Enfin, les masques tombaient. Malon s’était dévoilée et Belgrif n’en fut guère surpris. Il l’avait déjà trop soupçonnée. Mais le voilà tombé dans un piège. Alors, ce fut à son tour de se dévoiler complètement. Bien sûr, la demoiselle se retrouvait face à ce qu’elle avait déjà lu dans l’esprit du méprisable personnage. Se jetant contre les barreaux, le chat vomit sa rage.
-Fourbe, traitresse ! Malon, à la seconde même où vous tomberez sous ma griffe, je vous taillerais en pièces ! Je vous couperais votre langue de vipère pour vous la faire bouffer ! Je vous crèverais les yeux, vous arracherais les oreilles et les dents une à une !
Il aurait continué longtemps ainsi mais la cage fut jetée dans la mer, l’emportait, lui et ses menaces, dans l’obscurité. Quand cette dernière se dissipa, il se retrouva chez lui, dans ses propres cachots. Le voilà donc devenu un esclave, à cause de cette sorcière ! Il allait l’étriper, enfin, s’il le pouvait ! En attendant, il se retrouvait dévêtu et en fut humilié. Non, ce n’était pas qu’une question de pudeur, c’était plus fort, plus profond que cela. Belgrif avait honte de ses origines, de son corps bestial. C’était bien pour cette raison qu’il le cachait par des habits aussi amples que possible ! Autour de lui, dans la pénombre et l’humidité, d’autres infortunés esclaves étaient présent, maigres, maladifs, laids. Le félin bondit à l’écart, heureux dans son malheur que les barreaux de sa cellule le protégeaient.
-Arrière vermines ! Vous méritez votre sort ! Ce n’est pas ma faute si je suis intelligent et que vous êtes stupides ! C’est les règles du jeu ! J’étais comme vous, à ma grande honte, j’ai sut m’élever, et pour cela fallait que je vous piétine ! Je ne regrette RIEN ! RIEN vous entendez Malon !
Il s’était tourné vers elle, trouvant finalement normal qu’elle soit encore là, à le fixer. Il essaya de lui cracher dessus. Son regard exprimait une fureur si intense que cela en devenait effrayant. Pourtant, nu, petit, malingre, il n’aurait pas même impressionné une souris.
-Je vous exècre sorcière ! Vous êtes à l’image de votre intimité, monstrueuse ! Il faisait évidement référence, directement cette fois, au sexe masculin. Mais vous ne me ferez pas ployer ainsi ! Je ne vous offrirais JAMAIS cette satisfaction ! Ce genre de cauchemar, je l’ai fais des dizaines, des centaines, des milliers de fois ! Je me vengerais, tôt ou tard, je me vengerais !
Il parlait, il se forçait à parler. Il n’avait plus que ça pour se battre. La torture psychologique que lui imposait les dons de la demoiselle l’éprouva, évidement, mais pas en apparence. Belgrif était peut-être une ordure, mais une ordure coriace.