Assis devant un soleil levant, sur une pierre, je regardais l’horizon. Mes hommes dormaient encore, et les ombres que le chef du culte voué à Charon étaient en train de prier leur Dieu, un peu plus loin dans la pénombre d’un canyon. Tous ces hommes croyaient que ce n’était que pour de nouvelles esclaves que j’avais mené cette expédition, mais non. S’ils savaient que je les avais amené ici pour découvrir le fondement d’une simple rumeur, ils ne m’auraient jamais suivis. Les fondations du monde… Serait-il possible que toute la puissance et la richesse que je recherche serait contenue dans un endroit que personne n’a jamais vu? Ce ne sont pas des faits qui peuvent être exploités, mais c’est probablement l’appât du gain qui m’avait mené jusqu’où j’étais rendu…
Maître, désolé de vous importuner lors de votre méditation, mais les ombres sont prêtes à partir et vos soldats s’éveillent, si vous voulez continuer à suivre la trace de vos esclaves, nous serions mieux de lever le camp et partir dès maintenant.
Me levant, j’attrapai ma chemise avant de la remettre. Hochant la tête, je lui demandai d’aller donner l’ordre de plier bagage. Une demi-heure plus tard, nous étions sur la route de cette légende. Nous étions en quête de cet endroit depuis maintenant trois mois, fouillant dans chaque ravin, brûlant chaque village, réduisant ainsi tous les survivants à l’esclavage, que nous vendions à des nobles que nous croisions, dans leurs domaines privés.
Mais voilà, il commençait à être plus que temps que nous trouvions ce que je cherchais, mes hommes commençaient à perdre espoir en moi, de trouver des esclaves qui apporteraient la richesse à tous les hommes présent. Certains pensaient même que ce n’était qu’une ruse, que je ne voulais pas leur dire les véritables intentions qu’étaient les miennes. Ce qu’il y avait de plus frustrant dans tout ça, c’est qu’ils avaient raison. Tout ce que j’espérais, c’était qu’on trouve cet endroit avant que je ne me retrouve avec une mutinerie sur les bras.
Les hommes commençaient à en avoir marre de me suivre, sans jamais savoir qu’est-ce qu’ils traquaient, et je pouvais les comprendre, mais, pour ma part, j’avais un but bien précis en tête, et ça allait apporter enfin un répit à cette soif de pouvoir que j’éprouve depuis des années, depuis mon tout jeune âge en fait. Cependant, pour l’instant, nous n’avons rien trouvé, et les hommes veulent revoir leur famille.
Voilà deux heures qu’on marchait, le soleil de plomb ralentissait les hommes qui marchaient mollement, sans grande motivation. Il n’y avait rien dans ce désert, que de la pierre rouge et des monstres au loin, qui n’osaient pas s’approcher d’un aussi gros convoi. Puis, soudainement, au loin, on put entendre des rires, des cris et des gens discutant, un nouveau village peut-être? Alors que les ombres, mon bras droit et moi-même nous détachâmes de la petite armée pour aller voir ce qui se passait, nous découvrîmes alors un camp militaire.
Les ombres, allez en reconnaissance. Je veux savoir à qui nous avons à faire.
Sans un bruit, sans un déplacement d’air, les dix hommes encapuchonnés partirent chacun de leur côté, infiltrant le camp avec habilité, ne se faisant repérer par personne. Dix minutes passèrent, puis vingt et ainsi de suite jusqu’à ce qu’ils ne reviennent, une heure plus tard, revenant avec toute l’information requise : L’armement, le nombre de soldats, leur langue, la race majoritaire, mais le plus surprenant fût l’armure qu’ils portaient. Le signe qu’ils avaient sur leur armure, c’était celui des gardiens des fondements du monde décrit dans les livres et légendes.
C’est à ce moment où mon bras droit, un vieil homme sage, me regarda, les sourcils froncés. Apparemment, c’est le seul à avoir compris ce qui se passait, ainsi que la véritable raison de la présence de mon armée. D’après son visage, c’était comme un gifle au visage que je venais tout juste de lui faire.
Tu ne peux pas être sérieux, Hiro… Il n’y avait aucune nouvelle sorte de Terranide, tu cherchais les fondations du monde!?
Je vous ai promis richesse, et c’est le seul moyen de l’obtenir.
Ridicule
Si tu veux, rentre chez toi, vieil homme. Autrement, va donner mes ordres aux soldats : on attaque au crépuscule.