*Je n’aurais jamais du accepter de lui refiler mon numéro… Félicia, ton grand cœur te perdra !*
La prof’ de sport soupirait sur ce banc, mangeant un pain aux raisins en écoutant de la musique dans son iPod. Pour célébrer la vente de son minable studio, et le passage à un appartement bien plus grand dans les gratte-ciel de Seikusu, Félicia avait décidé d’organiser une « petite » fête. Initialement, il ne devait y avoir que dix ou quinze invités, mais, grâce à la magie d’Internet, Félicia avait bien du accueillir une cinquantaine de gens. Au milieu des cartons, elle avait eu le temps d’installer les enceintes, et ça avait été amplement suffisant. L’alcool et le pétard avaient filé à outrance, enfumant le salon.
*Et c’est sur la terrasse qu’il m’a abordé… Il faisait tellement pitié dans sa manière de me draguer qu’il m’a rappelé Flash… C’est idiot, maintenant que j’y repense, Flash a toujours été un nullard…*
D’autant plus idiot que le type, une espèce de gamin coincé qui devait plus passer du temps dans les cyber-cafés que dans les gymnases, devait croire qu’il avait sa chance avec elle. Elle hésitait à profiter de cette soirée pour lui dire que, s’il était bien gentil, il ne pourrait rien se passer entre eux. Ou presque rien… Félicia avait déjà quelqu’un qui l’intéressait, et, même si Ryo était assez attachant avec ses hésitations, et cet humour qu’il utilisait pour masquer ses angoisses, Félicia éprouvait déjà une certaine attirance pour une femme, Aoki. Et elle se voyait mal coucher avec Ryo ; il risquait ensuite de ne plus jamais la lâcher. Il était un curieux mélange entre Peter Parker et Flash Thompson, ce qui faisait autant de raisons de le détester que de le trouver attirant.
Soupirant légèrement, Félicia regarda sa montre. 19h15. Normalement, Ryo devait être là à 19h… A vrai dire, elle était arrivée à 19h10, en retard. Elle avait quitté le boulot au lycée à 17h, et avait complètement oublié le rendez-vous qu’elle avait autorisé à Ryo ce midi à l’Olympus, près de la boulangerie française « Paul ». Son jogging au parc avait fini vers 18h30, avant qu’elle ne se rappelle en rentrant chez elle, à 19h, qu’elle avait un rendez-vous à l’Olympus. Félicia avait utilisé sa moto, filant à toute allure pour rejoindre le massif centre commercial. L’Olympus Market avait la réputation d’être le centre commercial préféré des Seikusiens. Il était immense, une véritable tour de verre qui se dressait au cœur de la ville.
*Mais qu’est-ce qu’il fiche ?!*
S’ennuyant, Félicia avait acheté un pain aux raisins, et regardait de temps en temps les gens qui passaient. Certains agents de sécurité, reconnaissables avec leurs vestes rouges sombres, semblaient assez agités. Ils parlaient dans leurs oreillettes, en faisant des tours, descendant le long d’escaliers de service, d’escalators discrets. Félicia supposait que c’était l’ambiance normale à l’Olympus Market… Intriguée, elle sortit son téléphone portable, décidée à appeler Ryo, et constata qu’elle avait reçu une bonne trentaine de messages et d’appels en absence. Elle comprit, en les lisant, que Ryo était malade, et lui présentait ses plus plates excuses. Étrangement, Félicia n’était même pas surprise…
Elle portait des vêtements assez simples. Un débardeur, car il faisait généralement assez chaud le soir, et un jean bleu. Avant de partir pour retourner chez elle, Félicia se décida à finir son pain aux raisins. Elle continua à mordre dedans, et revit un agent de sécurité passer rapidement. Son instinct lui soufflait que quelque chose n’allait pas, mais elle décida de chasser ce dernier. Elle s’imaginait sûrement n’importe quoi…
*Il y a quelque chose d’anormal avec ces agents de sécurité… Mais je ne saurais dire quoi…*
Félicia ne pouvait naturellement pas savoir que, pendant ce temps, dans le parking, deux vans noirs étaient rentrés, et libéraient tout un bataillon d’hommes lourdement armés. Elle ne pouvait pas non plus savoir que, dans les parties du bâtiment réservées à la sécurité, quelques opérateurs allaient perdre la vie, tandis que, dans les sous-sols, de faux électriciens étaient en train de trafiquer le système électrique de l’Olympus. Elle l’ignorait, mais sa longue expérience lui disait qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas ici.
Félicia sortit de ses pensées quand elle vit un mystérieux individu s’approcher d’elle. De loin, il ressemblait à un pouilleux. Un pouilleux musclé avec des lunettes qui ne lui allaient pas du tout. Il avait un jean troué, et un look d’adolescent… Sauf qu’il n’avait pas vraiment l’air d’être un lycéen… Un adulte qui ne voulait pas vieillir ? La manière dont il la fixait… Pourquoi diable est-ce qu’elle tombait toujours sur des cinglés ? Le jeune homme s’approcha, et Félicia comprit qu’il venait pour elle.
Il se présenta comme un ami de Ryo…
*Oh mon Dieu !*
Elle regarda autour d’elle, s ‘attendant à en voir d’autres débarquer, mais Kyle semblait être le seul.
« Je sais… C’est bien aimable à vous de vous déplacer, mais il m’arrive parfois de lire mon portable. J’espère que ce qu’il a n’est pas… »
Ce fut à ce moment que Félicia comprit que son instinct ne le trompait pas. Des hommes marchaient rapidement, et avaient dégainé des armes. Ils portaient des costumes pour certains, et d’autres ressemblaient à des agents de sécurité.
« Merde… »
Kyle attrapa alors Félicia, qui sursauta. Il avait une poigne de fer, bien plus solide que ce que son look laissait supposer. La Chatte Noire fronça les sourcils, et vit en contrebas un agent de sécurité sortir un pistolet, avant de se recevoir une balle qui lui fit sauter une partie de la tête. Il y eut l’habituel concert de hurlements, et des rafales de balles pour imposer le silence. Des truands hurlaient, et Félicia comprit qu’il s’agissait d’une prise d’otages. Mais pour quoi faire ? Les armes qu’ils avaient… Ce n’était pas de simples gangsters, de vulgaires truands qui faisaient un casse dans une épicerie… Félicia songeait à tout cela alors que le duo se retrouva dans un magasin de lingerie fine, entre deux étals. Kyle lui annonça, chevaleresque, qu’il allait veiller su r elle. Elle se conteta de lui sourire, et répondit.
« Vous avez du lire trop de comics, vous… »
Une alarme rouge se mit alors à illuminer tout l’Olympus, résonnant furieusement, avant de progressivement s’éteindre, tandis que des herses se mirent à s’abattre là où il y avait des murs ou du toit en verre. D’autres herses verrouillèrent les portes du centre commercial, et, dans le parking souterrain, d’autres terroristes fermèrent par d’autres herses les portes d’entrée.
Au rez-de-chaussée, sur la place centrale, les clients et les vendeurs étaient réunis, amassés en groupe. Il y avait un supermarché au rez-de-chaussée, qu’on pouvait apercevoir. Une rangée de caisses enregistreuses avec des tapis roulants et des lumières vives. Certains enfants pleuraient, les gens étaient paniqués. Félicia, quant à elle, s’écarta de Kyle, et s’avança vers la sortie du magasin, restant à l’abri derrière le bureau. Elle jeta un coup d’œil. Des gardes avançaient dans les galeries, fouillant les magasins. Un faux agent de sécurité avançait, avec un Beretta surmonté d’un silencieux dans la main droite, et fouilla la boulangerie « Paul ».
« Non, pitié, ne… ! »
*PLOP !*
Le son résonna, discret, et Félicia entendit un corps qui s‘affaler. Le tueur sortit ensuite sans plus de cérémonie de la boulangerie, inspectant une autre boutique. En contrebas, un homme était en train de parler à la foule, tandis que des lumières de secours éclairaient désormais l’intérieur de l’Olympus.
« Messieurs dames ! Messieurs dames, j’implore votre attention ! Ceci est une prise d’otages, comme vous avez du le remarquer. Un moment désagréable pour nous tous, j’en conviens, mais vous devez bien savoir une chose. Nous n’aurons aucune hésitation à vous abattre si vous posez des questions, ou si vous criez trop. »
Félicia pouvait l’entendre. Sa voix était répartie par des micros dans tout l’Olympus.
« J’invite très sincèrement tous les civils qui se sont dissimulés dans le magasin à venir en bas se rendre. Si, au bout de cinq minutes, vous n’êtes pas sur cette place, vous serez abattus à vue. Voilà pour les formalités d’usage… Pour le reste, nous recherchons une certaine personne… »
L’agent de sécurité ouvrit alors la porte de la boutique de lingerie, et s’avança, pointant son arme. La boutique était plongée dans une forte pénombre, et quelques lumières d’urgence éclairaient l’ensemble. L’agent de sécurité s’avança au milieu du magasin. Une petite lampe fixée sur le canon de son arme lui permettait d’éclairer les rangs. Félicia avança discrètement derrière lui, se rapprochant suffisamment.
« Hey ! » s’exclama-t-elle.
Surpris, l’agent se retourna d’un bond. Utilisant ses talents en arts martiaux, Félicia le frappa avec un coup de pied retourné dans le visage. Le fictif agent de sécurité tomba sur le sol, et, alors que Félicia le pensait vaincu, il la surprit en frappant au ventre avec le pied, relevant ce dernier avant de se redresser rapidement. Il tenta de pointer son arme vers elle, et Félicia frappa avec son pied le canon de l’arme, déviant l’arme. Le coup de feu alla se perdre, et elle le frappa dans le ventre, lui coupant la respiration, le pliant en deux. Félicia attrapa l’homme par les joues, et l’envoya se fracasser sur son genou. Son nez explosa, et l’homme s’écrasa sur le sol, sonné. Elle le frappa à nouveau, et soupira, avant de se retourner vers Kyle, en lui adressant un léger sourire.
« Ne vous en faites pas pour moi, mon cher Kyle. »