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« le: samedi 13 octobre 2012, 18:09:43 »
Ce soir, vous avez décidé de sortir. Vos amies sont toutes prises, votre dernier petit copain en date est parti depuis quelques semaines déjà et vous n'avez aucune envie de rester seule à votre appartement même si la perspective d'une soirée plateau télé n'est pas pour vous déplaire. Mais non. Un peu d'air vous fera du bien et vous avez bien ce petit roman qui traîne sur votre table de chevet à entamer. C'est décidé ! Une petite jupe sage (mais pas trop), un haut correctement décolleté et une touche de maquillage suffiront bien pour vous rendre dans ce bar-lounge « à l'américaine » qui se trouve non loin du centre-ville de Seikusu. Vous n'avez aucune intention de vous mettre à la chasse à l'homme, ce soir. Le célibat est une chose formidable, surtout que vous êtes assez jolie pour ramener à la maison un garçon ou deux quand le petit jouet à piles rangé entre vos petites culottes ne vous satisfait plus tout seul. Si vous croisez un homme ce soir, vous lui direz non ! Et si éventuellement il vous ouvre l'appétit... Vous savez que les jets réglables de votre pommeau de douche feront une alternative plutôt convaincante à votre sex-toy, et un argument pour étayer votre refus.
Forte de votre belle motivation, vous quittez votre appartement le sourire aux lèvres et décidez de vous rendre à destination à pieds. Ce n'est pas très loin et ce début de soirée estival est trop beau pour ne pas en profiter.
Le bar-lounge dans lequel vous arrivez, le Great White, est ce qu'on qualifierait à Paris de « repaire à bobos ». L’endroit est grand, cossu, décoré avec goût de façon à créer une ambiance naviguant entre le feutré et le moderne. Dur à décrire, en vérité. Mais on y a la paix, les serveurs sont sympas et la musique se résume à un fond sonore loin d'être entêtant.
Il y a peu de monde ce soir et vous vous rendez dans le fond de la salle pour coller votre charmant petit derrière dans un de ces confortables fauteuils à haut dossier faisant face à un petite table basse. Par-fait ! Vous passez commande d'un verre de vin rouge forcément français, nécessairement du bordelais- et dans un soupir de satisfaction presque indécent, vous vous calez dans votre assisse avant d'ouvrir votre bouquin en vous disant que le Great White est plus où le plus beau coin du monde, si ce n'est le Paradis.
Vous en êtes à la trentième page quand il s'installe. Séparé de vous par un fauteuil, il n'en est pas moins votre voisin de table et pour le coup, vous n'allez pas vous en plaindre. Soyez honnête : il est tout à fait votre style. Bon, d'accord... Les belles gueules à l'occidentale sont un peu le style de tout le monde, mais lui est réellement séduisant. Vous ne pouvez pas le nier, puisque cela fait bien une bonne minute que vous êtes à le passer au crible, les yeux au-dessus de votre livre.
Voyons voir. L'homme en question tourne autour des 25-28 ans et fait bien son mètre quatre-vingt cinq, pesant autour des quatre-vingt dix kilos.Et quels kilos ! A la tension agréable de la chemise élégante qu'il porte, vous devinez sans peine un torse musclé et sûrement bien dessiné puisque vous pouvez vous arrêter sur la forme de ses pectoraux. « Graaaw ! », pensez vous tandis que vous glissez sur ses bras puissants et découverts, les manches étant remontées. Juste de quoi voir un peu de ces biceps, mais ça suffit pour se faire une idée ! Il est athlétique, sa silhouette en témoigne. Et son petit cul ferme moulé dans le jean ne gâche rien à la scène. Oh, il vous sourit poliment ! Cabotine -et prise sur le fait- vous jouez tout de même celle qui n'avait pas fait attention à lui, ce qui vous permet de croiser son regard d'un vert menthe à l'eau. En plus de sa gueule d'ange, voilà bien de quoi vous faire chavirer, pas vrai ? Et il porte longs ses cheveux d'un noir intense ! Le catogan qu'il se fait à la va-vite en laissant quelques mèches est loin de lui ôter de son charme, tout comme la petite paire de lunettes à monture rectangulaire simple qu'il vient poser sur le bout de son nez droit et fin. Belle gueule, simple dans l'élégance et vraiment bien foutu.
Mais vous n'oubliez pas vos bonnes résolutions de ce soir, ça non !
Pourtant, moins d'une heure plus tard, vous voilà à parler avec lui. Vous ne savez plus trop comment ça c'est joué, mais vous ne le regrettez pas.
Quincy – Quincy Archer, en fait- est vraiment un homme sympathique. Poli et aimable, il se montre avenant et à l'écoute. L'homme ne rechigne pas à user de bons mots qui ne font certes pas toujours mouche mais qui ont ce pouvoir de détendre l'ambiance et de vous mettre à l'aise malgré son japonais un peu hésitant. D'ailleurs, vous trouvez son accent assez redoutable question potentiel de séduction mais vous vous apercevez qu'il ne cherche pas à en jouer. Quincy doit se savoir beau garçon mais ne l'étale pas ni n'en use. Simple, il a la conversation facile et s'avère curieux de ce qu'il ne connaît pas. Ce cher monsieur Archer à quelque chose de rassurant, de protecteur. C'est peut-être le cadre de la soirée et le vin que vous partagez avec lui qui aide à ça, pourtant le bonhomme semble être le stéréotype du gendre idéal... Avant qu'il ne casse le tout avec une réplique un peu stupide où des sous-entendus grivois mais pas réellement déplacé. Gentil, il l'est assurément. La main sur le cœur aussi, très sûrement. Pourtant, vous ne pensez pas qu'il soit une grosse guimauve, non. Son beau regard mentholé est plein d'assurance, pétillant d'une malice évidente se mêlant à une pointe de lubricité bien masculine. Pour sûr, ce doit être un drôle de cocktail au lit, surtout que Quincy ne cache pas une certaine énergie !
Quelque chose vous dis qu'il sera aussi efficace en « plan cul » qu'en ami fidèle et la perspective est loin de vous déplaire.
Admettez le : vous êtes sous le charme de ce touche-à-touche au sourire ravageur.
Quelques verres plus tard, vous en êtes à vous raconter vos vies. Vous avez pas mal parlé et vous lancez Quincy sur le même chemin. Vous vous tutoyez et affichez une complicité amusante malgré le fait que vous ne vous connaissiez pas en début de soirée, mais le voilà à l'aise avec vous. Il avale le dernier tapas du plat qu'il avait commandé pour vous deux et se décide à se confier un peu en s'avachissant légèrement sur son fauteuil, ce que vous avez déjà fait depuis un moment.
« Il n'y a rien de bien spectaculaire, tu sais. Je suis natif de New York et j'y ai toujours vécu jusqu'à l'année dernière. Mes parents tenaient -et tiennent encore !- une petite épicerie du côté de Central Park et c'est là que mon frère Lloyd et moi avons passé notre enfance, à jouer entre les allées de conserves et les étals de produits frais. On a grandit là, passant notre scolarité dans le bureau des directeurs des établissements dans lesquels on séjournait. Tu comprends, on faisait les quatre-cent coups et comme l'un ne pouvait pas laisser l'autre dans la panade, on terminait toujours par se faire pincer ensemble ! » Il rit de bon cœur et ça vous attendrit. Le voilà qui continue. « Avec le temps, on s'est acoquinés avec des camarades de classes qui sont vite devenus nos potes. On a été comme ça jusqu'au lycée, où on est arrivés déjà connus grâce à nos frasques. Mon frère a rencontré Stacy après une bagarre dans les couloirs et il a finit par se marier avec quelques années plus tard, après qu'elle soit devenue reine de la promo' et lui roi du stade. Un tank inarrêtable quand il s'agit de marquer, tu verrais ça ! Il joue encore, d'ailleurs. »
Quincy marque une pause le temps de commander quelques cacahuètes et vous en profitez pour le mater une énième fois, ne pouvant pas réprimer la petite envie qui monte en vous. Sexy, quand même ! Il capte votre regard et s'en amuse en vous rendant la pareille, glissant ses yeux dans le décolleté que vous avez pris soin de mettre en avant « l'air de rien » dès le début de la soirée. Vous lui souriez et lui reprend.
« De mon côté, je me suis assagi et donné plus sérieusement dans mes études. Depuis tout petit je m'intéressais au littéraire et à l'écriture et j'avais rencontré au lycée une prof qui m'avait rapidement poussé dans cette voie. Je crois que j'étais tombé amoureux d'elle, oui ! Mademoiselle Hannah... Elle donnait des cours du soir et je m'y étais inscris dans l'espoir de... Je ne sais pas, moi.... De lui faire l'amour sur son bureau, quelque chose du genre ! » il rit à nouveau. « Mais ça n'est jamais arrivé, tu pense. En revanche, j'ai rencontré durant ces même cours Natsumi, une japonaise venue étudier en Amérique suite à un programme d'échange scolaire. On a sympathisé, on a flirté, on a couché et du jour au lendemain, on ne s'est plus quittés. Je n'avais fais qu'enchaîner les petites aventures jusque là, mais je me voyais déjà marié et père de famille. Et ça a plutôt bien marché entre nous, puisque je suis père aujourd'hui. »
Celle là, vous ne l'attendiez pas. Mince, le beau-gosse du coin n'était donc pas célibataire ? Là, vous sentez que votre attention va décroître un peu. Mais vous continuez de jouer le jeu, parce que Quincy reste toujours aussi agréable à écouter.
«...Mais pas marié ni même en couple. Entre Natsumi et moi, tout à commencé à se dégrader à la sortie de mon premier bouquin. Oui, en parallèle, je m'étais mis à l'écriture et un de mes recueils de nouvelles avait eu le don de plaire à un éditeur. J'ai eu mon petit succès, je dois dire. C'est là que ça c'est emballé : les séances de dédicaces à tour de bras, les réceptions, les mails enflammés de fans... J'ai pris la grosse tête et Natsumi n'a pas apprécié, d'autant que je délaissais même mon fils qui venait de naître. On a enchaîné les prises de tête, décidé de faire un break... Et ça m'a secoué. Le roman suivant, je me suis planté royalement et j'ai été assassiné par la critique. Mouais... Ça remets les idées en place. Humilié par la presse américaine, j'ai voulu changer d'air. Natsumi a proposé le Japon et nous avons fait nos bagages direction le Soleil Levant ! »
Avec sa main, il mime un avion au décollage et ça vous amuse. Il ne vous en faut pas beaucoup pour le coup, mais c'est terminé : vous êtes gaga de ce type. L'alcool dans votre sang n'est pas non plus pour vous rendre objective, remarquez.
« Je croyais que tout irait mieux une fois ici, mais... non. Natsumi m'a plaqué pour de bon, récupérant la garde de notre fils dans la foulée. Elle avait juste besoin de mon argent pour payer le voyage vers le Japon et son installation. Du coup, avec ce qui restait, j'ai décidé de partir de mon côté. En cherchant une ville pas trop éloignée de la sienne pour pouvoir aller voir mon fils sans risquer de la croiser en allant boire un coup, je me suis retrouvé à Seikusu. Voilà, tu sais tout ! A part peut-être que je bosse sur mon prochain livre. Je vais faire dans l'original, j'espère : une histoire avec une ville reliée à un autre monde, un peu fantasy, un peu fourre-tout aussi. Et j'y ferais évoluer un personnage ou deux ! »
Vous souriez, un de ces sourires plein de sous-entendus. Vous connaissez un peu plus Seikusu que lui, visiblement.
Finalement, la soirée ce sera achevée sur un échange de numéros et la promesse de se retrouver une autre fois sur les mêmes fauteuils. Quincy s'est montré très classe, mais pas forcément intéressé par une partie à l'horizontale.
Ça ne fait rien, pensez vous en passant la porte de chez vous le sourire aux lèvres, mutine. Vous aurez tout le temps de profiter de lui et lui de la ville.
Avec un peu de chance, il y a aura même matière à en écrire des histoires.