Gestion de sortie de crise [Sita Heaven]

« ...Qui semble s’apparenter à l’explosion d’une petite bombe radioactive... Quinze personnes ont été tuées dans un trame terroriste survenu en fin de matinée dans un centre commercial animé d’une ville côtière de la préfecture de Kyoto, Seikusu. Accusées, les autorités militaires du camp américain de Seikusu ont démenti être liées à cet attentat, et ont également démenti certains témoignages selon lesquelles l’armée aurait embarqué une jeune femme à moitié nue... »

L’écran plat était dans un coin de la petite pièce, uniquement éclairée par une lumière blafarde au plafond. C’était une cellule, avec des murs spéciaux. C’était du plomb. Le mobilier était des plus spartiates : une chaise, un petit lit coincé contre le mur, et des toilettes, dans un angle, derrière un petit mur, dans un semblant d’intimité. Elle était dans la salle. Aucune menotte, aucun lien, mais un petit collier autour du cou, qui émettait des vibrations électriques à chaque fois qu’on tentait de le toucher.

« Elle est réveillée », annonça une voix.

Un endroit inconnu à un moment inconnu. Le seul indicateur temporel venait de la télévision dans un coin, mais la femme n’avait pas de télécommande. On lui avait donné quelques vêtements sommaires. Il y avait devant elle une vitre montrant une pièce avec une table contre le mur, et plusieurs chaises, ainsi qu’une série de papiers, de dossiers, et de photocopies. Sur un dossier, on pouvait lire, en gros, le nom de la femme : « SITA HEAVEN ». Il s’écoula quelques minutes avant qu’une porte ne s’ouvre dans l’autre pièce. Un homme en costume entra. Sa veste était ouverte, montrant une chemise blanche. Il tenait dans sa main un gobelet en plastique.

« Ah, Mlle Heaven ! s’exclama-t-il. Vous avez dormi un peu plus longtemps que prévu, mais, au regard des circonstances... Exceptionnelles... Nous avons préféré utiliser un sédatif puissant. Je m’appelle Lloyd. »

Sita pouvait l’entendre par le biais d’un micro. Lloyd s’assit sur la chaise en plastique devant elle, et posa son gobelet, puis attrapa le gros dossier.

« Si son sort vous inquiète, sachez que Mlle Hawkes... La femme en armure qui faisait ses courses quand vous avez piqué votre petite crise... Est en vie. Son état était grave, mais l’armure l’a aidé à survivre, et elle se repose. Il n’est pas exclus qu’elle nous rende visite durant cette petite séance. Vous nous pardonnerez le confort spartiate de votre... Chambre, mais cette pièce sert habituellement à entreposer du matériel radioactif. Il nous a fallu l’aménager plutôt rapidement. »

Il ouvrit quelques notes, et prit un peu de café. Son débit était rapide et légèrement aigu, signe qu’il était fatigué. Lloyd courait partout durant cette folle journée, mais c’était précisément pour répondre aux situations de crise que ce service existait.

« Les parois sont en plomb. Et cet... Appareil... Que vous avez autour du cou ne sert pas qu’à tenir compte de vos rythmes cardiaques. Il nous avertit également de... Vos petites crises radioactives. Quand un certain seuil est franchi, le collier se déclenche automatiquement. Une méthode un peu excessive, j’en conviens, mais qui me paraît être la plus adaptée pour en savoir un peu plus sur vous, afin d’éviter... Des incidents secondaires regrettables. »

L’opération avait failli virer à la catastrophe. Lloyd se tenait dans la salle de crise, une sorte de salle de réunion, quand Rachel avait perdu connaissance. A distance, les techniciens avaient activé le défibrillateur de l’armure, et il était plus ou moins certain que cette fonction avait empêché l’officier Hawkes de s’envoler vers d’autres cieux. Deux camions militaires avaient verrouillé la zone, et tous les badauds avaient été arrêté, afin de subir des opérations de décontamination dans le camp militaire. La télévision diffusait en boucle des messages pour inviter les gens à se rendre rapidement au poste de police le plus proche, afin d’être décontaminé. L’équipe envoyée dans le centre commercial avait réussi à neutraliser la belle blonde qui se tenait de l’autre côté du miroir, et elle avait été traînée dans le van en plomb, étroitement surveillée, tandis que le van avait filé sans demander son reste. Les autorités japonaises avaient très rapidement appelé les Américains, en les soupçonnant d’être responsables du désastre. Dans un pays qui avait connu deux bombes atomiques, et dont les effets radioactifs se faisaient encore sentir, la radioactivité n’était pas un sujet de plaisanterie.

Lloyd but un peu de café, en passant une main sur son front. Il était en sueur. En ce moment, Rachel était à l’hôpital du camp. L’armure avait encaissé la plupart des rayons radioactifs, mais elle était dans un triste état. Les médecins lui avaient assuré que ses jours n’étaient pas en danger, mais on était jamais à l’abri d’une mauvaise surprise. Il reposa la tasse, s’éclaircit la gorge.

« Et si vous me disiez ce qui s’est passé dans le centre commercial ? »

J'ai fait un rêve. Mais impossible de m'en souvenir. En attendant j'ouvre les yeux. Devant moi, une paroi blanche. Je ne suis plus au centre commercial. Et d'un coup ca me revient ! La nana robot, le string, le malabar, les voyeurs, la piqure, ma nudité TOUT ! Dans un ordre que je classerai plus tard...

*Oh putain ma tête...*

Je me masse un peu le crâne pour chasser la douleur, ou du moins essayer. Et puis d'un coup une sorte de grésillement et un son me fit sursauter. Je commence à prendre conscience de l'univers qui m'entoure. Et c'est pas brillant. Je suis enfermée. De plus au moment où j'allais tourner la tête, je sens un truc dur autours de mon cou : une sorte de collier en métal. J'aime pas. Mais alors pas du tout.

« Ah, Mlle Heaven ! Vous avez dormi un peu plus longtemps que prévu, mais, au regard des circonstances... Exceptionnelles... Nous avons préféré utiliser un sédatif puissant. Je m’appelle Lloyd. »

Un sédatif puissant hein ? Je peux voir des petits ronds roses qui flottent dans les airs !! D'ailleurs je suis sûre qu'il y en a un qui s'est moqué de moi en plus !

« Si son sort vous inquiète, sachez que Mlle Hawkes... La femme en armure qui faisait ses courses quand vous avez piqué votre petite crise... Est en vie. Son état était grave, mais l’armure l’a aidé à survivre, et elle se repose. Il n’est pas exclus qu’elle nous rende visite durant cette petite séance. Vous nous pardonnerez le confort spartiate de votre... Chambre, mais cette pièce sert habituellement à entreposer du matériel radioactif. Il nous a fallu l’aménager plutôt rapidement. »

Moui enfin là je vais d'abord m'inquiéter pour mon propre sort avant de penser au sien. Je revendique mon égocentrisme et mon égoïsme. Et puis... pour tout dire vu les circonstances, j'ai même pas besoin de me forcer : je me préoccupe beacoup plus de ma situation que de la sienne.
"Confort spartiate". Ca sonne bien. Pourquoi ne pas dire carrément "on t'as foutu dans un trou dégueulasse parce que la déco baroque était trop chère". D'un coup je suis prise de panique. Je me redresse, regarde à droite, à gauche rapidement. Mais...

*Où est la baignoire ?!*

« Les parois sont en plomb. Et cet... Appareil... Que vous avez autour du cou ne sert pas qu’à tenir compte de vos rythmes cardiaques. Il nous avertit également de... Vos petites crises radioactives. Quand un certain seuil est franchi, le collier se déclenche automatiquement. Une méthode un peu excessive, j’en conviens, mais qui me paraît être la plus adaptée pour en savoir un peu plus sur vous, afin d’éviter... Des incidents secondaires regrettables. »

En plus... une pièce avec des murs de plomb ?! Vous avez jamais entendu parler du saturnisme ?! Vous m'imaginez en hydrocéphale ?! Et puis un collier qui se... déclenche ? Quéquifait quand il se déclenche le collier ? Je ressens un petit frisson glacé le long de ma colonne vertébrale. Bon... ca fait beaucoup d'infos, on va garder la surprise pour une prochaine fois.

« Et si vous me disiez ce qui s’est passé dans le centre commercial ? »

C'est une excellente question et je vous remercie de me l'avoir posée. Je prendrais bien une boisson chaude pour m'éclaircir la gorge. Lait de poule à l'ancienne ? Grog ? Chocolat chaud ? Nan ?
Bon... il veut des explication ? C'est parti ! Je commence par fondre en larmes. C'est tellement beau une jolie fille qui pleure...

C'est une terrible erreur judiciaire ! Ce n'est pas moi que vous voulez ! Y'avait un petit japonais caché dans un coin et c'est lui qui...

Boaf... nan. Même moi j'y crois pas. Ca va pas passer. J'ai toujours tendance à prendre les gens pour des cons mais... enfin... voila quoi. Peut être un peu trop parfois. J'arrête donc de pleurer et m'éclaircis la gorge.

Bon ok. En fait c'est simple : je venais de m'acheter des vêtements quand un gros malabar m'a sauté dessus et plaqué au sol. Il a du croire que je les avait volé ou je ne sais quoi ! J'étais en train de sortir ma facture et à calculer combien j'allais lui demander en dommages et intérêts quand tout à coup il m'a lâché et est parti en courant. je ne l'ai jamais revu. D'ailleurs je veux toujours porter plainte si vous trouvez qui c'est. Il avait des yeux bridés et des muscles partout. Bref. Peu après, la nana robot - Hawkes - est venue, elle a voulu me tirer dessus et tout alors que j'avais rien fait ! Et sans que je comprenne pourquoi il a commencé à faire super chaud. Mes fringues se sont désagrégés, je me suis retrouvée à poil. Miss Hawkes a eu un malaise et vous êtes arrivés voila. Ca ne m'était jamais arrivé. Je pense que le gros malabar m'a fait un truc bizarre qui m'a donné des maux de têtes etc. D'ailleurs je veux porter plainte pour ca aussi. Et si vous ne me laissez pas sortir d'ici immédiatement, je porterai plainte contre vous aussi pour séquestration. Et SURTOUT. J'exige avant tout que vous m'enleviez ce collier tout dégueulasse qui est lourd, et qui ne me va pas du tout. Je ne supporte que l'or blanc ou le platine.

Je m'assois en tailleurs sur mon lit et croise les bras pour bien montrer que je ne suis pas contente du tout. Je suis toujours en train de chercher un moyen de sortir d'ici. Y'en a mais je ne crois pas qu'il y en aurait un qui pourrait marcher en moins de 15 minutes. Et cette pensée m'horripile a tel point que je suis prête à faire un effort.

Siouplait ?

La femme commença par pleurer. Lloyd restait fidèle à la tradition des agents gouvernementaux en costumes noirs, lunettes noires en moins : imperturbable. Comprenant visiblement qu’il n’était guère sensible aux pleurs féminins, la femme opta pour une autre stratégie, et lui déballa une histoire qu’elle venait probablement d’inventer à l’instant, en se présentant comme une espèce de victime. Lloyd sentit sa patience être mise à rude épreuve, même si son comportement semblait conforme aux minces informations qu’il avait pu réunir sur elle. Si les caméras de sécurité du centre commercial avaient toute grillé, l’armure rouge, elle, était toujours opérationnelle, et disposait d’enregistrements audios, que Lloyd, ainsi que d’autres personnes, avaient écouté. Cette fille lui apparaissait comme terriblement immature, mais disposant en elle d’un pouvoir assez terrifiant. Il l’écoutait à moitié, lorsqu’il l’entendit conclure sa tirade en demandant à ce que le collier lui soit retiré. Elle s’assit en tailleur sur son lit, faisant mine de bouder. Lloyd reprit un peu de café.

« Bien... Si j’en crois votre version des faits, vous êtes une innocente femme qui faisait ses courses, quand un type lui est sauté dessus... Puis une femme en armure rouge a tenté de vous tuer sans raison, vos vêtements ont fondu comme par magie, et vous ne comprenez rien à ce qui se passe. »

C’était un simple résumé, afin de s’éclaircir la gorge. Lloyd commença à ouvrir le dossier devant lui.

« A dire vrai, Mlle Heaven, nous avons récolté peu d’informations sur vous... Mais suffisamment assez pour que vous ne soyez pas totalement une inconnue. Et je pense que ce n’est pas la première fois que vous avez votre petite... Comment appeler ça ? Une crise de rage ? De démence ? Une manifestation excessive de vos capacités paranormales ? Peu importe le nom, en fait, on en revient toujours au même point... Et, soit dit en passant, à votre place, j’éviterais de trop me manifester auprès des autorités japonaises. Si jamais les Japonais apprennent que votre joli minois et votre tempérament de gamine dissimulent une bombe radioactive sur pattes, vous finirez emmurée dans un sarcophage de plomb, et balancée au fin fond de l’océan. »

Il se racla la gorge, et, après cette parenthèse, reprit :

« Nous avons analysé votre sang. A partir de là, nous avons réussi à remonter votre existence... Parents inconnus. Vous avez été recueillie dans un orphelinat, et êtes légalement devenue pupille de l’État. Des agents ont trouvé des notes, des dossiers, qui vous concernent. Vous y êtes décrit comme une jolie dame, qui fait tourner la tête des hommes... Ce que je veux bien croire. De nombreuses demandes en adoption de la part de différentes familles, mais aucune n’a abouti. Nous savons tout, et à la fois rien sur vous, Mlle Heaven. Par exemple, nous savons que vous avez provoqué la mort de tout un orphelinat, et que votre pouvoir est à double tranchant. Un examen de santé nous a révélé que le compte à rebours de votre existence était plus court que d’autres. »

Une belle formule pour dire qu’elle était malade, et qu’elle avait un cancer. Lloyd referma lentement le dossier. On pouvait dire que l’équipe avait bossé vite, mais, comme il le savait, sa cellule existait pour répondre à ce type de problèmes, et la rapidité de réaction était fondamentale.

« Croyez-le ou non, mais vous n’êtes pas en détention. Nous avons prévu de vous libérer. Voyez cette pièce comme... Une sorte de cellule de dégrisement, en quelque sorte. »

La comparaison était un peu osée, mais résumait bien l’idée. Lloyd soupira légèrement.

« Ce que je veux comprendre, c’est ce qui vous a poussé à vous transformer en bombe radioactive. Ce que je veux, Mlle Heaven, c’est avoir la certitude qu’on peut vous relâcher en nous assurant que vos crises soient contrôlées. Je me doute bien que votre seule préoccupation, en ce moment, est d’essayer de sortir de là, mais... Essayez de penser plus loin que cette pièce. Si nous voulions vous retenir, et vous neutraliser, vous seriez en train de discuter avec les poissons, ou d’être enterrée avec les vers, quelque part dans un désert du Nouveau-Mexique. »

Il se tut un peu, se raclant encore la gorge, avant de parler sur un ton cérémonieux

« Soyez franche avec moi, et je vous ôterai ce collier. En personne, précisa-t-il. Dites-moi ce qui vous est arrivée dans ce centre commercial. Là-dedans, j’entends... » fit-il, en désignant sa propre tête du doigt.

Le mec du micro s'est lancé dans une... diatribe qui se fait tantôt gentille tantôt menaçante. En fait c'est le bon flic et le mauvais flics à la fois. Mais de tout ce charabia je retiens quand même quelques idées intéressantes. Ils n'ont pas l'air de vouloir faire de moi un rat de laboratoire. C'est bien. Et ils comptent apparemment me relâcher. Mais pas tout de suite. Et ca... j'ai encore du mal à l'avaler. Je suis à deux doigts de faire comme ces renards pris la patte dans un piège qui se la rognent pour essayer de survivre. J'ai toujours la solution de tout faire péter. Mais... ne l'ayant jamais fait je ne sais pas trop ce qui resterait de moi. Et puis si ca se trouve le mec du micro est vraiment loin et je n'arriverai même pas à l'emmener avec moi dans la tombe. Donc inutile pour le moment de tout faire péter.

« Nous avons analysé votre sang.[...] le compte à rebours de votre existence était plus court que d’autres. »

Bim. Aller prend toi ça dans la gueule Sita. Là, je suis en colère. La je suis stressée et là j'ai très très envie de lui arracher les yeux. Si tu sais que je vais crever, tu dois savoir que je n'ai rien à perdre. Or, on ne fait pas chier quelqu'un qui n'a rien à perdre.
Je sens mes yeux commencer à s'humidifier. Je suis là... la rétine tremblante, je me mord la lèvre inférieur pour éviter qu'elle ne s'agite elle aussi. Je veux sortir.

*Bon. Tu veux que je sois franche ? Ok.*

L'un des effets secondaires de ma... maladie, est que je m'ennerve très vite. Aussi, quand on me maltraite comme vous êtes en train de le faire, je perds le contrôle assez rapidement. Les radiations affluent selon mon humeur et mes émotions. Il m'arrive d'avoir de terribles maux de tête qui me rendent inapte et qui me plongent dans un état de détresse, ce qui a évidemment tendance à faire monter le compteur geiger.

Je respire un coup profondément pour essayer tant bien que mal de rester calme. Un thé vert marocain ne serait pas de refus.

Comprenez que m'enfermer dans une pièce sans baignoire, me mettre un collier au cou pour me contrôler et effectuer des test sur mon sang me donne effectivement envie de vous pulvériser. Alors voila, j'ai parlé franchement, maintenant j'exige que vous commenciez par m'enlever ce collier. Ca vous aide à garder le contrôle sur moi ok j'ai compris mais moi ca me fait l'effet inverse : j'ai du mal à garder le contrôle sur moi dans ces conditions ce qui risque d'être au moins aussi désastreux in fine. Donc si vous voulez qu'on puisse parler il va falloir faire un effort. Si vous voulez que je vous fasse confiance, il va falloir en faire de même.

Au début je pensais essayer de le séduire genre "j'enlève le haut si tu m'enlèves le collier" mais... il y avait peu de chances que ça marche. Même si je suis super méga jolie. Donc voila, on va jouer son jeu un peu pour voir. Tout est toujours question de négociation dans la vie.

De toute façon ce collier ne vous est d'aucune utilité. Je suis enfermée dans une pièce anti radiation qui est enfuie je ne sais où. Et j'imagine que de toute façon toute personne qui viendra ici viendra avec un compteur Geiger pour s'assurer que le niveau de radiation n'est pas trop élevé. Donc au final si ce truc ne vous sert qu'à savoir à quelle vitesse mon palpitant fait boom boom...

Je regarde la caméra et tire mon teeshirt vers le bas au niveau du cou ce qui dévoile à moitié l'un de mes seins.

Vous n'avez qu'à venir en personne et poser la main dessus, vous aurez les mêmes informations inutiles.

J'ai pas pu résister... la séduction c'est mon arme la plus puissante...

« Son rythme cardiaque s’emballe » annonça une voix dans l’oreillette de Lloyd.

Lui seul l’entendit, et n’en montra rien. Suite à son long monologue, la femme répliqua, se lançant à son tour dans une longue diatribe, qui s’articulait autour d’une demande : le retrait du collier. Lloyd n’en montra rien, mais cette exigence était prévisible. Cette femme était libre et indépendante, et les femmes libres et indépendantes n’aiment pas se réveiller avec des colliers autour du cou, et ce même après avoir, sous une crise de colère, tué une quinzaine de personnes, et amené des centaines d’autres dans des cellules de décontamination. Cette cellule, indéniablement, ne respectait pas les droits de l’Homme, mais, pour les Américains, ce n’était pas une première. De plus, un individu sourcilleux objecterait que Sita n’était pas vraiment une « humaine », dans la mesure où une humaine lambda ne pouvait pas tuer instantanément une quinzaine de personnes. A situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles. La femme finit par sortir l’un des plus vieux arguments du monde, de ces arguments qui avaient fait tomber des royaumes et des empires : des seins. Lloyd termina son café, puis reposa le gobelet.

« N’allez pas croire que je n’apprécie pas le spectacle de votre corps, lâcha-t-il, mais ce ne sera pas nécessaire. Je vais vous retirer ce collier. Il est vrai qu’il ne vous met pas en valeur. »

Si Lloyd avait peur, il la masquait très bien. Il allait se rendre dans un sarcophage en plomb, avec une femme radioactive qui pourrait le tuer. Du moins, en apparence. L’homme se redressa, et sortit de sa poche un trousseau de clefs, puis sortit du champ de vision du miroir. Il appuya sur un bouton, et pénétra dans une sorte d’antichambre, un sas. La porte par laquelle il venait d’entrer se verrouilla automatiquement, et l’autre ouvrit, donnant dans la cellule. Lloyd n’était pas inquiet. Il pénétra dans l’antre de la Bête, et se rapprocha d’elle. La clef s’enfonça dans une petite serrure sur le côté du collier. Il la tourna, il y eut un déclic, et l’objet tomba sur le sol. Lloyd le ramassa en se penchant, puis regarda la jeune femme, près d’elle.

« Quant à la baignoire... Je ne crois pas que vous resterez suffisamment longtemps ici pour avoir besoin de vous laver. Je vous l’ai dit, nous ne voulons pas vous retenir éternellement. »

Il se tut un peu, et poursuivit sur sa lancée :

« Nous pensons que vos crises ne sont pas préméditées, et que vous n’arrivez pas à les contrôler. Voilà pourquoi il serait contreproductif et injuste de vous enfermer ici. A dire vrai... »

Il se mordilla légèrement les lèvres, réfléchissant brièvement. Il n’était pas bien difficile de voir en quoi une femme émettant des rayons radioactifs pouvait être intéressant pour le gouvernement, que ce soit en tant qu’arme, mais aussi pour permettre, sur le long terme, de lutter contre les effets de la radioactivité. Dans la mesure où l’énergie nucléaire se développait de plus en plus, de tels éléments n’étaient pas négligeables. Il aurait pu le dire à la femme, mais il savait qu’elle s’en soucierait peu. Par conséquent, l’agent décida de se concentrer sur les seuls points intéressants, et conclut :

« Vous pourriez sortir d’ici dans l’heure, et retrouver la vie que vous aviez avant... A quelques différences près... Et sans avoir à me faire une fellation, jugea-t-il utile de préciser. Du moins, sauf si ça vous démange... »

Non, l’humour n’était pas son fort. Il termina donc rapidement :

« J’ai une proposition à vous faire. »

Bon... après quelques minutes de silences, le bonhomme arrive dans ma chambre. Il était tout à fait comme je l'imaginais : banal, la gueule de l'agent secret qui carbure au café dans un bureau et qui doit gérer des crises à la dernière minute. Va savoir si c'est parce que j'ai montré un sein mais... il est venu pour m'enlever le collier. C'était bien la peine de me le mettre à la base !

« Vous pourriez sortir d’ici dans l’heure, et retrouver la vie que vous aviez avant... A quelques différences près... Et sans avoir à me faire une fellation. Du moins, sauf si ça vous démange... »

Je le regarde avec de grands yeux... euh... là je ne poserais plus la question de savoir si je survivrai ou non à l'explosion que je peux faire. J'explose direct un point c'est tout. Je prends le risque. Je suis même prête à garder le collier, tout mais certainement pas ça. Quoi que je pourrais utiliser ça à mon avantage ? Faire comme si j'allais le faire pour ensuite l'attaquer au moment où il sera le plus faible. Maintenant il est à ma merci. Je peux le saisir à la gorge, l'irradier jusqu'à ce qu'il m'ouvre les portes ! Mais vu le bonhomme... il se peut qu'il ne craque pas. Et du coup je me retrouverais comme une conne. Et ca, ben c'est pas très bien.

« J’ai une proposition à vous faire. »

*Hum moui j'écoute ?*

Je passe mon tour. Vous n'aurez qu'à demander à la nana robot. En attendant quelles sont les choses que vous voulez m'imposer pour que je retrouve ma vie d'avant et quelle est votre proposition ?

Je VEUX partir d'ici très vite et que tout cela ne soit qu'un mauvais souvenir très lointain.

*A l’avenir, je m’abstiendrais de faire des blagues* se dit-il en voyant l’expression surprise de la belle femme.

Elle ne lui avait pas sauté dessus. En ce sens, Lloyd avait gagné son pari avec les autres agents s’occupant de Mlle Heaven. Mais ce n’était pas pour autant que tout était résolu. Elle n’eut pas à réfléchir longtemps. Elle lui répondit, en lui suggérant de s’adresser à l’officier Hawkes, puis en lui demandant le contenu de sa proposition. Lloyd esquissa un sourire léger. Avant d’être un agent secret, on l’imaginait sans peine, avec un tel sourire, charmer les lycéennes, et les butiner dans sa voiture en pleine campagne, dans un drive-in. Que du bonheur.

« J’ai peur qu’elle refuse, répliqua-t-il assez rapidement. Les femmes peuvent être si cruelles... »

Il soupira, et récupéra lentement le collier, le remuant entre ses doigts, l’observant silencieusement.

« Ce collier n’est qu’un vulgaire bout de métal. En aucun cas, il ne contrôlait votre rythme cardiaque, ni ne pouvait stopper vos... Vos poussées radioactives, pour appeler ça ainsi. C’était... Comment dit-on, déjà ? Un simple test psychologique, afin de voir si vous me sauteriez dessus, ou si vous seriez suffisamment raisonnable pour vous contrôler. Je suis heureux que vous ayez pris la bonne décision. »

Lloyd la regarda en croisant les bras, puis lui fit signe de la tête.

« Cet endroit sinistre me fiche la nausée. Suivez-moi. »

Et, disant cela, Lloyd s’engagea vers la sortie de la cellule. Ils filèrent dans le sas de décontamination, qui s’enclencha. Naturellement, il tiqua en analysant Sita, mais les techniciens forcèrent l’ouverture. Le duo sortit donc, et Lloyd ouvrit une autre porte, qui les conduisit dans un couloir.  Aucune fenêtre, mais une série de portes closes. Des hommes et des femmes s’avançaient de temps en temps.

« Vous avez subi un examen médical complet. Du sang a été prélevé pour tenir compte du niveau d’intoxication de vos globules sanguins, et... Nous avons souscrit une petite assurance. Cette cellule en plomb n’était effectivement pas nécessaire, mais avait un effet psychologique. Nous voulions vous montrer ce qui vous attend si jamais une autre crise devait survenir. Cependant, pour l’heure, cette crise est hypothétique, car nous vous avons greffé une puce dans le cerveau. »

Dit comme ça, ça pouvait faire peur, mais Lloyd, pour le coup, était sérieux. Les deux étaient entrés dans un ascenseur, qui se mit à monter. Il y avait un grand miroir derrière, et, en consultant les boutons, on pouvait voir qu’ils étaient à un étage inférieur d’une structure comprenant trois étages supérieurs.

« Cette puce a deux fonctions : vous localiser, et diffuser dans votre cerveau un signal électrique à chaque fois que le taux de radioactivité de votre corps dépassera un certain degré. Vous pouvez trouver ça détestable ; ça l’est, mais, soit nous vous enfermions dans un sarcophage de plomb, soit nous nous assurions que vous ne provoquerez pas de nouvelles victimes dehors. »

L’ascenseur s’arrêta au rez-de-chaussée, s’ouvrant sur un autre couloir un peu plus éclairé, où on pouvait voir des hommes en treillis. Dès lors, il n’était pas difficile de déterminer où ils étaient.

« Voilà pour la présentation de votre état... La puce se dégradera au fil du temps, et, si nous estimons que vous représentez toujours une menace, nous vous en grefferons une autre. Vos obligations se limiteront à un rendez-vous hebdomadaire avec un agent, et à quelques séances d’analyses chez nos médecins, afin de déterminer la manière dont votre cancer évolue, et aussi pour se renseigner sur vos facultés radioactives. »

Mains dans les poches, il la regarda, en concluant :

« Cette solution est la moins contraignante pour vous. Si jamais une autre crise devait survenir, même le S.H.I.E.L.D. ne pourra plus vous couvrir. On vous remettra aux Japonais, et vous finirez inondée en pleine mer. Est-ce clair ? »

Bon. Le collier ne servait à rien. Ok. La cellule non plus ? D'accord. Ok. Je ne sais pas pourquoi mais ca me fait penser à ces enfants qui arrachent les ailes des mouches et les regardent se tordre dans tous les sens. Ca vous amuse de me faire chier sans raison ?! J'ai une petite théorie. Je pense que ce Lioyd est inutile lui aussi et que s'il disparaissait ca ne serait sans doute pas si grave. Y'aura sans doute une voix qui me dira HA ! C'était un cyborg, on a fait ca pour vous évaluer.

*Bienvenue à Aperture science laboratories*

Par contre là il m'a dit un truc qui ne me plait pas mais alors pas du tout du tout du tout. Je sais pas si c'est une blague pour me tester une fois de plus mais je n'aime pas ca DU TOUT.

*UNE PUCE DANS MA TÊTE ?! T'ES SERIEUX LA ?*

Je m'arrête net. Il tente de faire passer la pilule en m'expliquant qu'elle se dégrade, qu'ils vont m'aider à suivre mon cancer, toussa toussa. Sauf que non. On ne me charcute pas la tête impunément surtout quand il y a une tumeur qui s'y cache. On ne contrôle pas mon seul moyen de défense et mes mouvements sans rien me demande impunément. C'est pire que le collier et même encore pire que l'absence de baignoire.
Il est temps de mettre les choses au clair.

Bon écoute moi bien monsieur Bennet. Je suis une femme du genre persévérante dans la vie et j'ai tendance à obtenir ce que je veux. Là je veux que cette puce soit désactivée/retirée désintégrée je m'en fout faites n'importe quoi pour qu'elle n'existe plus. Mon pouvoir c'est mon seul moyen de défense. Il fait partie de moi, de mon identité, de ma chair, de mon sang et j'ai payé un tribut assez élevé pour pouvoir le garder. Maintenant, si vous refusez, je trouverai bien un moyen un jour de m'en débarrasser. Et une fois cette tâche accomplie, je jure sur le peu de choses qui peuvent encore m'être chères que je n'aurai d'autre but, n'aurai d'autre priorité que de traquer chaque personne croisée dans ce couloir ou chaque personne ayant eu quoi que ce soit à faire avec vous ou vos familles ou votre organisation quitte à pulvériser la planète entière, à transformer le monde en Fallout, quitte à y laisser ma vie.

Je croise les bras et le regarde droit dans les yeux. Vois ma détermination. Je peux m'amuser parfois mais là je ne rigole pas.

Peut être que dans les mauvais jours, ma faculté à obtenir ce que je veux ne s'élève qu'à 50%. N'empêche que sur deux choses que je souhaite, je risque alors d'en obtenir une. A vous de choisir comment finira cette histoire.

Il aurait été étonnant que la jeune femme accepte en toute tranquillité cette contrainte. Elle lui balança donc, avec toute l’assurance dont elle était capable, que ce sera la fin du monde si on ne lui retirait pas immédiatement cette puce. L’hiver atomique, l’apocalypse suprême. Elle le regardait froidement, ayant de donner dans son regard la froide assurance qu’elle se vengerait. L’agent se mit alors à sourire, et répondit assez rapidement, ses mains toujours enfoncés dans les bouches :

« Excusez-moi, je crois que je n’ai pas été très clair... Nous ne sommes pas en train de négocier, Mlle Heaven. Je ne suis pas une espèce d’agent contractuel qui vous ferait une offre sous conditions, et sous réserve de votre acceptation. Non, il ne s’agit pas de ça. D’après nos informations, vous avez déjà pété les plombs au moins deux fois... Ce qui fait deux fois de trop. Je ne suis pas en train de vous demander votre avis, je vous explique simplement comment les choses se dérouleront. On ne vous retirera pas cette puce, car elle est la seule garantie que nous ayons que vous ne pèterez pas les plombs encore, et condamnerez encore des innocents. »

Le ton de Lloyd était catégorique. Il ne lui disait pas tout. A dire vrai, certains avaient voulu qu’on l’euthanasie, et d’autres qu’on l’enferme dans un sarcophage de plomb. On avait choisi la méthode la moins contraignante pour la jeune femme. Ce n’était pas la plus idyllique, loin de là, mais c’était la meilleure.

« Quant à me menacer... J’aurais tendance à dire que ça n’améliorera pas votre cas, mais je comprends votre colère. Je pense que serais aussi assez furieux, à votre place... Mais ce n’est pas ça qui changera les choses. Et je ne vous conseille pas d’essayer de la retirer. La puce se dégradera avec le temps, c’est le seul moyen de la retirer. »

L’insérer n’avait pas nécessité une opération chirurgicale complexe consistant à lui ouvrir le crâne. Il avait suffi d’une injection dans son cou pour que la puce, microscopique, aille se glisser dans le cerveau de la jeune femme. Elle y était logée, et envoyait des ondes qui permettait de se renseigner en temps réel sur son taux de radioactivité. Lorsque ce taux dépasserait un certain seuil, la puce enclencherait un tranquillisant qui devrait, en théorie, diminuer la radioactivité.

« Nous sommes des agents gouvernementaux, nous manquons d’imagination. Si vous voulez qu’on vous ôte cette puce, il faudra nous fournir des garanties que vous ne risquez pas encore de péter les plombs. »

C’était aussi simple que ça.

« Si vous ne pouvez pas, vous aurez cette puce jusqu’à ce que nous soyons assuré que vous ne ferez pas une nouvelle crise dans un centre commercial. Alors... Vous avez des garanties à proposer ? »

Ce que Lloyd voulait que la femme comprenne, c’était qu’ils ne pouvaient pas faire autrement. Nécessité faisait loi, et ils ne pouvaient pas libérer une arme de destruction massive dans la nature sans s’assurer de pouvoir la contrôler un minimum.