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La proie aux longues griffes [Chasseur]

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Mélinda Warren

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    Petite vampire qui aime mordre des fesses <3

La proie aux longues griffes [Chasseur]

jeudi 26 avril 2012, 16:15:28

« Ne... Ne me faites pas de mal... Pitié... »

A genoux devant elle, la religieuse, mains jointes, le corps dissimulé dans sa longue robe de sœur, implorait la miséricorde de Mélinda, qui poussa, depuis le fauteuil lui servant de trône, un long soupir. Diriger un harem de sa taille, c’était savoir constamment se renouveler et améliorer le stock. Mais elle n’aurait jamais cru que ce renouvellement amènerait ses contremaîtres à lui rapporter une religieuse ! Une nonne, qui plus est !

« Dieu vous implore de ne point me faire souffrir... » psalmodiait la jeune femme, complètement terrorisée, s’agrippant à sa croix comme à une bouée de sauvetage.

La jeune femme venait de loin, puisqu’elle arrivait tout droit d’un prestigieux couvent de l’Ordre au sein de Nexus. Les hommes de Mélinda avaient réussi à la capturer, et Mélinda ne doutait pas que cette capture s’était faite après un pari idiot dans une auberge, l’alcool aidant : « Et si on capturait une religieuse ? Tu sais, une chieuse qui passe son temps à invoquer Dieu, à emmerder son monde avec ses prières, et qui ne sert à rien ? Ça serait un cadeau formidable pour Mélinda, non ? » Elle ignorait comment ils avaient fait, mais ils avaient réussi à lui rapporter une religieuse dans le lot de nouveaux esclaves !

*Mais qu’est-ce que je vais bien faire d’une religieuse, moi ?!*

La jeune femme continuait à prier. Elle se tenait dans les derniers étages du vaste harem de Mélinda, dans une immense salle en forme de demi-cercle, et qui comprenait plusieurs strates. Mélinda était au fond de cette pièce, sur un trône, avec deux nekos qui tournaient autour de ses jambes, les léchant et les embrassant. Il y avait plusieurs gardes, de grandes fenêtres permettant de voir la vaste cité d’Ashnard, et d’autres esclaves, comme une sirène qui se promenait le long de canaux aquatiques circulant sous cette pièce, et permettant d’accéder dans les profondeurs du harem, et même de rejoindre les canalisations de la ville.

« Ô Seigneur, protège-moi de...
 -  Qu’on lui retire sa putain de croix ! » s’exclama alors Mélinda.

La jeune femme sembla se crisper, et un garde s’avança vers elle. Elle tenta de se défendre, mais se reçut une gifle qui l’envoya en arrière. Le garde en profita pour récupérer la croix, et la balança sur le sol.

« T’ai-je dit de la frapper, sombre crétin ?!
 -  Je...
 -  Déjà qu’elle ne vaut pas grand-chose, pauvre imbécile, si en plus tu me l’abîmes... ! Recommence ça encore une fois, et tu finiras dans les cachots, mais pas du côté que tu préfères ! »

La religieuse entreprit de se relever. Sonnée, elle avait toujours son long manteau empêchant de voir ses formes, et Mélinda ordonna qu’on le lui retire, « sans la frapper ». Frêle comme elle était, la religieuse n’avait de toute façon pas les moyens de résister. On lui ôta d’un coup sec son manteau, et Mélinda la vit de dos, et fronça les sourcils en voyant une longue chevelure argentée, si longue qu’elle descendait jusqu’aux pieds de la femme. On la retourna, et Mélinda vit une jeune femme assez fragile, mais relativement belle.

« Voilà qui est intéressant... commenta, avec un sourire, la vampire.
 -  Je... Je vous en prie... Ne me faites pas de mal ! »

Se relevant, Mélinda s’approcha de la religieuse.

« Tu es à moi, petite sotte... Pourquoi voudrais-je que ma marchandise se blesse ? Il n’y a que les Dieux qui aiment voir souffrir leurs ouailles...
 -  N-Non... D-Dieu, il... Il me protège ! »

Soupirant, Mélinda se rapprocha de la croix de la jeune femme.

« Tu veux dire que cette croix est ton bouclier, c’est ça ? »

Comme la religieuse ne répondit pas, Mélinda prit ça pour un « Oui ». Levant son pied, elle l’abattit franchement sur la croix en bois, la pulvérisant. La nonne se contenta de sursauter, et versa quelques silencieuses larmes.

« Voilà pour ta protection divine...
 -  Vous n’avez pas le droit de... ! »

Mélinda posa un doigt sur les lèvres de la religieuse.

« Comment une si belle femme peut-elle rejoindre l’Ordre ?
 -  Ça... Ça ne vous regarde pas...
 -  Bien sûr que oui. Tu es mon esclave...
 -  Non ! » répliqua la femme.

Mélinda soupira, et se retourna.

« Emmenez-là dans sa chambre... Je m’occuperai d’elle plus tard... »

La vampire alla s’asseoir sur son trône, et laissa ses nekos lui lécher les pieds.

*Je crois que je déteste les religieuses...*

Son souhait initial était de revendre la religieuse au premier bordel venu, mais, maintenant qu’elle avait vu la marchandise, elle se demandait si elle ne pouvait pas en faire quelque chose de plus utile... Le harem de Mélinda était après tout aussi une belle maison close.

Le harem était bâti au centre de la capitale impériale. Il se trouvait le long d’un des grands boulevards de la ville qui menaient au Palais impérial, dans le quartier huppé de la ville, bien loin des bas-fonds. Des rues énormes et propres, calmes et apaisées, où des patrouilles impériales se promenaient constamment dans de belles et impressionnantes armures. Le harem était un grand immeuble qui était entouré par une énorme muraille, avec des patrouilles autour. Il y avait deux entrées. L’entrée principale, pour les clients, était constamment ouvert. Elle débouchait sur un petit jardin avec une fontaine, qui conduisait ensuite dans le harem, menant dans un immense hall d’accueil. Des hôtesses se chargeaient généralement d’orienter les clients vers la maison close du harem, ou vers le quartier des esclaves.

La seconde entrée du harem était à l’arrière. C’était une espèce d’entrepôt, surveillée également, où on amenait les esclaves. Il faisait mauvais genre de faire entrer les esclaves par la même porte que les clients. C’était une sorte de grosse écurie avec de nombreux gardes.

Pour le reste, le harem avait aussi un grand jardin intérieur, qui était interdit aux clients, réservé uniquement au personnel des lieux, soit les prostituées, les gardes, et les esclaves. C’était un jardin assez luxuriant, où l’air était assez bon. Le harem en lui-même se divisait en plusieurs parties.

Dans les profondeurs du harem, on trouvait les égouts. On pouvait rejoindre les cachots depuis les égouts en passant par les voies d’eau. Mieux valait avoir une bonne respiration et savoir nager vite. La sirène de Mélinda empruntait des chemins détournés afin d’éviter les pièges bâties dans les égouts, ainsi que les monstres qui y rôdaient, mais certains plan de la ville affirmaient qu’il était possible d’accéder au harem par là. Au-dessus des égouts, on trouvait la prison privée du harem, avec une salle de torture, où on y enfermait les esclaves récalcitrants. Les cachots étaient froids, sinistres, avec des gardes, et naturellement interdits à la visite. Les invités qui se faisaient surprendre étaient parfois éconduits, constamment molestés.

Au-dessus des cachots, on trouvait, tout naturellement, les premiers étages. Il y avait les salles de réception, des halls d’accueil, et c’était ici que Mélinda organisait des réceptions. Un gala d’esclaves, par exemple, ou une simple réception huppée... Juste au-dessus des premiers étages, il y avait le bordel. Un ensemble de couloirs, des gardes élégants. Les prostituées de Mélinda n’étaient pas toutes des esclaves, mais elles portaient toutes avec elles un collier avec un pendentif où il était écrit « MW », afin qu’on sache de qui il s’agissait.

Après le bordel, il y avait les derniers étages du harem : le quartier des esclaves, un ensemble de chambres et de lieux communs interdits à la visite, et, tout en haut, les quartiers privés de Mélinda, avec un Portail qui permettait de rejoindre la Terre. On pouvait donc résumer l’organisation du harem ainsi :


Des ascenseurs privés inspirés de la technologie tekhane permettaient également de rejoindre rapidement les derniers étages, mais ils étaient, là aussi, interdits. Le harem avait sa propre défense privée, mais Mélinda pouvait aussi compter sur ses appuis au sein de l’Empire pour obtenir des renforts en cas d’attaque. Il fallait également tenir compte des dispositifs de défense tekhans qui étaient dressés dans les couloirs du bâtiment. Il y avait notamment les habituels caméras de sécurité, mais qui fonctionnaient de manière automatique. Chaque fois que quelqu’un entrait dans son champ, la caméra cherchait sur son corps un signe indiquant qu’elle faisait partie du personnel du manoir ou simple invité. En fait, à chaque fois qu’un invité entrait dans le harem, il recevait un badge, qui disposait d’une empreinte magique, que la caméra reconnaissait. Ceci permettait donc de déclencher automatiquement l’alarme si un intrus était repéré. Dans ce cas, de lourdes herses en acier trempé s’abattaient dans le secteur où l’intrus avait été récupéré pour l’enfermer.

Ayant déjà été attaquée à plusieurs reprises, Mélinda ne rigolait pas avec la sécurité.

[HRP - Pardonne l'aspect rudimentaire de ce schéma ; il n'est pas à l'échelle.]

DC d’Alice Korvander.

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Chasseur

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La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 1 vendredi 27 avril 2012, 21:11:44

  • [ Elle se change
    Lascivement devant la glace,
    Elle enfile sa tenue de chasse. ]


    Par tous les Saints ! Les gens n’en avaient-ils pas marre de faire n’importe quoi et de se moquer ainsi de la religion ? Un peu de respect, par Dieu ! Il avait fallu qu’une bande d’imbéciles kidnappe une jeune pucelle encore au couvent. Et pas pour n’importe qui, tenez-vous bien, pour mademoiselle Mélinda Warren, l’une des cinglées du coin. Bon, il n’y avait pas grand mérite à être fou à Ashnard, lorsque l’on connaissait le pays. Des créatures toutes plus bizarres les unes que les autres y évoluaient, et bien évidemment, elle-même en faisait partie. 

    Chasseur avait été convoquée quelques jours plus tôt par le Saint Ordre Immaculé afin de se voir confier une nouvelle mission. Il s’agissait justement de ce problème de kidnapping par une bande de bras cassés. Tout cela dans le but de refiler la petite à leur chef qui, accrochez-vous, était l’une des marchandes d’esclaves influentes du pays. Encore. La jeune femme commençait à en avoir sa claque de ces marchands, qu’ils crèvent !
    Le Saint-Père lui avait ordonné de ramener la jeune pucelle en vie afin de la replacer dans son couvent. A dire vrai, c’était une tâche qui plaisait bien à Chasseur. Elle trouvait cela assez insupportable, les gens qui volaient. Surtout lorsqu’ils volaient ce qui appartenait au Saint-Ordre. Elle avait carte blanche quant à la manière de récupérer l’agneau égaré. Ce n’était pas très bon pour elle, car elle se doutait que l’aventure ne serait pas de tout repos. Il fallait prévoir de quoi sauver sa peau. Par exemple, des armes discrètes qu’on ne lui retirerait pas. D’autres protecteurs de l’Ordre devaient également être envoyés sur Ashnard afin de vérifier que Chasseur s’en sorte vivante. Le cas échéant, ils agiraient. Enfin, elle apportait avec elle une copie d’attestation stipulant que si Mélinda Warren s’opposait à laisser partir les deux jeunes femmes, l’Ordre Immaculé ferait tout ce qui est en son pouvoir pour la traîner dans la boue, au propre comme au figuré.

    En y réfléchissant bien, cela restait une folie de se rendre directement à la demeure Warren, mais la future esclave se trouvant là-bas, Chasseur n’avait pas le choix. Si elle savait qu’elle s’en sortirait en vie, elle émettait plus de réserve quant à la survie de sa santé mentale.


    Et voici Chasseur devant l’imposante demeure, prenant l’air du touriste admirant un bâtiment moderne. Le Harem la toisait de toute sa hauteur. Elle se demandait comment y entrer et décida d’en faire le tour. Il y avait une entrée principale apparemment empruntée par les clients, en toute logique il devait y avoir une entrée spécifique aux esclaves et au personnel. Elle eut tôt fait de la repérer et de se dire que ce n’était pas prudent de rentrer illégalement. Après tout, elle ne comptait pas voler, ni tuer. Elle revint devant le bâtiment, passa dans un joli jardin bien entretenu et ouvrit la porte de l’entrée principale. On voyait bien que Miss Warren était riche, lorsque l’on se retrouvait dans le hall d’accueil. Chasseur, tout en contemplant vaguement le décor, se demandait s’il y avait une réceptionniste, une secrétaire, ou quelque chose dans ce style, pour l’accueillir. Tout d’abord, elle pensait se faire passer pour une simple cliente afin de rester incognito, puis elle irait quérir la maîtresse des lieux auprès d’un garde.

    « - Bonjour, que puis-je faire pour vous ? »

    Une hôtesse s’approchait de Chasseur, un sourire commercial flottant sur son visage lisse et dans son regard plutôt bovin. 

    « - Je voudrais consommer. déclara Chasseur avec un sourire sarcastique.
    - Bien, occupons nous des formalités d’usage. »

    La femme l’invita à la suivre jusqu’à un comptoir. Elle lui demanda son nom — bien sûr Chasseur lui en donna un faux —, son âge, et tout ce qui était nécessaire aux autorités si jamais la cliente ne respectait pas les règles de la maison. Elle dû également laisser ses armes (épées, etc.) mais conserva une dague, dissimulée dans son gant gauche. Elle se demanda avec amusement si le crucifix qu'elle portait autour du cou pouvait être considéré comme une arme. La femme lui remit un badge que la chasseresse devrait conserver durant toute la durée de sa visite.
    Elle pouvait maintenant partir en exploration dans les zones du bâtiment auxquelles elle avait accès. Ce qu’elle fit. Elle salua les esclaves qui la hélaient, en tripota quelques uns au passage, se fit un peu peloter — autant se faire plaisir. Le tour fut vite fait ; elle redescendit à l’accueil. La jeune femme finit par constater qu’en fait, ce bâtiment était bien gardé et il n’y avait que deux entrées se trouvant au rez-de-chaussée. Elle espérait ne pas avoir à sauver sa peau. Et puis elle n’était ici que pour négocier. Normalement.

    Chasseur entreprit alors d’expliquer à la réceptionniste qu’elle devait rencontrer Mélinda Warren afin de parler affaire. La femme arborait une mine pincée, comme si elle venait de se prendre un balai dans le cul. Elle devait se demander ce qu’une pouilleuse voulait à sa patronne. Enfin, elle était tout de même obligée d’obéir puisque Chasseur avait prononcé le mot magique : parler affaire.
    Deux gardes vinrent la chercher, la tripotèrent afin de vérifier qu’elle n’avait pas gardé d’arme sur elle — les naïfs ! — et la conduisirent jusqu’aux appartements de Miss Warren. Elle en profita pour retirer la capuche de sa cape, elle ne voulait pas faire mauvaise impression, et passa une main nerveuse dans ses cheveux détachés. Pour l'occasion, elle avait revêtu un court short de cuir ceint de cordons, un léger corset également en cuir (sur lequel était accroché le badge de l'établissement), laissant son ventre à découvert et gonflant sa poitrine, ainsi que de longs gants en cuir renforcés et décorés de métal. C'était l'une de ses tenues de voyage, à la fois pratique et aguicheuse. Et puisque Mélinda semblait aimer les belles choses ...


    Une porte s’ouvrit. Une atmosphère qu’elle trouva plutôt malsaine régnait à l’intérieur de la pièce. Avant même de l’apercevoir, Chasseur lança un « Bonjour Mélinda Warren, je suis Chasseur ! » défiant et insolent. Puis elle resta figée, incapable de prononcer un mot de plus face à l’étrangeté de la scène s’offrant à elle : une jeune femme trônant majestueusement, entourée de deux esclaves à ses pieds. Elle avait l’air d’une enfant capricieuse. Et puis il y avait la captive, terrorisée, au sol. Une rage sourde s'empara de la chasseresse, qu'elle fit taire pour le moment d'un sourire sardonique.
    Chasseur, toujours sans mot dire car cette fois-ci, elle n’avait pas envie de s’embêter à raconter la raison de sa venue, tendit à la jeune femme le papier que lui avait donné l’Ordre Immaculé. Y était inscrites la raison de sa venue et l’obligation que Mélinda avait de laisser partir les deux femmes en vie, sous peine de gros problèmes.

    Ah, se retrouver dans un harem, quelle plaie.
« Modifié: vendredi 27 avril 2012, 21:44:19 par Chasseur »

Mélinda Warren

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 2 samedi 28 avril 2012, 00:04:35

Les larbins finirent par dire à Mélinda les secrets de cette histoire de nonne. Ils lui expliquèrent que cette pouilleuse n’était justement pas une pouilleuse, mais qu’elle était la fille d’un riche marchand de Nexus. Une tactique en vogue, même à Ashnard. C’était sans doute le seul véritable intérêt de l’Ordre. Avec sa belle tête, Eve aurait probablement son époux, et, pour éviter que le mariage ne soit annulé lorsque le mari ne la verrait pas saigner sur le lit conjugal, les parents l’avaient foutu au couvent. Il existait certes des méthodes permettant de recoudre l’hymen, mais il en existait d’autres permettant de voir les trucages. Ses hommes lui affirmèrent qu’ils n’avaient pas violé la nonne, et elle fut tentée de les croire.

*Je ne vois toujours pas ce que je peux faire d’elle… Personne ne voudra comme esclave la fille  d’un riche marchand… Les risques sont bien trop élevés… Je peux éventuellement toujours la rançonner… Ou la conserver comme prostituée… Mais, connaissant ces couillons, ils ont du se faire poursuivre… J’aurais donc tout intérêt à la restituer, avant que les autorités ne s’en mêlent… Je ne veux pas d’un esclandre dans mon harme, ça fait mauvais genre.*

Mélinda continuait ainsi à réfléchir, et les deux nekos continuaient tendrement à lécher ses pieds. Ils devaient bien faire ça depuis trois heures, mais ça ne semblait nullement les déranger. Mélinda observa alors dans un coin une esclave qui était bien prise. Elle avait un  gag ball sur les lèvres, un bandeau autour des yeux, et une espèce de ceinture surmontée de deux godes qui s’enfonçaient intensivement dans son corps. Elle était attachée par des chaînes, et portait des bas en cuir, de longs gants en cuir, et des espèces de liens entravant son corps. Une espèce de curieux spectacle pervers, qui ressemblait plus à moins à ça. C’était une « punition/récompense » que Mélinda infligeait parfois aux prostituées les moins productives, afin de les décoincer un peu. Cette jeune femme était là depuis deux heures, et avait eu suffisamment d’orgasmes pour enfanter toute une population. C’était le « supplice de la vitrine ». Dans le harem, certaines femmes étaient en effets mises en exposition, dans des vitrines, et portaient de tels vêtements.

Mélinda songeait à tout cela en sirotant un verre de sang, lorsqu’on finit par lui annoncer qu’une femme venait la voir pour affaires. C’était d’autant plus curieux que la vampire ne recevait personne dans l’heure. Néanmoins, elle ne devait jamais négliger des affaires. Elle autorisa donc à ce qu’on fasse venir ladite femme, sifflotant de son côté assez tranquillement, sereine. Elle réfléchissait à mettre Eve en vitrine… C’était sans doute un bon moyen de la décoincer, après tout. La vampire y réfléchissait quand deux gardes entrèrent, emmenant la mystérieuse femme. En voyant son très joli corps, Mélinda sentit un air pétillant traverser son regard. Une femme qui venait proposer sa servitude ? Parfois, ça arrivait… Et, vu qu’elle n’avait aucun bijou sur le corps, c’était la théorie la plus probable.

La femme se présenta d’emblée comme s’appelant « Chasseur ». Un nom peu banal pour une esclave, d’autant plus que son ton de voix ferme et impérial contrastait beaucoup avec le ton naturel des esclaves. La vampire sentit immédiatement que cette femme annonçait les emmerdes.

« Entrez, Chasseur… Que me proposez-vous ? » demanda Mélinda d’une douce voix.

Chasseur tendit un papier, et le garde le prit. Ses yeux le lurent, et il se mit à éclater de rire à sa lecture.

*Mais qu’est-ce qui lui prend, à ce taré ?!*

Le garde dut s’en tenir les côtes, pleurant à moitié, et l’autre garde, ne comprenant rien, s’empara du papier… Et s’esclaffa à son tour. Les deux gardes finirent par se donner de grandes claques entre eux. Interloquée, Mélinda soupira, sentant le rouge de l’impatience lui monter aux joues, et ordonna à un autre serviteur de le lui apporter. Un neko prit le papier dans sa bouche, et l’apporta vers Mélinda, qui lut le papier… Et éclata à son tour de rire, si bien qu’elle en lâcha le papier, et en eut mal au ventre. L’Ordre… L’Ordre la menaçait !

« Oh, oh mon Dieu, au secours, j’ai failli en faire une crise cardiaque… gloussa Mélinda. Seigneur… Incroyable… Ah, que j’aime ces vieux décrépis de l’Ordre. Leur sens de l’humour est fabuleux… Alors… Alors, c’est vous qu’ils ont envoyé pour me forcer à leur remettre Eve ? Sous peine de… De graves sanctions… Ah bon… »

S’installant un peu mieux sur son fauteuil, Mélinda déchira alors le papier en deux, et le jeta au feu. Reprenant son calme, elle regarda ensuite Chasseur.

« Vous êtes belle, et vous m’avez fait rire. Sachez qu’en temps normal, j’exécute sans me poser les émissaires de l’Ordre. Je n’aime pas ces vieux décrépis qui critiquent l’esclavagisme en développant eux-mêmes un esclavagisme de grande échelle. Je vous offre même l’une de mes petites chéries pour que vous puissiez vous soulager… Depuis Nexus, le voyage a été long. »

L’Ordre n’impressionnait pas du tout Mélinda, et elle l’expliqua alors à Chasseur.

« Comme vous venez de Nexus, laissez-moi vous instruire un peu… Sur Ashnard, l’Ordre Immaculé existe bien, mais il n’a aucun pouvoir autoritaire… Du moins, seulement dans le discours des fanatiques… L’Empereur est la seule autorité que l’Empire respecte, la seule que je respecte. Si vous voulez récupérer Eve, obtenez un décret du Conseil Impérial, mais, même dans ce cas-là, en vertu des lois ashnardiennes, Eve est ma propriété. Je ne suis tenue de la remettre que si un intérêt d’État le justifie. Que voulez-vous que l’Ordre me fasse ? Qu’il m’excommunie ? Je crois que c’est déjà fait… »

Mélinda soupira, et reprit :

« En revanche, si vous en avez assez de servir pour des pingres hypocrites qui prêchent la charité en se prélassant dans des palais, et l’abstinence sexuelle en se tapant je ne sais combien de putes, mon harem est grand ouvert à une beauté comme vous. Et, si vous vous obstinez dans ce fanatisme propre à l’Ordre, mes gardes se feront un plaisir de vous raccompagner dehors… Sans vous molester, cela va sans dire. Je suis hospitalière. Eve est à moi, et elle ne tardera pas à être très heureuse de voir la chance qu’elle a de pouvoir vivre comme servante heureuse dans mon  harem, plutôt que comme servante malheureuse dans votre couvent. »

Le ton de Mélinda montrait l’intense mépris qu’elle éprouvait pour l’Ordre Immaculé, pour sa doctrine ridicule. Elle ignorait qui était Chasseur, mais elle ne devait pas avoir la côte au sein de l’Ordre, pour qu’on l’envoie au cœur de l’Empire, où l’Ordre n’était pas très bien vu, pour accomplir une mission-suicide.

DC d’Alice Korvander.

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Chasseur

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 3 samedi 28 avril 2012, 18:30:12

  • [La religion est le seul pouvoir devant lequel on peut se courber sans s'avilir.
    Chateaubriand.]


    Mon Dieu, mais quelle bande de parfaits tarés. Comme c’était énervant tous ces gens qui se croyaient au-dessus de la religion simplement parce qu’ils étaient protégés par plus puissants. Qui se pensaient supérieurs parce qu’ils avaient un pouvoir, pas même légitime. Ils avaient certes le pouvoir de la force, mais n’étaient pas prêt de posséder celui de l’esprit, l’élévation spirituelle. 
    D’après ce que Chasseur pouvait en juger au premier abord, le verre que tenait Mélinda Warren dans ses belles mains blanches n’était rempli ni de vin, ni de jus de raisin. Cela avait une toute autre consistance, une couleur étrange. Cette jeune femme était trop parfaite pour être une simple humaine. La chasseresse avait bien compris que Miss Warren était une créature reniée de Dieu. Peut-être avait-elle emprunté cette voie de sa propre initiative, peut-être n’était-ce pas le cas. Mais on a toujours le choix.   

    Enfin, Chasseur écouta attentivement ce que la jeune femme avait à lui dire. Ainsi, elle pourrait réfléchir toute à son aise sans lui couper la parole. Actuellement, elle avait surtout une furieuse envie de taper sur les deux gardes. Elle regarda le papier se consumer dans le feu tout en lâchant un « En fait, je suis plutôt ici pour négocier, le papier est une formalité. » assourdis par les rires de Mélinda. Puis l’hilarité générale sembla cesser aussi rapidement qu’elle avait commencé. Elle se demanda si la jeune femme l’avait écoutée, malgré ses rires hystériques. Sans-doute, puisqu’elle lui parlait maintenant avec sérieux. 

    « Mélinda Warren, je crois que vous vous méprenez sur les intentions de l’Ordre. Dans cette situation, le problème n’est pas l’esclavagisme. Il s’agirait plutôt de nous rendre ce que vos hommes nous ont volé. »

    Et en effet, le décalogue ne mentionnait pas l’aliénation d’une personne à une autre. La notion de liberté de la personne en tant que telle était une philosophie issue d’un mode de pensée encore nouveau. En revanche, « Le bien d'autrui tu ne prendras, ni retiendras injustement » était un commandement. Chasseur songeait, quelque peu désabusée, qu’en fait tout le monde interprétait la religion à sa sauce sans n’en rien savoir ni comprendre. Mais à quoi bon expliquer tout cela à des impies ? Ils pouvaient penser ce qu’ils voulaient de la religion, Chasseur n’était pas là pour prêcher la bonne parole, pas ici pour les convertir, mais pour accomplir sa mission.

    Chasseur haussa un sourcil lorsque Miss Warren lui proposa une fille afin de se soulager. Elle se demanda si la jeune femme croyait qu’elle avait envie d’aller aux toilettes, et finit par se dire que ce n’était sans-doute pas ce qu’elle entendait par « se soulager ». Surtout lorsqu’elle aperçu une fille prostrée dans un coin, un bâillon-boule dans la bouche, les yeux bandés, ligotée, avec toute la panoplie de la parfaite petite masochiste soumise. Était-ce une esclave ? Se retrouver dans cette position devait être parfaitement humiliant. Elle se sentit rougir lorsqu’elle se rendit compte qu’elle regardait un peu trop dans la mauvaise direction et qu’on pouvait la voir, les yeux brillants. Hum, bizarre. 
    Elle écouta sans rien dire les explications sur le fonctionnement de l’Empire, et se dit qu’il valait mieux éviter de dire tout haut ce qu’elle pensait tout bas. L’Empire n’était qu’une succession de contrées sans foi ni loi, mais qui prétendait quand même en avoir, pour donner l’impression d’être civilisé. Laissez-moi rire.

    « J’ai foi en Dieu, pas nécessairement en tout ce que fait l’Ordre. J’accepte de travailler pour eux car leur idéologie me paraît être la plus noble, mais je ne cautionne pas tout ce qu’ils font. Sauf que je cautionne encore moins l’Empire. Je me vois donc obligée de décliner votre offre. Je ne peux pas travailler pour vous sans rien en échange. »

    Elle réfléchit un instant à la meilleure position à adopter afin de mener à bien sa mission. Déjà, elle voulait s’en sortir vivante. Ensuite, elle devait récupérer Eve, puisque c’est ainsi qu’elle s’appelait. Bon, Mélinda Warren ne semblait pas être le pire des monstres que l’on puisse rencontrer. Elle était belle — mais la beauté était bien souvent trompeuse —, et semblait avoir un peu de bon sens et de bonté — n’exagérons rien. Voyons, que pourrait-on lui proposer ?

    Chasseur se rapprocha de quelques pas du trône. Doucement, car elle n’avait aucune mauvaise intention mais savait que la jeune femme et ses gardes se méfieraient. Elle se pencha un peu en avant, affichant par la même occasion son décolleté, et murmura afin que seule Mélinda entende :

    « Je vous propose un marché : cette fille contre mes services. Des personnes m’ont accompagnée dans cette mission, elles sont postées tout autour du bâtiment. Remettez leur Eve saine, sauve et vierge afin qu’il la ramène au couvent. En échange, je peux être votre garde du corps, votre émissaire ou votre esclave durant le laps de temps dont nous conviendrons. Qu’en pensez-vous Mélinda ? »

    Chasseur jeta un bref coup d’œil à Eve. Elle était en prise avec des sentiments assez contradictoires. Elle désirait réussir sa mission mais elle voulait également partir d’ici le plus rapidement possible. Sauf qu’elle éprouvait une sorte d’attirance morale malsaine pour cette jeune femme capricieuse. Comme une envie d’en savoir plus, d’en voir plus. Et selon ce que Miss Warren envisagerait, il était possible qu'elle fut, à l'avenir et pour Chasseur, un employeur important qui lui rapporterait gros. Eve n’était pas encore corrompue par le vice, aussi valait-il mieux que ce soit Chasseur qui trinque. Et puis un peu d’aventure ne pouvait pas faire de mal. Enfin, elle espérait pouvoir discuter de tout ça avec la propriétaire du harem avant qu’il ne se passe quoi que ce soit, d’autant plus qu’elle avait l’impression de courir aux devants des ennuis, comme à son habitude malheureusement. C’est pourquoi elle ne pu s’empêcher d’ajouter avec une certaine malice :

    « Sans compter que je pense être plus intéressante qu’Eve, dans tous les sens du terme. »
       
« Modifié: samedi 28 avril 2012, 18:51:39 par Chasseur »

Mélinda Warren

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 4 samedi 28 avril 2012, 22:42:59

Femme d’affaires plus terrible que son joli visage d’ange ne le laissait présumer, Mélinda était avant tout une observatrice. Elle ne se contentait pas du langage verbal de ses interlocuteurs, mais aussi, et surtout, du langage corporel, et, partant de là, du langage sanguin. Car le sang parlait aux vampires. Il émettait une douce mélopée qui était très instructrice. Quand Chasseur observa le mobilier, Mélinda la vit s’intéresser à l’esclave qui était ficelée contre un mur, en position de soumise absolue. Un petit sourire de plaisir éclaira les lèvres de Mélinda quand elle sentit le cœur de Chasseur se réveiller, et palpiter un peu plus violemment.

*Ah, ces religieux… S’ils n’existaient pas, il faudrait les inventer ! Madame serait-elle une soumise qui s’ignore ? Si c’est le cas, alors tu es bien tombée, ma belle…*

Mélinda écouta Chasseur lui répondre. Dans un coin, Eve avait la tête baissée, timide et nerveuse. Une vraie soumise, celle-là aussi… Sans surprise, Chasseur rejeta l’offre de travailler pour Mélinda, mais s’avança lentement vers elle. D’un geste, Mélinda déconseilla à ses gardes de lui foncer dessus. Elle ne lisait pas dans le sang de Chasseur cette ardeur que les guerriers mettaient avant de frapper, cette adrénaline qui palpitait dans le corps. Chasseur se rapprocha, et lui fit une proposition qui élargit le sourire de Mélinda. Elle se sacrifiait pour Eve… Comme c’est mignon !

Mélinda ne dit rien sur le coup, se contentant d’un énigmatique petit sourire, avant de s’enfoncer contre le dossier de son confortable fauteuil.

« Oui, vous avez l’air… Plus intéressant, c’est un fait… »

Mélinda parla alors d’un tout autre sujet, mais qui était naturellement relié à ce que Chasseur venait de dire.

« Vous l’ignorez peut-être, mais j’ai, il y a quelques semaines, subi une violente attaque sur mon manoir terrien. L’attaque était organisée par un puissant démon provenant tout droit des Enfers. Une bête colossale, en tout point de vue… Depuis cette attaque, j’ai décidé de remettre au goût du jour mes protocoles de sécurité, que ce soit dans mon manoir sur Terre, ou dans ce harem. »

Cette attaque avait été organisée dans le but de récupérer l’une des dernières acquisitions de Mélinda, un démon poltron nommé Alexis Midnight, afin de le tuer, le tout pour une histoire de successions. Une sacrée affaire… Depuis cette époque, Mélinda avait en effet revisité la notion de « sécurité ».

« Tekhos ne fournit officiellement pas d’armes à Ashnard ou à Nexus. Le principe de neutralité… Ce sont des règles que le gouvernement tekhan applique scrupuleusement, mais il existe fort heureusement cette chose qu’on appelle le marché noir, et qui permet parfois de se procurer du matériel intéressant. Vous voulez voir ? »

Mélinda appuya sur un petit bouton incrusté dans son fauteuil, et, à côté de ce dernier, à droite comme à gauche, deux panneaux coulissants s’ouvrirent, révélant deux énormes gatlings montés sur des piliers, et qui fonctionnaient à guidage laser. Les viseurs rouges se pointèrent immédiatement sur la belle poitrine de Chasseur.

« Rassurez-vous, mes bijoux sont verrouillées pour le moment… Mais je crois qu’elles vous détectent d’emblée comme une intruse… Les badges, ma chère… J’ignore combien vos hommes sont, mais sachez que ces engins balancent des balles capables de découper un tronc d’arbre, à une vitesse et à une précision qui défie toute résistance. On dit que la foi est un bouclier efficace… Mais je doute qu’il sera suffisant pour résister à des centaines de balles qui pleuvront sur vos complices si ces derniers ont cette idée complètement folle de venir vous secourir. Quant à votre… Comment avez-vous dit, déjà ? Ah, oui… Vos « services »… Vos services contre… Mon esclave, hum ? »

Mélinda se mit à suçoter l’un de ses doigts, laissant planer un silence assez inquiétant, avant de lui balancer :

« Pourquoi paierais-je pour quelque chose que j’ai déjà, ma chère ? Vous savez, je compare un peu votre Ordre à un concurrent. Comme mois, il endoctrine des gens, les dresse, les prive de la liberté au nom d’un idéal. Cet idéal, c’est Dieu, ou, de manière plus générale, la Foi. Chez moi, cet idéal, c’est moi… Vous avez en vous l’âme d’une soumise, car, dans le fond, vous croyez que votre vie est régulée par une entité supérieure. C’est ce qui rend les religieux, soit naturellement soumis, soit complètement fêlés. Je vous ai déjà, Chasseur. Dès que vous avez fait entrer votre joli petit cul bien potelé dans mon harem, vous étiez ma propriété. »

La vampire lui offrit un ravissant sourire, révélant ses canines pointues, et claqua alors des doigts. Immédiatement, un garde poussa Eve, qui poussa un cri de surprise, avant de tomber sur le sol. Mélinda, à aucun moment, ne cessait de quitter le regard de Chasseur.

« « Non ! Non, pitié ! »

Le garde lui arracha une partie de ses vêtements, révélant son dos, provoquant un hurlement, et Mélinda continua à parler, en arrivant à la fin de son exposé :

« Vous m’avez sous-estimé, ma petite. Mais je ne peux pas vous en vouloir… Vous avez l’air de tenir à cette femme, n’est-ce pas ? Peut-être la relâcherais-je… De mon point de vue, l’Ordre ne lui donnera jamais le bonheur ; il l’endoctrinera pour en faire une petite idiote crédule, et elle sera ensuite mariée à un type qu’elle n’a jamais vu. Il la violera dans son lit…
 -  Au secours ! Ne me faites pas de mal !
 -  Il la battra peut-être, si elle n’arrive pas à le satisfaire… Alors que, dans mon harem, elle serait une esclave heureuse et épanouie… Mais passons… Vous allez me lécher les pieds, Chasseur. Vous allez baisser votre si joli corps, tendre votre langue, et lécher mes doigts de pied. Si vous ne le faites pas… Et bien, je pourrais dire que je vous torturerai, mais vous m’avez l’air endurci… Alors, à la place… »

Elle tourna la tête vers le garde se trouvant derrière Eve. Sanglotant, cette dernière était prostrée sur le sol. Le garde leva son fouet, et l’abattit sur son dos, la faisant hurler de douleur.

« AAAAAAH ! Non, non pas ça ! Pitié, AAAAAAAAHH ! »

Mélinda regarda Chasseur. Le garde avait suspendu son geste, tandis qu’Eve se mettait à sangloter. Mélinda était en train de torturer Chasseur. Pas au sens physique du terme, bien sûr, mais dans une autre perspective. Elle répéta alors, en détachant soigneusement chaque syllabe :

« Léchez-moi les pieds. »

Le ton était sans appel.

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Chasseur

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 5 mardi 01 mai 2012, 17:17:44

  • [Take my ego for a ride !]


    Elle savait ce qu’elle devait faire mais avait du mal à s’y résoudre. C’était la première fois que Chasseur se retrouvait dans ce genre de condition. Avant ça, elle s’était toujours débrouillée pour se laisser une échappatoire si la situation tournait au vinaigre. Seulement là, elle avait raté son coup. Non-seulement la sécurité de ce bâtiment était trop importante pour s’enfuir avec Eve, mais Mélinda n’était obligée de laisser partir aucune d’elles. Elle aurait pu s’en tirer à bon compte si elle avait décidé de partir sans la fille, comme le lui avait proposé la jeune vampire. Mais alors, elle aurait échoué dans sa mission pour l’Ordre. Cela aurait été comme trahir Dieu. Et cela aurait été pire que la torture physique et psychique, pire que la mort et pire que tout. La lâcheté était la voie la plus facile, elle l’avait souvent empruntée. Pourtant il y avait des cas où il lui était tout bonnement impossible de fuir. Chasseur n’avait pas besoin qu’on la torture, elle savait très bien se tourmenter l’esprit seule.
    Il suffisait de se dire que ce n’était pas difficile de se mettre à genoux puis à quatre pattes, de sortir sa langue et de lécher. Ce n’était après tout qu’une série de gestes mécaniques. « Léchez-moi les pieds. » Mais des gestes ayant tous une signification particulière. Des gestes avilissants.

    Courbe-toi Chasseur. N’aie pas peur. Pose un genou à terre, obtempère. Incline-toi, oui comme ça. Ne sois pas gênée, elle a l’esprit troublé. Donne-toi un peu de temps, ça passera par le vent.

    Elle était prostrée devant cette reine vampirique. Pour un pouvoir illégitime. Il ne fallait pas y accorder trop d’importance, elle devait préserver ses barrières mentales, cette protection que lui avait accordée le Divin.
    Elle devait donner de sa personne pour protéger les agneaux du Seigneur, elle qui avait déjà pêché devait protéger cette innocente qui n’avait rien demandé. L’innocence ne devait pas être bafouée. Et ces cris déchirants …

    Chasseur léchait les pieds de Mélinda Warren. Conservant sa dignité malgré cette posture dégradante, malgré cet acte humiliant. Ce qui était difficile lorsque l’on commençait à ressentir une certaine chaleur dans le corps et le cœur. Elle savait que c’était en partie pour cette raison que le Saint-Ordre Immaculé lui confiait ces missions. Elle pouvait utiliser ses vices et ses pêchés pour faire le Bien. Ensuite on les lui pardonnait. Et puis tout recommençait. Toutefois, Chasseur ne se soupçonnait pas vraiment ce genre de vice et cela l’effrayait. Elle tenta de repousser de toutes ses forces cette chaleur incongrue. Enfin, elle leva la tête et annonça d’une voix qui lui sembla un peu lointaine :

    « Si vous allez trop loin avec Eve, que les dégâts que vous lui causez deviennent irréversibles, sachez que je ne répondrai plus de rien. Je ne me sentirai pas obligée de vous obéir, et ne serai pas alarmée à l’idée de mourir. »

    Elle ne tenait pas à ce qu’Eve soit amochée physiquement. Elle devait sans-doute l’être psychologiquement, nul besoin d’aggraver le score. Chasseur avait pour obligation de la ramener en bonne forme au couvent.

    « En revanche, si vous ne lui faites rien de mal, je vous obéirai au doigt et à l’œil. »

    Même si c’est dur.
    En tout cas, elle essaierait.
    Et pour prouver sa bonne foi, Chasseur s’inclina à nouveau sur les pieds de Mélinda Warren et y déposa des petits coups de langue timides mais appliqués. A nouveau elle releva le buste afin de donner son opinion. Elle avait envie de montrer à la jeune femme que les croyants avaient également un avis fondé sur la réflexion, que tout ce qu’ils pensaient ne s’appuyait pas sur une foi aveugle en la religion. Même si elle savait que c’était parfaitement inutile, personne ne changerait d’avis dans cette histoire. Peu importait, elle avait la faculté de raisonner, comme tout être plus ou moins humain, et tenait à sans servir, que cela lui vaille une sanction ou non. Elle prenait la parole sans demander la permission de cette Maîtresse — provisoire ou non. 

    « Cette jeune femme est déjà endoctrinée, comme vous dites, elle a été élevée dans une foi aveugle envers notre Seigneur — tout comme moi — et rien ou presque ne pourra l’en détacher. C’est ainsi que nous sommes heureux, nous autres les croyants. »

    Elle jeta un regard vers Eve, le dos strié de blessures sanglantes, et se demanda avec ironie si c’est ainsi que Mélinda Warren rendait heureuses ses esclaves. Elles n’étaient tout de même pas toutes sadomasochistes ?

    « Eve sera sans-doute plus heureuse avec un seul homme et des enfants dans une belle maison, étant donné les conditions dans lesquelles elle a été élevée, plutôt qu’ici, sans la religion, se faisant marcher dessus par des hommes et des femmes qui payeront pour profiter d’elle. Voici mon opinion. Sans-doute ne compte-elle pas sachant que la loi du plus fort est toujours la meilleure, et que je ne suis pas en position de force. » 

    Au moins s’était-elle exprimée sans arrière-pensées.
    A présent, elle n’avait que deux envies : que sa mission ne soit pas un échec et profiter de cette situation pour découvrir ce qu’elle avait vraiment dans le ventre. Jusqu’où serait-elle prête à aller ? Et Bon Dieu ! Pourquoi fallait-il qu’elle y prenne du plaisir ?


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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 6 mardi 01 mai 2012, 20:06:43

Les choses commençaient à devenir intéressantes. Il fallut que le garde fouette une seconde fois Eve pour que Chasseur se décide. Elle fléchit les genoux, tombant à terre devant Mélinda. La position du vaincu. Suçotant l’un de ses doigts avec un sourire en coin, Mélinda l’observait. Bien qu’elle soit une vampire, elle ne doutait pas qu’une guerrière de l’Ordre, si elle devait physiquement l’affronter, la battrait. Mais la force physique n’était pas pour Mélinda la plus efficace des armes. Dès que Chasseur posa sa langue sur les pieds de Mélinda, cette dernière fit signe au garde d’arrêter ses coups de fouet, ce que ce dernier fit. Un silence de plomb s’installa, troublé par les sanglots apeurés d’Eve, et les coups de langue de Chasseur sur ses pieds.

Rien à voir avec les nekos de Mélinda… Chasseur léchait avec bien moins d’énergie, mais elle était plus imposante que de petits nekos dociles et soumis. Mélinda l’observa silencieusement, se délectant de ce spectacle. Chasseur s’était pliée comme un deux face à un flush royal. La sécurité très élevée du harem avait visiblement du la décourager. S’il n’y avait eu que de simples gardes, sans doute aurait-elle eu l’audace d’opter pour la manière forte. Mais il n’y avait pas que des soldats, malheureusement pour elle. Elle avait compris qu’elle était à la merci de Mélinda, et ce qu’elle dit ensuite élargit le sourire de Mélinda. Quand on entendait quelqu’un dire : « Je vous obéirai au doigt et à l’œil », c’était délectable. Elle continua à lécher les pieds de Mélinda, qui la laissa faire, jusqu’à se racler la gorge. Elle le sentait. Chasseur était de plus en plus excitée. Elle avait l’âme d’une soumise. Elle claqua alors des doigts, et on lui apporta Eve, la soulevant pour la jeter à côté de Chasseur.

« Pour commencer, Chasseur, sache que je suis une esclavagiste qui aime faire de l’argent. Mes esclaves sont mes jouets, mes objets, et ma marchandise. Quelle marchande aime abîmer ses propres objets ? Je n’ai fouetté Eve que parce que j’y ai été obligée. Je n’ai aucun intérêt à la battre. »

Mélinda énonçait quelque chose d’assez simple. On avait toujours l’impression que les esclavagistes étaient des bourreaux qui aimaient faire souffrir leurs esclaves. Si c’était vrai pour une bonne partie, Mélinda, elle, faisait exception. Elle préférait des esclaves heureux et sains ; ils rapportaient plus. Qui aurait voulu couché avec une femme cadavérique et couverte de bleus ? On préférait les femmes chaudes, bien en chair, et qui transpiraient de vie.

« Ensuite, ma chère Chasseur, tu dois savoir qu’Eve est une Nexusienne. Une ordonnance impériale a fait des Nexusiens les ennemis de l’Empire. Par conséquent, à moins de disposer d’un sauf-conduit, et à supposer que les gardes et les seigneurs locaux respectent ce sauf-conduit, si je libère Eve, elle se fera capturer par le premier garde qui lui demandera ses papiers. Il l’enfermera dans une cave, la foutra à poil, et la baisera par le cul en la torturant avec du fer rouge. Certains gardes adorent notamment arracher les tétons des femmes pour les forcer à les manger. Tu aimerais te retrouver dans cette situation, Eve ? »

A cette idée, cette dernière eut une nouvelle crise de larmes. Mélinda se tourna vers l’un de ces nekos, et lui caressa la tête.

« Va mander l’un des guérisseurs. Il t’enlèvera ces traces de fouet, Eve. Tu n’as rien fait pour les mériter, donc tu iras bien vite beaucoup mieux, et tu pourras ensuite réfléchir sur ton avenir… Car, à vrai dire, tu ne vaux pas grand-chose comme esclave. Ton statut de noble nexusienne fait que celui qui te prendra risque de s’exposer au courroux des notables de cette chère cité-État. Je vais te laisser une semaine de liberté dans ce harem, Eve. Une semaine où tu verras tout ce qu’on y fait. Si rien ne t’attire, alors j’enverrais une lettre à ta famille pour leur dire d’envoyer des hommes te chercher. Je te demanderais néanmoins de soigneusement y réfléchir. La vie d’une mère de famille est particulièrement maussade et morne, surtout dans les hautes sphères de Nexus. Tu seras constamment entourée de vipères, d’hommes qui chercheront à te séduire pour t’accuser d’adultère ensuite, de traîtres, de flagorneurs, et de menteurs. Paradoxalement, dans mon harem, tu n’as rien à cacher, ni à avoir peur de quoi que ce soit. »

Mélinda connaissait suffisamment les hautes strates du pouvoir pour savoir qu’elle dépeignait la triste réalité du pouvoir. Elle s’extirpa de son fauteuil, et tomba à genoux, afin de prendre le visage d’Eve entre ses mains, et de le caler contre ses seins, en lui caressant les cheveux.

« Là… Sèche tes larmes, ma belle… Je ne suis pas un monstre, tu vois… disait-elle en l’embrassant dans le cou. Je ne te battrais plus, tant que tu ne feras rien de stupide. Mais ne t’avise pas de t’évader, sinon les portes du harem resteront closes quand tu tomberas sur un noble qui, lui, ne verra en toi qu’un jouet sadique sur lequel exprimer sa perversion. D’accord ?
 -  D’a… D’accord… réussit à dire cette dernière en essayant de se calmer.
 -  Bien. Tu aimes les chats ? Car j’en ai beaucoup… Je donnerais ordre que tu en aies un dans ta chambre. Et n’oublie pas. Une semaine… Ensuite, tu prendras ta décision.
 -  Est-ce… Est-ce qu’elle… Est-ce qu’elle restera avec nous ? » demanda Eve en regardant Chasseur.

Mélinda se contenta d’un sourire en retournant s’asseoir sur son trône.

« Vu comment le feu de Chasseur bouillonne, je crois qu’elle ne voit aucune objection à… M’obéir au doigt et à l’œil, comme elle le dit elle-même. Et puis, vos talents peuvent s’avérer utiles, Chasseur… Maintenant, dites-moi… »

Deux gardes avaient relevé Eve pour la conduire vers une salle où son dos serait soigné. Mélinda tourna sa tête vers l’une des esclaves qui était attachée contre le mur, avec des godes dans le corps, et qui se tortillait lentement.

« Je t’ai vu, Chasseur, je t’ai vu voir cette femme, et j’ai senti ton sang s’accélérer en la voyant… Chez nous, on appelle ça « le supplice de la vitrine », mais je ne crois pas que le terme « supplice » soit bien approprié… Certaines de mes esclaves sont affichées en vitrine dans cette tenue, afin d’exciter les clients. Alors, dis-moi… Tu aimerais que je te mette en vitrine ? » lui demanda-t-elle avec un grand sourire.

Mélinda ne doutait pas une seconde qu’elle devait être assez surprenante comme esclavagiste. Neuf esclavagistes sur dix auraient crié sur Eve en lui ordonnant de se taire, sous peine de recevoir d’autres coups de fouet, mais elle avait opté pour une autre méthode. La violence était la dernière arme que Mélinda utilisait, car c’était la plus expéditive, et la plus incertaine. Elle instaurait un rapport de force et d’injustice, et non pas un rapport de respect et de confiance. Quant à Chasseur… Mélinda savait déjà qu’elle avait toutes les chances de finir en vitrine. Elle aimerait encore plus que ses confrères de l’Ordre la voient quand elle serait attachée par les chaînes contre le mur, à subir les caresses des clients et leurs regards libidineux.

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 7 vendredi 04 mai 2012, 23:26:55

  • [Ave Maria, gratia plena.]


    Mélinda était sans-doute à la fois la meilleure et la pire des esclavagistes. Si elle semblait prendre bien soin de ses esclaves, elle ne le faisait que pour l’argent. Il n’y avait rien d’humain là-dedans, après tout cette jeune femme était un vampire. Elle ne le faisait que pour l’argent.
    Tout comme elle, Chasseur. Ce qui signifiait que Chasseur était à la fois la meilleure et la pire des croyantes. Chasseur qui croyait fermement à la dignité de l’âme et à son salut, qui croyait en une entité toute puissante et la vénérait ; Chasseur qui vendait ses services à une institution en échange d’argent.
    Elle sauvait une vie pour de l’argent.
    Cela lui coupait le souffle. Elle n’avait encore jamais envisagé la situation sous un tel angle, parce qu’elle accomplissait ses missions sans faillir, elle les menait à bien. Cette analogie entre la jeune vampire et elle-même la confondait. Il fallait qu’elle reprenne pied. Elle se raccrocha à ce que lui disait Mélinda. « Ma chère Chasseur ». Et Eve qui pleurait.

    « Je peux la ramener avec moi. Lorsque tout ça sera fini. »

    Tout ça. Tout ce qu’elle devait faire pour peut-être rien. Si elle ne ramenait pas Eve — la première femme —, elle aurait agi en vain. Mais Eve se laissait tenter par le serpent pernicieux qu’était Mélinda. Elle lui proposait de croquer dans le fruit de la connaissance. Sous ses yeux éblouis miroitaient tous les vices et pêchés que Mélinda avait à lui offrir. Autant de vices déguisés en vertus. Le serpent était malin et la première femme, naïve. Elle y croirait, parce que le fruit pourri était maquillé, et il semblait tellement appétissant. On lui offrait une vie entière de luxure. Chasseur priait intérieurement pour que la jeune innocente ne se laisse point corrompre. Qu’elle écoute, si ce ne pouvait être la voie de la raison, celle du cœur. Ora pro nobis peccatoribus.
    Créature fourbe, femme, maternelle, qui hypnotisait sa proie. La prenait dans ses bras, descendue de son trône, la serrait contre sa chaude poitrine comme une mère le ferait pour son enfant. Oh si, tu es un monstre, Mélinda Warren. La corruption se lisait dans ce magnifique regard de douceur et d’acier. Il fallait absolument qu’elle fige le processus. Chasseur se tourna vers Eve et lui assena quelques paroles brutales afin de la ramener à la raison :

    « Rester dans ce harem revient à faire de toi une putain, c’est ce que tu veux, Eve ? Être une putain qui brûlera en Enfer ? Ne vaut-il pas mieux une petite vie de souffrance pour une éternité de Grâce ? »

    Sa voix tremblait presque. Elle ne devait pas se laisser dominer par la colère, elle voulait simplement causer une sorte de choc à cet agneau innocent, pour qu’il se rende compte dans quel piège, doucereux, il était tombé. Elle baissa la tête un instant, le temps que Mélinda remonte sur son trône, le temps de reprendre ses esprits, le temps qu’Eve ait quitté la salle. Elle-même était tombée dans le piège. Elle ne valait finalement guère mieux que l’agneau innocent.

    En fait, Chasseur voyait beaucoup d’objections à obéir au doigt et à l’œil de quelqu’un qui semblait être une créature tout droit sortie de l’Enfer, et qui en plus n’accédait pas vraiment à sa requête. Elle avait du mal à se plier à la volonté de la jeune femme, elle devait mettre toute son énergie à contribution afin de dompter son esprit récalcitrant. En revanche, il lui semblait que son corps n’attendait que ça. Et son cœur s’emballait. Le supplice de la vitrine, atroce. Un peu trop … excitant. Elle ne savait plus quoi penser. Elle jouait avec le feu, celui qui commençait à brûler entre ses cuisses. Chasseur se releva en ne quittant pas le regard de la jeune femme, et s’en approcha encore une fois doucement pour lui chuchoter à l’oreille :

    « Je préfère encore mourir que d’être touchée par les porcs qui fréquentent cet endroit. »

    Chasseur avait utilisé le terme « porcs » en toute connaissance de cause, laissant planer le mystère sur les personnes qu’elle incluait dans cette catégorie. Elle avait joué la carte de la provocation. Mélinda allait-elle se sentir concernée ? Cette idée amusait beaucoup notre guerrière, qui se disait qu’elle pouvait bien jouer le tout pour le tout, elle n’avait — presque — rien à perdre. Elle écarta légèrement son visage de celui de Mélinda afin de pouvoir en apprécier l’expression. Elle guettait une trace de colère ou une lueur de cruauté dans le regard froid, au coin de cette bouche tentatrice. Elle fut un peu déçue, parce que la vampire n’était pas de ces personnes dont on peut lire les sentiments comme dans un livre ouvert. Elle avait envie de sauvagerie. C’est ainsi qu’une idée lui vint à l’esprit.

    « Étant donné que vous n’avez pas complètement accédé à ma requête, Mélinda, et que je ne pourrais sans-doute pas remplir ma mission, j’aimerais pouvoir exiger quelque chose de vous. J’aimerais dire que vous me devez bien ça mais c’est faux. Alors je vais simplement dire que ça aura le mérite de nous distraire toutes les deux. »

    Elle sentait son cœur battre la chamade. Comme lorsque vous avez treize ans et que l’on vous a donné ce gage qui exige d’embrasser un garçon avec la langue, ce que vous n’avez encore jamais fait.

    « Je vous propose un petit jeu auquel tous les adolescents ont joué au moins une fois. Action ou vérité. Mais ici, nous supprimerons la vérité, elle n’a aucune sorte d’importance. Si vous le voulez bien, chacune à notre tour, nous nous donnerons un gage auquel il faudra se soumettre. Bien sûr, pour que ce soit vraiment amusant, il faudra qu’il soit d’ordre sexuel. »

    Pardonnez-moi mon Père car j’ai pêché.

    « Libre à vous d’accepter. »

    Faites de moi ce que vous voulez. Jouons le jeu.
    Nunc, et in hora mortis nostrae.


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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 8 samedi 05 mai 2012, 02:39:14

Chasseur essayait de raisonner Eve, mais c’était peine perdue. Si Mélinda le voulait, elle pourrait aisément convaincre la petite religieuse de devenir à jamais sa fidèle esclave. Mais, pour l’heure, Chasseur l’intéressait plus. Ne se laissant pas si facilement démonter, Chasseur essaya de se contrôler, de rester maîtresse d’elle-même. Elle lui avoua qu’elle préférait mourir, plutôt que des « porcs » viennent toucher à son corps. Ceci déclencha en Mélinda une nouvelle idée, et elle se contenta d’un sourire énigmatique, sourire qui ne se démentit pas lorsque Chasseur se lâcha. Croyant sans doute être en position de force, la religieuse alla jusqu’à « exiger » (oui, « exiger » !) un service de la part de Mélinda. Patiemment, la vampire ne dit rien, attendant que Chasseur ait fini, et, même une fois qu’elle eût terminée, la vampire ne répondit pas.

Silencieusement, elle fixa Chasseur, avant de croiser les jambes, de s’humecter les lèvres, et de lâcher :

« Savez-vous ce qu’est un porc, Chasseur ? Peut-être devrais-je vous attacher par le cou et vous traîner dans une porcherie, ne croyez-vous pas ? De cette manière, quand mes clients poseront leurs mains sur votre cul, vous saurez faire la différence entre une sodomie pratiquée par des cochons, et une sodomie pratiquée par des hommes. »

Mélinda se releva ensuite, et commença à marcher. Son regard était amusé, mais il ne fallait pas s’y tromper ; Mélinda était énervée. Irritée. Elle n’admettait pas qu’on vienne la narguer, qu’on vienne... Qu’on vienne « exiger » d’elle quelque chose. Rien que pour ça, elle avait envie de frapper cette petite salope, de faire disparaître cet air arrogant... Pour qui se prenait-elle, cette conne de religieuse, hein ?! De quel droit venait-elle « exiger » quoi que ce soit ?! S’il y en a une qui pouvait exiger, c’était Mélinda. Mélinda, et personne d’autre !

« Vous devez bien comprendre, ma chère, que j’ai une affaire à faire tourner. Eve est ma propriété, au moins de manière temporaire. L’égalité de traitement entre mes esclaves me contraint à lui faire appliquer le même traitement que je ferais envers n’importe laquelle de mes filles. J’aurais espéré croire que votre dévotion envers les autres vous amènerait à désirer la protéger, mais je constate que, comme c’est le cas avec les religieux, votre foi ne s’exprime qu’à travers les mots. Nous veillerons donc à mettre Eve en vitrine dès demain matin. »

Avec Mélinda, il ne fallait jamais jouer, surtout quand elle avait toutes les cartes en main. Elle décida d’enchaîner, d’enfoncer le clou, et le fit avec un soupçon de sadisme, un grand sourire sur les lèvres :

« Après cinq ou six heures à être en vitrine, même les plus puissants mages et alchimistes ne pourront redonner à cette chère enfant la forme initiale de son vagin. Quand vous la ramènerez au couvent, à Nexus, quand les parents verront que leur fille n’est plus viable, qu’ils penseront, en toute logique, qu’elle a été violée par une bande d’Ashnardiens en série, qu’elle a fait l’objet de tournantes, je crois qu’ils arrêteront de subventionner le logement de cette dernière, et que la réputation de votre si précieux Ordre en prendra un coup. Quant à cette chère Eve, le couvent la lâchera. Les bonnes sœurs affirmeront qu’elle a cédé à la Tentation, les bêtises d’usage. Elle finira pute dans les bas-fonds de Nexus, et sera probablement égorgée par un de ses clients. »

Un récit sinistre, mais qui, pour Mélinda, ressemblait assez à la vérité. Mélinda cessa alors de sourire, et son ton se fit dur, froid, sec, et cassant :

« Maintenant, petite pute, tu vas ouvrir grand tes oreilles, et écouter attentivement. Dès que tes belles fesses sont rentrées dans mon harem, elles ont été miennes. Que croyais-tu ? Que tu m’impressionnerais avec ta foi de merde ? Les religieux haïssent les vampires ; ils voient en nous des êtres maléfiques. Si j’avais la moitié de vice que vous et vos fanatiques me prêtent, je t’aurais fait attacher en place publique, et j’aurais invité le peuple à te lapider, et à te faire enculer par leurs goules. Si je veux que ton cul soit perforé par la queue d’un homme, il le sera. J’ai été bien gentille envers toi en te proposant de pouvoir repartir d’ici, mais sache que c’est moi qui décide comment tu sortiras de ce harem : indemne, ou en plusieurs morceaux. Tu peux d’ores et déjà considérer, pour ton arrogance, ta mission initiale comme un échec. La prochaine fois que tu emploieras le mot « exiger » en me parlant, sache que je serais bien moins conciliante que je le suis maintenant ! Je ne te dois rien. C’est toi qui me doit la vie. »

Elle en avait le teint rouge, et entreprit de se calmer, buvant un peu de sang pour cela. Elle claqua ensuite sèchement sa langue, et lâcha alors :

« Ces petites précisions faites, sache que je suis joueuse. Nous verrons donc si ton jeu me plaît ou pas. Nous allons dire que c’est ta dernière chance de pouvoir profiter de ma générosité. C’est bien parce que tu es belle que je suis aussi gentille avec toi, mais sache que ma patience a des limites. Mettre Eve en vitrine n’est rien par rapport à ce que je peux lui faire. Quand je mentionnais des tournantes, ce n’était pas pour rien. J’ai bien des clients qui ont des demandes bizarres. Des nécromanciens qui aiment voir les capacités sexuelles de leurs zombies, des invocateurs qui ont envie de voir comment leurs démons agissent face à un joli petit cul rond et ferme. Ne doute pas une seule seconde de mon imagination pour te faire comprendre que la mort est parfois le plus doux des châtiments par rapport à d’autres. »

Mélinda parlait sur un ton sec et froid, autoritaire et glacial. Son regard vibrant d’autorité semblait indiquer ô combien elle était sérieuse. En réalité, elle bluffait. Certes, il existait bien des clients de ce genre, mais elle tenait un harem respectable, pas une maison close pour exaucer des fantasmes lubriques qui signifieraient, au pire la mort de ses filles, au mieux les rendre dans un état tel qu’elles ne seraient plus viables avant longtemps. Mais ça, Chasseur n’était pas supposée le savoir. Mélinda voulait que la femme comprenne qu’elle n’était pas en position d’exiger quoi que ce soit.

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Chasseur

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 9 mercredi 16 mai 2012, 20:54:33

  • [Nevermore encaptured ?]


    Le silence avant la tempête, celui qui ne laisse rien présager de bon. A l’évidence, Mélinda était en colère contre les malheureuses paroles que Chasseur avait lâchée. Si elle avait su que les mots qu’elle avait pris soin de choisir allaient causer de tels émois chez la vampire, elle y aurait peut-être réfléchi à deux fois …  Ou peut-être pas. Un sourire flottait au coin de la bouche charnue de Chasseur. Elle pouvait être une véritable peste lorsqu’elle le voulait, et voir ses interlocuteurs fulminer à cause d’elle la mettait en joie. La joie à la fois enfantine et un peu étrange du masochiste qui provoque le sadique afin d’obtenir les coups de bâton tant désirés, sans toutefois aller trop loin. Celui qui provoque ne commence pas la lutte, et n’a donc pas à l’assumer. Les fourberies de Chasseur ~
    Ah ce qu’il lui plaisait de voir la jeune et belle femme déambuler devant son trône tout en pestant contre elle ! La chasseresse suivait attentivement du regard les divers mouvements et gestes d’irritation, comme hypnotisée. Ah cette petite égoïste était adorable à se croire ainsi supérieur à tout le monde. Adorable, et cette aura qu’elle dégageait la rendait aussi … excitante. Etait-ce dû à son état d’énervement actuel qui laissait présager l’orage, ou bien à son arrogance naturelle ?

    Notre jeune femme cessa de sourire lorsque Mélinda en revint au sujet de la dévotion religieuse. Ce que c’était énervant d’entendre parler religion dans la bouche d’une impie. Elle ne s’y habituerait jamais. Et en plus des menaces ! Eve en vitrine … La mission tombait à l’eau, coulait au fond de l’océan    avec un gros caillou, histoire d’être sûr qu’on ne peut sauver les meubles … Enfer et damnation éternelle. Quelle salope.

    Que lui parlait-elle à présent de la réputation de l’Ordre ? Celle-ci ne serait aucunement entachée si l’on se rendait compte que la petite Eve avait été violée par des Ashnardiens. Et puis Chasseur et elle pourraient toujours témoigner. Si elles s’en sortaient vivantes. Chasseur avait tout un tas d’arguments à exposer à Mélinda afin de mettre sa théorie en déroute, mais elle ne chercha même pas à prendre la parole. Ca n’en valait pas la peine, c’était une conversation qui ne menait à rien, elle tournait en rond comme un cercle vicieux. De toute façon, Mélinda Warren vivait dans un monde complètement distordus par ses innombrables caprices, et rien ne pourrait lui faire entendre raison. D’ailleurs, encore faudrait-il qu’elle en possède une. 

    La dague dans sa manche lui démangeait, comme l’un de ses membre qui n’en pourrait plus de rester dans la même position. Voir la vampire boire du sang et l’entendre la tutoyer n’arrangeait pas la situation. En effet, elle n’aimait pas les vampires, ces créatures contre-nature, ces ignominies qui ne devraient pas exister. Et elle n’aimait pas qu’on lui manque de respect sans raison valable. D’accord, elle n’aimait pas Mélinda Warren et ses manières de gamine capricieuse pourrie gâtée. Elle ne l’aimait pas mais elle se sentait attirée et l’aimait encore moins pour cette raison. Chasseur était somme toute un peu confuse.
    Dès lors qu’Eve aura été touchée, elle deviendra un martyr aux yeux de l’Ordre. Et Chasseur n’aura plus rien à perdre, si ce n’est sa vie. En quelque sorte débarrassée du poids de sa mission, elle était désormais libre d’agir à sa convenance. Bien sûr, elle n’avait pas vraiment envie de mourir, mais c’était une éventualité à laquelle elle était préparée. Souffrir aussi. Et cela, elle savait ce que c’était.

    « Je me suis prosternée devant vous et vous ai léché les pieds alors que vous ne m’évoquez aucun respect, obéissant sans discuter, pour n’obtenir finalement aucune faveur. Et cela parce que vous avez un problème d’égo. »

    Ce venin lâché, elle ne se sentait pas mieux du tout. Elle avait envie de hurler, de tuer quelqu’un, de lui cracher à la figure. Bien heureusement, elle savait garder sa contenance et ne laissa rien paraître qu’un visage à l’expression dure et froide. Un visage aux traits de marbre. Chasseur n’ajouta rien, laissant planer un silence, regardant la jeune femme dans les yeux. Deux belles et terribles émeraudes.
    Alors un sourire vint naître à nouveau à la commissure de ses lèvres. Une lueur bizarre flottait dans ses yeux.

    « Ma mission ayant échoué, faites ce que vous voulez d’Eve. Ça n’a plus d’importance. A présent, si vous désirez quelque chose de moi, venez le chercher. Sinon, je vous dis Adieu. »

    Sur ces paroles, Chasseur s’inclina légèrement en avant, une main glissée derrière le dos, saluant la reine du harem. De son gant gauche, une dague apparu. Quelques secondes semblant durer l’éternité s’écoulèrent entre ce silence blanc et le moment où l’on entendit la lame siffler dans les airs. Elle vint s’accrocher juste au-dessus de l’épaule droite de Mélinda, transperçant son vêtement afin de se ficher dans le trône.

    Chasseur avait volontairement raté sa cible. Avec un gracieux sourire, elle s’adressa à la vampire sans animosité visible, espérant simplement lui avoir inspiré une légère frayeur. Afin qu’elle comprenne qu’on ne riait pas de Chasseur. Que le jeu se jouait à deux.

    « Voici ma façon de vous faire un cadeau. Un petit souvenir au cas où vous ne désiriez plus me voir, pour ne pas que vous m’oubliiez. »

    Une promesse de jeu, un pacte à deux ?
     

Mélinda Warren

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Re : La proie aux longues griffes [Chasseur]

Réponse 10 mercredi 16 mai 2012, 23:58:43

Face à l’arrogance de cette espèce de fanatique, Mélinda avait besoin de se calmer. Dès qu’elle fermait les yeux, elle s’imaginait en train de la torturer... Et elle n’y allait pas de main morte. Malheureusement, Chasseur ne fit rien pour arranger son cas. Non seulement les crises de Mélinda semblaient l’amuser, mais elle lui parlait comme à une espèce de gamine attardée ! Un « problème d’égo » ! Les ongles de Mélinda se transformèrent, sous l’effet de la rage, en griffes, venant découper les accoudoirs du fauteuil, s’enfonçant dans le cuir. La vampire bouillonnait sur place. L’égorger ? Non, trop rapide. La dépecer ? Non, trop classique. Elle voulait que cette salope souffre. Souffre lentement. Souffre terriblement. Elle voulait la massacrer, au sens littéral du terme, et sans ambiguïté. La frapper, la frapper, et la frapper encore. Elle avait envie de massacrer tout un troupeau. Cette saloperie osait se foutre de sa gueule en public ! Au cœur de sa puissance ! Dans ce harem ! Dans cette pièce, dans cette même pièce où, il y a des années, Mélinda avait tué son père ! Ce culot sans bornes était inqualifiable ! Mélinda avait envie d’appeler un nécromancien, afin qu’il puisse ressusciter Chasseur, et qu’elle puisse la tuer, la ressusciter, et la tuer encore !

Chasseur entreprit ensuite de se retirer en une espèce de révérence. Mélinda avait l’impression de cracher la fumée par les narines, et, quand Chasseur lui balança une dague, quelque chose explosa dans la tête de la vampire. Qu’est-ce qui l’avait empêché de sauter sur la gorge de cette traînée, de lui ouvrir d’un coup de griffe son ventre pour la pendre par ses propres intestins, Mélinda ne saurait le dire, mais, lorsqu’elle rouvrit les yeux, Mélinda ne souriait plus. Ses mains cessèrent de trembler, et une lueur de haine mortelle fusa à travers ses beaux yeux.

« Sale pute arrogante, lâcha Mélinda, détachant soigneusement chaque mot. J’offre l’hospitalité à une traînée de religieuse qui vient ici m’assommer avec sa morale de merde pour essayer de récupérer l’une de mes esclaves, j’accepte d’épargner ton petit cul de pétasse, et, en retour, tu me traînes comme une attardée, et tu oses m’attaquer ?! M’HUMILIER ? »

Mélinda se leva alors de son siège, complètement hystérique, les joues rouges, révélant ses canines.

« NON MAIS TU TE PRENDS POUR QUI, ESPECE DE SALOPE ?! Tu crois me faire PEUR ? Tu crois que je vais avoir peur d’une PETITE CONNE QUI IGNORE TOTALEMENT DANS QUOI ELLE A MIS LES PIEDS !!? Je devrais t’envoyer aux mages de l’Empire, je devrais te larguer à des gobelins pour une tournante !!! »

Mélinda poussa un rire hystérique, et ses yeux se fixèrent soudain sur la dague que Chasseur avait lâché. Les gardes, qui avaient tenté d’intercepter Chasseur après l’avoir vu lancer la dague, étaient figés sur place, et chacun se débrouillait pour ne pas regarder Mélinda. Ne surtout pas la regarder ! Elle serait capable de décapiter n’importe qui oserait la regarder ! Mélinda arracha rageusement la dague.

« Quel culot ! Quel... Quel... Foutue SALOPE de merde ! Tu crois me faire peur, petite pétasse ?! Regarde par toi-même ce que je fais de ta saloperie de dague ! »

Mélinda brandit alors la petite dague, la tenant par la main gauche, et l’enfonça dans son épaule droite. La lame ressortit de l’autre côté dans une gerbe de sang. Un rictus de douleur étira les lèvres de Mélinda, et la douleur eut au moins pour effet de la calmer momentanément. Ses yeux continuaient néanmoins à fulminer et à envoyer des éclairs. Elle chancela un peu, avant de se rétablir, et d’arracher la dague, la balançant au loin.

« Je suis une vampire, petite conne. Les tiens ont traqué les miens pendant des siècles. Toi et ta religion à la con, vous nous avez toujours méprisé, car vous êtes contre l’évolution naturelle. Tu n’es qu’une petite humaine insignifiante, et moi, ton évolution. »

La blessure de Mélinda avait en effet commencé à cicatriser, et elle se rassit sur le trône, poussant un long, très long soupir, avant de fermer les yeux, et d’inspirer lentement. Dans sa fureur émotionnelle, la raison venait de s’imposer, et elle eut alors un léger sourire. En d’autres circonstances, ce sourire aurait pu paraître des plus innocents, des plus doux, mais, compte tenu de la récente crise de Mélinda, il sonnait terriblement hypocrite.

« Connais-tu l’histoire de ta religion, Chasseur, hum ? Sais-tu comment les missionnaires de la Foi ont réussi à implanter leur culte un peu partout sur Terra ? »

L’histoire de l’Ordre présentait énormément de similitudes avec l’Église chrétienne de la Terre. Bien trop, en fait, pour que ce soit une simple coïncidence. Mélinda ignorait que c’était là la volonté divine, et soupçonnait l’hypothèse de missionnaires chrétiens ayant répandu la bonne parole en des temps immémoriaux sur Terra.

« On aimerait se dire que la bonne parole, le message d’amour et de tolérance de tes textes sacrés, ont été répandus par l’éducation, par une espèce de lueur divine qui s’est imposée à tous les incroyants. En réalité, la tolérance et l’amour ont été incarcérés à coups de fouets... Au début, tout du moins. Car, après des siècles et des siècles à fouetter le cul et le dos des incroyants, des croyants, des noirs, des femmes, des homosexuels, des elfes, des nains, et de tout ce qui n’était pas conforme à la lubie de quelques fanatiques religieux qui avaient généralement leur queue perdue dans les gorges de quelques gracieuses putes, il a fallu améliorer les méthodes. Je te conseille d’écouter attentivement, Chasseur, car, toi qui aime tant ta foi, tu vas découvrir en pratique la manière dont elle a été inculquée. Sois contente, je vais t’enseigner cette histoire que nul prêtre n’ose vraiment approfondir ! »

Mélinda s’éclaircit la gorge, tenant entre sa main son verre de sang, le faisant rouler, avant de poursuivre.

« La méthode la plus efficace qui soit est d’attacher la victime par les pieds et les mains, en calant son dos contre un tabouret. On le fait ensuite boire... Boire des litres et des litres d’eau, boire tellement que son ventre gonfle, gonfle, gonfle, et gonfle. L’eau lui ressort par le cul, par les narines, ses yeux semblent éclater, et, si la victime ne meure pas en s’asphyxiant, alors elle éclate... Tout simplement. Une autre méthode consiste à pendre quelqu’un par les pieds, et à l’amener discuter avec deux bêtes affamées, généralement des chiens, ou des loups. »

Se raclant la gorge, Mélinda poursuivit son petit exposé de la torture, laissant entre-temps apercevoir à Chasseur tout ce qui était susceptible de l’attendre ici :

« Outre ces quelques techniques un peu primaires, les tiens ont aussi eut l’idée de développer des machines superbes. A part la classique vierge de fer, qu’on ne présente plus, on trouve également le Berceau de Judas. Quelque chose d’ingénieux, et de relativement simple. La méthode consiste à suspendre quelqu’un par le haut, tu vois, et à lui mettre sous le cul une pointe. On suspend la victime à une corde, un genre de treuil, et cette dernière est assise sur une pyramide très coupante. Une sorte de variante grotesque et sanglante de l’acte sexuel. Plus ça avance, plus le trou s’élargit, et la victime monte, descend, monte, descend... Certains récits affirment que des bourreaux expérimentés ont réussi à maintenir leurs victimes en vie pendant des jours, grâce à ce système. Penses-tu que j’arriverais à établir un nouveau record avec toi ? »

Le ton détaché et calme de Mélinda rendait cet exposé encore plus glauque, mais elle n’en avait pas encore fini, et enchaîna sur quelque chose d’autre :

« Mais je pense que le mieux, pour toi, serait de t’appliquer le traitement dit de la fourchette de l’hérétique. Il est tout indiqué, non, vu que son objectif est de permettre de déceler les vrais croyants des faux. Son fonctionnement est assez simple. On te met un collier autour du cou avec quatre pointes, deux en haut, deux vers le bas. Chacune s’enfonce dans ta belle peau, soit deux dans le menton, et deux dans le sternum. La douleur est atroce, je crois, et il faut ensuite que le sujet arrive à dire ‘‘J’abjure’’ pour prouver qu’il a la foi. »

Mélinda s’arrêta alors, se sentant étrangement calme.

« Je pourrais continuer ainsi pendant des heures. Je pourrais te parler des gens qu’on a noyé en les foutant dans des tonneaux remplis de merde et d’urine, et d’autres méthodes très instructives, mais je crois que tu as compris. Tu me prends pour un monstre, petite conne ? Tu crois que ton ordre chevaleresque est bon, juste, qu’il prêche l’amour, la tolérance, le respect envers les autres ? Tu oses me prendre pour une abrutie, alors que tu sers des bourreaux impitoyables ? La religion a toujours été le meilleur instrument de la cruauté, le domaine dans lequel les hommes se sont toujours montrés le plus imaginatif. Les démons s’inspirent même de vous. Un démon n’est pas très imaginatif. Un humain, si. Tu me prends peut-être pour un monstre, mais c’est avec les méthodes de tes semblables que je vais te torturer, ma chérie. Tu crois que tu peux venir ici, te foutre de moi, me balancer un couteau, et ressortir ? Tu te crois dans une saloperie de putain de moulin, ici ? Tu crois qu’on peut se moquer de moi, Mélinda Warren, sans le regretter ? Tu crois pouvoir te dandiner devant moi avec ton joli petit cul en espérant t’en sortir ? Peut-être que tu es totalement cinglée, ma grande, mais je peux te dire que les prochains jours qui vont suivre risquent d’être très longs pour toi. Tu es venu avec ta Foi, et tu repartiras avec elle. Tu m’as montré la propagande angélique de ta religion, tu as voulu récupérer Eve parce que des hypocrites te l’ont ordonné. A quoi pensais-tu, ma poupée ? Tu pensais sauver Eve ?! Sauver Eve en la donnant à des monstres ?! »

L’idée lui semblait tellement absurde qu’elle se mit à en rire.

« C’est dommage, dans un sens. Si tu étais moins conne, j’aurais pu m’amuser avec ton corps. Au lieu de ça, tu vas découvrir par toi-même le vrai visage de ta chère religion. Chaque instrument de torture sur lequel tu vas passer a été utilisé par les tiens à un moment ou à un autre de l’Histoire, et continue encore à être utilisé. Il y a là une espèce de curieuse ironie, tu ne trouves pas ? Mes instruments de torture à moi, tu les as vus. C’est cette femme à qui tu as envié, sans oser te l’admettre, la position. Tu vas pouvoir découvrir les tiens, maintenant. Tu devrais me remercier, dans le fond. »

Mélinda termina en finissant son verre. Sa blessure avait alors totalement cicatrisé.

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