Le Tournoi / Re : L'histoire du Tournoi
« le: mardi 01 septembre 2015, 14:31:46 »Il se planta au milieu de la tablée, mais malgré sa prestance, n'obtint guère de résultat. Lorsqu'il cria, il eut beaucoup plus de succès. Zeus, qui empoignait Poséidon, ne put s'empêcher de lui coller un dernier pain qui fit tomber le dieu des mers, tandis que son frère se tournait presque instantanément vers le dieu corbeau, les mains croisées dans le dos, les yeux ronds d'innocence. Sa fille lui jeta un œil réprobateur, auquel il répondit d'un sourire d'enfant et d'un haussement d'épaules.
_Je suggère d'écouter de ce que notre très jeune amie dira. Je suis sûr que sa parole sera aussi sage que la mienne.
Parle.
_Qu-quoi... ?
Ilithye battit des cils, l'air hébété. Elle n'avait pas du tout imaginé que ce serait à elle de résoudre la question, surtout une telle question qui gangrenait l'esprit des dieux depuis des temps immémoriaux.
_Je... euh... il me semble que...
_On dirait que madame-j'aime-les-humains est à court de leçon de morale pour une fois, railla Aphrodite qui avait fini ses ébats et boitait légèrement.
_Oh, et tu en profites forcément pour la mettre au fond du trou ! S'exclama Athéna, jamais en reste pour rentrer dans le lard de sa sœur
_Je t'interdis de parler à ton aînée de cette façon Athi' ! S'insurgea Héra
_Voyons, elle tient la malice de sa mère, s'amusa Zeus
_AH ! Oui, celle que tu as épousé puis bouffé comme notre salopard de père l'avait fait avant lui ! Rétorqua son épouse
_Je t'interdis de me comparer à cet... ce... à Lui ! Explosa Zeus.
Aussitôt, les cris parcoururent de nouveau cette réunion de famille. Odin, désabusé, descendit de la table et se laissa tomber dans un fauteuil proche avec un long soupir. Ilithye, toujours plantée au milieu de la table était totalement désemparée, faisait fonctionner les rouages de son esprit à une vitesse folle.
_Arrêtez ! Hurla soudain Athéna. Arrêtez, à la fin. Odin a parlé et je crois qu'il a raison : nous sommes des dieux, nous ne pouvons décemment pas nous comporter de la sorte. Nous devons trouver une solution. C'est même un devoir.
Un long silence accueillit cette nouvelle sortie.
_D'accord... mais quoi ? Demanda finalement Dionysos dont l'ébriété n'empêtrait jamais l'intelligence.
Nouveau silence.
_On se cogne dessus et celui qui a des bleus le moins longtemps est le vainqueur !? Argua Mars, un grand sourire sur la face.
_Pourquoi pas un concours de poésie, plutôt... ? Minauda Apollon qui jusque là s'était fait étrangement discret.
_Un concours d'énigme me semblerait plus approprié, rectifia Athéna.
_Pourquoi pas un concours qui réunirait tous ces paramètres, lâcha presque malgré elle Ilithye.
Un troisième silence.
_Je... disais ça comme ça... rougit-elle.
_Non. Non c'est une excellente idée Ilithye, ma fille, déclara Zeus. Mais comment procéderions-nous ?
_Eh bien... Si la question est de savoir laquelle de nos familles est la meilleure, peut-être... nous pourrions choisir un champion par famille ?
_Ce sera moi ! Hurla alors Mars comme pour dissuader quiconque de le contredire.
_Toi !? S'étrangla Athéna, oh je t'en prie, tu as autant d'esprit et de malice qu'un pois chiche asséché !
_Pois chiche toi-même !
_Ooooh, quelle maturité ! Mamaaaaaaan, écoute donc Mars, il est capable de répliquer, il progresse enfin ce petit !
_Sale... Sale... T'façons j'm'en fous t'es même pas ma sœur !
_Eh bien tu n'es pas mon frère !
_Papa ! Dis quelque chose !
_Oh, regardez donc le petit Arès, le glorieux guerrier, chercher l'aide de papounet...
_Ne m'appelle pas comme ça !
_Comment ça, Arès ?
_Arrête !
_Mais qu'est-ce que j'ai dis, Arès ?
_Sale petite emm...
_Ça suffit !
_Oh laisse les papa, ils finiront par demander aux mortels de se mettre sur la gueule à leur place, comme d'habitude, soupira Ilithye.
Un nouveau silence accueillit ces paroles. Un silence inquiétant.
_Non... ne... Ah non ! Non non non ! Je disais ça comme ça ! Vous n'allez pas encore intervenir dans les vies humaines pour semer la mort et le tourment !
_Mais c'est une excellente idée ! S'exclamait déjà l'assemblée, ravie.
Ilithye rejoignit alors son oncle Odin dans un fauteuil voisin, épouvantée d'avoir fourni une telle solution à ces insupportables dieux.
Devant l'enthousiasme grandissant de ses pairs, les rois des dieux de chaque famille avaient fini par accepter l'idée malheureuse et Odin avait sobrement conclu « Ainsi soit-il. »
L'instant d'après, son corbeau messager avait plongé, tandis que Zeus envoyait son message au monde mortel, reprit par les pythies et par tous les oracles et devins des continents des mondes : les dieux sollicitaient les humains dans un grand tournoi.