Un super colocataire [Sentinel Prime]

Fichus cercles d'invocation... En un simple claquement de doigt, Saul se retrouvait à quelques mêtres de sa position initiale, se retrouvant à regarder Tessia de loin alors qu'il respirait l'odeur de son corps quelques secondes plus tôt. Et lui qui croyait la tenir, qui était persuadé d'avoir rempli son escarcelle de l'attention torride de la démone ! Loggia était aussi gourmand que pressé et d'aucuns auraient ajouté que l'alien était également un peu trop immature. Ils n'auraient pas eu tort. Saul manquait de ce discernement et de ce tact calculé qui contribuait au charisme des véritables séducteurs, eu égard probablement à ses facilités passées lors de phases de séduction. Dans l'espace, sa belle gueule attirait facilement les jolies filles. Ici, sur ce caillou reculé sur lequel vivotaient des humains incapables d'aller plus loin que leur propre lune, il se faisait recaler par une prétendue "démone du sexe". La belle affaire ! Agacé mais tout en retenue (pour une fois au moins), il laissa passer le sermon de Tessia tout en cherchant son prochain angle d'attaque.
Qu'elle se moque gentiment de lui passait encore, qu'elle le prenne pour un gosse à éduquer, par contre, n'était pas une idée des plus lumineuses.

Le visage de Saul se ferma instantanément et ses doigts tapotèrent rapidement sur l'accoudoir du fauteuil dans un geste bref d'agacement vif.

- Si vous avez l'impression de vous trouver dans une salle de classe, professeur, il va falloir revoir votre décoration. Qu'y a t'il à savoir sur les succubes, franchement ? Sexe, séduction, dépravation. Sur Terre, vous êtes peut-être issue d'une caste impressionnante et dominante mais de là d'où je viens, vous n'êtes d'une créature parmi d'autres. Vos perspectives sont trop étroites, mademoiselle Alexanders. Et votre assurance aussi grande que la mienne, probablement aussi agaçante pour moi qu'elle l'est pour vous. Vous me trouvez trop pressé ? Je vous trouve bien présomptueuse. Un peu de magie et une leçon professorale ne me dompteront pas.

Tessia était peut-être un peu comme lui, dans le fond : habituée à ce qu'on lui mange dans la main. Parce qu'elle était jolie, qu'elle était une succube et qu'elle possédait quelques dons amusants. Mais elle n'était jamais qu'une démone issue d'une caste inférieure qui avait une vision du monde étriquée parce que limitée à une planète, peut-être deux si elle connaissait Terra. Il existait, dans l'univers, des races bien plus sexuellement voraces que les simples succubes. Alors, qu'elle se permette de lui faire la leçon sous prétexte qu'elle pensait tout savoir... Pauvre d'elle. Saul avait beaucoup baroudé, bien plus loin que Tessia ne pourrait jamais prétendre avoir été. Il était plus adulte qu'il ne le laissait penser, en vérité.

Néanmoins, il devait faire amende honorable et reconnaître qu'il avait effectivement été trop pressé. Elle lui plaisait -comment imaginer le contraire- et il était trop sûr de lui, trop assuré de son succès et de sa capacité à plaire aux femmes. L'alien n'oubliait pas non plus que Tessia avait été aimable et généreuse avec lui, ce qui le poussa à soupirer en secouant la tête, perdant tout de suite l'air trop dur qui ne lui allait pas vraiment. Avouer ses fautes n'étant pas une des choses qu'il avait l'habitude de faire, le récupérateur prit soin avant de reprendre la parole de s'octroyer une longue rasade de bière.

- J'ai dressé la table trop vite, c'est vrai. J'ai servi le plat avant d'avoir sorti les couverts et de ça je m'excuse sincèrement. Ce n'était pas très délicat, succube ou pas. C'est un peu dénigrer votre hospitalité et votre gentillesse. Il inclina poliment la tête. Un affrontement verbal stérile nous agacera tous les deux. Mieux vaudrait presque que l'on s'ignore, si on décide de continuer à se tirer la bourre pour avoir raison. Bien que ce ne soit pas ce dont j'ai envie, pas du tout d'ailleurs.

Saul prit une seconde pour réfléchir à la suite, se décidant pour une stratégie qui lui semblait être la plus sage et la plus adaptée pour désamorcer le début de catastrophe qui s'annonçait après que tout ait plutôt bien débuté : s'écarter poliment. Il n'était plus question de séduire Tessia pour se loger entre ses cuisses mais davantage de lui laisser une impression correcte. Le reste... Bah. Plus tard, éventuellement. Loggia se leva donc de son fauteuil.

- Je vais aller ranger mes vêtements, si vous voulez bien. Et puis, je m'installerai dans le canapé... Demain, pour m'excuser de mon comportement indélicat, j'irai acheter les croissants.

Un sourire franc et mutin passa enfin sur son visage, qui recouvrait peu-à-peu son expression habituelle.

- Servis au lit, petit bonus du chef !

La succube écouta le jeune homme dont le visage s'était soudain fermé avec un amusement tout particulier. Elle s'amusa de voir que, quand la situation ne tournait pas à son avantage, le grand Saul Loggia pouvait aussi se révéler mauvais perdant. Elle s'amusa aussi de voir à quel point le jeune homme trouvait sa vision des choses trop étroite. Son assurance, aussi grande que la sienne ? Allons donc ! Tessia savait parfaitement qu'à l'échelle de la galaxie ou même de la planète Terre, elle n'était rien.  Même sur terra où elle pouvait exprimer plus avant ses pouvoirs, elle n’avait aucune chance face à nombre de créatures bien plus puissantes qu'elle. C'était l'une des choses que Tessia estimait comme l'un de ses atouts : avoir les pieds sur terre.

Elle le toisa donc, sans rien dire, un sourire malicieux au coin des lèvres et le laissa déblatérer son monologue. Monsieur avait visiblement bien baroudé. C'était intéressant. Ça devait lui en faire des histoires à raconter. Pourtant, malgré son égo blessé et son discours sarcastique, il n'en restait pas moins suffisamment aimable et bien éduqué pour ensuite décider de s'excuser et ce de manière qui n'était pas pour déplaire à son interlocutrice. Usant de ses propres images en rapport à la cuisine, il livra un résumé de la situation qui était on ne peut plus vrai. Il l'informa ensuite qu'il allait ranger ses vêtement et se leva avant de lui dire que le lendemain il lui offrirait les croissants.

Tessia se leva grâcieusement à son tour et l'intercepeta en glissant son bras sous le siens délicatement.

- Ce dont je voulais vous mettre en garde Saul, c'est que je me nourris d'énergie vitale, lui souffla-t-elle à l'oreille. Je ne prétends pas appartenir à une caste incroyable ou même supérieure, Mais je suis plutôt de la race des parasites. Je suis incapable de survivre sans m'abreuver des forces des autres. Sans cela, je flétrit et je meure.

Elle tourna ses beaux yeux bleus couleur océan en direction de ceux du jeune homme.

- J'ai plus de deux mille ans, mais pourtant je ne me sens à aucun instant supérieure à vous. Vous semblez avoir vu et vécu des choses auxquels je ne peux pas prétendre. De même, je subodore avoir une expérience ou deux qu'il vous serait difficile de reproduire, mais à quoi cela nous sert-il de comparer ? Autant comparer des poires et des navets. Je suis un monstre Saul, voilà ce qu'il vous faut retenir. Une jolie enveloppe qui cache une créature bien misérable qui s'accroche à la vie comme une sangsue. Je refuse simplement de continuer à le cacher à ceux qui prétendent vouloir partager ma couche. Le sexe n'est pas juste une activité agréable. On est rarement plus vulnérable qu'au lit. C'est avant tout pour moi un acte de confiance et commencer par mentir, ne serais-ce que par omission, avant d'aller au lit n'est ni plus ni moins qu'un bris de confiance Saul...

Elle le relâcha ensuite avant de se diriger vers sa chambre.

- Bonne nuit Saul. Sachez une chose. Vous êtes un jeune homme que l'on gagne à connaître et votre confiance en vous me fait plaisir à voir, même si j'aime essayer de l'ébranler. Et même si vous me trouvez arrogante ou frigide, sachez que vous êtes la bienvenue dans cette maison. Je vous crois trop franc pour tenter de me faire du mal. La clé est sur le meuble à l'entrée si vous désirez sortir demain.

Sur ce, elle se retira dans sa chambre et, après s'être changée pour revêtir une très chaste robe de chambre blanche, elle se coucha dans son grand lit et s'endormit.

- N'est-ce pas notre lot à tous, que de flétrir puis mourir après s'être accrochés à d'autres pour survivre ? Pour vous, ça se passe simplement différemment que pour moi mais au final, on finira tous les deux secs et impotents, avant de se rendre pour de bon dans vos  enfers.

Saul n'était en rien fataliste ou démoralisé et l'air tranquille qu'il affichait tandis qu'il donnait à Tessia son point de vue en témoignait bien. Le jeune homme évoquait simplement ce qu'il estimait être sa vérité, le résultat des leçons que la vie lui avait apprise. Peut-être qu'il changerait de discours une fois moins en forme qu'aujourd'hui, lorsque son dos aura fini courbé par le poids des années et que sa jeunesse insolente se sera envolée avec son charme juvénile. Peut-être qu'il ne craignait rien aujourd'hui, mais demain ? Toujours était-il qu'il ne donnait à Tessia aucune pitié et n'affichait pour elle aucun dégoût. Saul s'était simplement tourné face à elle, ses lèvres remontant sur son éternel petit sourire en coin qui cette fois se voulait presque rassurant.

Leurs regards se répondirent, se fondèrent l'un dans l'autre. A cette distance où leurs sphères intimes se mélangeaient, on aurait presque pu penser que leurs lèvres finiraient par se rencontrer pour un baiser de cinéma. Cela ne se passa pas et Tessia fit montre d'une maturité qui échappait à Saul tout autant que d'une franchise qui en vint à l'étonner. Le garçon pensa bien répondre, avant d'épargner une nouvelle fanfaronnade à la maîtresse de maison. Par respect... Et parce qu'il n'aurait jamais trouvé quelque chose d'assez convaincant à répondre, après ça. La belle succube s'éloigna et alors qu'elle fut prête à alon, Saul l'invectiva.

- Vous allez dire que j'insiste, mais je suis prêt à vous donner un peu d'énergie vitale. Je vous crois trop franche pour prendre plus que ce dont vous avez besoin, dit-il pour reprendre la formule de la démone. Autant partager, si on arrive à se plaire. Merci pour la clé et vous n'avez pas à vous en faire; mes amis ont toutes les raisons de ce monde et des autres pour me faire confiance. Bonne nuit, Tessia.



Lui ne se coucha pas tout de suite, à la différence de la femme qui l'hébergeait. Saul s'occupa de ranger ses vêtements secs, les pliant avant de se débarrasser de ceux qu'il portait pour finir dans son seul boxer. Avec l'aide de Cortana, le jeune homme se trouva des draps à installer sur le canapé pour s'improviser une couche grossière mais confortable qui lui sembla être un véritable petit paradis lorsqu'il se mit à zapper sur les chaînes câblées. Mangas et autres blockbusters américains le nourrirent une bonne partie de la nuit avant qu'il ne tombe de lui-même dans le sommeil, harassé par sa désastreuse journée avec son ancien colocataire et cette étrange soirée en compagnie de Tessia.

Saul rêva d'ailleurs d'elle, la plaçant dans un songe érotique étrange dans lequel ils évoluaient dans un vieux film de détective à l'américaine où, dans le grain noir et blanc usé de la pellicule, la succube arrivait à son bureau dans une somptueuse robe de soirée pour l'allumer terriblement en lui demandant de filer son vieux mari afin de trouver des arguments pour gagner le divorce.  La furieuse érection que lui infligea le décolleté généreux écrasé contre son visage le réveilla quelques heures plus tard, complètement alerte.


"Toc toc toc !"
Les petits coups portés contre le bois de la porte annoncèrent l'arrivée de Saul dans la chambre de Tessia. L'ESPer avait attendu que Cortana lui dise que l'heure du lever de sa maîtresse approchait pour qu'il s'affaire dans la cuisine après avoir décollé par la fenêtre plus tôt dans la mâtinée pour faire quelques courses dans Seikusu, faisant même l'effort de passer par la porte au retour puisque la succube lui avait laissé la clé. Vêtu d'un simple t-shirt blanc près du corps et d'un jean délavé, Loggia fini par pénétrer dans le saint des saints pour s'approcher du lit de Tessia sur les genoux de laquelle il déposa un plateau petit déjeuner bien garni : oeufs brouillés, lard frit, tranches de pain frais beurrées, confiture et jus d'orange reposaient sagement, présentés avec soin. Dans la cuisine coulait le café.

- Bonjour, Tessia. Bien dormi ? Comme promis, voilà le menu gastronomique du chef ! Baissant la voix comme pour lui confier un secret, il ajouta. Je ne sais rien faire de mieux que les oeufs brouillés en fait, mais ils sont assez bons pour vous faire approcher l'orgasme gustatif.

Bien sûr, que les yeux de Saul s'égarèrent sur le corps pulpeux de Tessia. Saul ne s'en cacha pas, fidèle à lui-même, mais se passa d'une remarque salace et ne s'attarda pas outre mesure.

- Bon appétit, à tout à l'heure.

Et il se dirigea vers la porte, envisageant d'aller prendre un café dans la cuisine pour oublier son érection, qui revenait aussi vite que les images de son rêve. Après une tasse de jus chaud, tout serait plus calme dans sa tête... et dans son slip.

La succube passa une nuit somme toute bien ordinaire et ne s'en plaignit pas. Elle avait bien assez de soucis en temps normaux pour savoir apprécier une bonne nuit de sommeil. Il était souvent éreintant d'avoir l'air meilleur que vous ne l'étiez réellement. Mais comme de nombreuses autres choses, tout était question d'habitude au bout d'un moment.

Saul avait été plus noble dans ses propos qu'elle ne s'y était attendue et rein que cela avait suffit à la faire réfléchir. Il était un jeune homme aimable, même s'il manquait de patience. Mais autant qu'elle, il avait des choses à cacher dans la société où ils évoluaient tous deux. Et quoi de mieux pour se cacher que d'être suffisamment nombreux dans la confidence pour se couvrir mutuellement. Un système gagnant-gagnant qui avait toutes les chances de fonctionner.

Elle eut également l'agréable surprise de le voir venir, comme promis, lui apporter le petit déjeuner au lit, avec un commentaire salace sur la qualité de ses œufs brouillés. Elle se redressa dans un gigantesque lit en demi-cercle dont le sommier à même le sol encaissait bien mieux les coups de reins de vigoureux partenaires pour transmettre le moins possible de sons aux voisins à travers le sol. De même, le cadre du lit était décoré de nombreux anneaux et crochet en fer afin de pouvoir s'en servir lors des jeux de bondage et autres pour restreindre plus efficacement une soumise dans des positions parfois incongrues.

Si l'on pouvait avoir de nombreux doutes concernant la vertueuse institutrices dans le reste de son appartement, il était impossible d'avoir le moindre doute quand aux penchants nocturnes de celle-ci. Tout dans la chambre respirait l'érotisme, depuis la couleur rouge des murs jusqu'aux meubles de bois sombre, ainsi que la présence d'une croix de saint-André contre un mur clairement prévue pour un usage des plus sexuel.

Elle lui sourit doucement en remarquant qu'il ne se gênait pas pour promener ses yeux sur son corps que sa chemise de nuit ne mettait pourtant pas vraiment à son avantage. Elle avait des nuisettes bien plus révélatrices et flatteuses pour elle-même, mais elle s'était couchée dans le but de dormir le soir d'avant et avait fait primer le confort sur la séduction.

Cependant après avoir reçu son petit-déjeuner, elle changea d'avis. Saul déposa son fardeau et se dirigea gentiment vers la porte. La succube se glissa hors de son lit dans un silence de félin et attrapa ke jeune homme par le poignet au moment où il s'apprêtait à sortir. Ellle lui sourit quand il tourna la tête pour la regarder. Il put constater qu'elle était nue. Sa robe de chambre reposait au côté de son lit.

- Votre déjeuner est trop copieux Saul, gloussa-t-elle. Je ne suis pas assez fatiguée pour ingurgiter une telle quantité de nourriture.

Elle porta ensuite la main du jeune homme à sa joue et s'y frotta comme un chat contre le tibia de son maître.

- Moi, Tessia Alexanders, succube de la deuxième strate, servante des enfers et enfant du vice de la luxure, ouvre mon lit et mes bras à Saul Loggia à la condition que celui-ci m’accepte telle que je suis... Déclama-t-elle d'un ton plus ou moins officiel. En échange de quoi, je m'engage à lui fournir protection tant qu'il bénéficiera de mon hospitalité aussi bien contre ses ennemis que les miens ainsi que contre moi-même, termina-t-elle avant de tirer doucement le jeune garçon vers son lit où elle entra à quatre pattes.

- J'espère que vous êtes satisfait Saul, car à moins de me faire votre esclave au sens premier du terme, je ne connais aucun serment qui ne me soit plus astreignant. Avoua-t-elle en se retournant dans son lit pour lui faire face.

Elle adopta une pause presque mutine, un bras judicieusement passé sur son opulente poitrine en couvrant la meilleur part tandis que ses jambes élégamment croisées cachaient son intimité.

Félicitation pour avoir atteint votre objectif : mon lit. Maintenant, je suis curieuse de savoir ce que vous allez en faire, le taquina-t-elle.

Avait-elle à un seul instant parlé de sexe ? Elle était bien sûre que non, mais ne doutait pas de la capacité du jeune homme à y arriver.