La lune blanche éclairait la ruelle où s'était passé le drame meurtrier de deux femmes contre un homme esseulé et incapable de se défendre face aux balles. Luccius avait assisté à la scène, avec une certaine indifférence cependant. Il avait vu les deux femmes, complètement ivres et débordante de vie, s'en prendre au proxénète, avant de se reposer en plein milieu de la rue qui était à présent noyé dans le sang de leur triste victime. L'une d'entre elle, une blonde à forte poitrine, à peine vêtue, brayait des chansons révolutionnaires, tandis que l'autre restait assise, sans bouger, en lui ordonnant de se taire. Elles étaient complètement ivre, les pauvres femmes.
Luccius n'était pas là par hasard : le proxénète n'était autre qu'un de ses contrats : une femme, apparement anciennement membre de son harem privé, avait réussis à s'enfuir, mais était presque poursuivie par cet odieux personnage. Alors elle appela la Dame des pleurs, et quelques nuits plus tard, Luccius lui était apparus. Il avait déjà reçu son payement, ainsi qu'un supplément plutôt agréable. Mais maintenant qu'il était mort, Luccius était bien embêter : il ne voulait pas rendre le payement financier, mais le code d'honneur du culte était clair. Il était donc en train de réfléchir aux différentes possibilités qui s'offrait à lui. Pendant ce temps, la blonde s'éloigna en continuant de chanter, comme si de rien n'était, laissant sa camarade derrière elle. Du haut de la maison où il se trouvait, il pouvait la voir partir en chancelant, complètement saoul. L'assassin restait assis, en l'observant, tandis qu'il jouait avec une petite dague, jonglant à une main avec. Qu'allait-il faire à présent ? La tuer ? Ou la laisser vivre ? Normalement, si quelqu'un lui "volait" son contrat, il s'était fais un point d'honneur à tuer cette personne. Mais il n'était pas d'humeur, pas ce soir. Les deux filles ne se souviendraient sans doute même pas de ce qu'elles avaient fait, alors est-ce que ça en valait la peine, sachant qu'il allait se salir les mains pour rien.
Il regarda finalement l'autre femme, qui avait pris quelques cailloux et commençait à en lancer sur le proxénète qui montrait aucun signe de résistance, mais grommelait doucement. Finalement, il était toujours vivant. C'était une chance qu'il ne devait pas louper. Il se redressa et sauta en piquer vers le proxénète qui toussait encore du sang. Il retomba au sol, tranquillement, et se redressa en s'approchant de l'homme. Il s'agenouilla à côté de lui, alors qu'il semblait le supplier de l'aider, le sang l'empêchant d'articuler correctement. Jad s'approcha de son oreille et murmura :
Toi qui fit verser des larmes, la Dame des Pleurs vient reprendre son dû.
Il enfonça soudainement la dague dans le coeur de sa cible qui, après avoir toussé de surprise, rendit son dernier souffle. Il l'avait finalement fais, et ce n'allait pas être l'alcoolique à côté de lui qui allait le dénoncer. Il retira sa dague et l'essuya sur le veston de l'homme, puis sortit une plume noire qu'il enfila dans le peu de vêtement intact qui restait à sa victime, avant de se redresser en soupirant au travers de son foulard noir.
Voilà une bonne chose de fait.
Il se craqua la nuque : c'était plus simple que prévu, et encore, cela aurait dû être déjà un jeu d'enfant. Il pouvait maintenant profiter de sa nuit. Il se tourna ensuite vers la demoiselle. Il n'avait pas de raison de la tuer, mais son ivresse faisait presque pitié. Il pouvait aussi profiter de l'instant, bien qu'en la voyant ainsi, aussi pathétique, la seule envie qu'il avait été de retourner dans son antre.