(
Théme )
Héra avait tout abandonné, une nouvelle fois ... Cela devenait une triste habitude. Ce matin, elle s'était levée le ventre noué. Tout autour d'elle semblait profondément flou, si bien qu'elle en vint à se demander si elle n'était pas à nouveau enceinte.
Ridicule. Son corps ne souffrait de rien, non ... Sa peau était toujours aussi diaphane, ses yeux toujours teintés d'une encre qu'elle dilua dans les larmes qui percérent quelques secondes après ce réveil. Comment allait la reine d'Olympe, ce matin-là ?
Mal, bien mal ... Atteinte d'une nostalgie qui ne connaissait ni bornes, ni limites, elle s'était levée tant bien que mal. Bien vite, elle avait enfilé une paire de collants d'un vert d'eau voyant, une robe noire qui, bien que s'arrêtant à mi-cuisses, enveloppait ses bras de chaleur avec des manches chauves-souris, des chaussures à talons noires vernies, et un manteau de fourrure blanc.
La déesse n'avait qu'une idée en tête ...
Partir, putain oui. Partir. Elle embrassa son fils sur le front, et s'éclipsa aussi rapidement que possible. Elle atteignit la terre bien vite, veillant bien à éviter chaque regard. Et la déesse alla continuer sa nuit sur le bord de la plage, bercée par les vagues ... Il était 4 heures du matin. Elle s'endormit sur le sable, épuisée mais ravie de retrouver cette Terre qui lui manquait tant. Il n'y avait là que la fraicheur de l'hiver, qui la fit frissonner sans pour autant l'immoler, et le souffle des vagues, comme une berceuse. Personne ne vint la gêner, et elle n'émergea qu'à partir de 14 heures. Un long sommeil ... Depuis combien de nuit ne dormait-elle pas ?
Héra s'alluma une cigarette, et déambula dans chaque ruelles de Seikusu, achetant ici une montre à gousset, là un paire de boucle d'oreille sertie de perles d'opales, pour finalement se poser au fin fond d'un bar peu rempli, vers 19 heure. La journée était passée tellement vite, pour elle ... La déesse commanda un verre de kir à la cerise, et s'installa en tailleur sur la banquette en cuir qui lui servait de siége. Elle s'alluma, à nouveau, une cigarette au goût de menthe, et ferma les paupières. Quitter Olympe le temps d'une journée était ...
Indescriptiblement bon. Il fallait croire qu'elle supportait de moins en moins d'être une déesse ...
Héra se paye une dépression nerveuse. Elle ne put s'empêcher de sourire. Combien auraient tués père et mère pour devenir une déité ? Elle, elle donnerait beaucoup pour quitter ce statut ... Une nouvelle bouffée de tabac fut aspirée. La déesse sortit un miroir de sa poche, et s'y regarda un moment, avant de jeter ledit miroir et de vider son verre d'une traite.
Elle avait cet air hautain et froid caractéristique, comme toujours.
- Bonjour l'ambiance ... grinça t'elle.
Elle tira à nouveau sur sa cigarette, et expira la fumée, qui se diffusa autour d'elle dans un ballet enchanteur, qu'elle se plu à regarder.