C’était une journée nuageuse… D’épais moutons célestes de couleurs sombres flottaient paresseusement dans le ciel, obscuriçant la totalité de celui-ci. Tant mieux! La température du jour adoucirait les quelques précédents qui s’étaient révélés être étouffants. Surtout en plein-air! La jeune Estelle passait d’ordinaire tout son temps à l’extérieur. Crever de chaud n’avait alors rien d’extraordinaire à ses yeux. Elle pria d’ailleurs pour qu’une bonne pluie fraiche se mette à tomber sur la place du marché. Ce serait délicieux...
La petite jeune femme arpentait les allés, faisant des vas et viens entre les étales tout en observant les produits qu’on y présentait. Des tonnes et des tonnes de nourriture étalés sus ses yeux couleur émeraude. Quel supplice! La petite vagabonde ne mangeait pas très souvent, ces temps-ci. Les marchands gardant jalousement leurs commerce, elle avait de moins en moins la possibilité de subtiliser quoi que ce soit.
C’est quand elle passa devant le comptoir des pâtisseries qu’elle vit sa chance tourner en sa faveur. Le gros monsieur qui s’occupait de son commerce était dos à elle, en train d’étendre sur un gâteau un crêmage rose. Une brioche...juste une petite brioche... La jeune fille tendit la main, sur d’elle, et referma ses doigts sur l’alléchante pâtisserie qui reposait devant ses yeux. Elle constata, ravie, qu’elle était encore chaude. Ça promettait d’être vraiment très bon.
Au moment où elle commençait à s’éloigner, le pâtissier se retourna pour poser son gâteau sur le comptoir. Les yeux ronds, il regarda Estelle reculer de quelques pas et, voyant qu’elle ne comptait absolument pas le payé, s’empressa de traverser devant son comptoir pour la prendre en chasse.
La brunette poussa un petit cri de surprise et se retourna d’un bon pour partire au pas de course. C’était malin! Elle s’était fait voir! Il ne lui restait plus qu’à courir assez vite pour éviter les grosses pattes grâce de ce pâtissier en colère. Au même moment, le ciel se déchira et une pluie se déversa sur leur tête en torrent. C’était pas le moment! Estelle grogna de frustration et manqua déraper sur une le sol désormais glissant à cause de l’eau répendue partout. Il y avait d’ailleurs encore beaucoup de passants dans les parages, ainsi se frayer un chemin devenait difficile, malgré la dispersion qui commençait à prendre forme. Tourna la tête pour voir derrière elle, Estelle vit que le pâtissier l’avait perdu de vue.
Rassurée, elle se glissa dans une ruelle en cul de sac et s’adossa contre le mur de brique. Ouf... C’était moins d’une! Contente d’avoir éviter la « justice », la vilaine petite fille mordit dans sa pâtisserie, désireuse de combler l’affreux trou gargouillant de son estomac vide. Miam... Elle avala sa collation rapidement, en quatre grosses bouchées. Et, comme le hasard faisait mal les choses, l’homme à qui elle avait volée la brioche déboucha à l’entrée de la ruelle. Il avait réussi à la trouver? Les ennuis n’allait pas tardés...
Estelle recula jusqu’à ce que son dos heurte le mur du fond. Prise au piège... comme un rat! Son regard glissa jusqu’à une vieille planche, là où on avait entassé des ordures. Elle s’en saisit. Si ce type tentait de l’approcher, elle lui en collerait, des coups!