Ses crocs se serra. Quelque chose ne sonnait pas bien. Elle dévisagea froidement Loki et comprit quelque chose. Ses sentiments n'étaient pas réciproque. Quelque chose, en elle, s'était brisé, comme de la vitre tombée sur le parquet depuis la table. Le visage normalement innocent de Véronique changea pour une expression torturée et haineuse. Elle leva un regard plein de colère sur les yeux de Loki et s'arracha avec brutalité de ses bras, sautant à un bon mètre de son nouvel ami. Rien n'était jamais bien pour elle. De l'amour fraternel? Elle n'en voulait pas. Le dernier à lui avoir adressé cette sorte d'amour l'avait violée et lui avait fait horriblement mal. Elle eut alors une envie étrange. Envie de cracher sa haine du monde, envie de faire comprendre à ce monde que Véronique Hayes en avait plus qu'assez de se faire traiter comme une petite soeur, qu'elle avait un coeur, elle aussi, un coeur qui voulait être aimer.
-Loki... pas... pour... Véro. Loki... comme... Maîtres. Loki... juste... gentil... pas... aimer. Pas... capable... d'aimer... Véro. Comme... les... maîtres. Comme... Jason. Comme... Mar...Marine. Personne. Personne.
Elle heurta fortement le sol de ses petits poings, des larmes de rage et de souffrance longtemps contenues mais ignorées coulant de ses petits yeux tout doux, presque suppliant. Elle articulait à grande peine ce qu'elle voulait dire, la gorge enrouée. Ses cheveux étaient dressés sur sa tête à cause de la colère, ses oreilles rabattues en montre de son déplaisir. Elle griffa sèchement le sol et poussa un grondement. Un grondement sauvage, un grondement révélateur.
Parce qu'il faut comprendre que toutes les êtres doués de conscience recherchent, inconsciemment quelqu'un de complémentaire, qui donne l'impression, ne serait-ce que quelques jours, qu'on est complet. Et pour Véronique, Loki, le héros de la révolution, le grand Renard, un mâle dominant fort, sage et doux serait le parfait compagnon pour elle. Or, elle n'était qu'une femelle faiblarde. Incapable d'avoir des petits, par-dessus le marché. En fait, d'un point de vue canin, elle ne pourrait que fantasmer sur un mâle comme Loki, sans jamais l'obtenir. Elle serait à jamais la petite dernière de la tribu. Au fond, c'était une chance pour elle que Jason se soit arrêté sur elle. Elle aurait peut-être dû rentrer chez elle, au final. Même si c'était pour souffrir. Tout serait beaucoup mieux que de ne pas cesser d'attendre que quelqu'un pose un œil favorable sur notre sale petite personne. Ses yeux ne voyaient que de la chaste affection dans ceux de Loki. Pas le désir dévorant que les mâles lancent aux femelles. Sa petite poitrine se souleva plusieurs fois sous le rythme d'une respiration irrégulière, et elle poussa un hurlement déchirant, se vidant totalement les poumons. La rage contenue dans ses yeux s'évanouit alors et laissa place à un air plein de regret, tout simplement. Elle se mordit la lèvre inférieure et se dirigea, à quatre pattes, vers la sortie.
-Véro partir, maintenant, déclara-t-elle simplement, terriblement lasse. Véro souhaiter à Loki Loki trouver Onii. Onii... probablement avec monsieur musclé qui fait peur. Don, Véro a entendu ancien maître dire.
Oui, elle savait qui était Onii. Elle faisait partie du convoi de Don, alors que Véronique appartenait à celui d'un autre esclavagiste qui faisait régulièrement des échanges d'information avec le grand criminel. Elle n'avait probablement pas encore été vendue, puisque c'était Véronique qui passait de main en main, ruinant sans le savoir les tentatives de vente de Don, puisque les clients croyaient avoir affaire à la petite qui avait ruiné leur maison. Le cerveau en fonctionnement de Véronique n'allait pas tarder à retourner à son état normal et la laisser retomber dans son mutisme d'attardée, mais elle avait déjà donné suffisamment d'informations pour qu'un type aussi intelligent que Loki puisse trouver par lui-même le reste. Elle se traina alors vers la sortie, ses capacités de jugement et de réflexion retournant à leur état de quasi-inexistence. Mais la tristesse et la solitude demeura. C'est donc avec le moral dans les talons que la petite disparu de la vie de Loki. Peut-être allait-elle se laisser à nouveau capturer par le premier imbécile qui passait par là. En fait, cela ne serait jamais aussi pire que la déception qu'elle ressentait. Elle n'en pouvait plus. Et cela promettait de laisser apparaître une autre sorte de Véronique. Qui sait, peut-être que sa rencontre avec Loki avait réveillé en elle la petite fille qu'elle serait normalement si elle n'avait jamais eu ses tares. Peut-être venait-il d'enclencher un mécanisme qui allait peut-être réactiver l'être latent se cachant dans les tréfonds de l'esprit de la petite Inu. Seul le temps le dira.
[Je clos là ce sujet si tu n'as pas l'intention de répondre. Tu n'auras qu'à me mp.]