Dans la nuit de samedi à dimanche 02H40… ouais, bon, disons dimanche matin, trois heures moins le quart.
La salle était en effervescence. Fcae à face, deux mecs. L’un blond, l’autre brun, l’un pas rasé, l’autre impeccable, l’un suintant la sueur, l’autre l’alcool, l’un avait clope au bec, l’autre, un cure dents. La tension était palpable et chacun avant une main à son arme. Il s’en saisir, et chacun vida son chargeur, se retrouvant à court de carburant. L’alcool coulait à flots et Gabriel commençait à en sentir les effets sur son propre corps. Aucun des deux n’abandonnerait, certes, mais si Gabriel perdait il bouclerait le mec en face en cellule de dégrisement.
Pas de pitié dans un jeu de boisson, tous les coups étaient permis ! Et celui d’en face le savait bien. On leur resservit un verre et le bruit d’un téléphone se fit entendre malgré le brouhaha du bar dans lequel ils étaient tous. Enfin, bar, c’était un bien grand mot en fait… il s’agissait plus d’un bouiboui miteux que d’un bar à proprement parler…
Le jeune homme sourit et regarda l’autre, finit son verre avant de décrocher. S’il sentait la sueur, il avait une haleine à faire tomber en coma éthylique son interlocuteur. Il écouta tant bien que mal ce qu’on lui disait et raccrocha avant de balancer dans un soupir une série d’imprécation incompréhensibles avant de dire, plus intelligiblement.
« ‘Chier… »
Il regarda le patron et lui montra sa plaque. Et, reportant son regard sur le visage du flic, il opina du chef. Ce mec avait tout ce qu’il fallait pour faire fermer son débit de boisson, et ce, sans la moindre vergogne. Donc on oubliait l’addition de ses verres… c’état un accord passé plus ou moins de force par Gabriel au gérant et cette entente cordiale permettait au blondinet de boire à l’œil. La bière n’était pas terrible, mais gratuite !
Il s’approcha du bar et passa de l’autre côté pour se foutre un coup d’eau sur la gueule avant de finalement se diriger d’un pas un peu hésitant vers la sortie. Finalement, arrivé à la sortie il pesta et retourna au comptoir.
« Allez, mets moi un debout les morts, faut que je prenne la route… »
C’était tout sauf une bonne idée mais le barman obéit. Il le but d’une traite, fit la grimace et parvint finalement à sortir, non sans s’arrêter pour pisser contre le moteur de la moto de son adversaire de boisson. Il finit par s’effondrer sur sa moto et vomit juste à côté… oh purée…….. Vomir ça faisait du bien ! Bon sang, ça libérait l’estomac ! Il se sentait un peu soulagé et enfourcha sa moto, non sans lui susurer des mots doux. Sa compagne de toujours avait besoin d’encouragement pour démarrer…
Il grimaça un peu, râla beaucoup, mais finalement démarra pour commencer à rouler. Putain il avait du mal à rouler droit… il avança tant bien que mal… aussi roula-t-il comme une fillette, comme il disait. C'est-à-dire à une vitesse normale pour un de ses concitoyens. Il souhaitait vite en finir, mais rien qu’à conduire, il avait déjà mal au cœur…
Quand il arriva il fut salué par ses collègues. Il était presque quatre heures…
« Hey, Valmy ! T’en fais une de ces tronches ! T’as picolé ? C’est ton pire chrono… et pourtant, parfois tu les accumules ! Mais alors là… chapeau ! T’as roulé comme un vieux ou quoi ? »
Gabriel sourit, retenant son envie de lui balancer de fermer sa gueule, devint tout vert et s’approcha des bandes jaunes, s’approcha encore, tituba, s’arrêta, se pencha… gerba. Il se redressa et regarda autour de lui. L’un des collègues lui tendit un mouchoir en papier, il s’essuya la bouche… il avait besoin d’un verre d’eau, ou d’un truc du genre.
« Merci… bon, alors… on a quoi ? Et qui on a sur les bras ? »
« Boarf pas grand chose, vol de cadavre et deux légistes qui veulent entrer. Ils sont là bas ! »
Il fit une moue et se dirigea vers la jeune femme une fois que le flic lui ait indiqué, son cache poussière claquant sur ses cuisses. Chier… il n’avait pas envie de se coltiner des inutiles… il changea d’avis en voyant le physique de la jeune femme. Bon, après avoir gerbé, niveau panache ce n’était pas exactement ça…
« Lieutenant Gabriel Valmy… m’excuserez si je vous serre pas la main… »
Ton sec sans doute, même trop mais bon, il avait l’estomac en vrac et ça n’aidait pas à être aimable.
« Bon, vous branlez quoi ici ? »