Il y a quelques semaines, Noriko avait été appelée par un de ses camarades de classe du lycée après que celui-ci ait obtenu son numéro personnelle depuis ses parents dont il avait du gardé le téléphone suite à une quelconque invitation il y a maintenant des années. Bien sûr, il prit des nouvelles - ça faisait 5 ans au moins - et s’enquerra des dernières avancées de sa carrière ; En effet, comme il expliqua vite, il s’était lancé dans des études de mode, et en tant que tel n’avait pas manqué de reconnaître Mlle. « De Lange », qu’il avait lui connu sous son vrai nom, Katahira. La raison plus précise de son appel était d’ailleurs en rapport avec son choix de profession à lui ; Devant révéler pour la première fois une de ses collections au public, en collaboration avec son école, il avait souhaité que Noriko soit l’égérie de sa ligne, ce qui au delà du côté sentimental d’avoir une ancienne camarade et non une inconnue dans ce rôle, lui assurerait certainement un certain coup de pub’.
Alors ils avaient tous deux prit rendez-vous dans un bar non loin de son école et longuement discuté du passé et avenir proche, entre leur séparation après le lycée - leur amitié n’avait pas été assez forte pour résister au passage aux études supérieures, sans pour autant dire qu’elle ait été de circonstance, les deux camarades s’étant bien appréciés - et la révélation de la collection qui serait à venir. Il semblait extatique, sortant avec hâte son cahier à croquis, la plupart étant réalisé assez sommairement, puisque, travaillant en petits groupes, les élèves n’avaient pas encore à se soucier des standards de l’industrie dans laquelle le dessin devait très fidèlement représenter le produit, sans avoir à s’enquérir des explications du créateur. C’était une ligne de sous-vêtements, principalement, qu’il qualifia de « street-underwear » dans un accent nippon assez atroce aux oreilles qui y étaient sensibles ; Même si le concept semblait assez obscure conceptuellement, il était simple à réaliser à l’appui de ses dessins, mêlant simplement le monde de la lingerie à l’esthétique caractéristique du street-wear.
Le jeune créateur semblait tout gêné de demander à son ancienne camarade de classe, qu’il avait connue avant même que quiconque ait l’idée de la prendre en photo’ autrement qu’en souvenir, de le suivre dans l’école pour prendre ses mensurations, ce qu’elle accepta en riant, ayant depuis longtemps pris l’habitude de cela. En fait, elle aurait même pu les lui donner directement, celles-ci étant un outil aussi important pour sa carrière que son corps lui-même, mais il semblait heureux de pouvoir exercer son futur métier un peu en avance, et elle ne la priva pas de ce plaisir ; D’autant que parfois, les créations, surtout celles présentées comme preuves de talent par les jeunes élèves, souvent osées, pouvaient demander des mesures assez hors du commun, selon les coupes. Alors il l’amena dans son école, qu’il lui fit très sommairement visiter - il nomma simplement les lieux qu’ils pouvaient voir pendant leur cheminement sans détour jusqu’à l’atelier de son groupe - avant de se mettre en travail. En vérité, sa présence n’avait été requise que pendant quelques minutes pour la prise de mensurations, à peine, mais elle prit le temps de rester l’après-midi pour tenir compagnie au groupe pendant leurs premières coupes et coutures, les observant travailler, d’un coin, n’osant déranger leur passion.
Encore quelques jours plus tard, les essayages ; Ils n’avaient pas chômé, largement au devant de leur « deadline », la présentation, mais ils voulaient pouvoir retoucher toute imperfection, tout défaut, voire modifier ce qu’ils trouvaient, mis en tissu et en fils, peu convaincant, n’aillant eu l’occasion de réellement voir leur travail porté, ceci étant d’habitude fait simplement pas les membres du groupe, mais, manque de chance, celui-ci était entièrement masculin. Ceci recommença jusqu’à ce que le résultat leur convienne - et par convenir, il fallait entendre ne trouver absolument rien à redire, comme s’il s’agissait d’une mission spatiale.
Alors, le matin du galla de l’école, ils étaient relativement en confiance - autant que leur permettaient les circonstances ; Se rencontreraient là-bas un certain nombre de personnalités de la mode - pas les plus connues, évidemment, ceci restant un évènement assez mineur, mais de quoi mettre un pied dans ce monde, à l’échelle de la ville voire plus, une fois sorti de ses études, si l’impression était assez bonne.
Ç’avait été organisé plus comme un salon qu’un réel défilé de mode, pour plus de clarté quant à quel groupe faisait quoi, et aussi parce que plus que voir le résultat, beaucoup d’invités souhaitaient pouvoir s’entretenir avec les élèves de l’école et connaître le pourquoi de ce résultat, quand bien même celui-ci pouvait leur déplaire, comprenant, comme tout artiste, que l’audace et l’originalité sont des qualités en soi. Dans un des larges couloirs de l’institut, des alcôves, séparées seulement de fins rideaux pendus à des barres de fer et illuminés de projecteurs savamment positionnés, servaient de réceptacle aux créations en même temps que leurs créateurs.
Dans une de celles-ci, Noriko et quelques mannequins de plastique. Ceux-ci portaient les pièces les plus accessoires de la collection, là presque simplement pour illustrer, alors que les chefs-d’œuvre, la modèle de chair et d’os les portait à tour de rôle, enlevant et ôtant les rares vêtements qui n’étaient pas de lingerie et pouvaient se porter par-dessus les autres, et alternant de temps en temps ses tenues, profitant que la plupart des invités allaient et venaient le long du long couloir et passeraient plusieurs fois. Elle souriait comme il était de mise dans son travail, et prenait les poses qu’elle avait travaillées et prises des milliers de fois déjà, en changeant parfois pour tromper la lassitude de ses muscles, ne faisant quelques fois que passer d’une jambe d’appui à l’autre.
Elle attirait la plupart des regards, à la fois grâce à elle-même et à ses vêtements. Le « street-underwear » alliait les coupes traditionnelles et plus modernes - et souvent donc osées - des sous-vêtements aux explosions de couleurs flashy du streetwear, en même temps que lui empruntant parfois des esthétiques plus excentriques, comme l’aspect usé du jean - qui malgré son aspect voulu naturel, était là sciemment travaillé - ou les symboliques du tag, allant jusqu’à copier certaines inscriptions communes. Bien sûr, rien n’avait été épargné ; Les tissus employés qui mimaient voire étaient ceux du « vrai » streetwear, les inscriptions parfois calquées de marques connues, mais tout ne pouvait évidemment être utilisé dans le même vêtement, et Noriko n’avait qu’autant de jambes et de bras. Cela plaisait, et c’était au plus grand ravissement des créateurs qui après seulement quelques minutes de visite pouvaient enfin cesser de retenir leur souffle, même s’ils étaient conscient qu’au moins une partie des regards étaient intéressée par leur mannequin. Il fallait avouer que leur modèle, sans couvrir de honte les autres qui étaient sublimes, ne se confondait que difficilement avec elles ; Son maquillage parfait et adapté, silhouette travaillée, les sous-vêtements dévoilant ses abdominaux taillés sans être trop saillants ou anguleux, son bronzage qu’on devinait aux contours des diverses coupes des sous-vêtements, et son visage de « hafu », tout l’aurait désignée pour des démarchages des diverses personnalités visitant l’alcôve si celles-ci n’avaient pas immédiatement reconnue l’égérie nippone. Elle ne les reconnaissait pas tous, elle devait s’en excuser, mais de temps en temps, elle glissait un geste de salutation d’une main, l’ouvrant et la fermant quelques fois en l’air, aux visiteurs en même temps qu’elle plongeait ses yeux bleu lagon dans les leurs.
Noriko, portant un ensemble de voulant proche de l'allule des joggings, avec le tissu adéquat et les élastiques de maintien caractéristiques.