Je lui laisse l'initiative, du moins le croit-elle. J'aurais aimé qu'elle vienne à mes pieds, soumettant ainsi à mon bon vouloir sa perfection en une sublime robe dont la perfection elle-même se serait retrouvée froissée. Mais j'aurais aussi aimé qu'elle soit nue, m'offrant un corps lui aussi parfait, par cette seule robe tombant à ses pieds. Rare est mon indécision en de tels instants, mais je lui masque ainsi.
Quelle que soit l'option que tu soies persuadée d'avoir choisie, douce et belle naïve Desmina, tu retomberas dans mes filets. Je vais jouer de toi, la nuit durant, et si, au petit matin, je ne suis pas rassasiée, je m'éclipserai pour me contenter du nectar d'un vieux grigou voisin, et je reviendrai à l'assaut de ton corps. Tant que tu me subjugueras comme tu le fais depuis le premier instant où je t'ai vue, je te garderai ainsi près de moi, et je ne serai que tienne ; mais, si cette flamme venait à faiblir, je ne garderais de toi que ton nectar qui coulerait dans mon corps à tout jamais.
Pourtant, quand je la regarde, si belle silhouette se détachant sous une lune dont la seule attention est d'offrir à mon regard charmé la perfection de celle dont je suis en train de tomber amoureuse. *Lana, réveille-toi, tu ne peux pas avoir de coup de foudre sans savoir qui elle est !* Si Stevan avait transporté mon cœur en des cimes inaccessibles au commun des mortels, jamais une femme n'avait su me mener vers de tels sommets, rien qu'en la contemplant ou en l'effleurant.
Desmina est un spectacle à elle seule. Pourtant, certaines de mes proies me firent strip-teases et autres déhanchements, pour me troubler avant que je ne les réduise qu'à un corps sans vie. Mais jamais aucune ne me troubla, comme Desmina lorsque, d'une démarche qui semble si naturelle e elle mais qui me fait frissonner de désir oui ce désir furieux et sauvage que parfois je ne contrôle plus, elle entre dans la chambre.
*Hum, viens à moi, ma maîtresse, mon amante, mon aimée.* Mon cerveau bouillonne et mon corps s'embrase. Elle vient à moi, elle m'appartient. Involontairement, quoique j'en doute un peu, mon doigt, demeuré posé sur ma féminité, et pouvant confirmer mon trouble, se laisse distraire en de petits mouvements quasi-imperceptibles.
« Un petit tour de magie avant, dans ce cas. », les mots de Desmina m'auraient amusée, si la suite avait été toute autre. Parce que voir sa robe d'un coup tomber à terre, sans que j'aie vue ses mains tirer quelque lien ou ôter quelque agrafe me laisse pantoise.
Mais quel intérêt de m'étonner de cela, alors que, au même moment, je suis subjuguée ?
« Desmina ! », prononcer son prénom, je ne peux en dire davantage.
Subjuguée par cette nudité, seulement vêtue de ces escarpins à lacets qui lui offrent une subtile et infernale cambrure.
Subjuguée par ces seins aux formes et au maintien parfaits, globes idéalement dessinés, à rendre jalouse toute femme dont moi-même.
Subjuguée par cette intimité qu'un maudit et mauvais jeu des lumières de cette chambre laisse trop dans l'ombre à mon goût.
Subjuguée par cette osmose tout au long de ce corps, dans ses moindres détails, une osmose que je vais chiffonner, meurtrir, posséder, dévorer, exalter.
« Tu es sublime », je voudrais mes mots posés, mais ils trahissent la fièvre qui s'empare de moi.
*Eh Lana, calme-toi, c'est juste une proie !* je m'en moque de ma conscience, je veux Desmina jusqu'au petit matin et bien au delà.
Quand elle avance vers moi, je me sens soudain perdue. Je ne sais plus si c'est moi qui ai ordonné cela, ou si elle prend la main rien que par sa sensualité. Elle me demanderait de ramper à ses pieds que je le ferais ! Le moindre de ses gestes, la moindre de ses attitudes, tout est d'un érotisme torride et incendiaire.
Je voulais lui donner l'illusion de l'initiative, en tirant les ficelles de ses mouvements, mais elle me prend de cours, et je suis comme suspendue à sa prochaine initiative. *Ressaisis-toi, Lana, la situation t'échappe !* Mais c'est que je suis incapable de reprendre le contrôle. La situation m'échappe, et Stevan savait très bien profiter de ces moments où la femelle prenait en moi le pas sur la femme. Soit je perdais tout à fait pied et il jouait de mon corps comme d'un plaisir renouvelable à l'infini, m'arrachant des mélopées à réveiller le voisinage, sans parvenir à endiguer le flot de plaisir que je réclamais sans discontinuer. Soit je prenais redoutablement maîtrise, et Stevan ne devenait alors qu'un jouet entre mes mains, n'était plus que ma volonté de le mener jusqu'à tous les plaisirs fussent-ils tabous ou obscènes pour qu'il me demande grâce d'épuisement.
Et là, Desmina m'entraîne vers la première voie, alors que je veux la seconde.
Elle prend le dessus, et je laisse faire ! Je n'avais pas compris comment elle s'était si vite dévêtue, je ne comprends pas davantage comment elle se retrouve au dessus de moi. L'excitation engendrerait-elle des moments d'absence ?
Ses cheveux si proches.
Ses yeux si proches.
Ses lèvres si proches.
Son corps si proche.
Défiant de tout mon regard brillant d'amour son regard qui me met plus nue que je ne le suis encore, comme s'il cherchait en moi la flamme qui brûle pour elle, je pose enfin une main à sa taille nue, et j'en frissonne. Ce simple contact m'électrise. Nos seins qui ne se sont touchés qu'au travers de nos habits respectifs partageront bientôt nos troubles respectifs. Nos sexes impatients seront bientôt unis dans la même quête de la jouissance
« Tu m’as fait d’aimer, j’espère que tu es prête à en subir les conséquences. », elle me défie, elle prétend diriger la suite !
Comme si je ne savais pas où moi, et non elle, j'entraînerai nos corps en fusion.
« Ose, ose ma chérie, et tu verras ».
Ce mot de chérie m'a échappé. Nous ne sommes que deux amantes, fugace rencontre d'un soir dans un hôtel de passes de luxe, mais sommes-nous encore cela ?
Elle n'a pas dû l'entendre, peut-être est-ce mieux ainsi, car ses mots s'ensuivent d'un baiser qui ne laisse aucun doute sur ses sentiments. Je ne suis pas que celle d'un soir, levée pour garnir une chambre de luxe. Alors, mes lèvres s'offrent à elle, ma perfection faite femme, en un baiser passionné, amoureux. Elle a des lèvres si exquises, et ma langue part à l'assaut de la sienne, ou l'inverse peu importe, en une sarabande folle que je veux prolonger encore et encore.
Je voudrais tant prolonger ce baiser à l'infini, mais les lèvres de Desmina m'échappent, comme elle toute entière échappe à mon contrôle d'ailleurs. Ses lèvres qui descendent dans mon cou, m'arrachant déjà des soupirs de béatitude. Ses baisers sont si brûlants, comment est-ce possible ? Comme si je sentais leur cheminement sur mon corps, comme s'ils le parsemaient de petits picotements incendiaires, les mêmes qui à présent s'emparent de mes seins. Ma poitrine est gonflée, mes tétons sont dressés, je le ressens, passive à mon corps défendant, mais si bien ainsi.
« Oh oui, continue, je t'en supplie », ç'auraient dû être des mots fermes et ordonnants, mais leur langueur trahit bien autre chose.
Ses doigts approchent dangereusement du mien, dont les mouvements désordonnés ont accompagné l'ouverture de mon intimité vers des plaisirs sans fond. Sa langue prend le même chemin, toujours aussi incendiaire.
Je m'ouvre, je sens le compas de mes cuisses signifier mon abandon.
« Tu es certaine de maitriser la situation ? », elle sait la réponse, elle sait as maîtrise, elle sait ses effets.
« Oohh ouiii ! », je ne saurais dire si mes mots signifient « je maîtrise » ou plutôt « continue ainsi », et même l'intonation prête à doute.
Pourtant, mon doigt s'est à présent écarté, offrant à la seule bouche de Desmina l'audace de poursuivre le chemin indiqué.
« Que feras-tu si je reste au bord des choses ? », elle n'a pas le droit ! Ce n'est plus de la provocation, c'est un supplice.
« Oh non, continue, c'est un ordre ! », oui je le veux, non ma voix n'est pas celle d'un ordre
« Est-ce que tu as vraiment ce qu’il faut pour me plier à tes ordres ? »
« Ouiiiiiiiiii ! », j'aurais pu répondre cela fermement pour lui rappeler qui dirige, sauf que ses lèvres ont trouvé le point de ma sensibilité, et considérablement modulé le tempo de ma voix.
Je suis ouverte sous le regard de Desmina, indécente, peut-être même obscène, mon intimité suspendue à ses lèvres, et elle s'en amuse, conservant une redoutable maîtrise, jouant de moi.
*Reprends-toi, Lana, où tu vas sombrer tout à fait !*, peu importe que ce soit ma conscience malvenue ou mes sens exacerbés qui me disent cela, mais c'est vrai.
Le feu ne baisse pas en moi, au contraire il me consume. Où qu'elles se posent, les lèvres de Desmina sont un catalyseur émotionnel.
Qu'elle s'interrompe presque soudain ne m'apaise pas. D'ailleurs, comment pourrais-je être apaisée quand le spectacle de son intimité s'offre à moi ? Ou plutôt, malicieuse, elle le suggère en le masquant à peine.
Mes yeux sont grand ouverts, exorbités même. Et, par un léger glissement qui veille à ne pas éloigner son visage de mon entrejambe où je veux qu'elle se perde, qu'elle me perde, je goûte enfin à sa peau, à sa douceur, à son parfum. Ma langue aime en explorer la moindre parcelle de sa pointe, je sais que je suis déjà accro d'elle. Mes mains partent à leur tour, exploratrices, vers ces deus globes parfaits dont les aréoles sont si délicatement dessinées, dont les tétons sont si délicieusement dressés. Serrer enfin des érections entre mes doigts est un bonheur qui me tenaillait, depuis que l'en guettais le trouble au travers de sa robe. Frôler son nombril de ma langue, descendre goûter sa peau au haut de jambes si élancées, m'amuser de ces escarpins qu'elle porte encore comme une preuve d'un ascendant sur moi, cela ne m'amuse pas, cela me dévore.
Et mes mains, laissant à regret ses seins pour que plus tard ma bouche y revienne, glissent au long de ses hanches, caressent la nudité de ses cuisses, remontent pour enfin l'offrir à moi, résistance feinte ou provocation érotique je ne sais.
« Ouvre-toi, Desmina, c'est un ordre ! »
Je tends mes lèvres, prêtes à saisir de diamant, dont j'imagine déjà la perfection, également.
Mais, au delà de cette admiration, c'est aussi voire d'abord l'appel au plaisir qui me guide.
Elle va vite savoir qui mène les ébats, et où je veux en venir.