Les contrées du Chaos / Re : Vivre une nouvelle vie n'est jamais simple...
« le: jeudi 24 juillet 2014, 16:02:05 »Pendant le repas, elle observait timidement ses trois hôtes, tentant de se faire une idée de leur personnalité. Elle n'était pas très douée dans ce domaine mais cela ne lui coûtait rien d'essayer. Sonia semblait être la plus sage, la plus réfléchie... Peut-être était-ce seulement l'impression qu'elle avait suite au sauvetage de Cahir mais... La shaman avait quelque chose de spécial dans son aura, à la fois apaisant et solennel. Charis, elle, était une véritable énigme aux yeux de notre petiote. L'humaine portait cet accoutrement ne ressemblant en rien à ce qu'avait pu voir la rouquine auparavant et, malgré cette aménité se lisant dans les traits de son faciès, il n'en était rien. Comme elle lui avait démontré, c'était une véritable combattante avec de fortes convictions. Le genre de femme qu'aurait aimé être notre protagoniste, le genre de femme ayant réussi à se distinguer dans ce monde barbare et cruel. Pour finir, ses perles bleutées se posèrent sur Danaé. Cette dernière semblait également être une guerrière avisée mais, contrairement au regard de Charis, le sien était troublant... Le peu de fois où leurs prunelles s'étaient croisées, la jolie rousse avait été extrêmement embarrassée, comme si cette femme la déshabillait de son regard sombre... Oui, c'était assez perturbant, et cela ne faisait qu'augmenter la gêne de notre protagoniste aux joues rosées.
Après qu'Adelyn eut fini son récit, cette dernière resta silencieuse, repensant à nouveau à Cahir... Elle espérait du plus profond de son être que son bienfaiteur ait la force de s'en sortir. I...Il ne pouvait pas l'abandonner... Pas maintenant, pas après l'avoir sorti de cet abîme sans fin. Il ne pouvait pas la laisser seule, elle avait tant besoin de sentir encore une fois ses bras autour d'elle et d'entendre cette voix placide qui arrivait à la rassurer. Quoiqu'il avait pu faire auparavant il méritait, lui aussi, de vivre... Il n'avait cessé de lui répéter cette phrase pour qu'elle ait la bravoure de se libérer de ses chaines qui l'entravait et maintenant, c'était à lui de trouver cette force pour survivre. Il avait beau ne plus avoir de nom, d'avoir été un renégat aux yeux de sa patrie... E...Elle l'aimait. À ses pensées, lui seul comptait...
La gorge nouée et toujours recroquevillée sur elle-même, une voix familière l'extirpa de ses réflexions mélancoliques, la ramenant à la réalité.
La comtesse déchue écoutait les paroles de l'Amazone, rougissant à mesure où elle pouvait entendre l’indécence des mots de son interlocutrice. Déjà qu'entendre cela d'un homme l'aurait gênée au plus haut point alors, qu'une femme puisse les dire sans aucune difficulté, c'était... Insolite! Cela n'aurait pas dû lui faire une grande différence mais, Adelyn avait toujours vécu dans un univers ou la moindre parole déplacée pouvait être châtiée alors, entendre un tel vocabulaire la laissait littéralement sans voix.
Cependant, si elle faisait abstraction des mots et n'en retenait que la signification, Danaé disait des choses qui la réconfortaient dans l'idée qu'elle n'était pas complètement aliénée et qu'après tout, elle avait eue raison de s'enfuir. Cela semblait futile mais, savoir qu'elle agissait d'une manière sensée la rassurait. Tous lui avaient dit que s'enfuir était la pire des choses à faire et voilà qu'une femme arrivait enfin à la comprendre... C'était un réel soulagement mais, lorsqu'elle sentit cette main se poser sur son épaule, elle ne sut se détendre complétement, un peu nerveuse. Elle n'avait su contrôler cette contraction corporelle, ayant trop de fois été leurré par une soit disant sympathie pour après se faire violemment frapper... Sa sœur, sa gouvernante, Narcisse et pour finir, Éric Grandchester. Tous avaient utilisé ce stratagème pour apaiser la demoiselle pour mieux la diminuer par la suite... Elle se doutait que l'Amazone n'allait rien lui faire de mal mais... C'était un réflexe. Son corps en avait trop subi pour pouvoir se détendre... La seule personne capable d'un tel miracle se trouvait dans une tente, luttant pour préserver sa vie.
Danaé continuait à lui parler, lui disant clairement qu'elle devait s'endurcir. La candide demoiselle le savait, ce n'était pas nouveau mais... Ce n'était pas aussi facile qu'elle pouvait le laisser croire. À chaque fois qu'elle avait tenté de se révolter, elle l'avait payé au centuple. On l'avait brimé et la fois ultime où elle s'était défendue, son corps n'avait pas supporté. Oui, elle repensa à nouveau à ce moment dans les sous-sols du château, lorsque le poignard qu'elle tenait en main s'était dans la chair de ce capitaine qui avait lui aussi, tenté de la souiller. C...C'était une légitime défense mais dès cet instant, le corps de notre donzelle avait rejeté tout ce qu'il pouvait, que ça soit en larmes ou par la bouche... Rien qu'à cette idée de devoir renouveler cette expérience, son corps tremblait, malgré la présence de l'Amazone. Son être tout entier refusait de faire du mal et malheureusement, si elle devait se protéger, cela venait à commettre des fautes. Dans sa tête, défilait l'instant où elle pouvait voir la lumière s'éteindre dans les prunelles du soldat, sentir ce liquide pourpre sortir des entrailles de sa victime pour salir ses mains à la peau délicate... C'était abominable. S...Si elle n'avait pas senti le frôlement de l'amazone sur sa joue et si elle ne pensait pas non plus à Cahir, elle se serait remise à pleurer...
Cette douceur sur sa peau, Adelyn la connaissait encore trop peu et cela la rendait agitée, ne sachant pas comment réagir face à cette tendresse soudaine de la guerrière. Elle lui disait qu'elle était belle, très belle même, que c'était une arme qu'elle pouvait utiliser à son avantage mais qui lui causerait également pleins de soucis. La petiote tourna son visage vers son interlocutrice, plongeant ses prunelles dans les siennes, malgré sa gêne apparente. Depuis peu, tout le monde ne cessait de lui répéter qu'elle était jolie mais... Pourquoi donc ne voyait-elle pas cette beauté? Elle avait l'impression d'être tout à fait normale, loin d'être cette créature désirable que tout le monde contemplait. Sa sœur, Gretchen, n'avait cessé de lui répéter qu'elle n'était rien qu'un résidu de l'humanité n'ayant pas la moindre valeur aux yeux du monde. Notre rouquine n'appréciait pas tellement son ainée mais ces paroles l'avaient tourmenté pendant des années, n'ayant comme refuge que les quatre murs de sa chambre. Et voilà qu'un nombre incalculable de personne reniait tous ce qu'elle croyait juste... P...Pourquoi était-elle la seule à ne pas se trouver plaisante, ni même mignonne, à vrai dire..?
Soudain, elle se remit à rougir de plus belle, en entendant ce que Danaé pensait de son ex fiancé. Cette dernière serait surement aux anges si elle savait ce qu'avait pu faire Cahir au Lord. Cela aurait dû faire sourire notre naïve demoiselle mais celle-ci était bien trop préoccupée et surtout, le baiser que venait de déposer l'Amazone sur son front la déstabilisa complétement! P...Personne n'avait eu une réaction aussi touchante avec elle, aussi... Tendre. La belle restait bouche-bée et lorsque Danaé lui fit la promesse de la protéger, elle voulut pleurer à nouveau... Et c'est ce qu'elle fit, sans s'en rendre compte.
La guerrière avait dit exactement les mêmes mots que Cahir, avait réagi de la même sorte que l'apatride. Ces paroles la touchaient tellement que les larmes coulèrent lentement sur ses pommettes, tandis que sa respiration s'accélérait. P...Pourquoi une telle gentillesse...? C'était tellement inhabituel qu'Adelyn ne savait même plus ce qu'elle faisait, fermant ses prunelles en se tenant le visage entre ses frêles mains. C...Comment pouvait-elle être forte si à la moindre émotion, elle se mettait à pleurnicher comme une môme? Elle se sentait si sotte, et aussi stupide que cela puisse paraitre, les paroles de Danaé lui avait fait plus de mal que de bien, lui rappelant Cahir et surtout, la faiblesse qu'elle incarnait. Ce monde qui séparait les trois Amazones de notre comtesse était trop grand. Comment pourrait-elle le franchir, elle n'était pas comme ces femmes, elle ne le serait jamais.
La demoiselle se frottait les yeux, tentant de retenir les larmes et se concentrait sur sa respiration, comme elle avait dû faire pendant des années. Sonia, voyant cela, lui tendit un gobelet contenant, apparemment, une tisane.
Adelyn, fatiguée et complétement à bout, prit la boisson et l'ingurgita rapidement, sans réfléchir. Elle n'avait plus la force de raisonner, plus la force de supporter... En buvant ce breuvage, la fragile enfant eut l'impression de recevoir un coup de masse sur le crâne et, aussi rapidement qu'elle avait cessé de pleurer, le sommeil la gagna, s'écroulant contre Danaé...*
*Une chaleur horripilante harassait le lourd sommeil de notre comtesse qui commençait doucement à émerger, posée contre un matelas chaud. Les yeux clos et encore un peu embrumée, ses mains fines, à la peau onctueuse caressaient sans même le savoir le torse de Cahir. Elle se sentait légère, sans l'ombre d'un voile pour gêner ses mouvements. Pour tout dire, elle avait l'impression de planer, sa tête posée contre les pectoraux de son chevalier servant, alors qu'elle pensait qu'il s'agissait d'un oreiller.
Puis, un moment, ses prunelles s'ouvrirent, bercée par le chant mélodieux des oiseaux et du vent soufflant contre les feuilles des arbres. Elle avait l'impression que sa nuit avait portée conseil, se réveillant après un long cauchemar. Ce dernier restait bien ancré dans sa mémoire mais, ce début de journée commençait si bien qu'elle avait l'impression que les songes du passé ne viendraient pas la tourmenter.
Et là, notre aristocrate put observer où elle se trouvait et surtout... Sur qui.
Elle restait pétrifiée, dans l'incapacité de bouger un seul muscle, tendue au maximum. Q... QUOI!? E...Elle venait de se réveiller, ç... Ça ne pouvait pas être un rêve! M...Mais comment!?
La jeune femme était tétanisée en découvrant sa position. Elle était nue mais surtout, elle était posée contre un homme qui n'était autre que Cahir. Celui-ci avait certes encore des blessures mais sa respiration constante démontrant que son état de santé c'était stabilisé. M...Mais surtout.... Que c'était-il passé!!!!!!!!?
Elle n'avait jamais dormi avec un homme à la base mais alors, se retrouver sous la même couverture que l'ancien mercenaire, en tenue d'Eve... Ce fut amplement suffisant pour qu'elle devienne aussi rouge qu'une tomate. Q..Que devait-elle faire!? L...L'avait-il vu?! Un flot de question la taraudait mais aucune réponse vraiment logique n'arrivait à la combler. Le réveiller? JAMAIS! E.... Elle ne pouvait concevoir qu'il la voit ainsi, ou du moins pas dans de telles circonstances. M...MAIS NON! Il l'avait déjà vu mais... Mais non, elle ne pouvait pas le réveiller! Devait-elle partir comme si de rien n'était...? C..Comment!? Elle n'avait pas d'habits et si elle se mettait à bouger, la demoiselle risquait fort de réveiller son partenaire... Faire semblant de dormir? Non plus! S'il se réveillait, il penserait qu'elle s'est glissé malicieusement dans son lit et la prendrait pour une fille de mauvaise vie.
Adelyn était complétement bloquée, ses joues ne s'arrêtant point de rougir, sa respiration saccadée et son cœur battant à un rythme effréné. Sa poitrine était plaquée contre Cahir et elle pouvait sentir l'une de ses jambes effleurer...... L'entre jambe de l'ancien soldat. À cette pensée, elle arrêta de respirer, comprenant rapidement qu'il était lui aussi, nu comme un ver. ...Mais que s'était-il passé!? L...Le savait-il...? Les Amazones l'avaient-elles drogués au point qu'elle ne se souvienne plus de... De sa première nuit d'Amour?
La jeune femme lâcha un couinement, complétement déboussolée. N..Non, ce n'était pas possible! E...Elle n'avait pas pu faire ça et ne pas s'en rappeler, surtout avec Cahir... Sa chevelure flamboyante était lâchée et glissait le long de son dos, ondulant délicatement comme une cascade enflammée. La belle tremblait, perdue. Un vêtement, juste un seul! Ses prunelles azures cherchaient dans la tente un habit et finalement, virent quelque chose pouvant convenir.
La tâche fut ardue, il fallait qu'elle se lève sans réveiller son partenaire. Alors, elle se releva, retirant sans faire exprès, la couverture qui couvrait nos deux tourtereaux. À ce moment, elle se figea et détourna tout de suite le regard... Si elle cachait le corps de Cahir de sa vue, elle n'avait su empêcher sa mémoire d'enregistrer l'image qu'elle venait d'apercevoir. E...Elle l'avait vu, lui et toute son anatomie... Bon, vous me direz qu'il l'avait déjà bien entre aperçu dans la cave mais... Mais ce n'était pas pareil! Il n'avait plus cette encre qui traversait tout son torse... Il avait certes encore sa blessure mais il n'y avait plus de traces de poisons, du moins, de traces visibles.
Adelyn ne put s'empêcher de se dire qu'il était un très bel homme et qu'elle se sentait bien, contre lui... Elle restait rouge, suffoquant presque tellement elle était nerveuse! C...C'était quoi ces pensées!? Pourquoi avait-elle aussi chaud?! Tu parles d'un réveil!
La candide demoiselle continuait sa manœuvre, remettant doucement la couverture pour ne pas le réveiller et se dirigea vers les vêtements. C...C'était une tenue de guerrière, très différente de tout ce qu'elle avait pu porter auparavant. Le rouge ne clochait étonnement pas avec sa chevelure et elle l'enfila rapidement, devant à tout prix sortir de cette tente. Elle mentirait si elle disait qu'elle n'avait pas voulu rester blottit dans les bras de Cahir mais... Mais elle ne pouvait pas rester. Comment un homme de sa valeur pourrait aimer une femme aussi fragile qu'elle...? Une femme forte, comme une Amazone, oui, mais une petite noble ayant deux mains gauches, non. C'était mieux qu'elle parte et qu'elle oublie ce qu'elle avait pu voir... Mais... Ça n'allait pas être facile.*