Lorsque les souvenirs refont surface [Sora]

Suite du sujet Demande d'emploi !

Sora ravalait sa peine avec difficulté. Il avait fini par craquer, après tout ce temps. Pour la première fois, il avait dit la vérité à quelqu'un. Ou plutôt, s'était confié à quelqu'un. L'expérience lui laissait une impression bizarre. D'un coté, il se trouvait un peu faible d'avoir lâché l'affaire. Mais d'un autre coté, il avait l'impression que sa peine s'était allégée un peu.
Il fit à peine attention quand le directeur sortit de son bureau. Il entendit par contre Louane bredouiller une explication pour expliquer son état. Ne pas aller bien, hein ? À ces mots Sora fit un effort,et ravala ses larmes. Le temps que le directeur referme sa porte, il s'était un peu redressé. La jeune kitsune essuya une dernière larme de sa joue.

-   Je crois qu’on ferait bien de prendre l’air toi et moi. Ca te fera du bien. Viens.

Sora acquiesça d'un hochement de tête, et suivi la jeune fille à l'air libre. Dès qu'il mit le pied dehors, il releva la tête et inspira un rand bol d'air, histoire de faire le tri dans ses pensées. Qu'allait-il pouvoir dire, après un tel événement ? Il resta silencieux pendant que Louane l'entrainait dans le parc faisant face au lycée. Elle choisit finalement l'un des nombreux bancs qu'on pouvait y trouver. Sora apprécia son choix, car ils étaient dnas un petit chemin annexe, donc plus calme que s'ils étaient sur un des axes principaux. Sora regardait vers le sol. Il se racla un peu la gorge, avant de prendre la parole.

" Désolé pour cette scène... Tu es l'exact portrait de ma sœur, tu comprends... Je... je l'aimais énormément. C'était la personne la plus importante à mes yeux.
Elle est m-morte quand j'étais encore jeune, t-tuée par des marchands d'esclaves... "

Sora se cacha le visage une seconde de ses mains, refoulant la douleur. Quand il y parvint, il envoya sa tête en arrière, regardant le ciel.

" Je n'en avais jamais parlé auparavant... Mais tu lui ressemble tellement... "

Louane pensait en effet avoir eu une bonne idée en amenant Sora prendre l'air. Il n'y a rien de mieux qu'un peu d'air frais pour s'aérer l'esprit et y remettre les choses en place. Ou du moins apaiser les choses pendant quelques temps. La jeune kitsune s'était aussi retrouvé dans des états comme ça alors elle savait ce qui pouvait être bon pour lui. A la différence que de son coté, elle s'était toujours retrouvée seule. Sora aussi sans doute, d'après ce qu'elle pouvait voir, n'avait pas du avoir beaucoup d'appuis jusqu'à aujourd'hui et c'était certainement la première fois qu'il se confiait. Assis sur le banc à l'écart et à l'abri des regards, la jeune femme l'écoutait, le laissant parler et se libérer du poids qui le pesait. Comme elle s'en était un peu douté, sa sœur avait été tuée par des marchands d'esclaves. La gorge de Louane se serra. Comment des gens pouvaient-ils se montrer aussi barbares et sans cœur ? Elle baissa les yeux, manquant à son tour de verser une larme tant elle était touchée. Quels immondes personnages ! Elle inspira un peu d'air à sont tour et prit enfin la parole :

- Je suis vraiment désolée, Sora. J'imagine ce que tu dois ressentir et je suis aussi désolée de faire revenir ce genre de souvenirs. Tu sais si... si tu préfère que je parte tu n'a qu'à me le dire. Je comprendrais parfaitement.

Ce n'était pas sa faute, bien sûr, si elle ressemblait à sa sœur mais c'était normal de lui proposer de partir si sa vue lui faisait de la peine. Il y eu comme un silence durant lequel la demoiselle hésita. Puis elle décida que c'était à son tour de se confier. Ça ne pouvait que lui faire du bien et mieux valait maintenant que trop tard.

- Moi je n'ai jamais connu ma mère, elle est morte en me mettant au monde. C'est peut-être pour ça que mon père a préféré me mettre dans un orphelinat. Il n'avait ni le temps ni le courage de m'élever. J'espère toujours pouvoir le retrouver mais... je me sens tellement impuissante. C'est dur de devoir grandir seul sans sa famille.

Elle se tourna vers lui et esquissa un sourire timide. Ils pouvaient peut-être surmonter ça ensemble. Avoir trouver un ami et parler de tout ça lui avait du bien d'un certain coté, elle était heureuse d'avoir pu le rencontrer. Ne ressentant plus aucune gêne aux cotés de Sora, elle se parmi de s'allonger un peu sur le banc, la tête sur ses genoux en fixant le ciel bleu et les nuages blancs.

- Est-ce que tu as un rêve ? Quelque chose que tu désire le plus au monde ?

Peut-être avoir encore de la famille. Mais il avait peut-être autre chose en tête qui sait. Et si c'était le cas, Louane se promettait de tout faire pour le réaliser.

Sora laissa Louane s'exprimer. Il se tendit lorsqu'elle parla de partir. Ça, il n'était pas d'accord. S'il en avait le pouvoir, il voudrait la forcer à rester. Mais, par nature, il ne pouvait la contraindre. Il e contenta de répondre.

" Non. J'ai perdu ma sœur une fois. Je ne veux pas la reperdre. "

Il l'écouta raconter son enfance, sa mère morte en lui donnant naissance, son père qui l'avait abandonné... Il comprenait un peu sa peine, lui aussi avait vécu quelque-chose de similaire. Quand à vivre seul... Un calvaire. Il comprenait ça aussi.

" À partir d'aujourd'hui, tu ne seras plus jamais seule, je t'en fais la promesse. "

Louane vint poser sa tête sur les genoux de Sora. Il en fut un peu surpris, mais il se rattrapa bien vite. Machinalement, sa main se mit à caresser les cheveux de la kitsune. Ils étaient soyeux sous ses doigts.

- Est-ce que tu as un rêve ? Quelque chose que tu désire le plus au monde ?

La question le prit au dépourvu. Il n'avait jamais vraiment songé. Il prit son temps pour répondre. Il aimerait avoir à nouveau une famille, mais c'était un doux rêve... Non, il voulait prendre sa revanche sur le destin, qui l'avait fait souffrir tant et plus. Cesser de subir, imposer. Il voulait renverser les marchands d'esclaves, faire des terranides des êtres libres. C'est ce qu'il dit à Louane.

Louane avait été plus que touchée lorsque Sora lui confia qu'il ne voulait pas qu'elle parte, car ce serait comme si il perdait sa soeur une deuxième fois. La demoiselle était déstabilisée par autant d'amour, elle qui n'avait jamais eu ne serais-ce qu'un ami jusqu'à maintenant. Désormais, elle en avait un. Plus qu'un ami, elle pouvait le considérer comme son frère. Et cela... en à peine une heure. La confiance et le lien qui s'étaient créé entre eux avait été si facile, si rapide ! Elle avait du mal à y croire. Et si c'était trop beau pour être vrai ? Et si une fois encore le destin et la poisse qu'ils trainaient depuis leur naissance les rattrapait ? Non il ne fallait pas être pessimiste. Il fallait y croire. Elle avait envie d'y croire. Son émotion grimpa en flèche lorsqu'il lui fit la promesse qu'il ne l'abandonnerait jamais et qu'elle ne serait plus jamais seule. Louane en eut les larmes aux yeux mais parvint à les contenir, ne voulant pas gâcher un si beau moment. Comme elle se sentait bien, elle s'allongea contre Sora en regardant le ciel et elle ferma les yeux lorsqu'il lui caressa les cheveux. C'était tellement agréable d'avoir enfin quelqu'un à qui se confier, quelqu'un comme elle : un hybride. Avec qui elle partageait tant de point commun.
Quant à sa question, il y réfléchit pendant quelques temps. Peut-être n'y avait-il jamais vraiment pensé jusqu'à aujourd'hui. Au bout d'un instant, il lui répondit qu'il voulait tout simplement se venger du destin, renverser les marchands d'esclaves et libérer leur peuple qui servaient d'esclaves. Louane trouva que c'était beau, et que c'était un vœu généreux dénué de tout orgueil ou égoïsme.

- C'est beau ce que tu viens de dire. Et brave. Moi aussi je souhaite plus que tout que notre peuple soit enfin libre. J'y pense souvent. Si je n'étais pas partie de l'orphelinat par moi-même je serais devenue esclave moi aussi, comme tous les camarades avec qui j'ai grandit. Je crois que j'ai eu de la chance.

Elle avait apprit la nouvelle il y a peu de temps. Elle qui pensait que lorsque les enfants étaient majeur, ils pouvaient enfin devenir indépendant et construire une vie paisible. Au lieu de ça, elle s’apercevait que des marchands d'esclaves les récupérait et les vendait. Tout comme Sora, son plus grand souhait était de les libérer. Mais comment pouvaient-ils faire à eux seuls ? Ça lui paraissait impossible. Cependant, Louane se redressa, un éclair de certitude dans les yeux.

- Et pourquoi ce rêve ne deviendrait pas réalité ? Regarde-nous, Sora. Regarde notre vie ! Elle ne mène à rien. Je vagabonde de villes en villages pour trouver un toit ou dormir et toi tu cache ta véritable nature jour après jour dans un établissement d'humains qui te mépriseront au moindre faux pas. Mais on peu essayer de changer les choses ! Toi et moi, si on forme une équipe, on pourrait essayer de venger nos frères, nos sœurs, nos amis ! Tu imagines ? Si on devient fort, si on s'entraine ensemble, on deviendra des guerriers imbattables et on libérera tous les esclaves ! Hein ? Qu'est-ce que t'en dit ?

Elle leva la main et la lui tendit, attendant à ce qu'il la frappe ou la serre pour lier ce contrat entre eux. Ce rêve un peu fou. Mais après tout... pourquoi pas ? Comme elle l'avait si bien dit, leur vie était monotone et sans issue. Et si jamais ils devaient y perdre la vie au moins, ils mourraient en ayant essayé de changer les choses. En tous les cas, pour sa part, elle était prête à prendre le risque.

Louane avait été touchée par les paroles de Sora. Il le voyait, elle en avait les larmes aux yeux. Lui, pour sa part, avait été franc au possible. Il n'avait pas eu beaucoup d'occasions de se lier d'amitié avec des personnes. Avec une seule, en fait. Louane était la deuxième à qui il voulait faire confiance. Et comme avec cette femme qui l'avait recueilli quand il état au plus mal, il y voyait là un signe de la providence, un tournant dans sa vie. D'avoir défini et prononcé son rêve à voix haute lui avait redonné l'envie de se battre, d'être acteur de son destin. Cette détermination nouvelle prenait racine en lui.

Louane lui confia ses impressions sur son rêve. Beau et brave ? Peut être... A la base, ça partait d'un désir personnel, mais pourquoi pas... Et elle aussi, avait failli être esclave ? Elle avait échappé au pire alors. C'était une sacrée chance qu'elle avait eu. Soudainement, la jeune kitsune se redressa et le regarda, une étrange lueur dans les yeux.

- Et pourquoi ce rêve ne deviendrait pas réalité ? Regarde-nous, Sora. Regarde notre vie ! Elle ne mène à rien. Je vagabonde de villes en villages pour trouver un toit ou dormir et toi tu cache ta véritable nature jour après jour dans un établissement d'humains qui te mépriseront au moindre faux pas. Mais on peu essayer de changer les choses ! Toi et moi, si on forme une équipe, on pourrait essayer de venger nos frères, nos sœurs, nos amis ! Tu imagines ? Si on devient fort, si on s'entraine ensemble, on deviendra des guerriers imbattables et on libérera tous les esclaves ! Hein ? Qu'est-ce que t'en dit ?

Là, Sora en eu le souffle coupé. La douce Louane lui tenait un discours de révolutionnaire. Mais il ne pouvait nier qu'il y avait du vrai dans ce qu'elle disait. Sa vie ne rimait à rien. Il détourna un instant la tête, dégouté de lui même, puis quand il lui fit face, ses yeux montraient la détermination qui s'était emparée de lui. Il était un loup, un chasseur, un prédateur. Un guerrier.
Sa résolution était prise, il combattrait. Il attrapa la mai tendue de Louane et la serra, à hauteur de leurs visages.

" Tu as raison. L'heure est au changement. Combattons ensemble au nom des nôtres. Es-tu avec moi ? "

Oui, les yeux de Louane brillaient d'une lueur d'excitation et de détermination. Elle voulait croire à tout ça. Elle savait bien que c'était risqué et qu'ils étaient loin d'être prêt à se lancer dans cette aventure. Mais peu importe, elle ne pouvait plus rester là à rien faire, en tremblant de peur chaque jour de se faire kidnapper par des esclavagistes. Elle voulait changer les choses à son tour, ou du moins essayer. Elle ne pourrait plus dormir en sachant que son peuple souffrait et qu'elle, elle ne bougeait pas le petit doigt !
Sora eu l'air d'hésiter et c'était sans doute normal. Est-ce qu'il avait peur ? Ce serait compréhensible. Ou bien quelque chose le gênait. Mais finalement, il se tourna vers elle et serra la main, l'air à son tour déterminé et prêt à passer à l'action. Il lui demanda si elle était avec lui.

- Si je suis avec toi ? Ah ! Les esclavagistes n'ont qu'à bien se tenir !! Attention à vous bande de sauvages, nous voilà !!

Elle bondit sur ses pieds, le poing en l'air, riant de bon cœur. Oui elle était motivée, et il en fallait de la motivation pour ce genre de chose, non ? Elle se mit à tourner sur elle-même puis s'arrêta et soupira.

- Olala qu'est-ce qu'il fait chaud tout à coup ! Tu crois que je peux enlever tout ça quelques minutes ? Si jamais on nous aperçoit je n'aurais qu'à dire que je suis déguisée, qu'en dis-tu ?

C'est vrai qu'elle étouffait avec ce bonnet et ce manteau ! Elle avait vraiment envie de retirer tout ça.

Louane riait, un poing tendu vers le ciel. Et Sora riait avec elle. À son contact, le terranide se sentait revivre. La façon dont la petite kitsune tournait faisait voler ses cheveux, et le soleil jouait avec les couleurs, faisant passer le roux au blond, en passant par des reflets cuivrés. Aux yeux de Sora, cela ressemblait à un feu, un petit feu dansant. Louane s'interrompit, pour exprimer la volonté de vouloir se débarrasser de son bonnet et son manteau. Il est vrai qu'elle devait avoir drôlement chaud, à être couverte de la sorte. Quand au fait d'être vu... Pour le moment, Sora s'en moquait. S'il voulait prendre sa revanche, s'affirmer comme un terranide libre, alors il fallait être fier de ce qu'il était. Il déplia donc ses oreilles de loup, et libéra sa queue, retenue jusqu'alors dans son pantalon. Puis il s'approcha de Louane.

" Tu as raison. Nous sommes de fiers terranides, nous n'avons pas à nous cacher. "

Et ce faisant, il ôta le bonnet de Louane d'un geste vif, avant de faire glisser son manteau. D'humeur taquine, et sans dote animé par ses sentiments, il en profita pour glisser un léger baiser sur la joue de la kitsune, et s'amusa de sa réaction.

" Eh eh... Excuse-moi, je n'ai pas pu m’empêcher. "

C'était une très belle journée ! Louane n'avait pas imaginé que cette journée puisse devenir aussi belle. Elle avait imaginé se rendre encore de maison en maison pour chercher du travail et se faire vulgairement renvoyer comme une étrangère. Pourtant, elle avait fait une rencontre incroyable et très importante à ses yeux. Sora était plus qu'un simple terranide comme elle. Elle était aussi comme un cousin ou mieux... un frère. Car si elle lui faisait penser à sa sœur, Sora quand à lui avait tout du grand-frère dont elle avait rêvé. Et mieux encore ! Il dégageait quelque chose d'incroyable qui donnait le sourire à Louane sans cesse, elle aimait l'observer et lui tenir la main ou même l'enlacer. Elle aimait tout simplement son contact, sa présence.
Il faisait chaud en effet et la demoiselle fut surprise que Sora sorte entièrement ses oreilles et sa queue. Ses yeux se mirent à briller. Comme il était beau et fier ainsi !

Il s'approcha d'elle et lui enleva son bonnet et son manteau. Louane se sentit immédiatement beaucoup mieux ! Elle rougit subitement lorsque le garçon l'embrassa sur la joue et il en rit, s'excusant ensuite. La demoiselle trouvait que cette journée était la plus belle de sa vie. Elle se jeta au cou de Sora pour le serrer contre elle et recouvra son cou de petits baisers sucrés.

- Oh Sora, si tu savais comme je suis heureuse d'être avec toi ! Je ne veux plus me cacher non plus, je suis fière d'être une kitsune ! Et grâce à toi et ton courage je n'aurais plus jamais peur !

Elle pensait profondément ce qu'elle disait au creux de son oreille. Elle finit par le lâcher, un grand sourire aux lèvres, et reprit ses vêtements pour aller les jeter dans une poubelle à coté. Voilà qui était fait ! Peu importe qu'elle soit regardée de travers et méprisée par les humains. Elle était fière de sa race et avec Sora près d'elle, rien ne pourrait l'arrêter. Ils allaient changer le monde ! Ou du moins essayer...