Mon sauveur ! Et en moins de dix minutes ! Je respire enfin. je respire et je remarque à quel point il est immense, et musclé. J'ai l'impression d'être une gamine à côté de lui. Il doit presque plier les genoux pour passer la porte en baissant la tête. Et il la franchit en biais, comme un grand matelas, en fait. D'ailleurs sur quoi un homme de cette carrure peut-il bien dormir ? Quel lit peut bien résister à son poids ? Sans compter que s'il a le sommeil agité il doit ravager sa chambre à longueur de temps.
mais à quoi tu penses, Hitomi ? C'est le stress. J'accompagne le colosse jusqu'à la machine défectueuse. En y repensant j'espère presque qu'il va m'annoncer qu'elle est fichue. Une bonne excuse me défouler en la jetant par la fenêtre. Je me penche vers l'écran en l'invitant à s'asseoir.
Allez-y.
Il s'installe devant le clavier, balaie l'écran de démarrage et fait... quelque chose. Ce genre de gars doit se moquer des gens comme moi, qui se laissent tenir par la gentille main de Windows, et qui tombe par comme des bébés dès qu'on les lâche. En plus tout ce qui est écrit là est en Anglais, ma langue natale. je ne sais pas pourquoi, je n'ai jamais réussi à piger.
Bref, une fenêtre ne tarde pas à apparaître, demandant l'identifiant et le mot de passe. Comme tous les lycées celui si est plein de geeks qui pourraient entrer dans le système comme dans un jardin public, mais ce sont les profs qui doivent montrer patte blanche. Le jeune homme s'écarte pour me laisser libre accès au clavier.
Même assis il est presque aussi grand que moi. Je dois étendre les bras si je ne veux pas l'escalader, puis le descendre en rappel, pour atteindre les touches. Je pianote tout ça aussi vite que possible, moins que je ne l'espérais vu que le "A" est à l'autre bout du monde. Je me sens ridicule, j'ai peur de le gêner. Être aussi gâté par la nature n'est pas forcément un cadeau, je ne voudrais pas qu'il se sente gêné. Il est là pour m'aider.
J'abandonne le clavier, et à vrai je l'abandonne aussi. Je ne vais rester derrière lui, sur la pointe des pieds à regarder par-dessus son épaule. Dans son dos, regarder ses épaules... Son T-shirt le serre juste à assez pour laisser deviner les courbes de sa musculature... Et ses bras, ses grandes mains... Comment peut-il travailler sur des ordinateurs sans briser leurs claviers ?
Soudain on me touche les fesses. Je sursaute et me retourne. une chaise. J'ai reculé de trois mètres sans m'en rendre compte ? Il faut que je me ressaisisse. Je fais quelques pas dans la salle, les bras croisés sur ma poitrine. Chaque fois que je cligne des yeux mon regard reviens vers mon gigantesque sauveur du jour. Qui ne m'a pas encore sauvé, mais il est venu et c'est le principal. Je dois penser à autre chose, mais tout seule ce ne sera pas facile. Soudain un détail me reviens.
Vous êtes Français, non ?
Il bosse, Hitomi. Espèce de cruche. Ma main droite s'échappe pour balayer mes propres mots.
Pardon, ça vous dérange peut-être qu'on parle.