette chose attirait à elle la magie. Elle l'avait senti. Lucy n'y comprenait pas grand chose à la magie, et elle s'en satisfaisait bien. Elle savait juste qu'Amélie pouvait lancer des sorts qu'elle avait déjà vu. En effet, Amélie est une ESPer de la réplication. ESPer qui, après un accident magique, a perdu toute la magie de son corps, et était devenu un gouffre magique. Elle pouvait par simple contact transférer la magie d'une personne à elle-même et donc lancer des sorts à travers elle. De plus, depuis peu, elle avait créé de toutes pièces un bijoux qui stockait un peu de magie et était capable de régénérer celle-ci. Il s'agissait d'une sorte de
diamant placé dans un pendentif en argent.
Les deux jeunes femmes avaient alors suivi un garçon certainement pas plus vieux qu'elles sur une cinquantaine de mètres, avant qu'il ne rentre dans une taverne massive. Pendant ce temps, Amélie avait déterminé qu'il ne s'agissait pas du garçon en lui-même qui disposait de ce pouvoir, mais d'un objet qu'il portait sur lui. Mais lequel ? La question restait entière. Elles le suivirent dans la taverne, et s'assirent à une table. Lorsqu'une serveuse vint pour demander si elles avaient besoin de quelque chose, Amélie demanda une limonade, tandis que Lucy commandait une bière. La Neko la fixa et lui dit d'un ton sans appel :
Non.Quoi ?Non.Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ?Non.Le ton de la Neko était constant. Lucy savait bien qu'elle ne supportait pas l'alcool mais, d'habitude, elle ne disait rien. Ici cependant, elle ne voulait peut-être pas que cela finisse mal, et refusait catégoriquement qu'elle ingurgite le moindre centilitre de bière. La diconius soupira, puis se retourna vers la serveuse.
Deux limonades alors... 'chier ! finit-elle à l'attention d'Amélie qui s'était retournée vers le garçon.
Elle n'arrivait pas vraiment à savoir lequel de ses objets créait cette attirance magique. Elle avait vu que les bottes étaient chargées en magie, mais il ne s'agissait pas de ce qu'elle recherchait. Non, c'était... autre-chose.
Alors, comme ça les gosses prennent des armes ! Feraient-ils pas mieux de rester à téter le sein de leur mère ?La réplique avait fusé, et elle était à l'attention du jeune homme qui captait déjà le regard d'Amélie. Celle-ci vit du coin de l’œil la personne qui l'avait provoqué. Il s'agissait d'un homme grand et gras, certainement un soldat ou un mercenaire au vu de l'impressionnante hache qu'il portait dans son dos. Un de ceux qui ne faisait pas dans la finesse, préférant la force brute à la dextérité.
Tiens, y'a de l'animation apparemment... fit Lucy pour elle-même, bien qu'Amélie entendit ce qu'elle avait marmonné. En effet, une dispute, voire un combat, semblaient inévitable. Le soldat possédait une hache, et l'homme une épée. Une épée... Attend voir... Oui, c'est ça ! Elle posa ses deux coudes sur la table, mis sa tête entre ses deux mains, doigts sur ses tempes, et se concentra. La diclonius jeta un regard dans sa direction, et elle reconnut la posture qu'elle utilisait lorsqu'elle se concentrait sur quelque chose ou quelqu'un. Elle avait trouvé sa cible ?
En tout cas, le jeune homme ne se laissait pas faire, et elle apprécia sa réponse, pleine de finesse. L'autre cependant était beaucoup plus gras, et voulait tout simplement le provoquer, chose qu'il réussit à faire puisque le jeune homme se retourna sur son tabouret et fixa le guerrier, tout en le provoquant à son tour :
Considérez qu'ils craignent peut-être d'engraisser de trop de lait, et de devenir bouffis. Si bouffis que leur panse dépasse de leur cuirasse. Si bouffis que leur gros ventre leur impose de se redresser sur leurs jambes dodues pour que leur bras tout aussi obèse et maladroit parvienne seulement à saisir leur grog au comptoir.La mutante laissa échapper un discret sifflement qui ne fit entendu que d'Amélie, qui semblait sortir de sa transe.
Son épée.Hein ? De quoi son épée ?C'est son épée qui créé cette attraction magique. Il faut absolument que je parle à cet homme !Ben... Là, pour l'instant, ça risque d'être compliqué.Ce n'est pas un problème... répondit-elle en tenant son bijou devant elle.
C'est pas comme ça que ça se passe chez-moi, le chiard !Les deux femmes se retournèrent vers les belligérants. Lucy était franc énervée contre cet homme qui provoquait sans raisons apparente le premier adolescent qui passait par là.
Oh, je vais me le faire ! fit-elle d'un ton agacé.
Attend Lucy, ne fais...Mais il était trop tard. Au beau milieu de sa phrase, Lucy avait disparu.
...pas de bêtises... finit Amélie pour elle-même, dépitée.
Utilisant ses vecteurs, Lucy s'était lancée à très grande vitesse vers cet homme qui sortait sa hache de combat. Elle avait rebondi contre le plafond et avait atterri juste derrière lui, si rapidement qu'on aurait pu croire qu'elle s'était téléportée. L'homme en question la dominait de deux têtes et d'une centaine de kilos, mais elle ne se sentait pas en danger. Avec un de ses bras invisible, elle tapota son épaule tout en lâchant un
Eh, gros tas ! assez fort.
Hein ? fit-il en se retournant. Il se prit alors un coup de poing invisible dans le nez, cassant celui-ci dans un bruit immonde de cartilage. Déstabilisé, l'homme recula. Voulu reculer. Tomba à cause d'un obstacle invisible entravant ses mouvements. Il fit un bruit sec lorsqu'il toucha le sol. Ses vecteurs empêchant l'homme de bouger ses membres, Lucy avança au niveau de sa tête et s'accroupit. Elle le regarda sans une once de pitié, prenant plaisir à voir son incompréhension se muer en fureur, puis en terreur lorsqu'il aperçut sa hache flotter à moins de trente centimètres de son cou, prête à le décapiter.
La prochaine fois que tu feras chier ton monde, assure-toi que je suis pas là. Compris ?Sa voix était sèche et sans appel. L'homme n'y comprenait rien. D'où est-ce qu'elle sortait celle-là ? Et pourquoi elle en avait après lui ? Et comment elle faisait ça ? Il n'en savait rien, mais son instinct de préservation lui hurlait de ne surtout pas la provoquer, et de se barrer d'ici le plus vite possible. Il hocha la tête, et vit alors la hache fuser vers son cou. Il savait sa dernière seconde venue...
...lorsqu'il entendit un bruit de bois. La hache s'était plantée juste à coté de sa tête. Il regarda sa lame pendant une seconde, muet de terreur, avant de lâcher un cri de fillette, se lever précipitamment et courir vers la sortie, abandonnant son arme. Lucy n'essaya pas de le rattraper. Il avait eu son compte pour les dix prochaines années. Elle se releva et se retourna vers le jeune homme qui avait été témoin de la scène sans pouvoir en placer une.
Mon amie aimerait vous parler. Je vous paye un verre ? fit-elle en désignant Amélie de la tête. Cette dernière avait vu la scène de loin sans intervenir, l'air consternée.