«
Ne... Ne me faites pas de mal... Pitié... »
A genoux devant elle, la religieuse, mains jointes, le corps dissimulé dans sa longue robe de sœur, implorait la miséricorde de Mélinda, qui poussa, depuis le fauteuil lui servant de trône, un long soupir. Diriger un harem de sa taille, c’était savoir constamment se renouveler et améliorer le stock. Mais elle n’aurait jamais cru que ce renouvellement amènerait ses contremaîtres à lui rapporter une religieuse ! Une nonne, qui plus est !
«
Dieu vous implore de ne point me faire souffrir... » psalmodiait la jeune femme, complètement terrorisée, s’agrippant à sa croix comme à une bouée de sauvetage.
La jeune femme venait de loin, puisqu’elle arrivait tout droit d’un prestigieux couvent de l’Ordre au sein de Nexus. Les hommes de Mélinda avaient réussi à la capturer, et Mélinda ne doutait pas que cette capture s’était faite après un pari idiot dans une auberge, l’alcool aidant : «
Et si on capturait une religieuse ? Tu sais, une chieuse qui passe son temps à invoquer Dieu, à emmerder son monde avec ses prières, et qui ne sert à rien ? Ça serait un cadeau formidable pour Mélinda, non ? » Elle ignorait comment ils avaient fait, mais ils avaient réussi à lui rapporter une religieuse dans le lot de nouveaux esclaves !
*
Mais qu’est-ce que je vais bien faire d’une religieuse, moi ?!*
La jeune femme continuait à prier. Elle se tenait dans les derniers étages du vaste harem de Mélinda, dans une immense salle en forme de demi-cercle, et qui comprenait plusieurs strates. Mélinda était au fond de cette pièce, sur un trône, avec deux nekos qui tournaient autour de ses jambes, les léchant et les embrassant. Il y avait plusieurs gardes, de grandes fenêtres permettant de voir la vaste cité d’Ashnard, et d’autres esclaves, comme une sirène qui se promenait le long de canaux aquatiques circulant sous cette pièce, et permettant d’accéder dans les profondeurs du harem, et même de rejoindre les canalisations de la ville.
«
Ô Seigneur, protège-moi de... -
Qu’on lui retire sa putain de croix ! » s’exclama alors Mélinda.
La jeune femme sembla se crisper, et un garde s’avança vers elle. Elle tenta de se défendre, mais se reçut une gifle qui l’envoya en arrière. Le garde en profita pour récupérer la croix, et la balança sur le sol.
«
T’ai-je dit de la frapper, sombre crétin ?! -
Je... -
Déjà qu’elle ne vaut pas grand-chose, pauvre imbécile, si en plus tu me l’abîmes... ! Recommence ça encore une fois, et tu finiras dans les cachots, mais pas du côté que tu préfères ! »
La religieuse entreprit de se relever. Sonnée, elle avait toujours son long manteau empêchant de voir ses formes, et Mélinda ordonna qu’on le lui retire, «
sans la frapper ». Frêle comme elle était, la religieuse n’avait de toute façon pas les moyens de résister. On lui ôta d’un coup sec son manteau, et Mélinda la vit de dos, et fronça les sourcils en voyant une longue chevelure argentée, si longue qu’elle descendait jusqu’aux pieds de la femme. On la retourna, et Mélinda vit une
jeune femme assez fragile, mais relativement belle.
«
Voilà qui est intéressant... commenta, avec un sourire, la vampire.
-
Je... Je vous en prie... Ne me faites pas de mal ! »
Se relevant, Mélinda s’approcha de la religieuse.
«
Tu es à moi, petite sotte... Pourquoi voudrais-je que ma marchandise se blesse ? Il n’y a que les Dieux qui aiment voir souffrir leurs ouailles... -
N-Non... D-Dieu, il... Il me protège ! »
Soupirant, Mélinda se rapprocha de la croix de la jeune femme.
«
Tu veux dire que cette croix est ton bouclier, c’est ça ? »
Comme la religieuse ne répondit pas, Mélinda prit ça pour un «
Oui ». Levant son pied, elle l’abattit franchement sur la croix en bois, la pulvérisant. La nonne se contenta de sursauter, et versa quelques silencieuses larmes.
«
Voilà pour ta protection divine... -
Vous n’avez pas le droit de... ! »
Mélinda posa un doigt sur les lèvres de la religieuse.
«
Comment une si belle femme peut-elle rejoindre l’Ordre ? -
Ça... Ça ne vous regarde pas... -
Bien sûr que oui. Tu es mon esclave... -
Non ! » répliqua la femme.
Mélinda soupira, et se retourna.
«
Emmenez-là dans sa chambre... Je m’occuperai d’elle plus tard... »
La vampire alla s’asseoir sur son trône, et laissa ses nekos lui lécher les pieds.
*
Je crois que je déteste les religieuses...*
Son souhait initial était de revendre la religieuse au premier bordel venu, mais, maintenant qu’elle avait vu la marchandise, elle se demandait si elle ne pouvait pas en faire quelque chose de plus utile... Le harem de Mélinda était après tout aussi une belle maison close.
Le harem était bâti au centre de la capitale impériale. Il se trouvait le long d’un des grands boulevards de la ville qui menaient au Palais impérial, dans le quartier huppé de la ville, bien loin des bas-fonds. Des rues énormes et propres, calmes et apaisées, où des patrouilles impériales se promenaient constamment dans de belles et impressionnantes armures. Le harem était un grand immeuble qui était entouré par une énorme muraille, avec des patrouilles autour. Il y avait deux entrées. L’entrée principale, pour les clients, était constamment ouvert. Elle débouchait sur un petit jardin avec une fontaine, qui conduisait ensuite dans le harem, menant dans un immense hall d’accueil. Des hôtesses se chargeaient généralement d’orienter les clients vers la maison close du harem, ou vers le quartier des esclaves.
La seconde entrée du harem était à l’arrière. C’était une espèce d’entrepôt, surveillée également, où on amenait les esclaves. Il faisait mauvais genre de faire entrer les esclaves par la même porte que les clients. C’était une sorte de grosse écurie avec de nombreux gardes.
Pour le reste, le harem avait aussi un grand jardin intérieur, qui était interdit aux clients, réservé uniquement au personnel des lieux, soit les prostituées, les gardes, et les esclaves. C’était un jardin assez luxuriant, où l’air était assez bon. Le harem en lui-même se divisait en plusieurs parties.
Dans les profondeurs du harem, on trouvait les égouts. On pouvait rejoindre les cachots depuis les égouts en passant par les voies d’eau. Mieux valait avoir une bonne respiration et savoir nager vite. La sirène de Mélinda empruntait des chemins détournés afin d’éviter les pièges bâties dans les égouts, ainsi que les monstres qui y rôdaient, mais certains plan de la ville affirmaient qu’il était possible d’accéder au harem par là. Au-dessus des égouts, on trouvait la prison privée du harem, avec une salle de torture, où on y enfermait les esclaves récalcitrants. Les cachots étaient froids, sinistres, avec des gardes, et naturellement interdits à la visite. Les invités qui se faisaient surprendre étaient parfois éconduits, constamment molestés.
Au-dessus des cachots, on trouvait, tout naturellement, les premiers étages. Il y avait les salles de réception, des halls d’accueil, et c’était ici que Mélinda organisait des réceptions. Un gala d’esclaves, par exemple, ou une simple réception huppée... Juste au-dessus des premiers étages, il y avait le bordel. Un ensemble de couloirs, des gardes élégants. Les prostituées de Mélinda n’étaient pas toutes des esclaves, mais elles portaient toutes avec elles un collier avec un pendentif où il était écrit « MW », afin qu’on sache de qui il s’agissait.
Après le bordel, il y avait les derniers étages du harem : le quartier des esclaves, un ensemble de chambres et de lieux communs interdits à la visite, et, tout en haut, les quartiers privés de Mélinda, avec un Portail qui permettait de rejoindre la Terre. On pouvait donc résumer l’organisation du harem ainsi :
Des ascenseurs privés inspirés de la technologie tekhane permettaient également de rejoindre rapidement les derniers étages, mais ils étaient, là aussi, interdits. Le harem avait sa propre défense privée, mais Mélinda pouvait aussi compter sur ses appuis au sein de l’Empire pour obtenir des renforts en cas d’attaque. Il fallait également tenir compte des dispositifs de défense tekhans qui étaient dressés dans les couloirs du bâtiment. Il y avait notamment les habituels caméras de sécurité, mais qui fonctionnaient de manière automatique. Chaque fois que quelqu’un entrait dans son champ, la caméra cherchait sur son corps un signe indiquant qu’elle faisait partie du personnel du manoir ou simple invité. En fait, à chaque fois qu’un invité entrait dans le harem, il recevait un badge, qui disposait d’une empreinte magique, que la caméra reconnaissait. Ceci permettait donc de déclencher automatiquement l’alarme si un intrus était repéré. Dans ce cas, de lourdes herses en acier trempé s’abattaient dans le secteur où l’intrus avait été récupéré pour l’enfermer.
Ayant déjà été attaquée à plusieurs reprises, Mélinda ne rigolait pas avec la sécurité.
[HRP - Pardonne l'aspect rudimentaire de ce schéma ; il n'est pas à l'échelle.]