Lundi matin, 9:30.
Dernier jour de week-end. Dire que je n'avais pas envie d'être à demain était faux. Ce que je faisais n'était pas fatiguant. Faire la bimbo sexy pour faire de la pub pour un parc d'attraction lié aux superhéros tels qu'on en voyait souvent en ce moment, ce n'était pas franchement fatiguant. On pouvait facilement trouver plus épuisant. Rien que les éboueurs. Les pauvres. Devoir ramasser la merde de la société, du matin au soir... Non seulement c'était épuisant et éreintant, mais pas très gratifiant. Moi, au moins... Je pouvais me montrer fière. J'étais belle, les gens le voyait, ils prenaient des photos de moi, ils allaient jouer sur les attractions, et je gagnais de l'argent. Certes, il n'y avait pas besoin d'avoir beaucoup de neurones pour ça mais... Au moins, je n'avais pas à me plaindre.
Surtout que ça ne me changeait pas beaucoup de mon ordinaire. Ma tenue excentrique pour les habitants de cette ville était un parfait costume de scène, si je puis dire. J'ai beau répéter que c'est ma tenue de tout les jours, on ne me croit pas. Alors tant pis pour eux.
Aujourd'hui, j'avais décidé de faire les magasins. Mais en m'arrêtant devant la vitrine de l'un d'eux, je me suis ravisée. Je n'ai vraiment pas envie de changer mon look pour éviter ces regards désapprobateur que je ne vois même pas la plupart du temps. Alors je m'éloigne. Mes pas me portent bientôt aux portes du lycée. Je n'avais pas particulièrement prévu d'y aller, mais bon.
Alors que j'allais continuer mon chemin, une main agrippa mon poignet. Je me tourne, et fait face à.. Une mère aussi rouge que ma cape.
- Vous n'avez pas honte, mademoiselle ! Vous promenez ainsi, en une telle tenue indécence, devant des jeunes esprits innocents ! Vous êtes une prostituée, c'est ça ? Fichez le camp d'ici ! Je ne vous laisserais pas corrompre nos enfants ! Je suis la présidente du comité des bonnes moeurs, et je vais de ce pas appeler la police !
Je me dégage d'un geste brusque. Un peu trop d'ailleurs, parce que j'entends un craquement du poignet de mon interlocutrice. Et elle pousse un hurlement perçant.
- Je vais porter plainte pour agression, également ! Espèce de sauvage !
Je hausse les épaules, la gratifiant d'un regard las.
- Ecoutez madame. Je ne sais pas qui vous êtes, ni d'où vous venez. Je n'ai strictement aucune intention de continuer plus longtemps à vous adresser la parole. C'est vous qui m'avez agressé, d'une, et de deux, si ma tenue vous dérange, ne me regardez pas. Ce n'est pas ça qui me manquera. Je passerais aussi outre vos accusations infondées et vos insultes même pas masquées.
Je lui adressais un regard froid, puis je me détournais avec l'intention de continuer ma route sans plus m'occuper d'elle.
- Mettez de la glace sur votre poignet si vous ne voulez pas que ça enfle trop !
Et je repars, de mon pas léger, sans faire attention aux bruits de conversation de la mère en colère qui venait d'appeler la police. Je passais un doigt caressant sur ma ceinture. Le bout de mon gantelet de fer m'empêchait de bien sentir la matière, mais au moins, je pourrais manier Mjöllnir quand je le désirerais. Ce dernier pend d'ailleurs à ma ceinture, négligemment, parfois caché par la cape rouge vif qui vole derrière moi.