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« le: dimanche 26 juillet 2015, 16:48:26 »
C’était le brouillard, quand Calliope ouvrit les yeux. Comme une sensation de soirée bien arrosée. Ses souvenirs étaient confus. Sa vision, tout autant. Ses membres entravés ne répondirent pas tout de suite, aussi ne se rendit-elle pas compte immédiatement de cet état de fait. Elle cherchait à rassembler ses souvenirs. Elle avait été au bar. Elle avait envoyé un texto à Gabriel. Et puis il y avait ce barman, qui remplaçait Tyler… Charmant, séduisant. Ils avaient flirté. Non, plus que ça. Ils avaient été dehors, à l’arrière. Elle se souvint de leur petit jeu de rôle. De la fellation qu’elle lui avait prodiguée. De ses doigts, ensuite, qui l’avaient amenée à l’orgasme. Et puis… Brouillard. Nuit noire. Elle avait perdu connaissance ? Ce n’était pas la fatigue, quand même. Elle n’était pas aussi épuisée que ça. Elle est plus endurante, d’ordinaire. Mais alors quoi ? Et puis, où était-elle ? Ses yeux s’habituaient lentement à la luminosité. Et ses mains ? En essayant de les bouger, la rousse ressentit un poids contre ses poignets. Elle voulut parler, mais quelque chose obstruait sa bouche. Elle était couchée sur un lit, beaucoup moins confortable que le sien, par ailleurs, et pouvait faire quelques mouvements, mais un tintement de chaîne lui indiquait qu’elle n’était pas totalement libre.
Laissant échapper un gémissement étouffé, en voulant tousser, la jeune femme redressa le buste, promenant son regard autour d’elle. Ses prunelles accrochèrent ce barman qu’elle avait vu. Johnny. Et alors quoi ? Que faisait-il là ? Pourquoi ne l’aidait-il pas ? Elle voulut parler, mais la boule étouffa ses paroles, ne laissant qu’un son misérable filtrer au travers. Elle commençait à paniquer. Pourquoi restait-il ainsi, à la regarder ? Que faisait-elle ici ?
Bougeant la tête, la rousse sentit quelque chose la gêner autour de son cou. Impossible de voir ce que c’était, mais en y accrochant ses doigts, elle sentit quelque chose qui ressemblait à un collier, avec une plaque. Elle portait rarement de colliers, ou même de bijoux tout court. Baissant le regard pour essayer de voir la plaque que la pulpe de ses doigts avait palpé, elle écarquilla les yeux en voyant ce qui ornait ses tétons. Elle avait senti une légère gêne, mais elle ne s’attendait pas à ça. Des piercings, vraiment ? Elle n’était pas vraiment fan des trous dans le corps. Elle avait des boucles d’oreilles, deux petits diamants discrets, mais c’était bien tout. Un nouveau gémissement quitta ses lèvres.
Quand elle releva le regard vers Johnny, il pouvait lire sa détresse au fond de ses prunelles. Mais aussi une lueur plus déterminée. Elle ne savait pas exactement quel était le rôle qu’il avait joué dans tout ça, mais quelque chose lui disait qu’il l’avait droguée. Qu’il n’était pas aussi clean qu’il avait bien voulu lui faire croire. Elle eut une pensée pour Gabriel. Son texto. Elle devait sûrement avoir reçu sa réponse, à présent, mais elle ne pouvait pas lui répondre. Elle ignorait même où était son sac. Etait-il resté sur le bar ? Tyler s’en inquiéterais sans doute. Et Gabriel ? Oui. S’il ne recevait pas de réponse de sa part, il allait sûrement remuer le monde entier pour la retrouver, n’est-ce pas ? Elle s’accrocha à cet espoir, et carra les épaules. Elle ne pouvait pas parler, à cause du bâillon boule. Soit. Mais rien ne l’empêchait de toiser Johnny d’un air glacial. Serein. Elle ne rentrerait pas dans son jeu SM. Ils avaient flirté, et plus que ça même, mais pour elle, ça ne portait pas à conséquence. Elle n’envisageait pas une relation sérieuse. Elle avait Gabriel, à qui elle s’était attachée, et il serait le seul dans son cœur.
Pourquoi avait-elle été enlevée ? Droguée ? Elle n’arrivait pas à comprendre les motivations qui entouraient sa capture. Etait-elle la cible d’un serial killer duquel elle correspondrait au type de victime ? Il allait la violer, puis la démembrer et la tuer ? Pourquoi lui piercer les tétons alors ? Pour un fantasme ? C’était un fétichiste ? Que de questions, aucun moyen de les poser, et aucune réponse logique dans son esprit. Calliope était perdue, mais elle gardait un air digne. Elle ne se laisserait pas faire facilement. Même si elle ne pouvait, dans l’immédiat, se libérer, elle ferait son possible pour donner du fil à retordre à son ravisseur. Les bras le long du corps, fière malgré sa nudité et malgré les anneaux d’argent qui brillaient au bout de ses tétons, la rousse dardait un regard froid, presque furieux, sur Johnny. Elle ignora la salive qui maculait la boule, vestiges de sa tentative pour tousser, pour parler.