Logan se releva tant bien que mal, son bras serré contre ses côtes ;
Sabretooth , son ennemi de toujours l'avait salement amoché en le prenant par surprise, alors que le vieux mutant battait la campagne avec sa grosse cylindrée. Victor s'était jeté sur lui depuis le bord d'une route caillouteuse et l'avait précipité au sol, alors que sa moto était partie s'écraser contre un chêne centenaire. Wolverine, durement touché par la chute avait néanmoins fait face à son adversaire et l'avait immédiatement chargé, toutes griffes dehors. Victor étaient tout deux de redoutables combattants et une centaine d'année d'affrontements n'était pas parvenue à les départager. Mais cette fois, Wolverine craignait que son adversaire ne prenne le dessus ; trop préoccupé par Laura, ses réflexes étaient émoussés et il n'avait pas vu venir une attaque pourtant évidente.
" 'manquait plus que toi, fils de pute. ", cracha-il à l'intention de la silhouette massive qui se découpait au clair de lune.
Victor l'avait acculé sur une corniche. Jetant un coup d’œil par dessus son épaule. Pus de trente mètres plus bas, les vagues se brisaient sur des récifs acérés. Pourtant Logan n'hésita guère ; il savait que Sabretooth était un assez mauvais nageur, et il avait trop à faire pour perdre son temps avec lui ; leur inlassable combat à mort devait être remis à plus tard,
X-23 , dont il n'avait pas encore retrouvé la piste, était sa priorité. Alors que Victor bondissait sur lui, toutes canines dehors, Wolverine plongea, tête la première, dans l'océan pacifique, visant un endroit où l'eau lui semblait suffisamment profonde. Protégeant son visage de ses bras tendus, Logan fendit la surface et s'enfonça dans les eaux bouillonnantes ; courants froids et chaud s'embrassaient, rendant la nage dangereuse pour tout être humain normalement constitué. Or Wolverine nageait bien, mais il n'était pas un triton ; aussi ne parvint-il pas à lutter contre un courant plus fort qu'un autre, qui l'attira vers la falaise. S'efforçant de s'éloigner des rochers tranchants, Wolverine avisa ce qui lui sembla être une petite grotte sous-marine, vers laquelle il se dirigea. L'entrée était aussi sombre qu'un four, mais Logan ne craignait rien ; il était capable de retenir sa respiration très longtemps. D'un battement de jambes presque gracieux, il se projeta à l'intérieur. Alors qu'il en franchissait l'entrée, un éclair vif lui brûla la rétine et l'instant d'après, Logan ne sut plus où il se trouvait. Alors qu'au dessus de lui devaient normalement se trouver des centaines de mètres de lourdes pierres, il apercevait la surface, à moins de dix mètres. Fronçant les sourcils, Logan rejoignit la surface pour respirer tout son soûl.
" Qu’est ce que c'est que ce bordel... "Un
lac. Il était dans un
putain de lac. Ou plutôt un petit étang boueux d'un kilomètre de circonférence. Pestant contre la vase qui l'empêchait de progresser à sa guise, il finit par rejoindre la terre ferme, jetant un regard circulaire alentours. Il avait l'air de se trouver au beau milieu de nulle part. La végétation était presque sauvage et la seule construction humaine qu'il apercevait était un vieux moulin qui jouxtait une route, ou plutôt un chemin de terre. Il faisait frais et une averse menaçait à l'horizon. Une chose était sûr, il n'était plus à Seikusu, qu'il avait quitté sous un soleil éclatant. Il avait atterrit
ailleurs, par quelque maléfice dont il ignorait la nature. Une chose était sûre, Victor n'en était pas l’instigateur. Logan haussa les épaules et s’engagea sur le sentier accidenté. S'agirait de se tirer de ce trou au plus vite. Ses vêtements étaient lourds et ralentissaient son pas chaloupé, mais il ne lui fallut que quelques minutes pour rejoindre le moulin qu'il avait repéré. A quelques mètres de là, une charrette avait été rangée contre le bord de la route, alors qu'un vieil alezan mâchonnait paresseusement un taillis, derrière sa clôture. Logan leva les yeux au ciel.
" Une charrette, une putain de charrette... ", grogna-il, avant de taper à la porte du meunier.
Quelques jours plus tard.
C'est à l'arrière d'une
charrette, la barbe hirsute mais avec ses vêtements propres et secs que Wolverine pénétra dans la cité-Etat de
Nexus, les yeux écarquillés devant les merveilles architecturales qu'il contemplait. Il avait fallu à Logan trois bonnes heures pour comprendre qu'il n'était plus sur terre, mais bel et bien sur un autre monde, qui souffrait visiblement d'un retard technologique assez conséquent. Le meunier, le prenant pour un étranger à sa patrie –
tekhan, avait-il dit- s'était montré chaleureux, et l'avais accueilli chez lui quelques jours. Le vieil homme estimait que Logan avait reçu un
« coup sur la tête » et que cela expliquait sa perte de mémoire, ce que Logan ne nia pas un seul instant.
« On descend ici Etranger, la chaussée est encombrée à cause du marché. Va falloir que tu continues ton chemin à pied », lui lança le nain, qui conduisait la charrette. En effet, dans ce monde, ceux que Logan considérait comme des mutants étaient monnaie courante. Ils se répartissaient en plusieurs races et semblaient vivre à peu à peu près en harmonie les uns avec les autres. Les nains en faisaient parti, de même que les terranides, qui ressemblaient à des humains croisés avec divers animaux, y compris les plus improbables.
« Merci Mothril », grogna Wolverine, en sautant du véhicule, avant d'adresser un dernier signe à son chauffeur bénévole. L'homme joua des coudes pour s'enfoncer dans la foule amassée. Lorsque Logan avait évoqué avec le meunier l'idée d'un autre monde, celui-ci avait fait une petite moue, puis lui avait conseillé de se rendre à Nexus pour rencontrer une certaine Anna, magicienne de renom, qui connaissait les mythes et légendes ancestrales. Tant qu'elle me trouver un moyen de me tirer d'ici... Écartant sans aménité les badauds qui lui barraient le passage, Logan parvint sur une place hexagonale, sur laquelle un
étrange individu tenait une
jeune femme en laisse, alors que plusieurs personnages vêtus de vêtements coûteux – Wolverine supposa qu'il s'agissait de notables locaux – semblait discuter de son prix. Un marché aux esclaves.
Logan serra les dents. Le vieux mutant avait été séquestré pendant des années, au cours desquelles les sévices les plus atroces lui avait été infligés, aussi la liberté était une chose à laquelle il tenait particulièrement ; l'idée même de l'esclavage lui faisait horreur et les larmes silencieuses qui coulaient sur le visage de la jeune captive achevèrent de le convaincre qu'il fallait faire quelque chose.
« Hey, pousse-toi un peu, je vois pas bien ses nibards, ducon ! C'est la dernière vente de la journée, et pas des moindres, Hin hin...» Logan ignora l'importun, et s'approcha du petit attroupement d'un pas tranquille. Le reste se passa très vite ; saisissant simultanément le crâne de deux des acheteurs, il les cogna brutalement l'un contre l'autre avant de les laisser glisser sur le sol, tandis-ce que les autres clients s'éloignaient en criant. L'esclavagiste n'eût pas davantage de chance ; un coup de pied envoya sa chaise basculer trois mètres plus loin.
« LA... LA GARDE, APPELEZ LA GARDE, ON ME VOLE ! » Sans se préoccuper de l'esclavagiste, Logan trancha la longue chaîne qui reliait la jeune femme à une carriole surmontée d'une grosse cage, dans laquelle elle avait probablement fait le voyage jusqu'à la ville. La jeune femme, choquée, roulait des yeux effarée, ne sachant que faire.
" Viens avec moi ", lui glissa Logan.
" Tout va bien se passer."Pourvu qu'elle se mette pas à brailler. L'entraînant par la main à travers la foule, Logan entendit la garde arriver, avant même de la voir ; ils donnaient de la trompe pour disperser la foule à la différence de Logan ils étaient à cheval, connaissaient la ville, et n'avaient pas de jeune femme effrayée à traîner derrière eux.
" Ils... Ils vont nous attraper, il faut vous arrêter, étranger ", couina-elle. Il le voyait, la petite commençait à regretter d'avoir accepté de s'enfuir; la perspective de la servitude l'effrayait probablement moins que celle d'être battue, ou pendue... Cependant il était bien trop tard pour faire demi-tour.
" Tu parles finalement ? ", ralenti par l'allure de la captive qui courrait pied nu sur le pavé irrégulier, Logan la souleva sans lui demander son avis, et s'enfonça dans les ruelles malodorantes de Nexus. Il n'avait aucune idée de la manière dont il allait réussir à s'en tirer sans provoquer une catastrophe.
"Moi et ma foutue conscience", grogna-il. Mais il ne regrettait rien.
Jamais.