Quetz savait pertinemment que Musica avait raison dans ses paroles. Les dieux, êtres puissants depuis toujours, sont l’équilibre de ce monde, et de Terra également. Ils apportent une aide non négligeable chez les terriens. Enfin, cela était valable autrefois. Sur Terre, à l’heure actuelle, les Hommes n’ont plus vraiment besoin d’eux. Et puis, qui croirait en d’anciennes déités comme le Serpent à Plumes ou le Di Indegetes ? Personne. Ils se moqueraient même. Et certaines légendes qui n’aident pas non plus au retour du culte…
La rouquine avait fait référence à Zeus, pour définir Musica, voulant devenir le roi divin de son nouvel ordre. Ce n’était qu’une référence, un exemple, rien d’autre. Pas une boutade en tout cas. Mais cela n’eût pas l’air de faire très plaisir au jeune homme.
- En aucun cas, je ne te compare réellement à Zeus. Il est juste le roi des Olympiens. C’est en ça que j’ai pris son exemple. Même si en réalité, il n’en est pas un. Je ne porte pas tous les Olympiens dans mon cœur, si cela peut te rassurer.
Le Di Indegetes se mit à sourire doucement. Il souhaitait devenir puissant pour défendre tout le monde. Alors, il comptait tout de même ne pas oublier les fidèles. Ils sont source de vie pour les divinités, et il fallait prendre soin d’eux. Et Musica comptait bien le faire. Et aussi protéger les déités. Sauf que, même s’il atteint une certaine puissance, il ne pourrait faire les choses seul.
- C’est bien de vouloir devenir puissant pour protéger les siens, mais à vouloir tout porter sur tes propres épaules, tu n’arriveras à rien. Tu devras être capable d’accepter l’aide des autres dieux pour repousser l’ennemi, pour tout autre aide d’ailleurs. Sinon, ton ordre divin ne servirait strictement à rien. À quoi cela servirait de t’extirper de ta solitude actuelle, si c’est pour finalement, te retrouver seul à surveiller ton Olympe ?
Pour certains, être puissant, demandant de l’aide pour n’importe quelle chose, c’est prouver qu’en fait, on est faible. C’est faux. Pour faire face à tout, c’est d’autant plus dur quand on est seul. Bref. Musica s’allongea dans l’herbe, observant le ciel. Levant elle aussi le nez, toujours assise, le regard de Quetz s’illuminait de mille feux, voyant ce tapis sombre, en même temps pailleté d’étoiles. Ses yeux se posèrent, surpris, sur le jeune homme. Les paroles qu’il eût la firent tout d’abord sourire, puis elle commença à rire sincèrement. Lui, son amant ? Ami d’accord, mais…
- Amant des plus délicieux ? C’est toi qui te définis ainsi. Je n’ai jamais vu la bête ! …Ce que j’attends de toi ? À vrai dire, je ne sais pas trop exactement. Juste que tes chevilles ne gonflent pas trop, ou que tu ne prennes pas la grosse tête. Cela ne serait pas digne d’un leader. D’ailleurs, je ne te considérerai jamais comme un roi. Pour moi, tu resteras Musica. Au fond, c’est plutôt à moi de te demander ce que tu attends de moi…
Si à l’heure actuelle, le Serpent à Plumes était plus faible que le Di Indegetes, à quoi pouvait-elle bien lui servir ? Elle était déjà bien préoccupée à s’occuper à se retrouver des fidèles. Ca, c’était sur la bonne voie, mais tout de même…Cela restait un travail assez long. L’aider à trouver d’autres divinités « finies » ? Pourquoi pas. Mais cela aussi risquerait d’être un long et fastidieux travail.
La curiosité frappa le jeune homme, se demandant si le Serpent à Plumes était réellement une rousse ? Les Aztèques étaient plutôt réputés pour avoir la peau hâlée et les cheveux d’un noir profond. Tout le contraire de la Quetz en humaine, ou bien même en déesse. Rouquine, la peau très claire comme le nacre. Il y avait de quoi se poser des questions. Alors, regardant à gauche, puis à droite, renouvelant l’action plusieurs fois, elle ne vit personne autour d’eux. Personne pour les regarder.
- Tu vas voir…
Le champ était libre pour faire sa transformation. D’une belle rouquine à la peau claire, elle devint une sublime femme, aux formes plantureuses, d’un bon 2m35. Son corps se couvrit d’un léger duvet soyeux. Le plus impressionnant devait être sa longue chevelure verte, toute faite de plumes. Niveau vestimentaire ? Un bijou recouvrait sa poitrine imposante, et son intimité était couverte par un pagne luxueux. Son bras était enserré d’un bracelet en forme de serpent mordant sa queue. Moult bracelets ornaient ses poignets, et des chevillières emplies de pierres précieuse ornaient ses pieds. Toujours assise, son regard se posa sur le jeune homme.
- Satisfait ?
Dans le discours de Musica, Quetz avait remarqué quelque chose. « […] elle n’est pas ma forme définitive…Enfin, j’espère ! ». S’asseyant à côté du dieu, sous sa forme d’émeraude divine, elle s’allongea comme lui l’avait fait auparavant, les mains sous la tête en guise d’oreiller, regardant le ciel.
- C’est là ton souci, n’est-ce pas ? Ce truc qui te pourrit, qui t’énerve le plus, c’est que tu n’as pas atteint la « maturité divine », mh ?