Maraël était contente aujourd'hui. Tellement contente en fait qu'elle avait laissé libre cours à sa forme "angélique". Hier soir, elle était arrivé dans un village isolé, pas très loin d'une forêt. Elle venait voir si il était possible d'y troquer de la nourriture, mais ele eu du mal à trouver quelqu'un. L'accueil qu'on lui fit fut... glacial, c'est le moins que l'on puisse dire. Les gens étaient barricadés chez eux, et seuls quelques gardes l'approchèrent. Pas vraiment amicaux de premier abord, ils commencèrent directement par la questionner. Qui était-elle, que faisait-elle ici, pourquoi était-elle armée? Elle répondit par la vérité la plus strict. Qu'elle est une voyageuse errante s'arrêtant pour des provisions, et qu'en ces contrées, on ne survit pas longtemps seule au milieu de nul part si l'on est pas armée. Après de plates excuses, ils lui expliquèrent la situation passablement compliquée du village.
Une bande d'hommes-bêtes s'était installée dans les bois non loins, et attaquaient régulièrement depuis. Seule la détermination des gardes et les épaisses fortifications de bois parvinrent à les mettre en déroute. Et malgré tout, les pertes avaient été nombreuses, et le moral était en chute libre après que les hommes aient vu leurs camarades dévorés sous leurs yeux, juste hors de portée des arcs. A contre-coeur, ils entrepirent un chantage sur l'ange. Ils ne lui donneraient des provisions que si elle les aidait à se débarasser des monstres vindicatifs qui rôdaient alentour. Elle avait l'air d'une guerrière expérimentée et ils avaient besoin d'aide pour la défense du village. Cela du passer pour un bon marché à ses yeux, car elle accepta.
Cependant, contrairement à ce que les gardes pensèrent, elle n'allait pas attendre la prochaine attaque. Sans mot dire, elle quitta l'endroit, et se dirigea vers la direction que lui avaient indiqué les hommes d'arme. Lorsqu'elle revint, ce fut tâchée de sang, et rapportant sous le bras la tête de la bête la plus imposante. La lâchant aux pieds du chef du village, elle leur annonça qu'ils n'auraient plus rien à craindre de leur part.
Les villageois étaient tellement heureux. Ils lui préparèrent tout ce qu'elle avait demandé. De l'eau, du pain noir et du fromage de chèvres, tous deux enroulés dans un linge pour qu'ils restent frais plus longtemps, de la viande séchée et un peu d'amadou. Rien de bien folichon, le strict nécessaire pour tenir jusqu'au prochain lieu où elle pourrait se réapprovisionner. A cela ils rajoutèrent quelques fruits, une outre de soupe - sans morceaux- et un peu d'argent. En attendant que tout cela soit préparé, ils lui proposèrent de prendre un bain. Elle aurait en temps normal refusé cette invitation, mais elle devait enlever le sang de sa peau avant qu'il ne sèche. Il n'y avait qu'un seul bassin. L'eau était déviée depuis une rivière pour l'alimenter, passant par un canal peu profond qui lui permettait de se réchauffer grâce aux rayons du soleil. Ingénieux, ce système permettait d'avoir une eau aux alentours de vingt degrés sans rien avoir à faire. Ensuite, elle était utilisée pour irriguer les plantations. Il y avait donc plusieurs personnes qui se baignaient avec elle, un peu comme dans les sources japonaises.
Et ces personnes furent très surprises de voir l'ange se transformer d'un seul coup. La gratitude des gens, les attentions portées à ses provisions et le bien fou que lui procura le bain la rendirent suffisamment heureuse pour qu'elle se change involontairement. Expliquant la situation, tout le monde fut très compréhensif. En ces terres désolées, on pouvait voir d'étranges créature et des pouvoirs bien plus bizarres encore tous les jours.
Au petit matin, elle avait quitté le village, toujours sous la forme amicale que les autochtones retiendront d'elle. Depuis, elle n'est pas redescendue de son petit nuage, malgré la longue marche qu'elle venait d'entreprendre. Il devait être aux environs des une heure de l'après-midi quand elle décida de s'arrêter pour manger un peu. Elle fit un petit tas avec quelques branches de bois sec, et sortit son briquet à amadou. Bien sûr, elle aurait pu se servir de ses pouvoirs pour allumer le feu, mais celui-ci venait de son côté démoniaque, et sous cette forme, l'utiliser la répugnait. Une fois qu'il eut bien pris, elle sortit de son sac une gamelle d'une vingtaine de centimètres de rayon, assez profonde, ainsi qu'une cuillère en bois. Elle se versa un peu de soupe qu'elle posa sur le feu. Une fois avalée, elle coupa une tranche de fromage et morceau de pain. Le tout eut tôt fait de disparaitre dans son estomac.
Rassasiée, elle s'installa à côté du feu, face vers le ciel. Quelle belle journée.