« Considérez que ça n’a rien de personnel, M. Arkady, mais c’est ma banque qui m’y oblige... »
Sur le toit de ce penthouse, Félicia avançait silencieusement, sous la protection de la nuit, cherchant un moyen de s’infiltrer dans cet appartement. Depuis qu’elle recommençait, plus ou moins, à se faire une vie sociale, Félicia avait décidé de quitter le studio minable dans lequel elle vivait pour un appartement plus spacieux, et mieux situé. Elle avait choisi un grand appartement à rénover dans les hauteurs de Seikusu, mais ce n’était pas gratuit. Loin de là. Et le modeste salaire de prof’ de Félicia était généralement englouti dans les pensions alimentaires qu’elle reversait à ses enfants. Flash, qui alternait entre le chômage et des boulots précaires, avait été considéré comme le sexe défaillant, mais avait tout de même pu, joies de la justice, bénéficier de la garde des enfants.
*Flash aura toujours été un boulet dans ma vie...*
Le fait est que son salaire de prof’ ne suffisait pas à rembourser l’emprunt qu’elle avait réussi à contracter auprès de la banque, ainsi que le paiement des pensions. Elle devait donc se trouver de l’argent en plus, et qui mieux que la Chatte Noire pour cela ? Faisant des recherches, elle avait fini par trouver un riche type à dépouiller de sa fortune : M. Rossovith Arkady. Un bad guy. Un criminel soupçonné d’appartenir à la Mafia russe, et d’être impliqué dans divers trafics internationaux d’armes et de stupéfiants. Un individu honorable, en tout point de vue. Il vivait dans une espèce de forteresse technologique au sommet d’un gratte-ciel, mais il en fallait plus pour décourager une femme qui avait réussi à s’introduire dans les complexes top-secrets du S.H.I.E.L.D.
Elle avait attendu qu’Arkady ait une soirée de prévue, une réception ou un spectacle quelconque, pour passer à l’action. Elle l’espionnait depuis plusieurs semaines, attendant le moment où elle pourrait passer à l’action. Son bureau était accessible depuis une verrière, et c’était précisément par là qu’elle comptait passer. Dans l’absolu, elle tenait à éviter de se faire trop rapidement repérer, mais, si jamais c’était le cas, elle aurait sûrement le temps de filer avant que la police ne débarque. Se promenant à quatre pattes, dans sa combinaison en cuir, sur la verrière, Félicia observa le coffre-fort. Il était derrière le bureau de l’homme, dont la seule entrée passait par sa chambre. La verrière était relativement grande, puisqu’elle recouvrait tant sa grande chambre que le bureau. M. Arkady vivait de manière très confortable. Celui qui avait un jour dit que le crime ne paie pas pouvait se retourner dans sa tombe en voyant toute cette fortune. Cet appartement puait la luxure.
Félicia s’avança au-dessus du bureau, et commença à enfoncer ses griffes dans un carreau. Elle décrivit un léger cercle, et empêcha ce dernier de tomber, afin de ne pas affoler les détecteurs. Sa main se faufila à l’intérieur, et tira sur la poignée permettant d’ouvrir la vitre. La jeune femme commença alors à descendre, pensant à couper les détecteurs thermiques, enfilant pour cela des lunettes spéciales qui lui permettaient de repérer les lasers invisibles qui quadrillaient la zone. Elle avait l’impression d’être dans un épisode de « Mission Impossible[/u] ». Son corps était rattaché par un filin métallique l’empêchant de tomber, et elle s’avançait prudemment, coupant les détecteurs thermiques. Les lasers, elle pouvait encore les éviter en restant en suspension, mais les détecteurs thermiques balançaient des ondes qui la repéreraient facilement.
Elle se rapprocha du coffre-fort, et entreprit de l’ouvrir. Une tâche longue et ardue, car il était assez solide, mais elle était une professionnelle. Alors qu’elle s’acharnait sur la serrure, elle entendit du mouvement.
*Merde ! Il faut croire que le spectacle n’était pas passionnant...*
Hésitant entre repartir ou en finir là, elle n’eut bientôt plus de questions à se poser. Elle ne pensait pas qu’Arkady serait un mutant, et ne s’attendait donc pas à voir un tentacule s’enrouler autour de sa cheville pour la tirer vers le salon.
« Hey ! Lâche-moi ! » s’exclama-t-elle.
Elle parvint à se défaire du tentacule d’un coup sec, et se retrouva dans le grand salon. Dans son dos, il y avait une grande vitre donnant sur la piscine, et, devant elle, dans la pénombre...
« M. Arkady, je présume... Navrée que le spectacle n’ait pas été à votre goût... »
La Chatte Noire fit sortir son fouet, le faisant claquer.
« Ce n’est pas que j’aime pas l’endroit, mais je crois que je me sens de trop, entre vous et vos tentacules... »
La seule porte de sortie passait par la grande vitre. Se retournant, Félicia tenta de l’ouvrir, pour constater qu’elle était fermée. Elle força alors un peu, et la porte vitrée s’ouvrit sans opposer la moindre résistance.