Idiot....
Ce simple adjectif résonnait dans ma tête, inlassablement, tandis que mon regard se porta sur le corps ensanglanté de Devil, gisant sur le sol, une blessure d'une petite taille, le traversait de part en part au niveau de sa poitrine, plus précisément, vers la zone où se trouve le cœur. Le sang s'écoulait , se répandant sur le sol. La seule question à se poser était « comment avions pu en arriver là ? ». Tant d'actes s'étaient déroulés avant cet épilogue à l'aspect bien funeste.
Tout, absolument tout s'était passés dans un rythme entraînant, mis au point par un chef d'orchestre qu'on ne pouvait définir, ni réfuter. Les actions avaient pris un tournant des plus étranges. Quelle étrange pensée de se remémorer le fait que je m'étais juste aventurée un peu au cœur de la forêt pour me détendre et que cette balade, à l'aspect paisible, ce serait clos par la mort d'une personne qui m'était inconnu. Tous les détails de cette dernière heure me revint en mémoire.
Ainsi, un à un, les événements de cette après-midi défilèrent à toute vitesse, comme si l'on regardait la rediffusion d'une émission à la télé. De ce fait, j'avais souvenance de ma petite escapade en ces lieux boisés, de la rencontre avec le mercenaire qui s'en suivit, l'attaque du terranide renégat, la transformation de Mustang Devil en un être bipède semblant venir d'un autre univers. A partir de cet instant, tout s'était accéléré, la course-poursuite en forêt, la confrontation située sur une plus haute branche d'un arbre à quelques pieds du sol. Rien qu'à y repenser, un frisson me parcouru. Et puis, l'être sanguinaire avait reprit peu à peu la raison, la part d'humain qui l'habitait avait réussi à reprendre possession de son corps et de son esprit.
Une suite d'évènement bien étonnant, il fallait l'avouer. Surprenant également quand de surcroît, sans aucun état d'âme ou de perte de revendication, il tua son débiteur. Certes, la mort de son acolyte était peut être de mon œuvre, mais les raisons qui m'avait poussé à pareilles actes étaient bien différentes de celles qui avait conduit cet humain à trahir l'un des siens. Je lançais un rapide regard vers le corps qui respirait de plus en plus difficilement. La mort de celui qui l'avait embauché afin de me capturer avait été suivi par une multitude de questions restaient sans réponses. Autant dire que celles qui m'avaient été fournis, n'avaient que augmenter mon étonnement.
Mais ce n'était sans penser que la suite qui allait arriver, allait me méduser littéralement. Tandis qu'une phrase que j'aurais souhaité inexistante avait été prononcée, je redoutais sa réponse. Quelle ne fut pas ma surprise quand il s'était avancé vers moi, me prenant dans ses bras. Les yeux écarquillés sous le choc, le premier réflexe qui m'était venu était de le repousser. Cependant, je rompis ma démarche en le sentant prendre l'une de mes mains afin de diriger l'arme cachée sous le poignet vers son organe vital. Idiot.
Bien sûr, des questions restaient en suspend, particulièrement l'une de ces dernières phrases qui n'avaient pu achever, couper net dans son élan par la lame qui l'avait transpercé de part en à part, Qu'avait il voulu dire ? Sans doute ne le serais-je jamais. Un soupir s'était élevé dans le ciel tandis qu'il avait énoncé sa dernière sentence. Le pardon ne s'acquiert nullement en se donnant la mort, loin de là. Demander la mort en guise de pardon ou se la donner n'est nullement, pour ma part, une forme d'intelligence. Au contraire, on fuit la réalité, son ennemi, qu'importe soi t' il en mettant fin à ses jours. Une façon lâche en somme.
Un léger tintement me fit redresser les oreilles. Un objet sphériques et concentrique roulait sur le sol. Il semblait provenir d'une des poches de Devil. Ni une, ni deux, je me penchais afin de saisir le matériel en question. Sa vue m'était familière....En effet, il s'agissait de ces fameuses seringues avec lesquelles il s'était soigné quelques instant plus tôt, sous son apparence plus ...bestiale ? Une question me taraudait l'esprit, tandis que je fixais l'humain agonisant, l'une de ses seringues fermement tenue dans la main. Pourquoi ne s'était pas transformé comme tantôt alors qu'une douleur extrême l'assaillait ? Étrange...
Nouveau soupir. M'accroupissant à ses côtés, je saisis d'un geste vif et rapide, les autres seringues qui, comme leur semblable, avaient aussi roulé à terre. Chacune semblait être rempli d'un produit à l'aspect plus que douteux. Pourtant, qui ne tentait rien n'a rien. Si ces seringues lui avaient permis de restructurer des cellules mortes de son corps, il y'a peu de temps, alors elles devraient encore contenir cette fonction. Enlevant la protection d'un geste rapide et précis au niveau de l'aiguille, j'introduisis cette dernière dans l'une des veines visibles au niveau de l'avant bras. Certes, je n'étais pas un médecin et il allait sans doute connaître un bel ecchymose, mais cela n'était rien en comparaison qu'il pourrait toujours vivre.
Le produit fut injecté en trois fois. La liqueur qui avait infiltré le réseau sanguin, courait à travers les veines à la recherche de leur cible. Leur destination était le cœur qu'elle s'empressèrent de reconstituer. Les cellules mortes se reformaient à une vitesse affolante, la plaie se refermait petit à petit, ne laissant plus qu'entrevoir sur la peau une légère cicatrice. Il semblerait qu'il soit hors de portée des mains de la Faucheuse. Prenant appuie sur mes pieds, je me relevais, faisant quelques pas en direction du Nord. Mon ouïe avait capté la douce mélodie que seule une rivière est capable de faire. De l'eau. Aliment nécessaire à toute vie, voilà ce qu'il avait également besoin pour récupérer ses forces.
Cependant, un problème régnait. La rivière était bien à plusieurs mètres de lui et même en faisant le voyage aussi rapidement que possible, l'eau prisonnière entre mes mains, celle-ci parviendra sans aucun doute à se frayer un chemin jusqu'au sol. Il me fallait trouver rapidement une solution. Revenant sur mes pas, je fis en sorte de soulever Devil, mettant l'un de ses bras par dessus mes épaules qui lui servirent ainsi d'appoint. Ma main gauche tenait la sienne, tandis que l'autre était accolée au niveau de son bassin, de sorte à le maintenir debout. Doucement, j'entrepris de l'emmener jusqu'à la source d'eau.
Le trajet bien que court, ne fut nullement aisé. Bien qu'il était hors d'état de nuire et particulièrement de mort, son corps affaiblit n'avait pas encore retrouvé toutes ses fonctions. La distance fut parcourue en une dizaine de minutes, aussi minime soit elle. Arrivée à hauteur de la rivière, je le déposais doucement sur le sol, allant par la suite cherchée le liquide vital, formant un carcan avec mes paumes. Doucement, je laissais le liquide s'engouffrait entre les lèvres de l'humain, descendant le long de sa gorge. Quelques aller-retour furent nécessaires.
« Idiot... »
Cette fois, ce mot, je l'avais prononcé à voix haute. Je savais qu'il était maintenant sain et sauf et qu'il était capable de m'entendre et de me comprendre malgré son état. Cependant, son statut allait de mieux en mieux. Un soupir de soulagement s'extirpa d'entre mes lèvres, tandis que je surveillais son évolution, agenouillé à ses côtés. J'aurais pu l'abandonner, le laissait là. Mais cette pensée ne m'était nullement venue à l'esprit.