Une succube à l'église, oui oui. ♥ (Père Carmody)

« Alors c'est ça, une "église" ? »

Cachée dans les buissons, je regardais de loin le bâtiment de pierres polies aux vitraux colorés. Ouch ! Une branche venait de m'érafler les cuisses. C'était super inconfortable, ici ! La situation ne me laissait pas vraiment le choix, je me trouvais sur Terre, pas sur Terra. Et ici, se balader dans ma tenue ne semblait autorisé, un groupe d'hommes costumés avait même voulu me passer des menottes, et c'était pas pour un jeu de rôle à plusieurs. Dommage, ça aurait pu être très amusant... J'ai néanmoins pu m'échapper, une chance que mes pouvoirs fonctionnaient ici ! Ils n'étaient pas extraordinaire, ce n'était que de la télékinésie, mais c'était tout de même parfois bien pratique. Comme pour détourner l'attention avec une branche de bois qui flotte toute seule dans les air, hihi. ♥

Je ne comprenais pas comment il était possible de résister à l'appel de la luxure... à moins d'être complètement insensible, cela n'existait pas ! Même ceux qui en ignoraient tous les délices pouvaient quand même y être initiés, et adorer ça. L'attitude des policiers étaient assez surprenantes, même si je ne sais pas s'ils auraient conservé le même discours, après un traitement dont seules les succubes ont le secret. Mais ce que j'ai trouvé plus surprenant encore, c'est ce qu'un vampire de Terra m'a appris tout à l'heure. Il m'a parlé des divinités, des religions, notamment sur Terre... et l'on en est venu à parler de la luxure, que certains voyaient comme un péché. C'était aberrant, quand même ! Et je voulais en avoir le coeur net, c'est pourquoi je me suis rendu sur Terre, afin de rencontrer un représentant de cette religion. Voir ce qu'il en était réellement de ces rumeurs...

Je quittais avec plaisir l'inconfort de ma cachette, et me dirigeais d'un pas assuré vers le bâtiment. Toute succube que j'étais, je comptais bien faire valoir ce qu'ils considéraient ici comme "un vice odieux et méprisable" (pfff, et puis quoi encore). J'ouvris la porte de l'église, dans un grincement si sonore qu'il m'évitait d'avoir à annoncer ma venue. Beaucoup de gens étaient rassemblés, ils semblaient effectuer un rituel, dont le meneur se tenait un peu plus loin, sur l'estrade, et mon apparition le coupa net dans ses propos. Les autres participants, eux, étaient assis sur des bancs, face à lui, écoutant avec une certaine ferveur ce qu'il disait. Mais maintenant, leur regards s'étaient posés sur moi, créature de la luxure, si peu vêtue que j'étais proche de la nudité, sans oublier mes attributs pas vraiment humains, comme les ailes sur mon dos, ou ma queue qui se balançait doucement. Pour des humains qui n'avaient jamais rien vu d'autre que des humains, nul doute que certains devaient se sentir perdus, être terrifiés, croyaient rêver. Les pauvres... ou pas. Cela leur fera une belle expérience à raconter à leur petits enfants, en tout cas. S'ils n'en deviennent pas fou, ou ne passaient pas pour tel. J'm'en fichais pas mal, en fait.

Le calme qui suivi mon arrivé ne l'était pas resté bien longtemps, et la foule qui s'était réunie ici ne tarda pas à fuir devant cette "manifestation du diable", pour reprendre leur propos. Pfeuh. Au moins j'avais la satisfaction de les voir paniquer et se bousculer, fuyant comme un troupeau de gazelle devant une lionne affamée. Seul le chef n'avait pas bougé, restant sur son estrade à me dévisager. Je m'avançais le long de l'allée, soutenant avec une certaine arrogance son regard, et m'assis sur l'un des bancs, posant mes jambes sur le dossier du banc d'en face. Je lançais alors, amusée et sarcastique.

« Ils sont pas très courageux, vos fidèles, là... À croire qu'ils ont vu un effrayant démon. Je ne suis pas très effrayante pourtant, si ? ... Bah, qu'importe. Ce ne sont que des humains sans grand intérêt. Mais toi... toi, tu ne sembles pas avoir peur. Serait-ce du courage ? Ou.. de l'insouciance ? »

Carmody était en pleine messe en ce milieu de matinée. Sa paroisse qui n'était pas bien grande ne pouvait pas accueillir grand monde, mais il faut dire qu'il n'avait pas beaucoup de fidèles. Seuls, quelques personnes venant des villages alentours se rendait régulièrement à l'église. En même temps Carmody ne se plaignait pas, il faisait son affaire, tranquillement, essentiellement le week end. La semaine, il était plus occupé par des exorcismes et des affaires de de possession ou de chasses aux démons. dans ce cas la, il laissait les clés de la paroisse à son assistant, un petit jeune d'une trentaine d'années  peine. Il préférait l'action, c'est pourquoi il aimait bouger dans la semaine. Et puis il voyait du monde et parfois du pays et de temps en temps quelques histoires à droite à gauche.

L'église venait juste d'être complétement rénover, après plusieurs mois de travaux. Il faut dire qu'il était temps, l'église était en très mauvais état et elle était prête à s'effondrer. Il avait réussi à voir les fonds nécessaires à la restauration de la paroisse, après plusieurs mois de d'âpres négociations.

Le prêtre avait revêtu une tunique blanche par dessus son t shirt à manches longues noirs qui faisait ressortir ses muscles, son pantalon de treillis noir et ses rangers. Devant lui se tenait l'autel en marbre blanc, recouvert d'une nappe blanche et doré, sur lequel était posé une assiette d'ostie, une coupe et un livre de prière. C'est alors que les portes en bois de l'église s'ouvrirent et un silhouette féminine pénétra à l’intérieur de l'église, avant de se rapprocher de l'autel. Elle ne portait pas grand chose sur elle, son look se rapprochant de celui d'une catin. Les fidèles se levèrent offusquer d'un tel sacrilège, certains se signant de la main, afin d'abjurer le malin.

Bien vite une aura maléfique se fit ressentir et les fidèles le comprirent avant de s'enfuir. La paroisse fut rapidement bien vide excepté le prêtre et la succube, car oui, il ne pouvait s'agir que de cela.

- Qu'es ce que tu veux catin, je sais qui tu es, et non pour ton information tu ne me fais pas peur.

Bon bah tant qu'a faire, maintenant que tout le monde est parti, autant s'en envoyer un ptit. Le padre sortit la bouteille de vin de messe et en versa une bonne lampée dans la coupe avant d'en boire quelques gorgées.

- Je ne pensais pas que ce genre d'endroit pouvait intéresser les démons

Je me retrouvais donc en tête à tête avec le prêtre, et ce dernier me confirma que ma nature démoniaque ne l'effrayait nullement. Mmmh, il semblait bien courageux, pour un simple humain... Enfin bon, n'exagérons rien, je n'étais qu'une succube, pas un bodyguard de Lucifer. Néanmoins, terrifiante ou pas, l'assurance qu'il montrait me plaisait beaucoup, et la soutane qu'il portait sembler dissimuler un corps assez athlétique. Fort. Musclé. Des mots simples, mais qui raisonnaient dans ma tête comme la promesse d'ébats aussi intenses qu'endiablés, un cocktail réussi pour combler -temporairement- mon insatiable appétit. J'aimais le sexe, sous toutes ses formes. Mais sa facette bestiale restait de loin ma préférée. Mmh...

Toujours assise de manière plus que décontractée sur le banc, je l'observais boire tranquillement une petite coupe d'alcool. J'étais tentée, très tentée même, de jouer de mes pouvoirs pour faire valser son verre. Rien de tel qu'un peu de télékinésie pour s'amuser, et renverser le vin qu'il consommait sur la blancheur immaculée de sa soutane aurait été des plus divertissant ! Mais, non, je devais tout de même garder un peu de sérieux. L'irriter maintenant ne m'apporterait rien de bon, et ce serait même préjudiciable pour la suite de mon plan. Enfin, pour l'instant...

Néanmoins, le toisant avec une pointe d'insolence amusée, je répondis à sa remarque avec ironie, sans paraître trop moqueuse non plus.

« Vous avez raison, je suis une très vilaine catin, mon père, et j'ai... MMMH ! »

Un gémissements vint perturber mes propos, de manière tout à fait volontaire. Ma main s'était glissée dans ma petite culotte de soie mauve, et je m'étais délibérément pénétrée, deux de mes doigts s'enfonçant au coeur de mon intimité, J'ajoutais alors, perverse, le regardant droit dans les yeux, me mordillant la lèvre inférieure d'un air coquin, faussement coupable.

« Et j'ai péché. »

Ah, ça fait un bien fou... Je ne pu m'empêcher de continuer encore un peu, me doigtant sous ses yeux, mes doux gémissements raisonnaient dans l'enceinte vide de l'église, pendant encore quelque temps... avant de reprendre le contrôle de mon excitation, et de lui adresser un léger sourire, satisfaite de mon petit numéro. Y'avait pas de quoi follement émoustiller un incube, certes, mais ça ne devait pas être le genre de spectacle qu'il pouvait voir tout les jours. À moins que... Après tout, qui sait ce qui se cache derrière les apparences ? Je le découvrirais bien assez tôt en tout cas, hihi...

Je me redressais vivement, penchée sur le dossier du banc d'en face, ma poitrine maintenue par un étroit soutien gorge et posée sur mes avant-bras. Curieuse et un peu amusée, je l'interrogeais alors.

« Et toi ? As-tu déjà péché ? »

Je tournais ostensiblement la tête à droite et à gauche, feignant avec dérision de craindre qu'une oreille indiscrète ne vienne perturber notre entretien, avant de lui murmurer, en insistant sur mes derniers mots.

« Soit sans crainte, nous sommes seuls, tout les deux, tu peux tout me dire. Te confesser. »