Le Grand Jeu - Forum RPG Hentai

Bonjour et bienvenue.

Ce forum présente des œuvres littéraires au caractère explicite et/ou sensible.
Pour ces raisons, il s'adresse à un public averti et est déconseillé aux moins de 18 ans.

En consultant ce site, vous certifiez ne pas être choqué par la nature de son contenu et vous assumez l'entière responsabilité de votre navigation.

Vous acceptez également le traitement automatisé de données et mentions légales de notre hébergeur.

Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Nos partenaires :

Planete Sonic Reose Hybride Yuri-Academia L'Empire d'Argos Astrya Hybride Industry Iles Mystérieuses THIRDS Petites indécences entre amis
Inscrivez-vous

Lyan Rose

Terranide

Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

mardi 08 avril 2014, 14:17:14

- Terra ? Qu'est-ce que tu irais faire là-bas ?

Tu en avais parlé à ton assistante favorite, cette chère Purity qui s'inquiète en ce moment pour toi. Ta volonté de retourner sur Terra. Non pas par envie de revoir ta famille, qui était sans doute dispersée partout à Nexus. Ni même par nostalgie. Tu avais passé trois ans enfermé dans une maison, il t'en coûtait de retourner sur cette terre maudite à tes yeux. Mais il le fallait à tout prix, pour ton bien et celui de tes proches. Tu le savais, quelque chose approchait. Quelque chose allait venir menacer vous menacer, tes proches et toi. Ton instinct ne t'avait jamais menti. Tu devais être prêt à tout, et ça commençait par une étape inévitable.

- Je vais aller me chercher une arme.

Une arme qui te permettrait de les protéger. Qu'il s'agisse d'un artefact magique, une véritable arme, un charme ou quoi que ce soit d'autre. Il te fallait cette arme à tout prix. Tu avais donc quitté ton bureau en laissant une note sur la table, disant que tu es en congé pour une semaine. La raison officielle étant que tu as contracté une mauvaise maladie et qu'il te fallait rester chez toi pour te reposer. Ce qui en soi est une raison assez banale, une excuse bateau pour quiconque veut perdre quelques jours chez soi. Mais elle était ridicule chez toi. Tu ne pouvais pas tomber malade. La nanomachine en toi s'occupait aussi des virus et autres choses qui pourraient t'affaiblir. Tu étais toujours au meilleur de ta forme grâce à cette petite machine.

Ton départ n'avait pas pris beaucoup de temps. Tu avais pris des vêtements de rechange, tu avais rempli le fond de ton sac de munitions, tu t'étais préparé à faire un choix que tu allais regretter. Grâce à Razel, tu savais qu'un portail avait été découvert près d'un cimetière. C'était ta destination, et l'endroit où tu allais atterrir serait totalement aléatoire. Tu priais pour arriver à Nexus ou à Tekhos, mais ce que tu redoutais le plus était d'arriver à des endroits comme Ashnard ou les terres sauvages. Tes options étaient limitées. Et tout, à partir de maintenant, reposerait sur ta chance.

Tes deux armes se trouvaient aux côtés de tes côtes, et toi-même tu te trouvais en face du portail. Tu hésitais à y entrer. Il n'y avait pas de retour à ta vie habituelle pendant un certain temps si jamais tu entrais dans cette distorsion étrange. Tu le pressentais, ce portail était un portail à sens unique. Tu ne pourras pas faire demi-tour. Tu avales ta salive, tu te masses les tempes et tu entres. D'un coup, sans préparation.

La première chose que tu vois est une patte griffue s'approcher de ton bras droit. Tu n'as pas le temps d'esquiver. La douleur est intense, et tu portes ta main à ton bras. Avant de remarquer qu'il n'est plus là. Il a disparu loin derrière toi, emporté par les griffes puissantes de ce monstre en face de toi. Tu ne saurais pas dire à quoi il ressemble exactement... Un croisement entre un loup et un rhinocéros, tout ça monté sur ses deux pattes arrière, peut-être ? Une deuxième attaque arrive pour attaquer ton flanc. Cette fois tu es préparé, et tu sautes en arrière. Emporté dans son élan, la créature te montre son dos. Tu regardes ton bras droit au loin, et ton plan se met en place.

Il était temps pour toi de faire marcher ta nanomachine. Tu cours vers ton bras, et tu appliques les deux parties sectionnées l'une sur l'autre. Comme toujours, la douleur s'installe le temps que le bras se ressoude. Le monstre charge vers toi, mais tu es prêt. Tu glisses entre ses pattes arrière, et tu dégaines tes deux flingues. La première étape est de tirer dans ses tendons, afin de l'empêcher de rester debout. Tu vises donc rapidement, et tu tires deux balles qui viennent se ficher dans ses pattes. Une d'entre elles s'affaisse, et il se retourne comme il peut vers toi. C'est à ton tour d'entamer l'offensive.

D'un coup de pied, tu renverses la créature en arrière, qui tombe lourdement sur le sol. Avant de lui laisser le temps de réagir, tu grimpes sur son ventre et tu lui décoches un magistral coup de pied dans la mâchoire. Il hurle, il tente de te griffer mais ses pattes ne t'atteignent pas. Toi, tu es occupé à lui ouvrir la gueule avec un bras. Après deux bonnes minutes de lutte, tu finis par réussir à lui ouvrir légèrement la gueule, laissant un petit espace entre ses dents où tu glisses ton bras droit. Dans une explosion sanglante et une demi-douzaine de détonations, le monstre arrête de se débattre. Tu viens de lui vider un chargeur dans la gueule.

Tu constates donc, après sa mort, que tu as dû arriver dans l'un des pires endroits possibles pour un grand retour sans être armé de manière adéquate. Les contrées du Chaos. Tu es arrivé depuis à peine dix minutes, mais tu es déjà dans un état pitoyable. Ton costume est déjà déchiré et il lui manque une manche, ton bras droit est couvert de sang, ton visage est parsemé de plusieurs gouttes du sang de la bête et clairement, la chemise blanche de ton costard ne passera plus jamais au lavage. C'est le début d'une journée de merde pour toi, tu le sens bien.


- Au moins, je n'ai pas à me soucier du repas de ce soir. J'espère que c'est comestible, cette merde...

C'est ta façon de relativiser. Tu as perdu un bras dès ton arrivée sur Terra, tu as dû t'occuper d'une grosse bestiole pendant une bonne dizaine de minutes, et ton costard est foutu. Ce dernier point te met bizarrement plus en colère que la perte temporaire de ton bras. Tu avais payé ce costume-là assez cher, et il était maintenant déchiré de partout. Tu regardes à ta droite, et tu vois de la fumée ainsi que quelques bâtisses. Un village est donc à quelques kilomètres de ta position. C'est bon à savoir. La mission est de survivre plus que de trouver une arme, désormais. Si tu pouvais combiner les deux, tu serais aux anges. Mais là, il s'agit plutôt de vivre avant de penser à devenir plus fort.

Tu entends un craquement derrière-toi. Instinctivement, tu braques ton flingue derrière toi avant de te souvenir qu'il est vide. Tu le baisses donc, et tu te retournes doucement. Seuls trois mots sortent de ta bouche.


- Qui est là ?

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 1 mardi 08 avril 2014, 19:33:58

Les contrées du chaos, bordel ce qu’elles portaient bien leur nom. Une détestable étendue constituée d’un ensemble de riens. L’on pouvait aisément passer du désert aride à la jungle humide et vorace. C’était un beau n’importe quoi dont personne ne voulait et qu’un jour, un homme bien inspiré avait renommé ainsi. Se côtoyaient des enfers de verdure et sa faune particulièrement bien adaptée et dangereuse d’un côté, et des plaines où aucune forme de vie ne pouvait se targuer de survivre de l'autre. Même les vautours ne s’y plaisaient plus, faute de nourriture. Il était de plus extrêmement précieux de pouvoir posséder une carte à peu près correcte de cet endroit, car rares étaient les aventuriers assez fous pour avoir envie d’en répertorier la géographie. Pas vraiment le lieu où passer ses vacances, donc. Pas même la meilleure destination pour aller faire ses courses.

Et pourtant, Andrea y était, et avec le sourire. Cela faisait déjà huit jours qu’elle avait mis les pieds sur ce territoire si peu accueillant. Huit putain de nuits à galérer pour trouver un endroit où dormir où elle ne risquait pas de finir les entrailles à l’air dans son sommeil. La jeune femme avait vite appris que les animaux de Terra n’étaient pas aussi accueillants que ceux de sa bonne vieille terre, où les vieux lions du zoo baillaient pour le plaisir des visiteurs avant de retourner faire la sieste à l’ombre d’un arbre. Ici, les bêtes étaient en liberté, elles devaient se nourrir puisque personne ne leur apportait leur dose de viande sur un plateau. Chaque humain fragile qui passait par là était une cible intéressante. Andrea, même avec la peau sur les os, faisait partie de ce garde-manger géant que constituait les visiteurs dans cette zone des moins fréquentées de Terra.

Evidemment, quand elle avait dit à Law qu’elle comptait traverser les contrées du chaos pour se rendre jusqu’à Ashnard, dans une obscure boutique et y récupérer un objet magique, il avait un peu fait la gueule. Cela avait été des plus compliqué à lui expliquer l’importance de ce miroir qui montrait à son propriétaire n’importe quel lieu, n’importe quand. Evidemment, le futur n’était pas aussi facile à lire et ce n’était qu’interprétations et possibilités. Mais le passé et le présent étaient clairs. C’était un pouvoir bien trop intéressant et pratique pour qu’Andrea ne crache dessus. Surtout, inconsciemment, elle avait besoin de savoir comment son père allait. Et si Seiji était en vie. Elle voulait le voir d’elle-même, ne pas avoir d’informations déformées. S’il était hors de question de retourner sur Terre, trop méfiante de ses proches qui avaient sûrement lancés des avis de recherche, elle préférait se servir de ce miroir. Surtout qu’il avait bien d’autres intérêts. Il serait d’une utilité certaine au quotidien. Law pourrait accroître son influence et la qualité des informations remontant à ses oreilles. Et savoir, c’est contrôler. Il lui fallait ce jouet.

Law n’avait pas paru enchanté. Il ne lui avait pourtant pas interdit, il ne lui interdirait jamais rien. Il l’avait plutôt mis en garde sur les dangers d’un tel voyage, surtout seule. Mais depuis les nombreux mois passés à ses côtés, Andrea avait progressé de jour en en jour. Se battre était devenu un entraînement quotidien. Elle apprenait certes beaucoup la théorie, et trouvait toujours quelqu’un dans le casino pour la faire pratiquer. Mais la réelle expérience du terrain, elle en manquait cruellement. Cela arrivait de temps en temps dans une taverne le soir alors qu’elle y traînait par hasard, se faisait accoster. Et qu’elle ripostait sans attendre d’excuses. Mais les piliers de bar, les roublards communs de Nexus n’étaient pas réellement un obstacle pour elle. Depuis son arrivée ici, elle avait eu des adversaires nettement plus coriaces. La preuve, les deux esclaves qui avaient fait le voyage avec elle n’en étaient pas sortis indemnes. Ils savaient pourtant se battre, mais avaient protégé une fois de trop Andrea. La jeune femme détestait l’idée de ne devoir la vie qu’au sacrifice de personnes qu’elle avait appris à apprécier malgré leur condition.

Ces deux dernières journées passées seule, elle n’avait eu d’autre choix que de s’en sortir seule. Et son apparence témoignait de ses efforts. Ses cheveux, noués en une longue natte, n’étaient plus vraiment brillants et à peine devinait-on encore le blond qui les caractérisait. Son visage était fatigué, coloré d’une teinte oscillant entre la boue et le sang. Le sien, par les estafilades sur sa joue droite, son cou, le haut de sa poitrine et ses bras. Des égratignures qui restaient rouges et gonflées, inflammatoires puisqu’elle n’avait aucune possibilité de les soigner correctement ni même de les nettoyer. Ses vêtements étaient étonnamment en meilleur état que sa peau, la matière étant lourde et résistante. Elle avait bien fait de choisir dans le dressing démesuré de Law, y trouvant une tenue de qualité qu’elle n’aurait certainement pas pu se payer elle-même.

Fatiguée, Andrea était fatiguée. Et pourtant, à aucun moment elle n’avait eu peur de mourir. Il était étrange que la seule chose qui reste de son existence maussade et inexpressive soit cette absence de terreur ou d’anxiété. C’était comme si la jeune femme avait la certitude que tout e finirait bien. Qu’elle n’était pas amenée à mourir ici, maintenant. Avançant toujours, la longue dague adaptée à son poids entre les mains, Andy commençait à sentir ses jambes. Il allait falloir se reposer à un moment ou à un autre. Il y avait bien trois jours qu’elle avait perdu sa monture, qui avait capitulé et refusé de bouger. Andrea l’avait donc laissée à une ferme avoisinante contre des provisions, au grand soulagement de la jument qui l’avait accompagnée. La jeune femme s’était promis de la récupérer au retour, mais rien n’était moins sûr. Il fallait déjà qu’elle arrive à Ashnard, se fasse totalement oublier, réfute toute appartenance à Nexus, et mette la main sur l’objet de sa convoitise. Facile.

Andy regrettait presque d’avoir refusé l’aide de Law. Encore une fois, elle avait voulu faire toute seule, certaine que ce voyage lui serait bénéfique. Ah ça oui, il le serait ! Si elle ne perdait pas un membre au passage. Pestant et fronçant le nez devant sa propre odeur des plus pestilentielles, la jeune femme s’arrêta soudainement pour s’accroupir derrière un des rares arbustes du paysage. Au pied de la dune sur laquelle elle se tenait, un homme finissait d’achever ce qui devait être une mauvaise rencontre. Elle se redressa pour faire demi-tour et éviter tout ennui que pourrait provoquer un face-à-face à l’issue incertaine, mais un bruit dénonça sa présence. A quelques mètres d’elle, le son d’une arme que l’on dégaine. Elle se retrouva avec un canon braqué sur elle et l’idée que mourir d’une arme à feu sur Terra était vraiment un trait d’humour. Heureusement pour elle, le coup ne partit pas et le propriétaire du flingue laissa son bras redescendre.

« Bonjour à vous aussi. J’ai de la chance que vous soyez à sec. »

Andrea prit le temps de le dévisager. Elle ne devait pas avoir l’air plus fraîche que lui. Mais ce qui l’interpella, ce fut son costume, et son arme. Rien de commun, par ici. Certes, la technologie du côté d’Ashnard n’était pas la même qu’à Nexus, mais tout de même. Et surtout, que ferait un homme en costume au beau milieu de ces contrées peu accueillantes ? Il n’avait rien de l’aventurier, et semblait comme sorti de nulle part. Andrea, satisfaite de voir l’arme déchargée, contourna l’homme et se pencha sur le cadavre de sa victime. Elle plissa le nez, retourna sa dague pour ouvrir proprement le ventre de la bête sur toute sa longueur, laissant les entrailles se répandre hors de la plaie béante. L’odeur était nauséabonde et imprégnerait ses cheveux et ses habits, pourtant Andrea n’en resta pas là et planta son arme dans le sol avant de plonger les mains dans la bedaine éventrée, pour en ressortir le foie et le cœur. Elle les nettoya tant bien que mal contre la fourrure épaisse de la bête avant de les soupeser.

« Pas mal, beaux morceaux. Ce sont les seuls qui soient comestibles dans ce genre de bestiole. N’essayez même pas le reste. Je suppose qu’un étranger à Terra ne pouvait pas le deviner. »
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Lyan Rose

Terranide

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 2 mercredi 09 avril 2014, 01:29:13

Tu dévisages la nouvelle venue avec un air amusé. Elle était couverte de boue et de sang, ses cheveux étaient si sales que tu n'aurais su dire si elle était blonde ou brune. Elle ne semblait pas en mener plus large que toi, mais semblait avoir voyagé depuis plus longtemps. Ton regard se porte sur sa lame avant tout. Epée courte ? Non, plutôt une dague longue. Tu regrettes de ne pas avoir pris une arme de corps à corps, d'un coup. Tu manques clairement de matériel de survie. Tout ce que tu as sur toi qui serait utile serait un briquet. Tu es occupé à réfléchir à ta propre survie, et tu entends à peine sa réponse. Mais de ce que tu en as entendu, ce ne sera pas maintenant que tu connaitras son nom.

Elle se penche sur ta victime du jour et s'occupe de lui ouvrir le ventre et en sortir les intestins. Toi, tu regardes, intéressé. Elle ne te donne pas l'impression d'avoir vécu toute sa vie dans le coin. La manière dont elle plisse le nez devant l'odeur des tripes te montre qu'elle n'est pas habituée à ce subtil fumet. De la direction dont elle vient, tu ne saurais le dire avec clarté, mais ton sens de l'orientation te dit qu'elle vient de Nexus. Elle plonge les mains dans cet océan de barbaque qu'est le corps de la bestiole et en ressort deux organes que tu reconnais assez facilement, en bon habitué des scènes de crime. Le coeur et le foie.


- Pas mal, beaux morceaux. Ce sont les seuls qui soient comestibles dans ce genre de bestiole. N’essayez même pas le reste. Je suppose qu’un étranger à Terra ne pouvait pas le deviner.

Heureusement qu'elle t'a prévenue, non ? Si tu n'avais pas eu sa visite, tu aurais privilégié d'autres organes. Tu n'en serais pas tombé malade, mais il aurait été louche que tu aies dépouillé toute la bête. Tu ne voulais pas attirer l'attention. C'est là que tu as capté la fin de la phrase. Elle savait que tu n'étais pas de Terra, ou du moins que tu n'y es pas resté assez longtemps pour connaître la faune. Pour le savoir, il fallait connaître l'existence de la terre, ses coutumes, ses vêtements, ses armes... Bref, il lui fallait avoir été sur terre au moins une fois. C'est sans doute grâce au Beretta ou à tes habits qu'elle a compris que tu venais tout juste de revenir sur Terra. Sinon, elle t'aurait sans doute pris pour un humain ou un terranide, selon sa perspicacité.

Tu te penches vers ton sac, et tu pousses tes vêtements de rechange pour attraper l'un des nombreux chargeurs au fond du sac. Tu retires le chargeur vide de ton flingue, et tu le remplaces par un chargeur lui tout à fait plein. Tu guettes la réaction de la jeune femme du coin de l'oeil. Qu'elle ne fasse pas de fausse peur.


- Ne vous méprenez pas. Je n'ai pas prévu de vous tuer ou quoi que ce soit. C'est juste qu'on n'est jamais en sécurité dans ce coin.

Tu ranges ensuite ton arme dans ta poche, avant de regarder la dépouille de ce monstre que tu avais abattu. Il y avait sans doute quelque chose à faire de ces restes, mais tu ne savais pas quoi. Cela faisait trop longtemps que tu étais venu sur Terra, tu ne te souviens à peine des règles de base. La confiance est quelque chose que l'on a tendance à accorder assez facilement dans les contrées du Chaos entre entités autres que ces sales bestioles, tu le savais. Mais tu restais d'un naturel assez méfiant. Sans doute une déformation professionnelle. Tu t'assois donc sur une pierre, en attendant de briser la glace. Tu sors une cigarette de ton paquet et tu l'allumes avec ton briquet. Après la première bouffée, les mots commencent à te venir. Un torrent de questions, en fait. Mais tu n'allais pas les poser toutes à la fois, ça donne une assez mauvaise image.

- Mon nom est Lyan Rose. Et vous ?

Tu attends sa réponse, tranquillement. Il manquait un peu de tact dans ton ton, mais ce n'était peut-être pas si gênant que ça. A la limite, on pourrait penser que tu es un peu bourru, voilà. Ce qui t'intéressait avant tout, c'était sa raison de se trouver dans cet endroit où la mort est en quelque sorte un soulagement. Les contrées du Chaos ne portaient pas leur nom pour le plaisir d'avoir un nom super ténébreux. Ta mère te disait quand tu étais enfant que pour vouloir traverser ces terres, il fallait être soit fou, soit un aventurier. Ce qui était en soi la même chose. Tu tires une latte sur ta clope, avant de poser ta deuxième question.

- Et qu'est-ce qui vous amène dans les contrées du Chaos ? C'est pas l'endroit le plus touristique de Terra...

Ta main tremble un peu. Les nerfs ne se sont pas encore tout à fait ressoudés. C'est ce qui prend le plus de temps à la nanomachine dans ton corps, ce qui est en soi une bénédiction et une malédiction à la fois. Tu es immunisé à la douleur dans les membres qu'on te coupe le temps qu'ils se ressoudent totalement, mais ils restent engourdis et maladroits. C'est un problème que tu aimerais voir réparé si tu te rends à Tekhos un jour, même s'il ne sera pas évident de te faire opérer de nouveau pour ajouter une deuxième nanomachine. Il te faudrait convaincre ces sales misandres de tekhannes, et tu en frissonnais rien que d'y penser.

Une dernière question, ou plutôt une proposition, te vient à l'esprit.


- Je n'ai pas vraiment d'endroit où je dois me rendre, alors voilà ma proposition : on voyage tous les deux dans ce territoire maudit. On a plus de chances de s'en sortir comme ça, non ? Je n'en ai peut-être pas l'air, mais je sais me démerder quand même.

Tu montres tes griffes et tes crocs de tigre à la jeune femme, dans un sourire. Tu savais d'expérience qu'un geste valait tous les mots du monde.

- Je ne suis pas tout à fait terrien, après tout.

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 3 mercredi 09 avril 2014, 17:01:33

Après avoir fouillé dans son sac jusqu’à en sortir un tissu à peu près propre, Andrea y posa les deux organes encore chaud et leur confectionna une petite prison de tissu, qui s’imbiba rapidement de sang. Au moins pouvait-elle enfin poser son butin par terre et s’essuyer les mains couvertes de puanteur. Le liquide un peu visqueux collait à sa peau, s’incrustait sous ses ongles. Andrea avait besoin d’un récurage complet et profond. Elle puait. Elle ne ressemblait à rien. Mais cet état de fait avait un avantage. Plus elle se gorgeait de l’odeur des bêtes rencontrées et tuées en chemin, plus elle repoussait les autres. Les prédateurs de ces contrées avaient établi une sorte d’alliance muette, qui les faisait cohabiter dans un même endroit sans s’attaquer ni se voler les proies. A part quelques exceptions –les Vandiens étaient de vraies teignes incapables de vivre en société-, les créatures du coin restaient respectueuses de leurs adversaires d’une force égale. Sentir une demi-douzaine de bêtes les plus dangereuses que l’on pouvait trouver par ici était au final un avantage. Andrea se promit d’ailleurs de ne pas laver ces vêtements et de les garder comme un efficace repousse mauvaises rencontres.

Ce fumet, elle l’avait gagné au fil de ses rencontres et ne comptait pas se débarrasser aussi facilement de l’avantage qu’il lui offrait. Mais ses ongles avaient besoin d’être brossés, ses cheveux lavés, et sa peau libérée de la couche de crasse qui la couvrait intégralement. Il devenait urgent de faire quelque chose. Et si sa propre odeur la faisait parfois grimacer, Andrea n’était pas suffisamment aveuglée par son état pour ne pas voir du coin de l’œil le pistolet être chargé. Elle se tendit immédiatement, comme par réflexe, alors que sa raison lui dictait de ne pas réagir. Les paroles de l’inconnu confirmèrent ses pensées premières. Il n’y avait pas lieu de s’inquiéter, l’homme n’avait pas de mauvaises intentions. Cela se voyait. Et pourtant, son instinct restait comme acéré après huit jours passés ici.

Ses muscles se détendirent peu à peu, laissant retomber la pression alors que sa main quittait progressivement sa dague, sans même que la jeune femme ne remarque qu’elle l’avait saisie. Qu’espérait-elle, contre une arme à feu ? Contrer les balles avec sa lame ? Il n’y avait que dans les films terriens que l’on voyait ça. Et pas les meilleurs. S’il avait eu envie de la tuer, elle n’aurait sans doute rien pu faire. Mais c’était déjà le cas trois minutes auparavant, alors pourquoi s’en inquiéter maintenant ? A partir du moment où elle avait choisi de ne pas se jeter sur lui pour le déposséder de son sac et ses armes, prenant le risque de perdre, Andrea avait signé son arrêt de mort, envisagé par la partie méfiante de son cerveau. Et pourtant, l’énergumène s’assit sur un rocher et prit le temps de fumer sa clope.

Andrea faillit baver d’envie. Cela faisait des années qu’elle n’avait pas savouré le plaisir d’un baton de nicotine entre les lèvres. Cela ne lui avait jamais vraiment manqué, mais maintenant qu’elle voyait une bonne vieille cigarette, ses doigts la démangeaient. Elle ne bougea pourtant pas, et reprit son arme pour commencer à découper la peau au niveau de la carotide, essayant de ne pas percer la chair. Elle rasait l’animal, décollant la fourrure de sa peau pour ne garder que les poils. Andrea échoua par endroits, laissant le sang gicler sur ses mains où les précédentes coulées avaient déjà séché. Du bras, elle épongea son front où perlait la sueur sous l’effort et la température, pas très élevée mais sèche, qui agressait sa peau et lui donnait parfois des difficultés à respirer. Elle continua consciencieusement, ignorant pour le moment ses paroles jusqu’à pouvoir tirer toute la peau jusqu’aux pattes, la pliant en ignorant les morceaux de chair qui y restaient accrochés. Une telle peau valait de l’argent en ville, que ce soit à Ashnard ou à Nexus, et cela lui paierait probablement une petite monture pour le retour. Elle la rangea soigneusement dans son sac avant de se retourner vers… Lyan, donc.

« Andrea Leevi. Andrea, le nom n’a aucune importance. Et franchement, vous êtes difficile ! Il n’y a rien de mieux qu’un endroit bien mortel, bien dangereux et au climat détestable pour passer ses vacances. »

Andrea faisait de l’humour mais ne souriait pas. La fatigue pesait depuis trop longtemps sur ses épaules, et surtout elle n’avait pas le cœur à sourire. Pas après avoir perdu ses deux compagnons de route et ne retrouver que maintenant une compagnie humaine. Elle s’était presque habituée au silence, à la solitude. De nouveau. Conservant l’image de Law pour continuer à poser un pied devant l’autre. Pourtant, son ton était cynique, manifestement amusé. L’information ne parvenait juste pas jusqu’à son visage.

« J’ai une petite course à faire du côté d’Ashnard, en frontière avec ce magnifique territoire. Valigaï n’est plus très loin, et c’est le trajet le plus court pour y parvenir. »

La jeune femme hésita un moment, pesa le pour et le contre. Une personne de plus à se méfier, mais aussi un soutien pour la fin de sa route. Pouvait-elle lui faire confiance ? Bien sûr que non, et ce n’était d’ailleurs pas son intention. Elle n’en avait pas besoin. Toutefois, un peu d’aide ne serait pas forcément de trop. Les bêtes qui se risquaient près des frontières de la ville étaient les plus dangereuses, car soumises au plus grand prédateur qui soit : l’Homme. Si elles persistaient à vivre proches des habitations et à y dérober de quoi manger, c’est qu’elles s’étaient formées une résistance particulière aux attaques humaines. Cet homme avait une arme à feu. Et devant un Vandien, elle n’allait pas s’en passer aussi facilement. Ces espèces de tigres avaient développés une capacité d’une autre espèce bien connue : le caméléon. Un tas de griffes et de crocs que l’on ne peut pas voir. Une raclure de la pire espèce.

« Vous n’en avez effectivement pas vraiment l’air. Et je me demande qui de vous ou de moi en profite le plus, mais… Si vous voulez. Je ne suis pas contre l’idée d’avoir un flingue de mon côté. Par contre, je compte bien passer la nuit dans ce village là-bas, j’ai besoin urgent d’un bain. Et vous aussi, d’ailleurs. D’où viens tout ce sang ? Et vous, d’où venez-vous exactement ? »

Si Andrea parut surprise par les atouts animaliers de Lyan, elle n’en laissa rien paraître. Pourtant, au fond d’elle, la méfiance s’était accrue. Un terranide ? Elle ne les connaissait que mal, encore, et ne savait pas vraiment sur quel pied danser en leur présence. Lyan jouait franc jeu avec elle, au moins. Il avait cela pour lui. Mais que foutait-il sur Terre, avec ses armes et ses costumes ? Andrea remit son sac sur son épaule, et récupéra sa dague qu’elle rangea à sa ceinture de cuisse, un simple morceau de cuir qui maintenait la lame contre sa jambe, en sécurité mais au plus proche d’elle.

Restant loin de lui, l’œil prêt à suivre le moindre de ses mouvements, Andrea s’attarda sur le sang. Au niveau du bras. Pourtant, elle ne voyait aucune plaie ni aucune raison d’avoir saigné. Etait-ce celui du monstre ? Encore plus étrange, puisqu’il avait été abattu par balle. Cela ne collait pas au sang tâchant la chemise, semblant laisser paraître une giclure plutôt importante. Trop de questions ne lui disaient rien qui vaille. Peut-être n’était-ce pas une bonne idée. Hein, Law ? Ne faire confiance à personne.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Lyan Rose

Terranide

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 4 mercredi 09 avril 2014, 21:49:06

Tu avais ri. Ri comme tu n'avais pas ri depuis des semaines. Malgré ton naturel assez méfiant, tu n'avais pas une seconde pensé qu'elle pourrait être un danger pour toi, et tu ne t'en étais pas même préoccupé. Tu lui avais fait confiance dès le début, sans même réfléchir au fait qu'elle aurait pu te poignarder dans le dos depuis le début. Mais elle, elle en avait conscience. Tu pouvais finir sa vie n'importe quand, il te suffisait de la braquer et d'appuyer sur la gâchette. Elle n'aurait même pas la chance d'esquiver ou de parer : une balle est largement suffisante pour clouer quelqu'un au sol. Elle le savait pertinemment, et c'est pour ça qu'elle ne te faisait pas confiance. Ce que tu pouvais comprendre. N'est pas immortel qui veut. D'un seul geste d'une seule main, tout ce qu'elle possédait pourrait s'envoler. Cette dague, cette peau qu'elle avait fraichement découpée, cette volonté de se rendre à Ashnard... Cette vie qu'elle avait protégé du mieux qu'elle a pu.

- Vous n’en avez effectivement pas vraiment l’air. Et je me demande qui de vous ou de moi en profite le plus, mais… Si vous voulez. Je ne suis pas contre l’idée d’avoir un flingue de mon côté. Par contre, je compte bien passer la nuit dans ce village là-bas, j’ai besoin urgent d’un bain. Et vous aussi, d’ailleurs. D’où viens tout ce sang ? Et vous, d’où venez-vous exactement ?

Une nouvelle fois, elle se méfiait de toi. Les personnes que l'on a brisé se recyclent. Il en va de même avec la confiance. Elle s'apprend, la confiance. Et il n'y avait pas d'autre moyen de lui apprendre que de voyager avec elle, lui montrer que tu es un fier terranide qui n'a pas besoin que de ses deux Beretta pour survivre. Tu es meilleur que ça. Tu peux tuer, avec ces griffes. Tu peux déchiqueter, avec ces crocs. Tu es l'un des pires prédateurs dans cet univers car tu as quelque chose que les autres n'ont pas : l'immortalité. Peu importe qu'on te coupe les membres. Ils se ressouderont, ou au pire repousseront.

Tu ris de nouveau lorsqu'elle te pose ses deux dernières questions. Si elle savait, comment réagirait-elle ? Partirait-elle en courant ? Tenterait-elle de t'attaquer ? Une chose était certaine, c'est qu'elle ne risquait pas de bien réagir avec tant de méfiance. Elle n'est sans doute pas idiote, et saurait reconnaître la menace que représente un être immortel. Personne n'est à blâmer pour ça : les héros ne meurent jamais, mais c'est aussi vrai pour les vilains, les vrais. Or, avec le nombre de têtes qui sont tombées par ta faute, tu te rapprochais plus du vilain que du héros. Ton rire s'éteint à cette pensée, et tu t'assombris. Il est temps de lui répondre, non ?


- Je ne voudrais pas être prétentieux, mais je propose ça tout à votre avantage. Mes deux avantages ici sont que j'aurais de la compagnie, et qu'il sera légèrement moins difficile pour moi de sortir d'ici.

En effet, même si tu ne pouvais pas mourir à moins de crever de faim ou de soif, tu n'en étais pas moins perdu. N'aie pas confiance en tes yeux, il est trop facile de les croire. Sais en ton coeur que tu peux quitter cet endroit, et ce sera tout. C'est ce que tu pensais. Cela te prendrait des mois afin de t'y retrouver, mais tu y arriverais. Une chose était claire cependant, c'est qu'une semaine ne suffirait pas à trouver une arme digne de ce nom. Elle se dirigeait vers Ashnard, donc la technologie tekhanne ne serait pas à ta portée. Ce n'était pas la bonne direction. Trouver une relique à Nexus était également hors de question. C'était carrément la direction opposée, cette fois. Le seul endroit où tu trouveras une arme sera donc à Ashnard. Et tu savais ce qu'il te fallait, tu en avais tant entendu parler !

- Ce sang... c'est le mien. Ce serait assez long à expliquer, mais cette saloperie m'a entaillé sérieusement. Disons que je cicatrise vite.

Voilà, tu l'avais dit. Tu n'as pas mentionné le fait que c'est un bras que tu t'es fait arracher, et non pas juste une petite entaille. Mais ça, la dénommée Andrea n'avait pas à le savoir. Tu reprends donc rapidement, comme pour changer de sujet. Tu voulais éviter de parler de ton immortalité tout de suite.

- Et d'où je viens... Je viens d'une ville qui n'est pas sur Terra, mais je pense que vous le savez. Je viens de la ville de Seikusu. J'y occupe la fonction de procureur, et je suis revenu sur Terra à la recherche d'une arme.

Il était également trop tôt pour lui parler de l'arme que tu comptais acquérir une fois à Ashnard. Il s'agissait d'une arme assez connue, un trésor parmi l'armée Ashnardienne. Son nom est Honesty, et il s'agit d'un petit couteau de cristal qui peut prendre la forme de n'importe quelle arme. Les seules limites sont l'imagination et le mana de l'utilisateur. L'arme est gourmande en mana, mais on peut créer n'importe quoi avec ce couteau. Il était trop idiot que cette arme ne serve que de décoration, dans une vitrine qui lui retirait de son éclat. Une arme rêvée pour toi, qui avais toujours eu une grande imagination dans l'art de tuer mais qui manquais de moyens. L'immortalité ultime, couplée à l'arme ultime... tu aurais le potentiel de devenir le meilleur tueur de tous les temps.

Mais surtout, avec Honesty, tu pourrais protéger Purity. Protéger Razel. Protéger tous ces gens qui t'étaient si précieux. Peu importe qui se dresserait devant toi.

Les protéger contre n'importe qui. Contre n'importe quoi.

Ce serait ton plaisir.

Tu te lèves, tranquillement. Tu récupères ton sac, et tu le passes autour de ton bras. Le soleil n'allait pas tarder à se coucher, et les bestioles allaient sortir d'une minute à l'autre. Tu ne voulais pas perdre un autre membre après à peine quelques minutes sur Terra. Ce qui était compréhensible, maintenant que tu as de la compagnie. Qu'allait penser Andrea si tu perdais une jambe mais que tu te la recollais comme si de rien n'était ? Tu serais obligé de lui donner un bon coup de crosse dans la nuque pour l'assommer et lui faire croire que ce n'était qu'un mauvais rêve... Et tout cela n'avait rien de plaisant. D'un signe de la tête, tu lui fais signe de partir.


- On ferait mieux de se mettre en route tout de suite, alors... Il y en a pour quelques kilomètres de marche.

Tu commences à marcher dans la direction de la fumée, puis tu te retournes.

- Si vous avez des choses à me dire, autant le faire sur le chemin. Une fois dans le village, parler d'Ashnard sera assez difficile. Les murs ont des oreilles, les patates ont des yeux.

Puis, après t'être retourné pour faire face à ta destination, tu finis ta déclaration.

- Evidemment, si vous avez des questions, j'y répondrai. La première étape du chemin vers la gloire, c'est la confiance.
« Modifié: jeudi 10 avril 2014, 12:35:56 par Lyan Rose »

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 5 jeudi 10 avril 2014, 18:40:33

Ayant enfin terminé son œuvre de dépeçage de la bête, Andrea reprit son sac sur l’épaule avant de s’approcher, méfiante, de Lyan. Elle le dévisagea, alors qu’elle le dépassait puisqu’il était assis devant elle. Définitivement, il devait venir d’ici mais avoir passé un paquet d’années sur leur bonne vieille terre. L’allure était trop humaine pour évoquer quoi que ce soit d’autre. La jeune femme laissa éclater un rire amusé à l’évocation du profit qu’elle retirerait de sa compagnie.

 « A mon avantage, hein ? Rien de prétentieux en effet. Si tu penses que j’ai besoin de tes dents pour atteindre Ashnard, tu te trompes. Ça fait plus d’une semaine que je pourris ici, et je n’ai pas encore perdu un seul combat. J’avoue avoir dû en fuir certains, mais je suis encore vivante, et en un seul morceau. Par contre, j’en ai vraiment marre de parler seule. »

Le tutoiement lui était venu naturellement, sans qu’elle y réfléchisse. Lyan avait rangé son arme, et il lui paraissait alors tout de suite plus sympathique. Enfin, autant qu’un échalas aux cheveux sombres et à la mine savamment mystérieuse pouvait l’être. Mais il dégageait une impression de calme, une aura de sérénité. Comme s’il n’avait pas peur d’être dans les contrées du chaos, seul, débarqué fraîchement de la Terre sans autre armes que des pistolets qui finiraient bien par arriver à court de munitions. Ah, et des crocs, rectifia Andrea qui lui compta quelques points supplémentaires pour ses attributs animaux. Au moins, eux, étaient-ils inépuisables. Comme s’il avait déjà vu bien trop de choses pour laisser la peur et l’excitation emplir ses veines. Andrea devinait bien être dans le même état, après huit jours passés par ici. Elle ne sentait même plus ses muscles faiblir, et ses dernières ressources avaient depuis longtemps été dépassées. Toutefois, elle restait impassible et tenait à simplifier leur conversation.

Elle ne vouvoyait plus grand monde, depuis son retour à Nexus. Le réflexe de politesse l’avait vite abandonné, laissant place à une évidente familiarité, avec tout le monde. Elle ne faisait plus les différentes de classes, de rangs. N’attachait pas d’importance à l’étiquette et aux coutumes. Plus maintenant. Chaque humain lui semblait sur un pied d’égalité et, si le costume terrien de Lyan lui avait rappelé ses anciennes habitudes, elle s’en défaisait aussitôt.

« Procureur à Seikusu ? »

Une question lui brûlait les lèvres. Un mot dévorait son cœur, menaçant de jaillir de ses poumons tout entier, hurlant son interrogation à la face du monde. Elle se retint pourtant, mais son corps entier se crispa. Elle en oublia même momentanément l’allusion à sa cicatrisation rapide, qui était toute simplement extraordinaire étant donné que lors de son arrivée, le corps encore chaud du monstre lui avait prouvé une mort récente. Brutalement, la jeune femme fut renvoyée quelques mois en arrière. Un regard suppliant, elle qui laisse un corps tomber dans le vide. Et l’absence de remords. La joie, la liberté ressentie par la suite. Encore à présent, la félicité qui étreignait son cœur. Andrea remercia le ciel d’avoir masqué ses traits, de colorer sa peau. Il aurait pu la reconnaître facilement. Elle se doutait bien que son père avait lancé des avis de recherche durant le coma de Seiji. Seikusu n’était pas une ville si grande que ça. Son visage était-il passé aux informations ? Depuis le temps, sa peau avait brunie et ses cheveux s’étaient encore un peu plus éclaircis, mais ses traits n’avaient pas été si modifiés que cela par le changement d’environnement. S’il la reconnaissait… Eh bien quoi ? Il n’allait pas la traîner pour la rendre à son géniteur.

Si Lyan était connaisseur de Terra, alors il devait bien se douter qu’une majorité des disparus de Seikusu finissaient ici, après avoir empruntés une faille, par hasard ou non. Rien d’étonnant à ce qu’elle se trouve là. Pourtant, ne sachant pas si Seiji était réveillé et s’il avait donné son nom, Andrea aurait tout aussi bien pu être accusée de tentative de meurtre qu’elle n’en saurait rien. C’est aussi pour cela qu’elle désirait ce miroir, pour assouvir sa curiosité et répondre à ses questions. Vivre dans le passé n’était pas une bonne idée, et elle avait promis à Law qu’il n’y aurait ni remords ni larmes. Et elle ne pleurerait pas, non. Andrea ne s’accrochait qu’à son demi-frère juste pour savoir. Savoir s’il expiait convenablement le crime dont il avait été accusé. Dans le cas contraire, il lui viendrait l’idée de prier un certain dieu reptilien pour réparer ce tort. Elle ne le laisserait pas impuni. Ce n’était que quand elle verrait de ses yeux ce que Seiji endurait qu’elle accepterait de tracer une croix définitive sur cet homme.

Pendant ce temps, son compagnon improvisé se leva et fit mine de partir. Andrea fourra les organes volés au monstre dans son sac, et se dépêcha de revenir à sa hauteur avant de le devancer d’un bon pas. Il avait raison, il valait mieux y aller franchement. Sa déclaration la plongea un long moment dans un mutisme alerte, ce monde ne lui permettant pas de se plonger entièrement dans ses pensées sans craindre la moindre attaque. La jeune femme restait donc alerte, à l’écoute, mais silencieuse durant dix bonnes minutes. Puis elle reprit enfin, décidée à ne pas laisser un fantôme revenir.

«  Tu veux que j’ai confiance en toi ? Tu es bien pacifiste, pour un homme de loi. Tu crains pour ta vie, à Seikusu, pour chercher une arme ? »

Andrea marqua une pause le temps de donner un coup de pied dans un caillou, le faisant valser au loin. Le son mat de son rebond sur la terre meuble lui répondit, alors qu’elle sentait le sang des organes de la bête traverser le tissu et imprégner son dos. Profondément désagréable. Vu son allure, pas sûre qu’elle puisse même entrer à Valigaï. Passer la nuit dehors, une nuit de plus, ne serait pas vraiment de tout repos pour la jeune femme et elle espérait encore pouvoir, au pire, se faire passer pour l’esclave un peu idiote de Lyan. Même si l’idée la répugnait. Et qu’elle se sentait subitement couverte de honte à cette idée. Devait-elle accepter de tout faire pour obtenir ce qu’elle désirait ? Vraiment tout, et se laisser jusqu’à réduire en un mot qui la terrifiait encore ? Andrea haussa les épaules en se morigénant. Elle trouverait bien une solution. Et les quelques pièces d’or qui tintaient au fond de ses poches quand elle jouait avec par habitudes suffiraient bien à convaincre le plus récalcitrant des aubergistes.

« Je n’irai pas plus loin qu’Ashnard, et toi ? Les routes ne sont pas des plus simples par ici. Depuis quand n’es-tu pas venu à Terra ? Tu vas t’y retrouver ? Je vais chercher une sorte d’arme, moi aussi. Et je compte courir très vite une fois que je l’aurais entre les mains. »

Ce qui l’étonnait le plus, c’est que malgré l’allure sombre de Lyan, le procureur semblait ouvert à la discussion, et enclin à lui faire confiance. Il n’avait en effet pas un instant douté de ses intentions, et jamais remis en cause sa distance vis-à-vis de lui. Et, tandis que les fumées se rapprochaient doucement mais sûrement au rythme soutenu de leurs pas, Andrea referma la sécurité de son arme. Définitivement, il ne semblait pas parti pour la tuer sur un élan de folie. Andy effleura la bague grossière à son doigt, songeant qu’elle aurait toujours des moyens d’endormir sa vigilance et de changer les choses si le besoin s’en faisait sentir. Mais pour le moment, Lyan ne semblait être qu’un agréable compagnon de route. Prions pour qu’il le reste, et que surtout elle ne soit pas amenée à vouloir lui fausser compagnie.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Lyan Rose

Terranide

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 6 lundi 14 avril 2014, 14:40:47

Le silence. Une plaie qui s'était installée, pour toi. Seul le bruit des pas rythmait votre avancée. Vous étiez tous les deux sur une position défensive, guettant les rares buissons. Il n'était pas question pour toi de perdre un membre de nouveau, ou de te faire infliger une blessure qui devrait t'être fatale. C'est comme ça et pas autrement. Le choix entre tout et rien, tu y étais habitué. Et là, tu avais choisi l'option de ne rien prendre. Tu pouvais toujours occulter ta présence, mais cela présentait deux inconvénients. Tu n'étais toujours pas habitué à ce pouvoir et tu le maitrisais encore très mal, et en plus cela signifierait cacher ta présence à Andrea aussi. Ne plus sentir la présence de son compagnon et ne plus pouvoir le voir clairement avait de quoi créer un vent de panique. Non, décidément tu ne pouvais pas utiliser ce pouvoir. Aussi contraignant cela puisse-t-il être.

Mais tu sentais, par dessus tout, qu'elle te surveillait aussi. Là où tu lui avais offert ton dos, elle avait préféré te rattraper et se mettre devant, à un pas de plus. Elle t'offrait son dos, ce que tu avais pris pour une petite marque de confiance. Mais tu sentais de temps en temps son regard sur toi. C'est là que tu as décidé de la rattraper et marcher à ses côtés. Pourquoi ? Tu n'en savais rien. Mais tu étais désormais à sa portée, autant qu'elle avait toujours été à ta portée. C'est après une dizaine de minutes que tu l'entendis prendre une inspiration. Avec un sourire, tu écoutas ce qu'elle avait à te dire.


- Tu veux que j’ai confiance en toi ? Tu es bien pacifiste, pour un homme de loi. Tu crains pour ta vie, à Seikusu, pour chercher une arme ?

Tiens. Elle te tutoyait, maintenant. On dit souvent qu'il y a les apparences-tu et les métiers-vous, mais même après avoir exposé ton apparence et ton métier, tous deux étant d'habitude ce qui motivait les gens à te vouvoyer, elle te tutoyait. Il est vrai qu'elle a vécu sans doute assez longtemps sur Terra, et que le vouvoiement ici n'était pas la forme la plus utilisée. Même les nobles ici se faisaient tutoyer. Mais quelque chose, quelque part, te disait qu'elle ne venait pas d'ici. Sa réaction lorsque tu lui as dit que tu étais procureur à Seikusu. Elle semblait avoir quelque chose à voir avec Seikusu. Et pas forcément très bon, vu sa réaction. Tu t'en foutais un peu, même si un millier de mots te venaient pour lui demander ce qu'elle savait de Seikusu. Peu importe, pour toi. Elle était ta camarade de voyage, et tu n'allais pas la poignarder dans le dos. Tu décides de la tutoyer aussi, au final. Tu n'aimes pas beaucoup vouvoyer les gens. Trop formel pour toi.

- Je n’irai pas plus loin qu’Ashnard, et toi ? Les routes ne sont pas des plus simples par ici. Depuis quand n’es-tu pas venu à Terra ? Tu vas t’y retrouver ? Je vais chercher une sorte d’arme, moi aussi. Et je compte courir très vite une fois que je l’aurais entre les mains.

Quelques questions et une petite révélation, auxquels tu vas répondre point par point. Ce qui t'intéressait, c'est le fait qu'elle aussi se rendait à Ashnard pour y chercher une arme. Ou plutôt une sorte d'arme... non, ça ne pouvait pas être Honesty. Honesty n'était pas une sorte d'arme, c'était vraiment une arme. Redoutée et bien gardée, d'ailleurs. Mais tu avais un plan. Ton don pour cacher ta présence et ton don d'invisibilité te seraient fortement utiles dans ta quête pour Honesty, tu le savais et tu comptais bien en profiter. Après ces pensées, tu te décides à lui répondre.

- Je ne crains pas pour ma vie, non. Il se pourrait que tu comprennes pourquoi je ne me soucie pas de ma vie, un jour. Non, je me fais du souci pour celle de mes proches. Si je dois les protéger, je dois avoir une arme digne de ce nom.

Tu marques une pause, pour frapper toi aussi dans le caillou qu'elle avait tiré au loin. Protéger Purity, protéger Razel, les protéger tous les deux de cette menace que tu pressentais. Tu ne savais pas quoi, tu ne savais pas d'où elle viendrait, tu ne savais même pas quand elle arriverait. Mais ton instinct ne t'avait jamais trompé auparavant : quelque chose de terrible approchait pour vous trois. Si seulement tu pouvais savoir qui ou quoi, de n'importe quelle manière, tu pourrais le descendre directement avant qu'il cause le moindre problème. Mais tu ne pouvais pas le savoir, donc tu allais t'armer en conséquence. Tu allais voler un trésor de guerre pour ta sécurité personnelle. Ah, la magie de la détermination...

- Je vais à Ashnard aussi. Je sais qu'il s'y trouve une arme qui me permettra de les protéger. Honesty, tu connais ?

Quelque chose a bougé dans les buissons, à quelques dizaines de mètres d'ici. Tu dégaines tes deux flingues, et tu les gardes près de ton corps. Tu lèves la main, et tu plaques le canon de l'un de tes flingues sur tes lèvres en lui faisant signe de faire moins de bruit. Puis tu lui désignes le buisson qui a bougé au loin. Une légère lumière s'en dégage, ce qui ne te dit rien de bon. Tu finis quand même ta phrase, en chuchotant.


- Ca fait environ quinze ans que je suis parti de Terra. Mais j'ai passé trois ans à étudier la géographie de Terra, donc même si je devais me retrouver seul ça devrait le faire.

Tu ne lui dis pas comment tu connais la géographie de Terra. Il ne faut surtout pas lui dire que tu es un ancien esclave, qui a fini par buter son maître au bout de dix minutes. Ca donne mauvaise impression. Une sale impression de tueur sanguinaire, en soi... Tu t'approches du buisson, ton pistolet braqué sur la petite lumière. Tu n'as pas le temps d'esquiver, encore une fois. Douleur perforante dans ton abdomen. Tu sais que ça a traversé ton corps, et est ressorti dans ton dos. Tu te plies en deux, voyant en face de toi la bête qui t'a transpercé de part en part. C'est une sorte de panthère noire montée sur ses deux pattes arrière et aux yeux extrêmement lumineux, qui t'a empalé avec sa queue se rapprochant plus d'un fouet constitué de lames que d'une queue d'animal.

Un cri sort de ta gorge, le cri de la rage tandis que tu abats la bête d'une balle entre les deux yeux.


- AAAAAAAH, QUELLE JOURNÉE DE MERDE !

Puis tu t'écroules sur tes genoux, la queue toujours plantée à travers ton corps. Tu essaies de virer le cadavre de la bête pour retirer la queue de ton corps, mais rien à faire. La douleur prend le dessus sur ta volonté de te débarrasser de cette queue. Ton regard se tourne vers Andrea, avant que tu réalises. Elle t'a vu prendre un coup qui aurait dû te tuer. Comment allait-elle réagir ? Tu ne le savais pas encore. Mais tout ce que tu peux faire, c'est tirer sur la queue qui t'a empalé. Rien à faire... elle ne bougera pas. Tu te retournes donc encore une fois vers Andrea, en pointant le fouet de lames qui dépasse de ton corps du doigt.

- Tu peux me donner un coup de main ? C'est bloqué.

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 7 lundi 14 avril 2014, 17:16:25

Protéger ses proches. Marrant comme les apparences sont parfois trompeuses. Lyan n’avait pas vraiment l’air de l’homme rangé, peinard dans ses charentaises devant une cheminée, le flingue sur l’accoudoir d’un fauteuil avec sa petite famille à ses côtés. Bien sûr, le trait était exagéré, mais l’homme qu’elle avait à côté d’elle ne ressemblait pas au héros qui protège la femme qu’il aime. Rien dans son attitude ne l’avait pour l’instant confirmé, et pourtant Andrea aurait pensé être tombée sur un solitaire. Il avait beau être plutôt affable, sympathique et prompt à la bonne entente, ses yeux ne reflétaient pas un tempérament social. Andy avait l’impression qu’il lui ressemblait sur ce point, qu’il se permettait d’être poli sans jamais aller plus loin. Pendant combien d’années avait-elle répondu à toutes les attentes, les demandes, des gens qu’elle croisait ? Pour se faire apprécier, pour recevoir un peu de considération, pour la définir et asseoir son existence. Elle avait semblé être l’amie parfaite, l’amante idéale, la voisine agréable, la camarade altruiste… Sans être aucune de ces filles. Est-ce qu’il était semblable, coquille vide à l’intérieur mais préservant les apparences ?

Si c’était le cas, il n’aurait sans doute pas fait tout ce chemin pour une arme afin de protéger une construction sociale, certes ordonnée, mais ne faisant pas le poids dans les risques meurtriers d’une épopée de ce genre. Alors il était véritablement attaché à quelqu’un. Marrant comme ça ne se voyait pas, de prime abord. Là où certains se forgent une carapace des plus séduisantes pour camoufler la chair pourrie et les mauvaises intentions réelles, Lyan paraissait plus dur et sec que ses paroles ne le laissaient paraître, au fur et à mesure. Un détail intéressant, toutefois, d’apprendre qu’il avait des gens à revoir. Voyager avec quelqu’un qui n’a rien à perdre dans les contrées du chaos n’était pas forcément une excellente idée. Elle-même, il y a quelques temps, n’aurait pas survécu bien longtemps ici. Depuis, elle avait un endroit où retourner, des personnes à voir. Si Lyan aussi, alors il ferait tout pour sauver sa vie. Il serait un bon combattant. Peut-être un peu trop, même. Être prêt à tout n’était pas forcément une excellente chose.

Pourtant, Andrea décida de chasser toute cette méfiance malvenue. Non, elle n’accordait pas sa confiance aussi facilement, à présent. Mais rien ne l’empêchait de descendre un peu sa garde tout en restant observatrice. Lui offrir au moins le bénéfice du doute, et ne pas le juger dans l’immédiat. Après tout, tant qu’elle n’aurait pas prouvé qu’il était coupable de mauvaises intentions, il devrait rester innocent à ses yeux. Il fallait juste qu’elle se tienne prête au cas où, sans juger ni se méfier outre mesure.

« Jamais entendu parler, non. Mais si elle a un nom, ce doit être une arme puissante. Tu n’as pas peur que ça fasse légèrement désordre, sur Terre ? Tuer quelqu’un d’une balle, encore, ça peut se gérer. Mais, tout procureur que tu es, si tu attaques avec une arme inconnue ça risque de faire des dégâts tu ne crois pas ? »

Le bruit l’arrêta, tandis que Lyan continuait de parler. Andrea fixa son regard dans les buissons tandis qu’elle sortait sa dague mais restait en retrait. Soyons pragmatique, elle était épuisée, pas lui, et il avait une arme de distance. Il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre que son intérêt était vite calculé. Il valait mieux ne pas approcher, et le laisser venir à bout de la menace en le secondant si besoin était. Et, quand bien même quelqu’un devrait y passer, Andy préférait que cela ne soit pas elle. Avec le temps, elle avait appris à devenir égoïste, à songer à elle pour toujours revenir auprès de Law en vie. Peu lui importait de n’être plus droite, honnête et respectable. Elle se fichait bien de paraître lâche, faible et couarde. Sa vie avait de la valeur, à présent. Plus qu’elle n’en avait jamais eue. Elle ne pouvait pas en disposer comme bon lui semblait, puisqu’elle n’en était plus la seule bénéficiaire.

Elle ne put retenir son cri, cependant, quand elle vit quelque chose voler en direction de Lyan, trop vite pour qu’il l’esquive. Une ‘’Chatoyante’’ venait de lui porter un coup fatal. La vitesse de sa queue était presque impossible à éviter, et celle-ci était mortelle. Il avait subi le coup, l’arme naturelle du monstre transperçant son foie et sans doute le bas de son poumon gauche. Autrement dit, il était mort. Hémorragie interne, choc hémodynamique. Environ dix minutes d’espérance de vie. Quand elle entendit Lyan crier, elle recula de deux pas. Au moins cela lui donnerait l’occasion de fuir… Même si elle se voyait mal le laisser mourir seul. Mais une Chatoyante, ce n’est pas rien à tuer. Resserrant sa main droite sur sa dague, Andrea grimaça de compassion. Le cri de son compagnon éphémère faisait peine à entendre. Un hurlement d’agonie qui couvrait les feulements de la bête.

La bête qui se prit une balle entre ses yeux brillants, qui se vidèrent instantanément de tout éclat vital. Que… Quoi ? Est-ce que Lyan, supposé mort, venait d’occire son meurtrier ? Avec une précision maîtrisée, en plus de ça ? Et… Est-ce qu’il venait de hurler comme un putois ? Sa silhouette s’écrasa au sol, se tordant de douleur alors qu’il essayait d’enlever la queue de son corps. Andrea pensa tout d’abord à un réflexe de lézard, dont la l’appendice caudal continue de frémir une fois la vie ayant quitté son corps. Mais occire une Chatoyante est un dernier réflexe assez étrange, à bien y penser. Et considérer sa mort comme une mauvaise journée encore plus. Et… Et demander de l’aide encore p…

« T’ES PAS SUPPOSE ÊTRE MORT ? »

Andrea hésitait entre tourner de l’œil et fuir, très loin. Depuis quand les procureurs terriens étaient-ils increvables, même à moitié terranides ? La jeune femme était totalement perdue et sentit ses jambes l’abandonner durant un quart de seconde, mais l’instant d’après son pragmatisme reprenait le dessus sur son corps. Elle se précipita en avant, à côté de Lyan, et lâcha son arme à ses côtés. Elle tenta de l’immobiliser, bandant ses muscles développés malgré sa silhouette fine, et le bloqua à terre en essayant de le calmer.

« Arrête de bouger bordel ! De toute façon, t’en as pour deux minutes avant d’y passer, que j’enlève ou pas ce truc. Arrête de tirer dessus, les lames sont ouvertes dans ton dos ça ne peut pas passer. Tu ferais mieux de me dire qui je dois prévenir pour ton décès, moi je te le dis. BOUGE PAS ! »

La jeune femme le retourna comme elle put, et trancha la base du dard dont les lames acérées dépassaient. Elle dégagea le bout mortel du plat de sa lame, avant de le remettre sur le dos et de tirer à nouveau sur la queue de la Chatoyante, libérant enfin le torse de Lyan. Elle repoussa le morceau de chair sanguinolent, et observa avec horreur le trou dans le corps de son compagnon de route. Pire, elle le regardait se refermer. Transpirante, épuisée, accroupie à côtés d’un homme qui aurait dû être mort, Andy essuya du revers de sa manche son front déjà sale et à présent taché de sang, avant de souffler :

« Tu es quoi exactement ? Un putain de monstre ou un dieu ? Je crois pas que tu aies besoin d’une autre arme… »

Ce n’est ni le sang sur ses mains, ni la vision du corps de Lyan qui conduisit Andrea à se sentir mal. Juste, c’était trop d’informations et beaucoup, beaucoup trop d’inattendu. Elle était tombée sur le seul mec immortel de Terra et de Seikusu réunis ? Elle ne perdit pas connaissance, non. Mais Andy se releva, posa son sac, dégagea son front de ses cheveux et fit quelques pas avant d’aller vomir son dernier déjeuner mais surtout de la bile acide qui lui brûla la gorge et la cavité buccale. Elle était tombée où et sur qui, sérieusement ? Andrea ne pensait pas qu’aller chercher un bête miroir allait être aussi compliqué. Et là, elle avait besoin d’expulser un peu sa peur de voir encore quelqu’un mourir devant elle, son angoisse de l’attaque, sa fatigue physique et ses nerfs qui commençaient à lâcher. Il allait vite falloir trouver un endroit où elle pourrait s’arrêter et prendre le temps de souffler, ainsi que de reconstituer un repas, le dernier finissant présentement entre deux buissons avoisinant.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]


Lyan Rose

Terranide

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 8 vendredi 18 avril 2014, 13:45:55

- T'ES PAS SUPPOSÉ ÊTRE MORT ?!

Il y a du lyrisme, dans ce cri soudain. Un mélange de surprise, d'incrédulité, un once de dégoût, une grande cuillerée de détresse... Tu la voyais hésiter entre te laisser entre te poser le lapin du siècle et s'écrouler sur le sol. Rien de bien surprenant ici, pour toi. Qui donc viendrait te secourir dans un si piteux état, comme si de rien n'était ? Tu voyais mal Andrea hausser les épaules et retirer ce truc de ton corps tranquillement. Finalement, elle se précipite à tes côtés et te plaque sur le sol, pendant que tu brailles. C'est que ça fait mal, de se faire allonger alors qu'on a des lames un peu partout dans le corps. Surtout quand elles bougent. Elle te foudroie du regard, te braillant encore un peu dessus.

- Arrête de bouger bordel ! De toute façon, t’en as pour deux minutes avant d’y passer, que j’enlève ou pas ce truc. Arrête de tirer dessus, les lames sont ouvertes dans ton dos ça ne peut pas passer. Tu ferais mieux de me dire qui je dois prévenir pour ton décès, moi je te le dis. BOUGE PAS !
- CA FAIT MAL, PUTAIN !

Tu te fais retourner. Te voilà sur le ventre, ce qui n'est pas plus plaisant. Tu te débats un peu, tu geins, mais rien d'inhabituel. Un bruit derrière toi, en dehors de tes protestations, t'indique qu'une partie de la queue de cette bestiole a été coupée. Quelque chose dans ton dos de chaud s'aplatit, puis tu te fais de nouveau remettre sur le dos. Un certain nombre de péripéties arrivent, comme ça, quand on se retrouve avec une queue bloquée dans le corps. Se faire empaler par une queue dure et raide avait quelque chose d'assez sexuel et déplaisant pour toi. Tu te distrais de la douleur ainsi pendant que tu la vois enfin sortir de ton corps. Ce qui ne t'empêche pas d'hurler comme un cochon qu'on étripe. Elle sort enfin de ton corps, et tu reprends ton souffle à grandes bouffées.

- Ah... Ah putain de bordel... Elle est enfin sortie...

Ta partenaire te regarde comme si tu étais un revenant. Ce qui a du sens, en soi. Elle a l'air aussi épuisée que toi. Il allait falloir se rendre au village assez rapidement pour se reposer, sinon ni elle ni toi allez passer la nuit tranquillement. Et camper dans les contrées du Chaos ne te disait rien de bon. S'il y avait encore une bestiole du genre qui vous attaquait, ni toi ni elle n'avez la force de la combattre. Dans ton état actuel, tu n'arriverais pas à supporter le faible recul de ton arme. Il allait falloir attendre un peu avant de reprendre la route. Elle s'essuie le front, couvert de sueur, et te pose la question que tu as entendu des dizaines de fois.

- Tu es quoi exactement ? Un putain de monstre ou un dieu ? Je crois pas que tu aies besoin d’une autre arme…

Tu en ris, tandis que tu te relèves difficilement. Ta chemise est salement trouée, et en plus elle est désormais plus rouge que blanche. Elle alimentera le feu ce soir, avec le veston. Heureusement que tu avais prévu des fringues de rechange. Andrea se relève difficilement, le teint aussi pâle que toi. Elle avance un peu, et tu te prépares à la suivre. Tu t'arrêtes quand elle se plie en deux, et le râle affreux ainsi que le bruit de la masse qui tombe te confirme qu'elle est en train de vomir ses tripes. Rien d'étonnant non plus. Elle venait de voir un homme ressusciter sous ses yeux. Tu t'approches vers elle et tu lui frottes le dos, pendant qu'elle vomit. Tu sais que ça n'empêchera pas le vomi, mais que ça aide toujours un peu.

Une fois qu'elle a fini de déverser sa bile sur le sol, tu l'emmènes vers un grand rocher où tu la fais s'asseoir pour qu'elle reprenne son souffle. Tu savais qu'elle allait te croire sur parole si tu lui disais ce que tu es vraiment, mais une sorte de sadisme enfantin te poussait à lui montrer une nouvelle fois ce dont ton corps est capable. Tu entames donc ta réponse, en levant doucement ton Beretta vers toi.


- Je ne suis pas un dieu, non. Un monstre, peut-être... Je suis devenu immortel il y a quelques mois alors que j'allais mourir. Regarde...

Tu braques le canon de ton flingue sur ta tempe et tu appuies sur la gâchette. Tu sais que ton crâne vient d'exploser dans une détonation étouffée. Tu sens ta vision se troubler puis s'éteindre. Elle revient rapidement, avec un sale mal de crâne. Peu à peu, ta tête se régénère. Tu n'oses même pas regarder la tête d'Andrea. Tu baisses donc ton flingue et tu le ranges dans la poche arrière de ton pantalon. Tu as gâché une munition, mais ce n'est pas grave.

- Malgré mon corps, oui, j'ai besoin d'une arme. Ce n'est pas moi que je cherche à protéger, puisque comme tu l'as vu je ne peux pas mourir. Ce sont deux personnes qui me sont très chères, et qui sont aussi mortelles que toi.

Tu t'assois à ton tour sur le rocher, encore un peu confus. Tu as toujours du mal à retrouver tes sens quand tu te fais éclater la tête. Le cerveau met un léger temps à se régénérer, et tu t'en retrouves souvent avec des effets secondaires parfois dérangeants. Ici, le problème semble être ton sens du toucher. Tu ne sens pas ton postérieur sur le rocher, tu ne sens pas ton corps. Tu as l'impression de faire un rêve lucide, une impression assez désagréable.

Tu regardes le sol, en attendant que ça passe, et tu te décides à lui expliquer ce que tu es vraiment.


- Je suis né d'un père humain et d'une mère terranide tigre. Je suis un semi-terranide normal, si ce n'est que je connais un peu de magie. J'ai failli mourir il y a quelques mois. C'est une tekhanne qui m'a sauvé en m'injectant une nanomachine. Leur seul et unique prototype d'immortalité. Depuis, je ne peux plus mourir et je ne pourrai pas mourir avant soixante ans.

Tu prends une pause pour plier tes doigts. Tes sens commencent à te revenir peu à peu. C'est assez bon signe, une fois qu'elle sera en état elle aussi vous pourrez reprendre la route vers le petit village. Tu continues alors de parler, doucement.

- Mon immortalité n'est pas mon seul atout. J'ai développé trois types de magie différents : je peux me rendre invisible, je peux totalement faire disparaître ma présence, c'est à dire que je peux faire en sorte qu'absolument personne ne sache que j'existe, et je peux rendre quelqu'un invisible.

Tu te dis qu'il ne serait pas juste de ne pas lui parler de ton but, maintenant que vous allez tous les deux à Ashnard. Et sans doute a-t-elle compris ton plan pour entrer à Ashnard. Se rendre invisible, la rendre invisible aussi, et passer le plus silencieusement possible les portes d'Ashnard. Ni vus ni connus. Tu continues donc ton monologue.

- Ce que je vais voir à Ashnard est Honesty, une arme légendaire parmi l'armée d'Ashnard. C'est une arme qui consomme énormément de mana, mais qui peut prendre la forme de n'importe quelle arme, même une arme totalement inexistante. Si je veux faire une dague à partir d'Honesty, je peux. Si je veux en faire un fusil qui tire des tronçonneuses laser de 400 mètres de large, je peux aussi. Voilà avec quoi je veux protéger mes proches.

Tu te relèves doucement, et tu commences à tourner en rond et à faire tourner tes bras. Tes sens sont revenus, et la fatigue commence un peu à se dissiper. Tu shootes dans un caillou, satisfait. Tu récupères donc ton sac au pied du rocher et tu le remets à ton épaule. Un dernier regard à la bestiole qui t'a tué : non, il n'y avait sans doute rien de comestible sur un monstre avec des yeux aussi brillants. C'est sans doute radioactif, ce genre de bêtes. Tu te retournes donc vers Andrea, et tu lui tends une main.

- Voilà, je pense que je n'ai plus rien à te cacher. Tu te sens en état de repartir ?

Nouvelle fiche - Suivi RP/Trames

Thème [Standard] - Thème [Alternatif]

Ça se prononce "Layanne" fils de pute.

Oh, et ce kit génial a été fait par Connor. o/

Andrea Leevi

Humain(e)

Re : Chemin vers la gloire [Andrea Leevi]

Réponse 9 samedi 19 avril 2014, 23:51:18

La main de Lyan dans son dos, Andrea finissait plus ou moins proprement de vider son estomac de tout reliquat de repas. Le poids sur son corps, la présence de l’homme ressuscité aussi près d’elle ne l’aidait pas forcément. Pourtant, elle se redressa enfin et essuya sa bouche d’un revers de main qu’elle voulait digne. Hésitant entre fuir son regard ou l’affronter, Andrea laissa ses yeux clairs se poser sur le corps animé par quelque chose de plus fort que la mort. Elle se moquait bien, en définitive, de ce qu’il était, de qui il était. La jeune femme pensait avoir tout vu, à présent. Ce corps transpercé, la plaie béante, le sang étalé partout sur lui et autour de lui, là où la bête gisait morte. Les tripes visibles, la peau pendante sur les berges qui s’étaient rapprochées à peine l’obstacle mis de côté… Mais surtout, Andrea n’avait pu supporter l’idée de voir un mort supplémentaire durant ce voyage. Elle avait vraiment eu peur pour lui, même si elle ne le connaissait pas, même s’il n’était rien pour elle qu’un compagnon de route. Elle ne connaissait que son nom et son but, et c’était définitivement trop peu pour juger une personne et prétendre la connaître. Cette bile, dont elle s’éloigna prestement pour ne pas vomir à nouveau sous l’odeur de ce que son corps avait refusé de garder, était la preuve de sa peur. Mais aussi le résultat de son action d’avoir voulu sauver un mort. Qui ne l’était plus. Et qui tentait de la réconforter comme il le pouvait.

Andrea sentit de nouveau sa tête lui tourner. Elle posa une main sur l’épaule de Lyan pour stabiliser l’univers qui semblait être pris d’une soudaine pulsion de jouer à la corde à sauter. Attendant que le sol se stabilise, elle leva les yeux vers son compagnon quand il lui enjoignit de le regarder.

Un glapissement lui échappa. Elle se serait trouvée ridicule si elle avait pu prendre le temps de remarquer que ce bruit ressemblait fort au cri de détresse d’un lapin pris dans les phares d’une voiture. Elle en aurait presque ri, de se trouver aussi impressionnable et fragile après des mois passés à vivre auprès de Law, à Nexus où tout est possible. Elle pensait avoir fait du chemin, avoir vu du monde, avoir expérimenté des choses et s’être confrontée à l’inattendu et le surprenant. Mais ça…

Il venait de se tirer une balle dans la tempe. Andrea, au vu de sa proximité, sentit des éclaboussures de sang et sans doute d’extraits de cervelle ou de graisse humaine arriver sur son visage. Elle ferma les yeux et pinça la bouche pour s’en protéger, avec la pensée qu’elle ne venait pas de voir ce qu’elle venait de voir. Un haut le cœur la reprit, mais il ne progressa pas plus. Elle s’attendait à ce qu’il ne s’effondre pas raide mort, cette fois. Mais, comment dire ? Voir quelqu’un se suicider devant elle ne lui évoquait pas d’excellents souvenirs, et de toute façon c’est un spectacle qui n’avait rien d’agréable. Quand Lyan reprit la parole, Andrea rouvrit les yeux et prit le temps d’essuyer consciencieusement son visage maculé du crime qu’il venait de commettre. Elle lui aurait bien mis une gifle pour avoir voulu appuyer son explication d’une démonstration pratique dont elle n’avait pas vraiment eu besoin. Mais bon, il n’était peut-être pas de bon ton de contrarier un immortel. Elle garda donc son bras contre son corps, alors qu’il commençait à lui expliquer son histoire. Andrea resta assise, ne voulant pas imposer trop de mouvements à son estomac. Elle prit la peine de sortir sa gourde dans laquelle il ne restait plus grand-chose, prenant une gorgée d’eau pour chasser le goût métallique du sang qui avait giclé entre ses lèvres alors qu’elle avait ouvert la bouche de surprise devant son acte inconsidéré.

Ce n’est que d’une oreille peu attentive qu’elle l’écoutait raconter son histoire. La jeune femme savait que son cerveau enregistrerait les informations pour les lui ressortir plus tard, et c’était tant mieux puisque présentement, elle était bien incapable de faire autre chose que de se maintenir éveillée et stable d’un point de vue digestif. Maîtriser sa vidange gastrique lui demandait quelque concentration, alors que l’image de la tête de Lyan explosant devant elle repassait en boucle. Et il lui parlait là, tranquillement, comme si de rien était. Bla bla bla immortel, bla bla bla invisibilité, bla bla bla arme surpuissante…

Et il parlait de tout ceci avec une voix étonnamment douce et calme. Il paraissait vouloir la préserver, lui expliquant le plus calmement du monde l’incompréhensible. Lyan était prévenant, en essayant de ne pas lui causer plus d’émotions qu’elle venait déjà de subir. Mignon de sa part. Pas forcément efficace, puisqu’elle conservait cette vision d’horreur. Mais elle n’allait pas s’en plaindre, c’était mieux que rien. Elle mit un moment avant de réagir à tout son discours, qu’elle n’avait pas pu suivre dans son intégralité.

« T’es bien trop puissant pour exister, tu sais ça ? ça défie les lois de l’équilibre. Mais bref. On va dire que j’ai tout intégré, surtout grâce à ta magnifique démonstration. Tu n’étais vraiment pas obligé, crois-moi. »

Le ton était un peu cynique mais l’amusement y perçait de nouveau, malgré tout. Andrea retrouvait sa décontraction et elle se releva en saisissant sa main pour se hisser au-dessus de son siège improvisé.

« J’en retiens surtout que ta vie a l’air compliquée. Contre quoi est-ce que tu dois les protéger ? Tu es procureur, à part les malfrats que tu envoies en prison, je ne vois pas trop ce que tu peux leur avoir fait. »

Une fois de nouveau opérationnelle, elle lâcha la main de Lyan et récupéra son bagage à son tour. Elle reprit la route comme si rien ne s’était passé, un sourire revenu sur ses traits fatigués. Andrea avait juste eu peur, elle se moquait bien de la crasse et du sang. Elle reprit donc la direction du village d’un bon pas, alors que les fumées se rapprochaient au fur et à mesure.

« Ce qu’on a récupéré sur le premier monstre devrait nous suffire à nous payer une chambre et un repas, je n’ai pas envie de dépenser plus que nécessaire. Laisse-moi négocier une fois là-bas. Cette région est assez pauvre, ils n’ont pas grand-chose et cherchent toujours à obtenir plus. »

Au bout d’une heure de marche, ils arrivèrent enfin aux portes du village. Les guetteurs qui s’y trouvaient mirent un moment à les laisser passer, du fait de leur apparence. Ils vérifièrent qu’ils n’étaient pas recherchés, ni à priori dangereux, avant de les laisser pénétrer dans la ville miniature qui était construite à partir de la notion de sécurité. Aucune fioriture dans ce village. Les maisons étaient rapprochés pour ne pas offrir de zones trop dégagées, dont les prédateurs des plaines environnantes raffolaient pour la chasse. Les ruelles étaient complexes et connues seules des habitants de Valigaï, les bâtiments importants étaient en périphérie et non au centre, n’exposant comme centre névralgique que les écuries afin que tous puissent fuir rapidement en cas d’attaque. Les chevaux étaient à disposition de chaque habitant, et chaque enfant apprenait à monter dès son plus jeune âge.

Andrea les mena, sur conseil d’un de ses esclaves mort en chemin, vers le fond du village, à l’opposé de l’entrée, mais proches malgré tout des écuries. Il serait toujours temps de voler une monture en cas de problème. L’auberge « Ythreul », le patois valigalien pour bienvenue, les accueillirent dans une grande salle, étonnamment propre et claire. Andrea se dirigea instantanément vers le responsable des lieux, un quarantenaire aux cheveux poivre et sel dont la moustache défiait les lois de la gravité. Après quelques minutes de négociation à coup de sourires et de raclements de gorge, la jeune femme obtint ce qu’elle voulait. Sortant les organes prélevés sur la bête, elle y rajouta une pièce pour l’aubergiste et revint vers Lyan.

« Deux chambres, repas compris, pour une nuit. J’ai rajouté un peu pour avoir droit à deux bains chauds, je pense qu’on en a bien besoin vu les regards que l’on attire. »

En effet, tous les clients présents plissaient le nez à leur passage, du fait de leur odeur marquante et des traces de sang séché sur leurs habits et à même la peau d’Andrea. La jeune femme replia la peau qu’elle avait réussi à ne pas ajouter à la paye de leur nuit, alors qu’elle détaillait la salle principale. Les tables et chaises étaient faites de bois brut, ce qui était inconfortable pour la plupart des clients. Le dossier, légèrement incurvé, invitait à la paresse mais pas trop, du fait de la dureté de l’assise. Au fond, faisant face à la porte, le bar trônait, superbe ouvrage de bois verni. Une belle qualité. Les étagères en décoration étaient remplies de bouteilles de toutes les couleurs et formes. On en trouvait des vides, des pleines. Des verres se promenaient parfois, débordant des placards qui leur étaient réservés. Ça et là, l’évier de la plonge, une fontaine à bière, un tonneau de vin. L’alcool s’exhibait à profusion, offrant au monde ses promesses et ses fragrances parfois, lorsqu’un contenant était débouché, livré aux narines des clients.

Andrea trouvait l’endroit à la fois chaleureux et impersonnel, comme s’il refusait de laisser place à trop de confort de peur que l’on ne quitte jamais ce lieu de passages qui ne devait qu’abriter les voyageurs. L’estomac de la jeune femme gronda. Elle mourrait de faim, mais son besoin de se laver gagnait encore d’une courte tête dans la liste de ses priorités.
Tomorrow comes to take me away
[Eagle Eye Cherry]

>  On ne devrait pas vivre que pour le plaisir. Rien ne vieillit comme le bonheur.
>  L'émotion nous égare : c'est son principal mérite.
[Oscar Wilde]



Répondre
Tags :