La cible était là, toute proche. Elle l'avait repérée entre deux mouvements de hanche, au milieu de la danse qu'elle pratiquait en public. Toute sourire, elle se remémorait son enfance, tout ce qui concernait sa vie avant le jour fatidique. Tout ces souvenirs allaient et venaient dans sa tête, elle en perdait presque le but de sa mission. Finalement, la musique s'arrêta et elle descendit de la scène prévue pour aller se prendre quelque chose à boire. Elle arrêta son choix sur un cocktail aux fruits exotiques avant de se tourner vers la salle comble tout en buvant tranquillement. Sa posture n'était pas hasardeuse, loin de là. De la façon dont elle s'était tournée, elle pouvait avoir un œil sur toute la salle et ainsi vérifier les allées et venues de la cible. Pas seulement ça, elle pouvait aussi vérifier qu'aucun soldat de l'Ordre Immaculé n'était présent, ce qui fut le cas et la rassura. Si cet ESPer était sympa, elle pourrait lui donner des conseils pour se faire discret, pour éviter de risquer sa vie tous les jours.
Lorsqu'elle le vit prendre l’ascenseur, elle se leva, mémorisa l'étage et prit les escaliers. Toute cette technologie la surprenait toujours. Tekhos était vraiment la ville la plus évoluée qu'il lui ait été donné de voir mais elle n'était pas là pour le tourisme. Une fois au premier étage, elle se plaça dans un coin du couloir s'offrant à elle et observa la fille blonde. Elle n'était pas grande, un mètre soixante-trois, tout au plus mais n'en était pas moins impressionnante quand on savait ce qu'elle pouvait faire. Améthyste quitta son poste d'observation et s'approcha de la jeune fille. Elle entama la discussion, pacifiquement mais tout en lui parlant des dangers la guettant. Malheureusement, la jeune fille ne la crut pas et se mit à faire grandir son corps. Améthyste la regarda, sereine. Elle savait que bientôt cette fille serait aussi inoffensive qu'un chaton. Elle attrapa son poignet, une bague d'obsidienne au doigt et laissa faire le temps. Ses pouvoirs étaient maintenant hors d'usage et l'agent spéciale utilisa son autre main pour attraper l'une de ses broches.
La lame d'argent sortit de ses cheveux, laissant comprendre à la blonde qu'elle n'avait plus aucune chance. Améthyste posa la pointe de son arme sur la gorge de l'ESPer, elle ne voulait pas la tuer, elle voulait lui faire comprendre de passer inaperçue... Ce qui lui semblait plutôt facile avec le pouvoir de modifier sa taille. Après une dizaine de minutes de discussion, la danseuse avait enfin réussi à lui faire comprendre qu'elle ne lui voulait aucun mal et repartit dans sa chambre à elle avec l'espoir que cette fille ne se fasse plus remarquer à l'avenir. Cette discussion avait été stressante, n'importe qui aurait pu les surprendre alors qu'elles parlaient mais personne ne s'était montré. Le courage de cette fille de se déplacer ici, en territoire tekhan alors que la mentalité d'ici était à peu près pareille que l'Ordre, l'avait surprise et la forçait à respecter sa volonté.
Mais comme dit la moral, tout est bien qui finit bien et Améthyste eut tout le loisir de faire ce qu'elle voulait du reste de la soirée. C'est ainsi qu'elle se décida à retourner dans sa chambre. C'était une chambre prévue pour les artistes, spacieuse, luxueuse, elle jouissait d'un confort qu'elle ne trouvait pas partout et ça lui plaisait. Néanmoins, avant de profiter du luxe du lit pour dormir à son aise, elle voulait se relaxer et prendre une douche. Par réflexe, elle garda ses broches sur elle et ouvrit la porte de la salle de bain avant d'y rentrer et de refermer derrière elle.
La taille de la pièce la surprit, c'était grand, très grand même. La douche semblait, à l'instar de la ville, très développée. Des ronds de métal étaient encastrés dans les parois pour faire sortir des jets d'eau, un pommeau manuel était accroché à la paroi de fond et une pièce était accrochée sur le dessus pour en faire tomber de l'eau comme si la pluie même vous tombait sur la tête. Elle avait l'embarras du choix pour prendre sa douche mais aucun moyen de savoir comment fonctionnait cette douche. Elle ôta ses vêtements, les posa sur un support qui traînait là et posa ses deux broches à portée de main, sait-on jamais. Son existence n'était pas connue, pas de ce qu'elle savait en tout cas mais une précaution de plus valait bien mieux que de se retrouver six pieds sous terre.
Elle attrapa une serviette, la posa à proximité des portes de verre et entra dans la cabine. Tout d'abord, elle tripota un peu tous les boutons pour savoir comment ça fonctionnait et se laissa aller à faire couler l'eau par dessus elle, délaissant le pommeau manuel. Elle n'avait plus aucun effort à fournir et se relaxa alors que l'eau ruisselait partout sur son corps. La pression accumulée s'en allait en même temps que l'eau s'enfuyait dans les égouts.