Ma stagiaire est une elfe ?! [PV Madoka]

Semaine 0 : Jour 0

La journée avait tout pour bien commencer. Non, vraiment. Ce n'est même pas sarcastique. La journée était belle, comme tous les jours sauf le lundi. Qui aime les lundis, franchement ? Bref, de toute façon, on était mercredi, il faisait beau, tout le monde il était gentil, bla bla bla. Là, par contre, je suis sarcastique. La journée a dégénéré rapidement. Je veux bien sûr parler de l'inévitable période de stages. Depuis l'affaire Koga et l'affaire Ember, je suis rapidement devenu un procureur reconnu, à mon avis le plus reconnu dans Seikusu. C'est pourquoi, chaque jour, je reçois des tonnes de CV pour des stages.

Le problème de ces stages, c'est que les fonctionnaires de type magistrats sont obligés de prendre un stagiaire. C'est ainsi que je me retrouvais, un beau samedi après-midi, avec les oiseaux qui chantent, et tout et tout, sentez le sarcasme... Bref, c'est ainsi que je luttais dans un bureau contre uen horde de CV et d'appels de recommandation.

Le téléphone sonne.

-Lyan Rose.
-Maître Rose, j'aimerais vous recommander une élève pour cette période de sta...
-Je ne suis pas intéressé.
-S'il vous plaît, maître Rose, écoutez-moi. Cette élève a du potentiel. Vous devez la choisir, cela vous aidera sûrement, et cela l'aidera sans doute de travailler avec quelqu'un d'aussi talentueux que vous.
-Arrêtez vos flatteries et donnez-moi son nom.
-Elle s'appelle Madoka Kiyomasa et provient de Yagamizo. De Yagamizo, maître Rose !

Super... Yagamizo, le lieu où toutes les têtes vont afin de faire de super-études et être hyper-brillants... J'ai fait mon concours en France, et franchement, je ne vois aucune différence entre une fac standard en France et Yagamizo. Machinalement, je recherche dans les CV le nom de Madoka Kiyomasa, tout en laissant s'échapper un grand soupir qui veut tout dire. Soupir qui se mue en râle d'agonie quand je vois la photo du CV.

Des oreilles d'elfe. Un charisme elfique. Pas de doute, cette Madoka est une elfe. Je manque de m'étouffer avec mon café. Mais je suppose que je dois faire l'air de rien. Je reprends mon souffle, et  j'entends la voix du dirlo de telle ou telle boite s'inquiéter à propos de mon état de santé.

-Ca va, ca va. Madoka Kiyomasa, hein ? J'accepte.

J'avais eu des pensées, un jour, en regardant les oiseaux. Ils vivent pour manger, et mangent pour vivre. Ils vivent pour survivre, et débordent de vitalité, car ils en ont besoin pour vivre. En ce sens, ils étaient beaux. Sur cette Terre, toutes les créatures connaissent le bonheur de vivre dans sa forme la plus simple, celle de vivre. Tous, sauf nous, les humains. Tous les animaux vivent quelque part, mais nous sommes les seuls dépourvus de toute beauté sans artifices. A quoi peut bien ressembler un elfe qui a perdu cette notion du bonheur de vivre pour vivre ? Je n'en savais rien. Je raccroche après cet instant de réflexion.

-Cette journée promet d'être belle... et les huit semaines du stage m'ont tout l'air de commencer de manière intéressante.

Franchement, y a des jours où je me demande comment le pays fait pour tenir ainsi, avec tous ses avocats corrompus... Je les ai absolument tous fait et pratiquement aucun n'a prêté attention à mon CV. Les seuls qui on bien daigné vouloir me prendre comme stagiaires, malgré ma haine envers cette tumeur sur la justice, c'était à la condition de passer sous le bureau tout les jours... Corrompre une mineure pour qu'elle puisse accéder à son diplôme, en la soumettant au moindre de ses désires en clair. Pour seule et unique réponse, j'ai tournée les talons en claquant fortement la porte de leur cabinet. Je préfère encore finir sans diplôme que d'en arriver là. C'est donc dans ces conditions que j'ai fini par me tourner vers les procureurs. Je sais que si l'avocat de mon père n'avait pas été payé pour ne pas le défendre, celui-ci serrait encore là aujourd'hui. Et comme l'accusation utilisait de fausses preuves, j'ai toujours été persuadée que le problème venait toujours de là. Mais apparemment, c'est tout le système qui est foutu...

Cela va faire trois jours que je passe des entretiens au bureau des procureurs et, pour le moment, le résultat est plus ou moins similaire... à la différence près que si on me refuse, c'est à cause de mon nom de famille... évidement... Tout le monde dans ce bâtiment se souvient de l'affaire Kiyomasa... Enfin, j'espère que les choses vont bientôt changer... Mon stage débute la semaine prochaine et si je n'en trouve pas d'ici là, je peux dire adieu à mon diplôme. C'est donc fébrile que j'entre dans le bureau de maitre Rose, dont on dit qu'il est un procureur de génie. J'espère au moins qu'il est différents des autres. C'est donc un peu plus nerveuse que d'habitude que je m'installe devant le bureau, tandis qu'il étudie plus en détail mon CV... C'est bien le premier à le faire...

[HRP: Désolée, un peu cours :s]

Début du stage : J-7

Madoka Kiyomasa... A vrai dire, c'est elle qui allait attirer mon attention plus que la paperasse habituelle pendant deux mois. Je pense que je me souviendrai toujours du simili-entretien d'embauche qui avait eu lieu ce jour là. Je m'en souviens particulièrement bien. En particulier l'effet qu'elle avait réussi à produire sur moi.

Tranquille. Dans mon bureau. J'étais en train de classer des preuves et de réorganiser mes dossiers. La pile commençait à devenir imposante : des huit étagères vides qui m'avaient été attribuées en début de carrière, une est déjà remplie à ras-bord. Sachant que certains procureurs n'en remplissent même pas une en une carrière entière... On peut dire que j'ai fait un bon score. Voyons voir, ce dossier devrait aller dans cette étagère, et... Affaire Kiyomasa.

Kiyomasa ?! C'est le nom de la fille qui doit passer cet après-midi pour le stage, non ? Je ferais bien de lire le dossier de l'affaire... Il s'agit d'un meurtre. Un homme qui aurait tué son épouse et laissé derrière lui une fille... Du nom de Madoka. Nous y voilà. Elle est la fille de ce criminel. Peu importe, le passé est le passé.

Quoique... Quelque chose cloche dans ce dossier. Premièrement, la liste des preuves est bien trop courte pour être une liste exhaustive. Deuxièmement, je peux voir à l'oeil nu que les empreintes balistiques entre le revolver et la balle utilisés ne correspondent pas. Le procès a été truqué. Sans doute le juge avait-il reçu son argent de poche, ainsi que le procureur en charge de cette affaire, et qui sait ? Sans doute même l'avocat de la défense a eu sa part du magot. Par ailleurs, le dossier indique que le père Kiyomasa est mort étrangement en prison peu après.

"Maître Rose, mademoiselle Kiyomasa est arrivée."

Bien, je suppose qu'il est temps d'y aller. Comme d'habitude, mon regard est prêt à capter tout détail étrange. L'Oeil de Vérité, par ailleurs, est activé. Si elle se focalise sur mon oeil, je lui dirai que c'est une lentille qui m'aide pour le boulot. Ce n'est pas vraiment un mensonge... C'est juste qu'on remplace le mot "lentille" par le mot "oeil". Je monte dans le second bureau, celui où je fais mes consultations. Kiyomasa est déjà installée sur une chaise. Oreilles pointues... C'est bien une elfe. La forme des oreilles est caractéristique.

-Mademoiselle Madoka Kiyomasa, étudiante au campus de Yagamizo, c'est bien cela ?

Par où commencer... Déjà, essayer de virer cet accent venimeux sur le nom de Yagamizo. Ce sera bien. Je ne peux pas saquer l'établissement, mais je suis bien obligé d'y faire face de temps en temps. Conférences, ce genre de trucs. Bref. Il est temps que je commence à lui reparler un peu, non ?

-Premièrement, ne t'offusque pas si je te tutoie. Je préfère tutoyer les gens avec qui je travaille réellement. Tu peux faire de même si tu le souhaites. Deuxièmement, je sais ce qui s'est passé, avec ton père. Je t'apporte à la fois mes condoléances et mon avis personnel.

Mon regard plongé dans le sien, les bras croisés sur le bureau, mes lèvres bougent toutes seules, je en contrôle même plus ce que je dis. C'est la sincérité au fond de moi qui parle.

-Ce procès était monté de toutes pièces. Aucune preuve ne coïncide. Je pense que le procès arrangeait certaines personnes... Des personnes indignes de la Justice.

Je ferme les yeux et je reviens sur son CV. CV que je lui rends directement. Je n'en ai pas besoin. Personne n'en a besoin, vraiment. Qui s'amuserait à choisir ses stagiaires sur une simple feuille de papier ? Si j'ai les CV, c'est pour les renseignements primaires. Sans plus... Enfin, à part pour elle. Ou son CV m'a été utile, pour voir l'elfe et ne pas refuser bêtement.

-Ce CV, je n'en ai pas besoin. Pour moi, tu as ce qu'il faut pour étudier deux mois avec moi. Je veux juste entendre quelque chose de ta bouche : Pourquoi fais-tu du Droit ?

D'après ce que je pouvais voir, cet homme était bien plus sérieux que la très grande majorité de ses collègues ou adversaires. Au moins aurais-je une chance de passer un stage tranquille, sans passages obligatoires sous un bureau quelconque. Je pu également noté que ses yeux étaient étranges, mais vue mes oreilles, je suis sans doute la moins bien placée pour ce genre de réflexions...

- Mademoiselle Madoka Kiyomasa, étudiante au campus de Yagamizo, c'est bien cela ?

- C'est exact...

C'est moi ou j'ai l'impression qu'il a vomis le nom de mon établissement ? Reste zen Madoka, c'est peut être à cause de... bref, je préfère ne pas m'attarder là-dessus et attendre qu'il ne se relance, bras croisés sur son bureau...

- Premièrement, ne t'offusque pas si je te tutoie. Je préfère tutoyer les gens avec qui je travaille réellement. Tu peux faire de même si tu le souhaites. Deuxièmement, je sais ce qui s'est passé, avec ton père. Je t'apporte à la fois mes condoléances et mon avis personnel. Ce procès était monté de toutes pièces. Aucune preuve ne coïncide. Je pense que le procès arrangeait certaines personnes... Des personnes indignes de la Justice.

Tout cela, il me l'a dit franchement, droit dans les yeux. Qu'il reconnaisse lui-même que ce procès était truqué me prouve au moins une chose. Qu'il partage mon avis sur la justice actuelle.

- Je vous remercie, maitre Rose...

Il reporta brièvement son attention sur mon CV, avant de me le rendre.

- Ce CV, je n'en ai pas besoin. Pour moi, tu as ce qu'il faut pour étudier deux mois avec moi. Je veux juste entendre quelque chose de ta bouche : Pourquoi fais-tu du Droit ?

Mon avis personnel sur la question, chaque fois que je l'ai donnée, j'ai été mise à la porte. Cette fois-ci, ça passe ou ça casse. Dans le second cas, je pourrais toujours me reconvertir comme enseignante de Kendô...

- J'ai commencée à vouloir faire du droit après que mon père ai été mit injustement en prison, condamné pour avoir tué ma mère alors qu'il m'accompagnait chez le médecin au moment même du crime. Personne n'a jamais voulu entendre mon témoignage et le médecin c'est envolé dans la nature et des registres. Ce jour là, j'ai pris conscience que la justice était corrompue et je ne voulais pas que d'autres finissent également en prison de cette manière... Que les innocents soient déclaré coupables et les meurtriers innocentés. Malheureusement, j'ai pu constater durant ce mois que de nombreux avocats en vivent, de cette corruption.

J'ai légèrement détournée le regard avant d'enchainer la suite, car non seulement j'en ai honte, mais aussi parce que ce sont de graves accusations que je vais lancer sans preuves... Pour autant, on pouvais lire de la colère dans mon regard.

- Me promettre la validation de mon stage si je les gâtaient quotidiennement sous leur bureau... c'est quelque chose que je n'ai pas pu accepter... Et c'est aussi la raison pour laquelle je n'avais toujours pas de stage avant de vous voir...

Un rire franc. La seule chose qui est sortie de ma bouche à la fin de son explication. Pourquoi ce rire ? Pas grand chose, vraiment. Les inspecteurs zélés, j'ai l'habitude, la plupart le sont, mais alors là...

-Excuse-moi. C'est juste que c'est la première fois que j'entends quelqu'un ayant pour projet d'être avocat de la Défense dire qu'il le fait pour défendre les innocents. Ou plutôt non... c'est la première fois que je l'entends d'une voix honnête.

Je la regarde, en dévoilant mes crocs de tigre. Mon regard reste calme, apaisant, malgré ma dentition pour le moins intimidante. Tout ça pour lui signifier une chose : Nous sommes les mêmes.

-Les elfes ne sauraient mentir.

Si elle mentait, je le verrais au sens propre du terme de toute manière. Quant à ses craintes de passage sous le bureau, autant les apaiser tout de suite.

-Rassure-toi, je ne suis pas un adepte des passages sous le bureau. Ce ne sera pas nécessaire.

Petite pause, clin d'œil discret, je prends un stylo et je signe la confirmation de stage. Ces deux mois vont être intéressants.

-Pas nécessaire si tu n'es pas victime d'un syndrome de Stockholm. En acceptant ton stage, je te kidnappe. Car ce stage ne sera pas de tout repos... tu verras la différence entre deux types de procureurs : le fonctionnaire qui ne fait que son quota de procès, et celui déterminé à changer le système judiciaire. On a pas encore commencé, mais je vais te donner un conseil que j'ai recu il y a bien longtemps.

Ce conseil, je l'ai recu de l'un des plus grands procureurs du monde, dans le même type de stage que celui-ci. Je me demande ce qu'il devient, d'ailleurs... Benjamin Hunter.

-"Pour être sûr que l'accusé soit déclaré coupable, je dois faire tout mon possible." Tu sais quoi ? Ca s'applique aussi à la défense. Tu es convaincue que ton client est innocent ? Alors prouve-le.

Une idée me vient subitement. Et quelle idée ! Je suis actuellement le meilleur procureur du Japon, oui ou non ? Je peux donc avoir accès aux archives.

-A la fin de ce stage, je m'engage à rouvrir le procès pour ton père. Tu le défendras, et je ferai tout pour prouver qu'il est coupable. Si il était vraiment innocent, il doit y avoir un moyen de le prouver, et de laver ton nom, et surtout le sien, de toute souillure. Un procès post-mortem. Qu'en dis-tu, Madoka Kiyomasa ?