Un petit être qui sent l'animal [Yumena A.]

Le froid faisait son apparition, signe que la faune et la flore allait s'assoupir. J'avais repris des forces, par le soin d'un humain qui avait fait abstraction de mon apparence. J'appris qu'aucun être ne me ressemblait et bien m'en fit, je savais qu'aucun de mes Drosets n'avaient pris pied en ce monde.

Si j'avais récupéré une meilleure forme, mes capacités ne pouvaient être utilisés qu'à faible niveau, mon énergie étant encore trop bas pour tenter une transformation en ses petits être marchant sur leurs pattes arrières. Mon intuition me disait de ne pas trop les approcher, mais cela éveille ma curiosité, qui étaient-ils, comment vivent-ils, tant de question qui me pousse à chercher la réponse.

Ne pouvant me mouvoir sous cette forme, je me suis mit à regarder les être vivant dans le bois, l'un d'eux répondant au nom de renard me parut être un modèle parfait. Je pris donc l'apparence d'un renard, mais contrairement à ces derniers, mon pelage était d'un gris argenté, comme l'est ma crinière sous ma vraie forme. Pour moi cela n'allait rien changer aux regards des être à deux pattes, ils ne verraient qu'un renard.

La faim et la soif me guettait, changer de forme fut assez épuisant et il me fallait chercher de quoi me sustenter. Seulement dans ce monde beaucoup de danger rode, mais la faim est trop forte, il me faut manger. Je ne pouvais pas parler sous cette forme, tout simplement car un renard ne peut parler le langage des êtres à deux pattes.

C'est alors qu'une odeur m'interpela, comme si on me mettait de la nourriture sous le nez, une odeur qui était assez apaisante en soi. De mes petites pattes je me dirige vers l'endroit où émane l'odeur et découvre un deux pattes, au vue de son apparence cela devait être une femelle, méfiance et curiosité se mélangèrent.

Je me mis à la suivre, gardant une bonne distance, car les deux pattes peuvent courir très vite et mon apparence n'est pas très rapide. Je voulais savoir pourquoi cette femelle avait une odeur si particulière.

La voyant tourner à un mur, je décide de courir et me tape un de leurs grand pot en fer, poussant un couinement car cela fait mal. Je vis la deux pattes me regarder et me mis à la regarder dans ses yeux, elle ne semblait pas malveillante, mais j'attendis qu'elle fasse le premier pas, comment allait-elle réagir ?

- Bon, ne rentres pas trop tard Louise, je suis pas sensée te laisser traîner quand les parents sont pas là, ok ?

Après qu'elle m'eut assuré qu'elle jouerait les cendrillons et qu'elle ne tardera pas de trop, je la laissais partir rejoindre sa bande d'amis. Ils allaient "manger ensemble et se faire un cinéma entre copains" mais je me doutais bien que de toute façons, ils trouveraient le moyen de finir la soirée à boire quelques verres. Il était amusant à quel point ma demi-soeur pouvait être mon opposée tant au stade physique qu'au stade psychologique. J'étais le stéréotype de l'eurasienne grande et agréablement dotée de fortes formes, aux cheveux lisses et aux grand yeux sombres. Mais surtout, doté d'un caractère bien calme et solitaire. J'appréciais la bonne compagnie,mais ce n'était pas pour autant que j'irai la chercher de moi-même... Eh bien Louise, c'était tout l'inverse. Cette blonde pétillante me redevait bien des services après toutes les fois où j'avais couvert quelques de ses bêtises ou escapades secrètes. Je m'en voulais souvent de la laisser faire ainsi, comme une mère trop lâche avec son enfant; mais j'étais incapable de lui refuser quoique ce soit. Ce n'était pas moi, qui n'avait jamais pu obtenir quoique ce soit de trop extravagant de ma mère, qui allait empêcher ma demi-soeur de s'éclater et vivre sa jeunesse comme moi je n'avais pas osé la vivre, restant silencieuse sous le cadre strict familial et religieux imposé par ma mère. J'étais coincée entre ces lignes depuis bien petite, aussi mon caractère s'était forgé avec, m'empêchant de trop regrette de ne pas avoir été plus extravertie dans mon adolescence. Mais Louise avait cette petite étincelle, ce rayon de soleil qui me soufflait à chaque fois que je la voyais sourire, que cette fille était la beauté de la joie de vivre incarnée, et que l'empêcher de vivre sa jeunesse et d'étaler ce bonheur autour d'elle, serait bien triste blasphème.

Faute de n'avoir une horde d'amis à inviter pour m'accompagner ce soir - bien que quelques de mes amies auraient accepté sans doute, mais je n'osais même pas leur demander de peur de les importuner... je n'irai pas loin - ça allait finir entre Prato et moi tout ça, comme d'habitude. Bien avant que je découvre les plaisir sexuels avec un animal, j'avais de grandes affinités pour les bêtes, et j'avais toujours désiré devenir vétérinaire. Ma mère grimaçait bien souvent en me disant que médecin serait plus utile, mais après avoir appris que c'était un métier nécessitant de longues études tout aussi complexe que les études de médecine, et que le métier rapportait, elle a finit par se faire à cette idée et à accepter une chose que je désirais. Cependant, j'aurais volontiers donné tout ce qu'elle acceptait rarement de moi, contre le droit d'aimer non pas que les animaux mais aussi leur sexe, mais surtout, surtout, contre le droit d'aimer ma propre demi-soeur.... Hélas c'était impossible; et je vivais ces deux désirs en silence, bien que je puisse assouvir avec mon chien mes envies zoophiles. Il m'était souvent passé par l'esprit de le tenter avec d'autres bêtes, mais je n'en avais jamais eu l'occasion.

A cet instant où j'eus cette pensée, un bruit sourd tinta derrière moi, sonnant comme un écho de ferraille, accompagné d'un gémissement étrangement aigu. J'eus un sursaut et je me retournais immédiatement, serrant contre moi mon sac, le coeur battant de peur. L'espace d'une seconde, je priais pour que je ne soit pas suivie par un h... renard ?!

Oui, devant moi, se trouvait un magnifique renard, d'une couleur gris argenté. J'écarquillais les yeux devant tant de beauté. Mon dieu, c'était quoi cette espèce ? Je n'avais jamais vu une teinte de pelage aussi belle. Le renard avait intérêt à ne pas rester traîner en zone de chasse, où il serait traqué sans relâche. Enfin, un renard argenté en plein milieu d'un quartier d'habitation, ce n'était pas courant, non, certainement pas. Je ne bougeais pas, pensant que l'animal fuirait immédiatement en croisant mon regard. Et pourtant, celui-ci resta planté devant moi, me fixant comme s'il cherchait à lire mes intentions. Pourquoi ne s'en allait-il pas, qu'est-ce qui l'attirait vers moi ? Je regardais rapidement autour de moi, et me grattais machinalement la tête. Ah. je savais peut-être. J'affichai un sourire en coin et ouvris doucement mon sac, tout en surveillant l'animal du coin de l'oeil, au cas où il s'enfuirait. Je m'accroupis en douceur, très lentement, ne voulant pas l'effrayer. Ma jupe se plissa sur mes genoux. Enfin, je sortis une petite boîte dans mon sac. Le hasard avait fait que j'avais cueilli quelques cerises lors de ma dernière virée au bois avec Prato, mon braque. J'en avais gardées dans une petite boîte en plastique dans mon sac en cas de petit creux.

Ainsi accroupie face à l'animal qui étonnamment ne s'était pas enfui, je jetais avec douceur une des cerises vers l'inconnu d'argent, attendant sa réaction. Les renards raffolaient de cerises.

Je restais sur mes gardes, on ne sait pas quel est le danger que peut représenter les objets conçu par cette espèce assez évoluée, pour leur planète bien sûr. Je la vie faire de drôle de geste, était-ce une salutation inculqué dans leurs coutumes ? Hum ... j'allais devoir étudier ses deux pattes avec attention pour comprendre leurs méthodes de fonctionnement. Je la vis sortir un conteneur, la matière m'étant inconnue, je m'en méfiait, comptait-elle en sortir un objet précis.

C'est alors que mon odorat perçu une odeur, elle était attirante et douce. La deux pattes e mit à jeter une petite boule rouge. Par contrainte je fis deux petit bond en arrière, mon corps se couchant au sol dans le cas où il se passerait quelque chose. Mais rien ne se fit, si ce n'est l'odeur perçu auparavant qui avait pour source cette sphère rouge.

Tout en gardant un oeil sur la deux patte, je me mis à m'approcher de la sphère rouge. Je me mis à le prendre dans ma gueule, pour reprendre un peu de distance. Le fait d'avoir une apparence de renard était difficile, car il m'était impossible de le manger autrement qu'avec uniquement ma gueule.

Dès que je me mis à manger la sphère mes papilles en furent émoustillé. La sphère rouge est sucrée, elle a un goût des plus succulent, même sur ma planète il n'existait pas quelque chose d'aussi bon. Il me fallait cette boite.

Je m'approche doucement, essayant de la faire comprendre que j'en voulais un peu plus. 

Malgré qu'il ne s'en aille pas, il y avait une certaine frayeur, une certaine méfiance de la part de l'être poilu qui se trouvait devant moi; d'ailleurs, il ne se précipita pas immédiatement sur la cerise que je lui avais jetée. Au contraire, il recula en se demanda bien ce que j'avais pu envoyer dans sa direction. J'aurais pu jeter n'importe quoi.. mais une fois que la surprise que je lui lance un objet fut dissipée, l'odeur sucrée du fruit le dissuada de se méfier. Je ne pus retenir un large sourire lorsqu'il saisit la cerise entre ses dents pour la gober. Oh, c'était réellement une scène adorable ! N'importe qu'elle fille aurait craqué devant un renard aussi curieux. Et je ne me lassais pas d'admirer la beauté de ce pelage. Une seule envie me gagnait; glisser ma main dans cette masse de poils qui avaient l'air si doux. On aurait dit une peluche, tellement son apparence était irréellement belle. Une peluche que tous les gamins auraient rêvé d'avoir. Mais je trouvais qu'il était un peu maigre malgré son pelage, il devait être en manque de nourriture.. sans doute était-ce la faim qui l'avait poussé à rôder dans le quartier d'habitation, en quête de nourriture.

Je le regardais se rapprocher de moi, et mon sourire s'élargit un peu plus.
D'une voix basse et douce, ne voulant pas l'effrayer bien qu'il n'avait pas l'air aussi craintif que je me l'imaginais.

- Oh, tu en veux encore ?

J'en pris deux de plus dans ma main, mais cette fois-ci, je ne les lançais pas. Je les gardaient au creux de ma main, bras tendu en face de moi, attendant qu'il décide de se risquer à chiper dans ma main les deux petits fruits. J'avais toujours su m'y prendre avec les bêtes; je n'en doutais pas un seul instant, il allait finir par céder. Et j'avais raison, puisqu'après une pette hésitation, je sentis son museau froid se glisser dans le creux de ma main, et je ne pus m'empêcher d'émettre un petit rire amusé au contact un peu chatouilleux de l'animal lorsqu'il saisissait les feux fruits rouges.
Des cerises, c'était bien bon, mais si ce renard avait réellement faim, je doutais que quelques petits fruits rouges ne lui soient suffisant. J'eus envie d'aider le renard. Un renard complètement atypique; n'importe quel animal avait le droit de manger à sa faim, mais celui-ci était si beau, si unique, qu'il aurait été encore plus dommage de ne pas laisser une petite chance à un tel animal.

Je ressaisis une cerise dans ma main, et cette fois-ci, lorsqu'il saisit le fruit, je me risquais à caresser furtivement son pelage, au niveau de sa tête. Oh, comme c'était doux !

Je finis par me relever, hissant mon sac sur mon épaule. Mais je gardais la boîte dans ma main, une petite idée derrière la tête. Je fis dos au renard et fis quelques pas, avant de me retourner et de prendre une cerise dans la main, tendant mon bras à un niveau assez bas pour que l'animal puisse attraper le fruit.

- Allez, si tu me suis, tu auras droit à la boîte, et un bon steack en prime.

Bon, les animaux ne comprennent sans doute pas le langage humain, mais avec un peu de chance il me suivrait, guidé par sa faim et sa gourmandise animale. Je répétais donc la chose sur le chemin, lui donnant une cerise à chaque fois qu'on progressait un peu plus, jusqu'à ce qu'on arrive devant chez moi. J'ouvris le portail, rentrais dans le jardin, et me plaçais au milieu, posant dans l'herbe la boîte où il restait encore quelques cerises.

- Régales toi mon beau !

Sans vérifier qu'il finirait la boîte, je rentrais dans la maison, laissant la porte ouverte derrière moi. Une fois mes chaussures retirées et mon sac posé dans un coin du couloir d'entrée, je filais dans la cuisine, pour fouiner dans le frigo, à la recherche d'un steak pour mon hôte du soir, et aussi de mon propre dîner, au passage.
Moi qui n'osait jamais passer de soirée en compagnie humaine, voilà que j'en passais une nouvelle en compagnie animale... Ah Yumena, tu aurais peut-être dû être un animal à quatre pattes.

La deux pattes vint à tendre sa main avec deux sphères rouges. Je me mis à m'approcher en douceur, l'étude de cette deux pattes devait être menée avec prudence. Ces petites sphères étaient riche en élément nutritifs, mais n'avait pas la taille minimum requise pour caler mon estomac, qui avait prit la taille de celui des renards.

une fois assez prêt, je pointe le bout de mon museau, mangeant littéralement parlant, dans sa main. Je vis l'autre main s'approcher de mon pelage, même si je me laissait faire, j'étais prêt à mordre en cas d'agression. Par chance cette deux pattes semblait s'y connaître et j'eus le droit à une magnifique caresse.

C'est alors que vint une scène pour le moins surprenante, par sa stupidité je veux dire. La deux pattes faisait quelques pas et me tendais une sphère rouge pour m'appâter. Devant jouer l'animal lambda, je fis mine de jouer à son jeu, non en éprouvant un air blasé de me voir comme un animal à l'intelligence réduite.

Je vis alors l'abri de la deux pattes. Il y avait un obstacle qui bougeait, sans doute pour éviter que des intrus n'entrent, même si le système paraissait facile à déjouer. Derrière je pus voir une zone verdoyante, c'était assez petit, mais cela permettait sans doute à la deux pattes de ne pas oublier qu'elle était un animal elle aussi.

Enfin elle laissa la boite. J'attendis qu'elle parte dans son abri pour aller manger les dernières sphère rouges. Je pus analyser cette boite, une matière inconnue et une système de fermeture efficace, car je ne pus pas la rouvrir.  Ne pouvant résoudre ce nouveau mystère je me dirige dans l'abri de la deux pattes, en faisant attention à ne pas m'imposer, ce qui serait une agression ouverte.

Je suivis son odeur et arriva dans une immense salle. La deux pattes faisait quelque chose. Regardant où je pouvait monter, je pris l'option de sauter sur une chaise et atterrir sur une plateforme dans une autre matière inconnue. Cette dernière n'émettait aucune odeur, je vis dans un récipient des aliments.

J'allais m'approcher quand une éclaboussure vint à mes pieds, je fis un saut en arrière et rata ma réception, tombant sur le sol. Ce n'était rien, mais cela avait le mérite d'être impressionnant sous cette petite forme. Mon choix fut donc de rester prêt de la deux pattes, vu qu'elle m'avais dit que j'aurais un "steack", encore un aliment bizarre.

Alors que je fouinais dans le frigo, je ne me rendis pas compte de ce qui se passait exactement. Je réalisais la scène juste à l'instant où je m'étais retournée, un récipient de polystyrène contenant deux steaks protégés par un filme plastique en main. Je ne savais pas comment le renard était exactement monté sur la table, mais il en retomba vite, alors qu'il venait de faire tomber quelque chose qui avait du l'effrayer. J'eus d'abord peur qu'il se fasse mal en retombant, mais je finis par lâcher un rire en le voyant se rapprocher de moi, visiblement peu content de sa nouvelle expérience.
Je me retournais vers le plan de travail de la cuisine et commençait à déballer les deux morceaux de viande, et j'en saisit un pour le placer dans une assiette. Ceci fait, je me penchais vers le sol et posais l'assiette contenant la viande crue dans un coin de la cuisine. Ce n'était pas bien de nourrir autant un animal qui n'avait pas mangé depuis un certain temps, mais après tout, ce renard devait bien attraper quelques lapins qui contenaient autant de viande que le steak que je venais de lui donner. A coté de l'assiette je plaçais un bol rempli d'eau, si l'animal avait soif.

Quant au second morceau de viande, je le saisissais pour le mettre dans une poêle. Une allumette, une étincelle, j'allume les gaz, et pose la poêle sur le feu. Sel, poivre, et quelques herbes. Sur le feu d'à côté, je pose une casserole remplie d'eau, que je mis donc à bouillir. Je m'apprêtais à sortir le paquet de pâtes du placard que j'entendis un bruit caractéristique de griffes sur du parquet qui me fit réagir au quart de tour. Je me précipitais vers la porte de la cuisine qui donnait sur le salon, et pu apercevoir Prato qui dévalait les escaliers. J'eus à tout juste le temps de claquer la porte avant que le chien ne fasse irruption dans la salle. Je ne voulais pas que le renard prenne peur devant mon chien, bien que tous deux étaient des espèces bien cousines... Mais il valait mieux attendre que mon invité surprise finisse son repas en toute tranquillité avant de permettre mon braque de le rencontrer. J'eus mal de l'entendre couiner derrière la porte, le pauvre voulait me faire la fête.

Je me plaquais contre la porte et tentai de le rassurer.

- Attend un peu Prato, je t'ouvre plus tard !

Je baissais mon regard sur le renard d'argent, espérant que la scène ne l'ai pas effrayé.

Je vis la deux pattes déposer sur le sol un objet plat où il y avait de la viande, je me mis à approcher l'aliment avec précaution, essayant de reconnaître l'odeur. Mais tout cela ne servait à rien, ce monde possède sa propre loi et ses propres odeurs. Le morceau me paraissait très gros, de quoi me faire des réserves sous cette forme pendant un petit temps. La deux pattes vint à placer un récipient avec de l'eau, cela tombait bien car j'avais soif.

Je vis du coin de l'oeil que la deux patte préférait rendre chaud sa viande, j'aurais bien aimé moi aussi, mais parler maintenant aurait été dangereux. Qui sait comment elle pourrait réagir face à une voix résonnant dans son cerveau. Je me mis à goûter la viande, la mâchoire des renards étaient un outils formidable, puissant, tranchant et précis dans le geste.

J'eus un sursaut en entendant des bruits de griffe, il y avait une bête dans l'abri. Au vue de l'attitude de la deux pattes, il s'agissait d'un être accepté dans l'abri, seulement rien ne disait que cette créature serait aussi sympathique envers ma présence. La deux pattes se mit à me regarder, je rendis son regard en montrant ma méfiance envers la créature derrière ce système qui pivote et empêche l'accès. Les deux pattes sont vraiment ingénieux, sans doute plus que je ne le croyais, prudence ... prudence.

Je me mis à manger rapidement la viande et vider l'eau. Une fois ceci fait je me mit à distance de là où la créature attendait, mon corps était tendu, prêt à lutter s'il advenait que cet être m'importune et tente de me tuer.

La deux pattes semblait inquiète, craignait-elle pour moi ou sa créature ? Elle ferais bien de s'inquiéter sur ce qui pouvait advenir de son Prato, car je n'allais pas le laisser me blesser sans réagir en conséquence.

Le renard  semblait méfiant, mais n'avait pas cherché à s'enfuir ou quoi que ce soit, et je fus soulagée qu'il n'aie pas pris peur. Je fermais le loquet de la porte afin d'être sûre que mon braque n'essaye pas d'abaisser la poignée comme parfois il arrivait à faire, et c'est d'ailleurs bien pour cela que mon beau-père avait décidé de poser sur chaque porte des loquets afin de pouvoir fermer l'accès à une pièce voulue au chien. Ceci fait, je me dirigeais à nouveau vers le plan de travail et achevait ce que je faisais; je sortis le paquet de pâtes du placard pour le poser à côté des plaques. Je n'aurais qu'à attendre que l'eau bouille pour les y jeter et attendre quelques minutes, juste le temps de les avoir aldente.

Je posais déjà une assiette et mes couverts sur la table, après y avoir passé un coup d'éponge. Je n'étais pas quelqu'un de maniaque, non, mais très ordonnée, oui. Ma mère m'avait élevée ainsi; j'aimais que les choses soient propres et rangées, sans pour autant devenir folle à la moindre trace de saleté... Si ç'avait été le cas, jamais je n'aurais accueilli un renard chez moi, ou même, jamais je n'aurais laissé un chien dormir avec moi, et d'ailleurs bien plus si affinités... et il y avait affinités. Aussi, j'avais l'habitude de bien entretenir la maison lorsque j'y étais seule. Tiens, encore une chose qui nous séparait toutes les deux, Louise et moi. Elle était bordélique à souhait, et sa chambre était toujours un joyeux désordre que ma mère était lasse de voir. Souvent, afin de lui éviter quelques grondements, je passais dans sa chambre et y donnait un coup de rangement. J'y prenais presque du plaisir, car à chaque fois que je touchais un objet qui lui appartenait, j'avais l'impression d'être avec elle, dans son univers, entre ces murs où la nuit elle dormait, belle et sereine, tel un ange.. Et son odeur flottant dans la pièce, dans ses draps, je ne me lassais pas d'y venir. Son désordre ne me faisais donc pas peur, et si une nuit je n'avais pas glissé par inadvertance ma main sous son oreiller, je pense que j'aurais tout de même fini par trouver ce livre d'incantation qui m'avait valut une bien étrange soirée. Un jour ou l'autre, je serais tombé sur cet objet étrange, qui m'avait fait découvrir pour la première fois l'existence de la magie. Tiens, d'ailleurs, j'allais profiter de cette soirée pour y jeter un coup d'oeil.

Mais il valait mieux pour le moment que je m'occupe de la rencontre entre Prato et le renard. Maintenant qu'il avait mangé et bu, l'animal était libre de s'en aller, s'il était repu. Aussi, je n'avais qu'à laisser les deux canidés se rencontrer; et s'ils ne voulaient s'entendre, le renard serait libre de s'en aller. Mais à mon avis, cela ne regardait que le renard, mon braque avait déjà été plusieurs fois en contact avec d'autre chiens et ça s'était toujours bien passé, celui-ci était de nature affectueuse, parfois un peu joueuse. Mais jamais agressif.

Je décidais donc d'ouvrir la porte qui séparait les deux pièces, et le braque rentra dans la cuisine. Je l'attrapais immédiatement par son collier, tandis qu'il me léchait un genoux avec affection pour me montrer qu'il était heureux de me voir, tout en remuant la queue. Je lui caressais la tête, maîtresse tendre.

- Sois gentil Prato, ne lui fais pas peur, d'accord ?

Je le lâchais, et le regardais se diriger avec tranquillité vers le renard, remuant la queue, ne montrant aucun signe d'agressivité. Bah; une fois qu'ils se seraient reniflés de derrière, ils seraient copains comme cochons. Je les surveillais du coin de l'oeil, tout en retournant mon steak et jetant enfin mes pâtes dans l'eau bouillante.