Ode à la luxure [Pv Shlylayll]

Le jeune peintre hésitait entre rester et fuir son propre atelier. Il fallait le dire, la requête qu'on lui avait fait été tout sauf conventionnelle, et maintenant qu'il était devant le fait établi, il doutait d'avoir dit oui. Mais pour parvenir à comprendre cette histoire, il vaut mieux débuter par le commencement. Deux jours auparavant, une jeune femme était venue le démarcher, avec l'intention, disait-elle, qu'il fasse une peinture d'une divinité. Elle n'avait pas utilisé ce mot, mais c'était le concept qu'il avait retenu. L'idée était de provoquer la venue de cet être supérieur en lui faisant une offrande suffisamment grande, pour ensuite l'immmortaliser dans un tableau. Sur le papier, l'offre était alléchante, avec une rémunération à hauteur de la prestation.

De plus, la possibilité de rencontrer une déesse n'est pas offerte à tout le monde, même s'il l'a bien compris, ce n'est pas exactement ça. La jeune femme l'avait averti que cette entité vivait pour la luxure, et il s'attendait donc à voir quelque chose de probablement "chaud", mais pas à ce point.

A l'heure dite, une quarantaine de personnes avaient débarqués chez lui. Son atelier était grand, et pourtant cela donnait l'impression qu'il était petit avec autant de gens dedans. La pièce était éclairée par de grandes baies vitrées donnant sur un jardin bien entretenu, permettant à la lumière du jour de pénétrer dans la pièce. Kelsier avait installé une toile neuve sur un chevalet, ainsi que préparé des crayons, de la peinture et des pinceaux, mais cela le dépassait.

A peine arrivé, les gens avaient commencé à se déshabiller. Des hommes, des femmes, des hybrides de plusieurs espèces, chat, poisson, vache, lion, et même un orc. Comme s'il n'était pas là, les corps se sont amoncelés, et le "rituel" a débuté. Où que son regard se pose, il n'y avait que le sexe et la luxure. Ici un membre limant un orifice, là une langue s'occupant d'un autre. Les gémissements des convives emplissaient la pièce, et Kelsier avait une érection comme rarement il en avait eu.

Plusieurs fois, des convives lui avaient fait signe de se joindre à eux, et il lui avait fallu une concentration et une abnégation admirable pour ne pas le faire. Il devait se tenir prêt pour peindre, et la commanditaire l'avait prévenu, il aurait probablement sa part une fois l'oeuvre achevée. Il ne manquait plus qu'une seule chose, que le modèle arrive.

Quand on demande à un addict ce qu'il ressent lorsqu'il consomme une substance, celui-ci répond qu'il se sent bien, mais peine à expliquer précisément pourquoi. Mais si vous demandez à Shlylayll ce qu'elle ressent quand elle consomme la psyché, elle aura une réponse très claire. Elle vous dira que c'est l'équivalent de boire un grand cru, de gouter à de la délicieuse cuisine. Comme sentir une brise fraiche, ou de l'eau chaude sur sa peau. Comme respirer l'air pur des montagnes, l'odeur d'une rose. Comme la caresse de la soie, du satin, ou des dizaines de mains qui caressaient les dizaines de corps qui se tenaient sous elle.

Car la cabale qui lui rendait présentement hommage s'activait intensément. Ce qui étonnait l'entité, c'était le lieu où se déroulait l'offrande : pas dans un espace privé, mais dans l'atelier d'un artiste, qui attendait sans rien faire devant sa toile. Puis Shlylayll repéra la maitresse de cérémonie, et elle se rappela la signification de tout ceci.
Cette femme lui avait demandé, une fois, de pouvoir commander un tableau de son idole auprès d'un peintre talentueux. Shlylayll avait accepté, sans vraiment réaliser ce qu'elle lui demandait, en fait. Puis l'incarnation s'en été allée, à la recherche de nouvelles consciences à corrompre pour son propre plaisir et sa propre puissance. Il semblerait pourtant que la prêtresse n'avait pas oublié son idée, et avait tout mit en oeuvre dans ce sens. Et cette offrande était en fait destinée à attirer Shlylayll. La vanité de Shlylayll l'interdisant de tourner le dos à la possibilité d'être immortalisée dans toute sa splendeur sur une toile, l'entité choisit de s'incarner parmi ses fidèles.

Shlylayll apparut dans la pièce, au dessus de la marée de corps enlacés, dans un rayon de lumière. La mise en scène était certes clichée, mais les vieilles recettes ayant fait leurs preuves sont les meilleures. Shlylayll c'était par ailleurs imaginée une tenue adaptée, délaissant celle qu'elle arborait quand elle s'incarnait. Cette fois, mégohms de l'entité était drapé dans un ensemble de voiles fins, allant du blanc au rouge carmin en passant par toute une gamme de roses. La finesse et la légèreté des étoffes formaient comme une brume autour d'elle, et révélaient aux spectateurs le corps et les courbes de l'être. Plusieurs pièces de métal, argent rehaussé de saphirs, sous formes de bracelets, ceintures et attaches, complétaient la tenue, et leurs couleurs formaient un contrepoint aux tentures rouges et aux reflets dorés de la peau de Shlylayll.
Son arrivée causa un grand émoi chez les cultistes. Certains s'arrêtèrent pour se prosterner, d'autres redoublaient au contraire d'ardeur à la tache. Shlylayll faisait peu cas de cette dualité de réactions, dans les deux cas c'était un hommage lui étant destiné. La prêtresse s'avança, mais l'entité ne lui laissa pas le temps de parler.

" Ainsi donc, tu n'as pas oublié cette demande faite ce jour-là. Votre offrande m'a plu, aussi j'accéderai à ta requête. Qui est l'artiste chargé de l'œuvre ? "

Kelsier était un peu mal à l'aise vis à vis de tout ce qui se déroulait devant lui. Ce n'était pas de la pudeur, c'était plutôt de l'envie. Oui, il avait envie de se mêler à ces gens et de se faire plaisir, mais ce sentiment faisait naître en lui un peu de honte et de culpabilité. Il n'avait jamais participé à une orgie ou une partouze, c'était en partie pour cela qu'il était dans cet état.

Son regard fut attiré par le plafond quand une lumière vive y apparut. L'instant d'après il devinait la forme de ce qui semblait être une femme, probablement l'une des plus belles qu'il ait jamais vu, en tout cas celle qui ... Dégageait le plus de luxure, et de loin. Si les corps amoncelés au dessous donnaient une impression de sexe pur, cette apparition en dégoulinait littéralement. Chaque détail de son corps semblait fait pour aiguiser l'envie et faire naître des idées lubriques dans n'importe quel esprit. Kelsier se surprit à retenir sa respiration, et il se força à se relâcher, pour respirer profondément.

Tout autour, les adeptes gardaient un oeil sur leur "divinité". La plupart s'était arrêté de s'ébattre, mais certains continuaient, redoublant même de vigueur comme pour montrer leur dévotion. Les lèvres pincées, le peintre écouta l'apparition parler. Il lui fallut bien deux secondes pour réaliser que c'était de lui qu'elle parlait. Il sortit subitement de sa rêverie, pour avancer vers elle.

Je ... Je suis l'artiste. Je me nomme Kelsier.

Bien habillé, il tranchait avec la marée humaine à poil dans son atelier. Pourtant, il n'avait rien à leur envier, car son pantalon était tendu par la plus grosse érection qu'il ait jamais eu. Son membre était dur comme de l'acier, et il n'avait aucune peine à deviner ce qui provoquait cet effet chez lui. Il essaya de reprendre un peu contenance en restant détendu - enfin, partiellement - et en questionnant l'entité.

Avez vous une préférence pour poser ? Un portrait ? Quelque chose en pleine action ?

Il allait falloir se concentrer pour peindre, et cela allait se révéler dur, Kelsier le savait. Mais si au bout la récompense c'était ce corps ... Non, il chassa ces idées de sa tête. Il devait penser uniquement à son travail et à son oeuvre à venir. Il savait qu'il pouvait faire abstraction de tout lorsqu'il peignait, et il comptait bien le faire encore une fois. Oui mais voilà, pour le moment il n'était pas devant sa toile ...

Se pinçant légèrement les lèvres, il aborda le dernier sujet qu'il souhaitait traiter avant de se mettre à peindre. Ainsi il serait fixé sur ce qui l'attend, et il pourrait se libérer l'esprit.

Et en ce qui concerne le paiement ? Le prix n'a pas vraiment été fixé ...

L'adepte venue le voir s'était proposée pour le "dédommager" du tableau, mais à présent qu'il était face à l'entité de luxure, il avait bien d'autres choses en tête.

Le peintre s'avança vers Shlylayll, pour se présenter. Pendant qu'il lui posait différentes questions, l'entité le fixait de ses yeux acier où luisait son désir de luxure, scrutant son corps comme son esprit. Plutôt un bel homme, avec une gueule d'ange propre à avoir son petit effet sur les filles. Et bien entretenu avec ça, Shlylayll devienait les muscles présents sous la tenue, même sans être baraqué. Bien entretenu et... Bien monté. L'entité regarda, sans la cacher, la splendide matraque qui déformait le pantalon de l'artiste, et sentait que certaines cultistes s'y intéressaient également... Et son esprit, dans tout ça ? Shlylayll sentit sans peine son désir pour son propre corps.
Ce qu'il y a de bien avec les cabales vouant un culte à Shlylayll, c'est qu'on pouvait nourrir des envies obscènes envers leur idole sans que cela ne les dérange. Du reste, Shlylayll aimait être l'objet d'une envie, en particulier si elle a la possibilité de combler cette envie. Et là, il y en avait une sacrée à combler, d'envie...

" C'est donc toi, le peintre choisi pour immortaliser ma splendeur sur une toile... Tu es chanceux, humain, tu as devant toi Shlylayll, l'incarnation de l'hédonisme, de la luxure, et de la satisfaction des plaisirs.
Ne sois pas hâtif, tu vas d'abord peindre ta toile. Si le résultat me satisfait, alors tu auras ton paiement... Qui sera à la hauteur de tes attentes. J'utiliserais cette couche pour poser.
Quant à vous, laissez-nous ! "

Le dernier ordre fut donné aux cultistes, qui par petits groupes quittèrent l'atelier avec la ferme intention de continuer leur hommage ailleurs. Seule avec le peintre, Shlylayll le laissa rejoindre son chevalet, et elle-même alla s'allonger sur la couche qu'elle avait désignée. Il s'agissait d'un banc assez simple, sur lequel on se tenait allongé sur le flanc. Un dossier incliné et rembouré permettait de prendre appui sur le flanc pour redresser le corps. Dans un bruissement d'etoffes, Shlylayll prit place, puis modifia sa position pour prendre la pose.

L'entité choisit une pose lascive et tentatrice.
Allongée sur le flanc, sa tête reposait langoureusement sur le haut du dossier. Pour autant, son regard fixait intensément le peintre. Son bras droit, dont l'épaule avait été légèrement tournée pour ne pas être coincé par le corps contre le dossier, se tendait vers l'avant, main ouverte comme une invitation. L'autre main reposait paisiblement dans le creux de sa hanche, soulignant ainsi les courbes de l'être, pendant que les doigts étaient dirigés vers son sexe. Les jambes, quant à elles, se tenaient légèrement fléchies, comme si elles s'ouvrzient pour accueillir le visiteur. Shlylayll arrangea ses étoffes de manière à en révéler bien plus que les bonnes mœurs ne pourraient jamais accepter, tout en laissant le spectateur s'imaginer le principal. La Luxure personnifiée...

Intimidé, le peintre ? Peut-être un peu. Ce n'est pas tous les jours que l'on croise la route d'une divinité, et de pouvoir la peindre en plus. Un instant son regard se défila, pendant qu'il écoutait l'incarnation lui parler. Il opinait docilement du chef pendant qu'elle vantait sa chance. Il n'allait pas le remettre en cause, il se sentait comme tel. Et lorsqu'il vit que l'apparition lorgnait sur son entrejambe, il fut même un peu gêné, et se mit à rougir. Ca ne l'aida en rien, car au contraire il banda d'autant plus fort. Elle lui faisait un effet fou, et il ne pouvait rien faire pour le cacher.

Bien ...

Une simple réponse quand au choix de Shlylayll sur l'endroit où poser. La couche était un endroit comme un autre, du moment qu'elle s'y sentait bien, c'était le principal. Son paiement ... Son esprit divaguait d'une phrase à l'autre, les hormones en ébullition l'empêchaient de penser correctement. Mais la dernière phrase de l'entité le ramena brutalement sur terre. Laisser qui ? Eux ? Lui ? Elle ? En une demi seconde, il avait compris : il allait se retrouver seul avec l'entité. Il n'avait pas du tout prévu cela ! La foule des fidèles le rassurait en quelque sorte, et l'idée de se retrouver seul à seul avec elle ... Il ne pouvait trancher à savoir si c'était une bonne ou une mauvaise chose pour lui. Toujours silencieux, mais la démarche un peu mécanique, il retourna vers son chevalet afin de se replacer derrière ce dernier, pendant qu'elle prenait place.

Certains modèles avaient besoin de l'aide du peintre pour choisir une pose, savoir comment se mettre en valeur. Il était clair que cette femme n'en avait pas du tout besoin. Après tout, venant d'une entité comme celle-ci, ça n'avait rien d'étonnant. Kelsier se concentra plutôt sur sa palette, y déposant un peu de gouache. Relevant la tête, il la voyait prendre position, s'installer comme elle le souhaitait et ... Le fixer intensément. Mais curieusement, derrière sa toile, il n'était plus aussi intimidé. Quand elle eut fixé sa pose, il la jaugea, et posa sa palette. En quelques pas, il vint à elle, et après une hésitation, il effleura de sa main l'un des genoux de l'entité.

Si vous permettez ... Là, comme ça.

Il lui faisait écarter à peine plus les jambes, se gardant bien de regarder entre de peur de ne pas pouvoir en ressortir. Demi tour, il rejoignait déjà sa toile, en reprenant la parole.

La lumière sera mieux répartie sur votre jambe comme ça.

C'était un point de vue purement esthétique qu'il donnait. Au lieu de reprendre sa palette, il choisit un crayon à papier, et se mit à l'oeuvre. Le crayon courrait sur la toile dans un petit chuintement, et le regard du peintre allait de la toile au modèle sans discontinuer. Une ou deux minutes après peut-être, il ajouta à l'intention de Shlylayll.

Je fais un dessin préalable, car avec la position choisie, vous ne tiendrez peut-être pas deux heures. Une fois l'esquisse réalisée vous pourrez poser le bras.

Elle remarquera surement qu'il est bien plus sûr de lui derrière sa toile. Entièrement à son travail et à son oeuvre, il ne se posait plus de question. Une dizaine de minutes plus tard, il lui fit signe qu'elle pouvait baisser le bras si elle le souhaitait. Rester ainsi le bras tendu n'était pas des plus agréables, pour sûr. Il mit à profit ce moment pour passer du crayon au pinceau. Mélangeant les peintures, il commençait à faire les premières teintes, et donna les premiers coups sur la toile. Le plus long commençait, retranscrire chaque couleur avec le bon mélange, les jeux d'ombre et la réalité de l'entité. De quoi l'occuper deux bonnes heures, mais avec un modèle pareil, nul besoin de se plaindre car c'était un délice que de la fixer si longtemps.