Vrombissement de moto, pneus qui crissent, sirènes de police. On l'attendait. IL descendit de moto, sans casque, sans uniforme, son trench venant de manière agréable et rassurante claquer sur ses jambes… la lourdeur du cuir renforcé sur ses épaules était agréable. Il se sentait presque comme dans un cocon malgré la présence de quelques raccommodages. Pour la plus part à cause du passage de balles ou de lames de couteau. Certes, ça donnait un côté miteux au cuir déjà usé. Mais usé et abîmé ou pas, un trench, c'est toujours la classe ! Et si vous ne le croyez pas, regardez Gabriel, jean sombre, t-shirt gris, trench sur les épaules… allez trouver mieux…
Les bandes jaunes étaient déjà en place quand il entra sur la scène de crime, passant dessous alors qu'on lui faisait un rapide état des lieux sur un ton monocorde, un rien d'agacement dans le regard. L'agent Valmy n'était pas l'inspecteur de police le plus apprécié des flics de la brigade. Trop borderline, soupçonné sans jamais être accusé d'être un peu ripoux sur les bords. Cela lui attirait les foudres de certain, la méfiance des autres, combinaison osée, vous ne trouvez pas ? Et il osait encore diriger des enquêtes. Et il était en charge de celle-ci…
Un homme tué. Pas n'importe qui, une huile… il allait avoir la cheffe sur le dos… il fallait qu'il trouve un moyen de se débarrasser de cette enquête au plus vite et la refiler à quelqu'un d'autre. Il se promit de passer un coup de téléphone à Tsubahana pour voir se elle pouvait gérer ça. Bref, le ministre avait été égorgé… ça allait faire du bruit. Il ordonna qu'on sorte les tasers si les journaux s'approchaient trop et monta examiner la victime. Il avait l’œil assez expérimenté pour pouvoir reconnaître un coup de couteau de main de maître… efficace, rapide, bon angle et il n'avait rien vu venir… il soupira alors que le légiste en rajoutait une couche, puis il se mit à examiner la pièce. En évidence, sur le bureau il y avait une carte professionnelle, la carte d'une poule de luxe… le nom lui disait quelque chose. Il la glissa dans un plastique puis dans une des grandes poches de son trench.
Une personne avait vu la femme entrer. Une femme brune, plutôt jolie, elle avait été « 'commandée » par le ministre apparemment… il avait une description physique grossière et un témoins qui l'avait vue entrer et sortir...n il l'interrogea longuement mai elle ne put donner beaucoup plus d'informations, si ce n'est que la femme était repartie avec une mallette. Du pognon ? Peut-être… ais en tout cas c'était une pro si c'était bien elle qui avait fait cela…
*
* *
Il avait reconnu la carte… il ne se souvenait pas que Cat' était encore en ville…. Il ne l'avait pas vu depuis sans doute bien cinq ou six ans, et c'était sa carte qu'il avait trouvé… elle était toujours une pute apparemment.. et attention, pute de luxe maintenant… en fait il ne l'avait pas vu depuis qu'il avait fait de la taule… il avait donc décidé de lui faire une petite visite à l'improviste. Il toqua, elle ouvrit. Et elle resta silencieuse, faisant mine de se refermer, faisant comme si elle ne le connaissait pas. Il mit le pied pour qu'elle ne ferme pas.
« Cat' C'est Gaby. »Il sentit sa volonté faiblir et finalement elle rouvrit la porte avant de, méfiante, le faire entrer. Ils ne s'étaient pas quittés en bons termes la dernière fois, donc bon, autant faire ce qu'il fallait. Il sourit et entra, regardant l'intérieur. Elle semblait vivre plutôt bien apparemment… il eut un petit sifflement admiratif et commença à bavarder un peu avec elle avant de finalement aborder le principal sujet de sa venue. Il lui montra sa carte et lui raconta dans quel état ils avaient retrouvé le ministre… elle resta impassible avant de finalement se décomposer tout en niant de voir un quelconque lien, tressaillant néanmoins à la description de la personne. Il sourit. Elle la connaissait donc peut être. Il montra un portrait robot. Nous veau tressaillement.
« Cat', tu sais très bien que je sais quand tu mens, allez dis moi tout... »Et comme pour la convaincre il commença à énumérer. Qui prenait les coups à sa place quand elle était gosse ? Qui veillait sur elle et prenait les punitions pour la protéger. Qui plus tard lui avait fait découvrir son corps et le pouvoir qu'il avait sur les hommes ? Qui l'avait protégée des mafias et autres quand elle avait commencé son business ? Qui l'avait protégée si longtemps ? Qui la connaissait si bien ? Lui. Tout était dit… elle parla d'aller se rafraîchir un instant, et Gabriel opina du chef, restant au salon.
Bien évidemment elle se rafraîchit. Mais surtout, elle envoya aussi un message. Un unique mot pour être rapide. Problème.